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09/08/2024

Strasbourg:

 

 

 

 

Ville libre de Strasbourg
Reichsstadt Straßburg (de)

12621681

 

 

 


d'argent à la bande de gueules.
Informations générales
Statut République
Capitale Strasbourg
Histoire et événements
IIIe siècle av. J.-C. ville celte Argentorate
12 av. J.-C. Fondation romaine d'Argentoratum
VIIIe siècle Strasbourg passe sous contrôle mérovingien
9231262 rattachement au Saint-Empire
1262 Strasbourg devient indépendante de son évêque
1681 Strasbourg est annexé par la France
1697 le Saint-Empire reconnaît l'annexion
 

Entités précédentes :

Entités suivantes :

Strasboug [ʃtrosburi] en alsacien et Straßburg en allemand) est une ville située dans l'est de la France, sur la rive gauche du Rhin. C'est le chef-lieu de la région Alsace et du département du Bas-Rhin. La ville, siège du Conseil de l'Europe depuis 1949, du Parlement européen depuis 1992 et de la Cour européenne des droits de l'homme au sein du Palais de Droits de l'Homme depuis 1998, porte les titres de capitale européenne et de capitale de l'Europe. Ses habitants sont appelés les Strasbourgeois.

 

 

 

Par sa population, Strasbourg intra muros est la première commune du Grand Est français et la septième de France. Elle est l'un des principaux pôles économiques du nord-est et se distingue par un secteur secondaire très diversifié et un secteur tertiaire essentiellement tourné vers les activités financières, la recherche et le conseil aux entreprises. L'économie strasbourgeoise est également marquée par l'implantation de deux pôles de compétitivité, l'un consacré aux sciences de la vie, biotechnologies et à la pharmacie, l'autre aux véhicules du futur.

 

Ville frontière avec l'Allemagne, Strasbourg est profondément biculturelle. Son histoire, riche et tourmentée, a laissé un patrimoine architectural remarquable. Son centre-ville, situé sur la Grande Île, est entièrement classé patrimoine mondial de l'humanité par l’Unesco depuis 1988 et comprend notamment la cathédrale Notre-Dame de Strasbourg et le quartier de la Petite France.

 

 

 

Strasbourg est également devenue le symbole de la réconciliation franco-allemande et plus généralement de l’Union européenne. La ville s’est progressivement spécialisée dans les fonctions politiques, culturelles, et institutionnelles. Elle est ainsi l’une des seules villes avec Genève, ou New York, à être le siège d'organisations internationales sans être capitale d’un pays[. Strasbourg est une ville de congrès internationaux, la deuxième de France après Paris.

 

 

 

La présence de plusieurs établissements nationaux renommés, comme le théâtre national, la bibliothèque nationale et universitaire et l’opéra national du Rhin en fait un centre culturel important.

 

 

 

Strasbourg est aussi une grande ville étudiante, son université, ses grandes écoles (Cuej, ENA, Sciences Po Strasbourg, INSA de Strasbourg, International Space University, ESBS, ECAM Strasbourg Europe, ENGEES, EOST, ECPM, Télécom Physique Strasbourg, ENSIIE etc.) et son hôpital universitaire forment un pôle universitaire majeur tourné vers l’internationale avec plus de 20 % d'étudiants étrangers et plus de cent nationalités représentées. L'université qui a accueilli 18 prix nobel dans ses murs, a été lauréate de nombreux appels d'offres dans le cadre des investissements d'avenir, visant à en faire un pôle d'excellence dans l'enseignement supérieur et la recherche au niveau mondial.

 

 

 

Toponymie:

 

 

 

Le premier nom de la ville fut en celtique *Argantorati > Argentorate, romanisé en Argentoratum (Argentoraton IIe siècle), même nom qu'Argentré (Mayenne, Argentrato IXe siècle). L’étymologie de ce terme est discutée, certains y voyant un lien avec la Grande déesse celte, dont Argantia est un des épithètes et qui est identifiée avec la lune. L’acception la plus courante voudrait que la racine celtique *arganto- (argent, luisant) renvoie à la couleur et la brillance argentée d'un cours d'eau (cf. l’Argens, l'Arc, etc.), en l'occurrence de l'Ill (Ainos en gaulois). Cette hypothèse est renforcée par l’ancien nom de Horbourg (Argentovaria), commune également située sur l’Ill, dont l'élément ver / var désigne précisément un cours d'eau en indo-européen.

 

 

 

-rate de *rāti désigne une levée de terre ou une fortification (cf. vieil irlandais ráith / ráth, fortin, fortification). Cette hypothèse affirme donc qu'Argentoratum est l'enceinte sur l'Argenta, in extenso la cité de la rivière, du fleuve. Ce nom était alors en parfaite cohérence avec la perception de ce lieu frontière, situé à proximité du Rhin, partie intégrante du réseau de camps défendant le limes nord de l’empire romain.

 

 

 

Puis, à la suite de son intégration dans l'entité germanique, cette ville n'était plus frontalière, mais au cœur du réseau des cités allemandes. Sa perception n’était dès lors plus sur un axe fluvial et orienté nord-sud, mais routière et sur un axe est-ouest. Strasbourg était en effet au niveau d’un des rares ponts permettant de franchir le Rhin et de ce fait placée sur une route majeure est-ouest. Son nom évolua alors en Straßburg, le château (die Burg, bâtiment fortifié) sur la route (die Straße), issu de Stratiburg nom antérieur à la mutation consonantique haut-allemande mentionné pour la première fois au VIe siècle par saint Grégoire.

 

 

 

La commune est appelée Strassburg ou Straßburg[13] en allemand et Strossburi en alsacien.

 

 

Géographie:

 

 

Situation:

 

 

 

Quais de la Krutenau, vus depuis le palais des Rohan (180°)

Localisation:

 

 

 

Position de Strasbourg par rapport aux grandes villes européennes
Strasbourg vue par le satellite SPOT
 

Excentrée par rapport au reste de la France, dont la plaine d'Alsace représente l'extrême façade nord-est, Strasbourg occupe en revanche une position centrale en Europe occidentale, sur une importante voie de passage nord-sud. Il faut en effet la replacer dans l'entité plus vaste dont elle fait partie de la vallée du Rhin supérieur qui, de Bâle à Mayence, forme un couloir naturel.

 

 

 

À la limite de l'Europe atlantique et de l'Europe continentale, elle communique au sud par les vallées de la Saône et du Rhône avec l'Europe méditerranéenne et s'ouvre au nord, au-delà des massifs hercyniens allemands, sur les grandes plaines de l'Europe du Nord jusqu'à la vallée de la Ruhr. À vol d'oiseau, Strasbourg se trouve ainsi à égale distance (environ 750 kilomètres) de la Méditerranée, de la Baltique et du littoral atlantique. Elle se situe aussi à égale distance (environ 500 kilomètres) de la mer du Nord et de l'Adriatique.

 

 

 

 

Le Hornisgrinde (Forêt-Noire) vu depuis Strasbourg

Strasbourg est distante de 136 kilomètres de Stuttgart, de 184 kilomètres de Zurich, de 192 kilomètres de Luxembourg, de 208 kilomètres de Francfort-sur-le-Main, de 876 kilomètres de Toulouse, de 406 kilomètres de Bruxelles et de 447 kilomètres de Paris (distance orthodromique). La ville est par ailleurs située à 40 kilomètres du massif des Vosges à l'ouest, à une trentaine de la Forêt-Noire à l'est et à 170 kilomètres du massif du Jura.

 

 

 

 

Site:

 

 

Située à une altitude moyenne de 140 mètres au-dessus du niveau de la mer[19], Strasbourg est caractérisée par un relief relativement plat. Ainsi au centre-ville, on ne perçoit que de très légères ondulations du terrain, culminant notamment à proximité de la cathédrale et à la croisée de la Grand-Rue et de la rue du Fossé-des-Tanneurs, correspondant aux zones d'habitation les plus anciennes, établies à l'origine sur une butte émergeant des marais environnants.

 

 

 

Le quai de l'Ill dans le quartier de la Petite France

La ville est construite sur l'Ill ainsi que le long de la rive gauche du Rhin. L'Ill est la colonne vertébrale de la ville, reliée au Rhin par des anciens bras désormais canalisés (le Canal de jonction et différents bassins d'usage portuaire). Plusieurs affluents traversent les différents quartiers de la ville : la Bruche et le canal de la Bruche à la Montagne Verte et à Koenigshoffen, l'Aar aux Contades et au Wacken, le Rhin Tortu et le Ziegelwasser (anciens bras du Rhin) à la Meinau, au Neuhof et au Neudorf, le canal de la Marne au Rhin au nord. Ainsi Strasbourg est constituée de plusieurs îles dont l'ellipse insulaire du centre historique, l'île aux Épis, l'île du Rohrschollen et le Port du Rhin.

 

 

 

La ville est par ailleurs située sur l'une des plus grandes réserves d'eau potable d'Europe (près de 35 milliards de m3)[20]. La densité importante de l'hydrographie cumulée à l'affleurement de la nappe phréatique contribue à rendre le secteur très sensible aux inondations. C'est pourquoi la plupart des extensions urbaines de la ville puis de l'agglomération se sont faites au moyen de remblais importants (notamment pour la construction du quartier allemand), accompagnées du comblement ou de la canalisation des multiples bras d'eau, réduisant d'autant les surfaces d'épandage et augmentant la rapidité et le débit des eaux en cas de crue.

 

 

 

Strasbourg est aujourd'hui confrontée à un risque d'inondation important dans certains quartiers (Montagne Verte au sud-ouest et Robertsau au nord) qui pèse sur les projets d'extension urbaine et de densification de l'habitat.

 

 

 

Morphologie urbaine:

 

 

 

Tissu urbain:

 

 

 

Le centre historique de Strasbourg, qui occupe la grande île, se caractérise par des rues étroites typiquement médiévales, notamment autour de la cathédrale Notre-Dame et dans le quartier de la Petite France. Au nord, le vaste quartier allemand construit entre 1870 et 1914 s'étend de la gare aux portes de l'Allemagne. Il est irrigué par de larges avenues rectilignes qui débouchent sur des zones moins denses, notamment sur le quartier des XV dont les premières constructions remontent au début du XXe siècle. Le sud-est est occupé par le quartier de la Krutenau, l'un des plus anciens de la ville. Un peu plus à l'est se trouve le quartier de l'Esplanade. Construit à partir des années 1960 pour faire face à la poussée démographique, ce quartier est essentiellement composé de grands immeubles (plus de dix étages) ce qui en fait le plus dense de Strasbourg. Au sud, les habitations de densité moyenne prédominent, comme dans le quartier de Neudorf. Les habitations les plus récentes sont réparties dans l'agglomération, mais aussi au sein de la commune, notamment dans les quartiers sud et sud-est de la ville Danube, Rives de l'Étoile et Porte de France. Dans les quartiers ouest et sud-ouest, on retrouve la plupart des logements HLM de la ville Cronenbourg, Hautepierre, Koenigshoffen, Montagne Verte et Elsau. Afin d'améliorer les dessertes du Port Autonome de Strasbourg (PAS) situées dans le secteur de l'ile aux Épis, une requalification de la RN4 est en cours. Elle doit permettre à terme de désengorger le trafic des poids lourds sur cet axe majeur et ainsi contribuer à créer une nouvelle centralité transfrontalière en désenclavant le quartier du Port du Rhin. L'objectif principal étant de paysager l'entrée en France depuis l'Allemagne autour du symbole de la frontière et encourager une plus grande mobilité sur l'axe Est Ouest, en sus de l'axe Nord Sud. Strasbourg doit reconquérir les berges du Rhin en comblant sur cet axe les vides successifs provoqués par les dépendances et les friches industrielles. De l'habitat plus dense devrait donc voir le jour et connecter durablement Strasbourg aux franges du Rhin.

 

 

 

 

Architecture:

 

 

 

Façades typiques du quartier allemand

L'architecture est une spécificité intéressante de la ville, car elle est profondément biculturelle. Le centre historique regroupe de nombreuses maisons à colombages, notamment dans le quartier de la Petite France, aux abords de l'hôpital civil (quartier du Finkwiller) et de la cathédrale. Ces maisons ont été construites pour la plupart entre le XVIe et le XVIIIe siècle ; les plus emblématiques sont la maison Kammerzell et la maison des tanneurs. D'autres courants architecturaux sont représentés par certains bâtiments remarquables : la Renaissance avec la Chambre de Commerce et d'industrie et le Classicisme avec le Palais des Rohan et l'Aubette. À partir de l'arrivée de Louis XIV, Strasbourg reprend certains codes architecturaux français, notamment la construction d'hôtels particuliers : la Cour de Honau (actuelle mairie, place Broglie), l'hôtel de Deux-Ponts, le palais épiscopal, l'hôtel de Klinglin (actuelle résidence du préfet).

 

 

 

Le grès rose des Vosges est l'une des pierres les plus utilisées, du fait de sa proximité géographique. On le retrouve donc sur de nombreux monuments, et notamment sur la cathédrale. La couleur de cette pierre est cependant très variable. Ainsi, l'église Saint-Paul utilise un grès pâle, tandis que l'aubette présente une teinte très marquée. Le grès des Vosges est cependant une pierre très friable qui nécessite une attention régulière.

 

 

 

Entre 1870 et 1914, le quartier allemand, dit de la Neustadt (nouvelle ville en allemand) est construit. Il forme un ensemble homogène à prédominance résidentielle et au style typiquement germanique (wilhelmien). Les architectes allemands reprennent de nombreux codes esthétiques : néo-renaissance pour le palais du Rhin (anciennement le palais d'été de l'empereur), néo-gothique pour la Poste centrale, néo-classique pour le campus universitaire ; on note aussi la présence d'immeubles Art nouveau (allée de la Robertsau, intersection des rues Foch et Castelnau, palais des Fêtes entre autres) qui font de Strasbourg l'un des centres de cette architecture (Jugendstil allemand). Strasbourg est aussi la seule ville avec Metz qui a gardé une trace de l'architecture monumentale allemande du XIXe siècle à travers la place de la République (palais du Rhin, préfecture, hôtel des Impôts, Bibliothèque universitaire et Théâtre national). Les immeubles résidentiels utilisent généralement la pierre de taille (pour le rez-de-chaussée et les ornements) associée à la brique (rouge ou ocre, pour le reste de la façade). Le grès rose est lui aussi couramment utilisé pour certaines parties.

 

 

 

Urbanisme:

 

 

En 2005, la commune de Strasbourg comptait 135 340 logements. Par rapport à 1999, le nombre de logements a augmenté de 1,9 % alors que le nombre de ménages a grimpé de 6,8 % sur cette même période. Néanmoins, Strasbourg compte plus de 9 % de logements vacants.

 

 

Selon le recensement complet de 1999, la ville compte 87,9 % de résidences principales contre seulement 0,4 % de résidences secondaires. Les logements individuels représentent 6,6 % du parc immobilier, ce qui est très faible comparé à des villes comme Bordeaux (26,9 %) ou Nantes (23,4 %) mais supérieur à Lyon (3,3 %). La ville se caractérise aussi par l'importance des logements anciens puisque 35,5 % d'entre eux ont été construits avant 1949. En revanche, les logements construits après 1990 ne représentent que 8,9 % du parc. Enfin, les logements strasbourgeois sont essentiellement de grande taille avec 38,3 % de 4 pièces et plus.

 

 

Entre 1999 et 2005, la part des propriétaires a légèrement augmenté en passant de 24 % à 26 %, mais reste relativement faible. La part des locataires s’établit à 71 %.

 

 

Les logements sociaux représentent environ 22 % des logements. Parmi les 30 507 logements sociaux que compte la ville, 3,4 % d’entre eux sont vacants. Ces logements sont essentiellement des 3 pièces (37,6 %) et des 4 pièces (31,0 %). On dénombre en revanche peu de petits appartements (studios et 1 pièce).

 

 

  • Deux-Rives

 

 

Lancé en 2011, ce projet d'aménagement urbain consiste à urbaniser l'axe Strasbourg-Kehl. Selon la municipalité, cela devrait permettre d'ouvrir Strasbourg « à 360° » Il s'agit d'un projet urbain de grande ampleur concernant près de 250 hectares et visant à la construction de 9 000 logements. L'opération sera articulée autour de l’extension de la ligne D du tramway de Strasbourg vers le centre-ville de Kehl qui sera inaugurée en 2015, cela entraînera la construction d'un nouveau pont sur le Rhin (cofinancée par l'Allemagne). Dans ce projet, on trouve notamment l'aménagement du Heyritz, de l'écoquartier Danube ou la requalification du quartier du Port-du-Rhin avec le lancement d'un concours d'urbanisme pour les anciennes emprises douanières de Kehl et Strasbourg. La réalisation est échelonnée de 2012 à 2025.

 

  • Malraux

 

Dans le cadre du projet Deux-rives, le projet Malraux comprends la réalisation de trois tours de 55 mètres de haut dont la réalisation a été confié à Anne Demians fin 2012 et la réalisation prévue entre 2014 et 2018, la réhabilitation d'un ancien bâtiment entrepôt portuaire qui ouvrira en 2013[30], la réhabilitation d'un silo en cité internationale étudiante à l'horizon 2014[31] et l'aménagement de l'espace urbain.

 

 

  • Wacken-Europe

 

 

Le projet comprend le déplacement du parc des expositions, la rénovation et l'agrandissement du Palais des Congrès mais principalement la réalisation d'un quartier d'affaires à la place de l'actuel parc des expositions. L'extension et restructuration du Palais de la Musique et des Congrès seront achevées pour fin 2014 et le nouveau Parc des expositions sera réalisé de 2014 à 2016. Quant au quartier d'affaires, à proximité direct du Parlement européen, il était planifié pour être réalisé en deux phases, la première réalisée par Bouygues à partir de 2013 avec 65 000 m2 de bureaux (dont 30 000 destinés aux institutions européennes), 11 000 m2 d'hôtels, 17 000 m2 de logements et 3 700 m2 de commerces et services[ et une seconde phase de plus de 150 000 m2 de bureaux à partir de 2017. Finalement, la municipalité revient sur son projet et présente une nouvelle version du projet fin 2012. Cette nouvelle version prévoit 56 000 m2 de bureaux, hôtels et commerces, 14 000 m2 de logements et 30 000 m2 de réserves pour les institutions européennes. Le début du chantier est prévu pour 2015, la municipalité prévoit de repartir le projet entre plusieurs promoteurs.

 

 

 

  • Gare basse

 

 

Le projet d'aménagement de la gare basse de Strasbourg se tient à un horizon plus lointain ; 2025, car c'est le délai que la SNCF et RFF estiment nécessaire pour déplacer toutes les installations ferroviaires de cette partie de la gare. À cette échéance, la ville souhaite aménager ce secteur pour permettre l'ouverture à 360° de la gare. Un quartier d'affaires prendra place sur ces emprises, en lien direct avec la LGV Rhin-Rhône et la LGV Est.

 

 

 

Espaces verts:

 

 

 

Le pavillon Joséphine (vue arrière) dans le parc de l'Orangerie

Le nord-est et le sud-est de la commune sont couverts de vastes forêts : la forêt de la Robertsau (493 hectares) et la forêt du Neuhof (797 hectares). Elles sont les vestiges de l'ancienne luxuriante forêt rhénane qui occupait tout le lit majeur du Rhin, fleuve tumultueux et sauvage jusqu'au XIXe siècle. Cette forêt présentait une vitalité et une richesse en espèces remarquables, abritant une avifaune très diversifiée. Si l'endiguement et les aménagements successifs du fleuve l'ont fortement réduite, elle conserve son caractère de zone humide, abrite la réserve naturelle du Rohrschollen, et demeure un terrain d'élection pour la LPO. En outre, le programme « Rhin vivant » dans le cadre du projet LIFE Nature conservation et restauration des habitats naturels de la bande rhénane a été lancé avec l’objectif de restaurer les écosystèmes rhénans.

 

 

Par ailleurs, la ville compte 324 hectares de parcs et de jardins dont le plus réputé est le parc de l'Orangerie composé à l'anglaise. Situé face au Palais de l'Europe, il comporte des attractions telles qu'un zoo, une mini-ferme et un élevage de cigognes et s'agrémente d'un lac avec une cascade romantique ainsi que d'un pavillon construit en 1804 en l'honneur de l'impératrice Joséphine. Il couvre une superficie de 26 hectares. Le jardin botanique possède quant à lui des origines très anciennes. Initialement créé en 1619 puis transformé en cimetière en 1870 après le siège de la ville par les Allemands, le jardin actuel a été inauguré en 1884 pour les étudiants de la faculté de médecine et de pharmacie. Il regroupe 6 000 espèces réparties sur une petite surface de 3,5 hectares.

 

 

Très original puisque situé sur les vestiges de la citadelle de Vauban construite en 1681, le parc de la Citadelle s'étend sur 12,5 hectares. Plus conventionnel, le parc des Contades créé au XVIIIe siècle par le maréchal de Contades est d'abord une promenade arborée extérieure à la ville. Aujourd'hui, il fait partie intégrante du quartier allemand et couvre 7,9 hectares. Le jardin des deux rives, est quant à lui un parc transfrontalier aménagé de part et d'autre du Rhin. Sa superficie de 55 hectares en fait le plus grand de la ville. Les deux rives du Rhin sont reliées par la passerelle piétonne Mimram.

 

 

 

Situé à la Robertsau, aux abords de la forêt, le parc du château de Pourtalès est un espace de 24 hectares qui abrite notamment une galerie de sculptures contemporaines. Une grande partie des berges est également aménagée, notamment dans le centre, à la Montagne Verte, à la Robertsau et à la Meinau. En 2003, la place de l'étoile a été réaménagée pour devenir un parc.

 

 

 

Strasbourg a été récompensée par deux fleurs au palmarès 2007 du concours des villes et villages fleuris[.

 

 

Héraldique:

 

 

 

Les armes de Strasbourg se blasonnent ainsi : « D'argent à la bande de gueules le champ diapré »

Les armes de Strasbourg sont le résultat d'une inversion des couleurs du blason de l'évêque de Strasbourg (bande de gueule sur argent) à l'issue de la révolte des bourgeois de la ville au Moyen Âge qui ont pris leur indépendance face à la tutelle de l'évêque. Celui-ci conserva néanmoins son pouvoir sur la campagne environnante. Le même phénomène s'est observé à Bâle, expliquant ainsi l'actuelle inversion des couleurs des blasons des cantons de Bâle-Ville et Bâle-Campagne.

Cependant le blasonnement est apparemment sujet à discussion. Outre l'interprétation graphique ci-contre, on rencontre au moins deux blasonnements différents :

D'argent à la bande de gueules (le champ diapré). (Grand Larousse encyclopédique en 10 volumes)
D'azur, à une Notre-Dame de carnation assise sur un trône d'or et sous un pavillon de même, tenant de la main dextre un sceptre d'or, et sur le bras sénestre l'enfant Jésus : auprès de la Vierge est un écusson d'argent, chargé d'une bande de gueules. (Malte-Brun, La France illustrée, 1884)

 

 

 

 

Les Grandes Armes de Strasbourg se composent du blason bandé et de certains ajouts à l'extérieur. Le Musée historique de Strasbourg ainsi que d'autres bâtiments historiques en conservent des exemples, sur pierre ou sur vitraux, dont l'emploi remonte au XIIIe siècle. Il sert officiellement pour la première fois de décor sur une charte municipale de 1399, où est venue se joindre, en 1919, la Légion d’honneur. Si les ornements extérieurs font appel à l'ancienne condition de ville libre du Saint-Empire romain germanique, le champ diapré n'est qu'un élément décoratif

Les Grandes Armes de Strasbourg ont servi de décoration à des fins officielles, comme pour les médailles de l'Exposition de la ville[, timbres postaux et documents officiels jusque dans les années 1980, quand la corporation municipale décida de faire usage d'un logo.

 

 

 

Les armes de Strasbourg sous le Premier Empire se blasonnent ainsi : « D'azur diapré d'or à la bande d'argent, au chef de gueules chargé de trois abeilles d'or »

Pendant le Premier Empire, Strasbourg fut au nombre des bonnes villes et autorisée à ce titre à demander des armoiries au nouveau pouvoir. Elles devenaient : D'azur diapré d'or à la bande d'argent, au chef de gueules chargé de trois abeilles d'or, qui est des bonnes villes de l'Empire.

 

 

 

 

 

Devise : argentoratum, ce qui signifie « Strasbourg »

 

 

 

 

 

 

 

 
  

 

 

09:13 Publié dans Régions | Lien permanent | Commentaires (0)

06/08/2024

Penseur religieux et précurseur de l'existentialisme:

 

 

 

 

 

 

 

Kierkergaard 1.jpg

 

 

Søren Kierkegaard a conçu une philosophie du choix: 

 

 

 

 


« Je fus élevé sévèrement depuis l'enfance dans la considération que la vérité doit subir la souffrance, être outragée, insultée. » D'une austérité ainsi glaciale, la pensée de Søren Kierkegaard est aussi -paradoxalement- l'une de celles qui a accordé à l'expression des sentiments intérieurs la considération la plus haute. Philosophe religieux, c'est à une conception du christianisme comme via dolorosa, comme épreuve d'une vie pieuse jalonnée de sacrifices et de souffrances qu'il a consacré son existence. S'opposant fermement au luthéranisme d'État qui régnait alors au Danemark, Kierkegaard pose une exigence de la foi et de l'authenticité qui ne souffre aucun compromis avec le monde. Le christianisme kierkegaardien se veut sans médiation, sans institution, presque sans Église. Cette posture le conduira à décrire la vie intérieure comme une conscience tiraillée entre le doute, le péché et la perpétuelle dramaturgie du choisir. La foi se présente dès lors comme une voie royale pour explorer l'intériorité. Kierkegaard est ainsi devenu l'un des premiers grands philosophes de l'introspection individuelle. C'est d'ailleurs à cet aspect de son œuvre que Kierkegaard devra d'être reconnu par la postérité, faisant de lui le précurseur, avant l'heure, du courant existentialiste. Toujours en quête d'une vérité « pour moi », qui n'est pas celle des grands systèmes universels à l'instar de René Descartes ou Georg Hegel, mais celle pour qui il y va de « moi-même ». Pourtant, la conscience individuelle ainsi émancipée se heurte inévitablement au vertige de la liberté c'est-à-dire du choix. Face à l'angoisse d'exister dans un monde où l'expression d'un choix individuel est déterminante, l'homme kierkegaardien endure le désespoir comme un fardeau constitutif à sa condition d'humain. « Être soi » devient le défi existentiel par excellence, celui qui consiste à se tenir au seuil d'une infinité de possibilités et, dans un « saut » fondateur, à assumer jusqu'au bout tous les risques d'une décision.

 

 

Maisons closes et ivresse:

 

 


Le 5mai 1813, Søren Kierkegaard, petit dernier d'une famille de sept enfants, originaire d'un petit village de l'Ouest du Jutland, vient au monde. Âgé de 53 ans, son père est un homme taciturne et mélancolique. Sorën n'a que 6 ans quand une série de décès vient emporter tour à tour ses frères et sœurs. Seuls son frère aîné et lui survivent. Convaincu qu'une malédiction pèse sur la famille, le père veut assurer le salut éternel de son dernier-né, au cas où il devrait mourir lui aussi prématurément. L'éducation religieuse de Sorën sera alors hantée par l'image du Christ agonisant sur la croix. Profondément atteint et indigné par l'injustice du sort de Jésus, Sorën se forge alors une conception de l'humanité pécheresse et plus rien désormais -ni l'idée de la Résurrection ni celle de la Rédemption- ne viendra l'éloigner de sa fascination pour l'intransigeance sacrificielle de la foi. Toute sa vie, il cherchera à appréhender la souffrance comme l'épreuve fondamentale du chrétien, se considérant si ce n'est comme témoin de la vérité, martyre de son temps. Car Kierkegaard ne tardera pas à s'opposer au christianisme officiel du Danemark à qui il reproche un manque d'authenticité. Son christianisme à lui ne peut être l'objet de compromis avec la société. Il impose l'isolement et la solitude.

 

 


À 18 ans, Kierkegaard connaît ce qu'il a appelé « le tremblement ». Un soir, son père ivre lui aurait dévoilé un secret, la famille serait « maudite »  : voilà ce qui serait la cause de tous ces décès... Kierkegaard a vécu cette « révélation » comme un choc. En proie à de terribles crises d'angoisse, il fuit le foyer paternel. Commence alors pour lui une vie de débauché. Il fréquente les maisons closes, dilapide son argent à faire la fête et rentre ivre quasiment tous les soirs. Il découvre le Don Juan de Mozart et joue les dandys séducteurs. Ce changement radical de mode d'existence joue un rôle capital dans la pensée kierkegaardienne où déjà s'annonce sa théorie du « saut », à l'origine de celle des « stades de l'existence » (encadré p.56), et en l'occurrence, ici, celui du « stade esthétique ». Criblé de dettes et repentant, il revient un an plus tard le 8août 1838 chez son père juste avant son décès. « Mon père est mort (...). J'aurais tellement aimé qu'il eût vécu quelques années de plus, et je regarde sa mort comme l'ultime sacrifice de sa part à son amour pour moi. » Kierkegaard reprend alors à ses études  : en juillet1840, il obtient le certificat de théologie requis pour exercer comme pasteur. Lors d'un pèlerinage dans le village de son père, il rencontre Regine Olsen, une belle jeune fille de 17 ans dont il tombe éperdument amoureux. Les voilà bientôt fiancés. Cette rencontre marquera à jamais sa vie et son œuvre. Mais, après avoir entretenu une relation épistolaire passionnée, Kierkegaard se rétracte soudainement, juste avant le mariage. Il renvoie la bague de fiançailles à Régine accompagnée de ce mot  : « En Orient, l'envoi d'un cordon de soie signe pour le destinataire son arrêt de mort  ; ici, l'envoi d'un anneau signe l'arrêt de mort pour celui qui l'envoie. »

 

 


Tout le petit monde de l'aristocratie danoise, dont Kierkegaard fait partie, condamne son geste. Le jeune homme s'enfuit à Berlin pour éviter de subir le scandale. Mortifié par la rupture avec Regine qu'il aime pourtant profondément (« ce que j'ai perdu, c'est la seule chose que j'aimais »), il s'interroge sur le sens de son choix. Il en conclut qu'un pacte plus grand, « un pacte de larmes » le lie avec Dieu. Cet amour sacrifié sur l'autel de sa vocation religieuse a quelque chose d'amèrement ironique quand on sait que par la suite, Kierkegaard ne cessera de faire l'apologie du mariage comme l'emblème du « stade éthique » de la vie.

 

 

L'existence comme possibilité:

 

 


À Berlin, Kierkegaard va suivre les cours de Friedrich von Schelling et l'enthousiasme un temps avant de s'en détourner. Les Lumières allemandes (l'Aufklarüuml ;ng) affirmaient le pouvoir de la raison comme principe autonome et opposé à l'obscurantisme religieux. Mais le nouveau courant romantique, opposé aux Lumières, a vu le jour. Pour les romantiques, dont Johann Fichte est le principal représentant, la raison est infinie comme le sont la suite des nombres qui s'ajoutent les uns aux autres dans une suite logique. Considérer la raison comme infinie revient à faire du monde un mouvement rationnel qui avance d'une étape à une autre sous le joug de la nécessité de sorte qu'il devient possible de déduire l'étape qui va suivre de manière a priori, c'est-à-dire sans avoir recours à l'expérience. Pour Kierkegaard, cette façon d'envisager le monde comme un grand système qui engloberait tout dans une dynamique homogène nie l'individu et sa liberté. Un système ne pourra, dès lors, jamais rendre compte de l'expérience individuelle car elle exclut toute idée de contingence. Or, pour Kierkegaard, l'être humain est pure contingence. Contre l'effort des milieux intellectuels danois pour réconcilier le christianisme avec la spéculation hégélienne, qui prétendait fonder la foi en raison, Kierkegaard oppose l'impuissance fondamentale de la raison à élucider le mystère qui lie un individu à la révélation divine. Aucune explication objective ne peut s'aventurer, sans se compromettre, dans l'intimité d'une conscience.

 

 


Pierre angulaire de la pensée de Kierkegaard, le « possible » est à la base de l'existence humaine. Pour lui, l'homme ne se contente pas de vivre, c'est-à-dire de naître et de mourir, il existe c'est-à-dire que sa présence l'engage dans le monde. Dès lors, il n'est pas soumis à des contraintes naturelles qui le poussent à agir de telle ou telle façon. L'homme est pour lui une contingence pure qui a pour seule nécessité celle de devoir choisir constamment sa vie. Car exister, c'est choisir et cette liberté est la condition métaphysique de l'homme. Condamné à faire des choix, l'homme se singularise, presque malgré lui, et devient individu. Ce champ infini de possibles qui s'offre alors à lui n'a pourtant rien de bienheureux. Au contraire, il prend la forme d'un abîme sans fond  : un vertige métaphysique. Si rien ne m'oblige ni ne m'incite à choisir ceci plutôt que cela, comment choisir  ? Comment être sûr de ne pas se tromper  ? Derrière chaque choix, se cachent toujours la potentialité d'un bonheur et celle d'un malheur. Voilà comment l'expérience de la liberté devient paralysante plutôt qu'émancipatrice. Elle devient malaise, doute et tourment. Elle devient angoisse.

 

 


Dans Traité du désespoir (1849), Kierkegaard s'interroge sur le rapport qu'entretient l'individu avec lui-même lorsqu'il éprouve la difficulté de l'injonction à « être soi ». Être totalement libre  ? Se sentant incapable d'un tel engagement, l'homme se met à désespérer de lui-même, trop conscient du piège existentiel dans lequel il se trouve irrémédiablement. Pour Kierkegaard, s'extirper du désespoir ne peut jamais venir de nous-mêmes mais forcément d'une force extérieure. Ainsi en est-il de la foi en Dieu. Cependant, l'acte de foi n'a lui-même rien de serein. Il ne satisfait jamais les exigences intellectuelles, ne délivre aucune certitude. Il est précisément « choix » au sens le plus noble du terme. Celui qui implique de prendre et d'assumer les risques de l'existence à son compte. Au fond, il ne s'agit pas pour l'homme existentiel de choisir telle ou telle chose mais d'avoir le courage de « vouloir choisir », c'est-à-dire d'accepter une responsabilité. Pour le penseur, on décide quelque chose comme on saute dans le vide. Cette radicalité de la décision tranche dans les choix à la manière d'un couperet.

 

 

De l'esthétique à l'éthique:

 

 

 

Revenu à Copenhague, Kierkegaard publie Ou bien... ou bien (1843) sous un pseudonyme (comme toutes les œuvres philosophiques qu'il écrira ensuite) dont le succès ne se fera pas attendre. Dans cet ouvrage, il décrit l'alternative qui se pose entre un mode de vie esthétique et un mode de vie éthique  : « ou bien » celui de l'esthète « ou bien » celui de l'éthicien. La première partie de l'œuvre, consacrée à la vie esthétique est un composé de plusieurs écrits compactés en un seul. On y trouve notamment Le Journal d'un séducteur (1843), célèbre roman épistolaire où Johannes, sorte de Don Juan moderne, cherche à séduire la belle Cordélia avant de l'abandonner lorsque celle-ci tombe amoureuse... Ce scénario n'est pas sans rappeler la relation qui liait Kierkegaard à Regine, séduite et abandonnée à la veille du mariage. La seconde partie décrit le choix de « l'éthicien » qui a accepté une responsabilité envers lui-même.

 

 


Après ce livre, commence alors une période extrêmement prolixe où Kierkegaard, profitant d'une aisance matérielle, se consacre entièrement à son œuvre. Il révèle alors tous ses talents d'écrivain, dans une œuvre où se mêlent réflexions philosophiques, récits, poèmes et théologie. En six ans, il publie Crainte et tremblement (1843), La Répétition (1843), Miettes philosophiques (1844), Du concept d'angoisse (1844), Étapes sur le chemin de la vie (1845)... tout en continuant à tenir scrupuleusement son journal. Ayant accédé à la célébrité, (il est reconnu par les badauds dans les rues de la capitale), il sera aussi la risée de Copenhague, suite à la publication d'un numéro du Corsaire, journal satirique très en vogue qui le tourne en ridicule. Un jour, il apprend le mariage de Regine avec Fritz Schlegel, ruinant son espoir caché qu'elle lui reste fidèle en pensée  ! Ses multiples tentatives de la revoir, avant qu'elle suive son époux aux Antilles, se soldent par de froids adieux échangés sur une place publique, où il ne parviendra finalement pas à prononcer le moindre mot. Quelque mois plus tard, Kierkegaard tombe gravement malade  : replié sur lui-même, il refuse alors toute visite, même celle de l'évêque venu lui proposer une ultime réconciliation avec l'Église. À 42 ans, Kierkegaard s'éteint, seul et ruiné. Sur son lit de mort, Regine, « écharde dans la chair », le hante toujours  : « Elle a été l'aimée. Mon existence sera l'exaltation absolue de la sienne, mon activité littéraire pourra aussi être considérée comme un monument à sa gloire et à sa louange. Je l'emporte avec moi dans l'histoire. »

 

 

L'angoisse, un concept clé:
 

Concept clé dans la pensée existentialiste, l’angoisse a été introduite en philosophie par Søren Kierkegaard pour désigner ce que ressent l’homme lorsqu’il prend conscience de sa situation dans le monde. Pour Kierkegaard, jamais l’homme n’aura accès à la vérité absolue, à la transcendance pure. Il ne peut ainsi jamais être assuré de quoi que ce soit. Il est condamné à choisir sans jamais obtenir la certitude que son choix est le bon. La foi est alors le seul recours. Elle est une certitude subjective de la vérité. Il s’agit de savoir ce qui est vrai non pas en soi mais pour soi. Dans Le Concept de l’angoisse, publié en 1844, sous le pseudonyme Vigilius Haufniensis, le penseur présente l’angoisse comme un sentiment qui, contrairement à la peur, n’a pas d’objet déterminé. L’angoisse réside en réalité dans le rapport qu’entretien l’homme avec la nécessité de choisir entre une multitude de possibilités, propres à sa condition. L’angoisse est l’expérience de la liberté vécue comme un vertige. C’est pourquoi il est bien plus pertinent d’étudier ce sentiment, non pas philosophiquement, c’est-à-dire comme un concept, mais psychologiquement, comme un sentiment.

 

 

Le père de l'existentialisme ?
 
 

Longtemps tenu à l’écart de la philosophie, l’œuvre de Søren Kierkegaard a connu une véritable renaissance avec l’essor du courant existentialiste après la Seconde Guerre mondiale. En opposition farouche aux grandes spéculations métaphysiques, Kierkegaard cherche à penser l’être humain dans son existence concrète, c’est-à-dire dans son expérience personnelle. Qu’est-ce donc qu’exister pour un être humain ? Telle est la question kierkegaardienne par excellence que reprendra à son compte Jean-Paul Sartre pour qui la question clé de la philosophie est celle de l’engagement et de la responsabilité face à la liberté. ?

 

 

Martin Heidegger avait mentionné Kierkegaard plusieurs fois dans Être et Temps (1927) mais il le fait uniquement pour l’opposer à Georg Hegel et lui reprocher son absence de rigueur. Cependant, de nombreux concepts semblent témoigner de la parenté de pensée qui lie les deux penseurs : l’angoisse, idée largement développée dans Être et Temps ou « le saut » que Heidegger évoque dans son cours « Le principe de raison de Leibniz ». Emmanuel Levinas écrira même qu’« il est possible que derrière chaque phrase de Heidegger, il y ait du Kierkegaard ». ?

 

 

Kierkegaard a influencé aussi Karl Jaspers à travers sa conception de l’existence individuelle, conçue comme unique, face au dilemme de la vie en commun : si chaque individu est singulier, comment les individus peuvent communiquer entre eux ? Si la vérité est intimement liée à ma seule personne, puis-je la mettre en parole sans l’altérer ? 

 

 

Gabriel Marcel, représentant de « l’existentialisme chrétien », reprendra du philosophe danois le concept « d’alternative ». Quand à Emmanuel Mounier, figure du catholicisme social, il ira jusqu’à émettre l’espoir de « réconcilier Kierkegaard et Marx ».

 

 

L'esthète, le chic type et le croyant
 
 

Dans Étapes sur le chemin de la vie (1845), Søren Kierkegaard présente trois profils d’existence. Aucune n’est compatible avec les autres de telle sorte qu’aucune synthèse n’est possible .

 

 

Le stade esthétique?

 

Incarné par Johannes, personnage masculin du Journal d’un séducteur (1843), le stade esthétique est dominé par la figure du séducteur. Celui-ci, obsédé par la recherche du plaisir, ne veut vivre que dans l’instant. Il correspond au mode de vie du Don Juan qui après avoir séduit une femme en désire immédiatement une autre. Pour Søren Kierkegaard, « l’esthète » est un Narcisse qui veut à tout prix se différencier, car il veut tout et maintenant. Il reste suspendu au-dessus d'une multitude de possibilités et renonce à choisir. Renonçant à s’engager durablement, il revendique sa subjectivité, son indécision, qui est aussi une forme de liberté absolue.?

 

 

Ce portrait de l’esthète en libertaire hédoniste, on pourrait le retrouver à d’autres époques de l’histoire. À Athènes par exemple avec Calliclès, qui prône la jouissance immédiate des plaisirs. À l’époque contemporaine, on pourrait retrouver le portrait de l’esthète au cinéma, James Dean dans La Fureur de vivre (1955), ou dans le roman (par exemple American Psycho, 1991). Le stade esthétique fait songer à toutes ces formes contemporaines de plaisir débridé dont, par exemple, Ibiza ou le credo du « jouir sans entraves ». Selon Kierkegaard, la désinvolture de l'esthète s’accompagne d’une attitude ironique face à l’existence.?

 

 

L’ironie – sujet auquel Kierkegaard consacre sa thèse de doctorat – consiste à refuser le sérieux de l'existence. Mais cette attitude a quelque chose de tragique et désabusé. L’esthète est un désabusé et son ironie est une façon d’exprimer le décalage entre nos idéaux et la réalité, toujours décevante. La recherche de la jouissance a quelque chose de désespéré. Voilà pourquoi le mode de vie « esthétique » ne peut finalement satisfaire. Il n’est au fond qu’une fuite en avant ne débouchant sur rien. Les plaisirs se succèdent et se ressemblent. Un sentiment de répétition inutile s’empare alors de l’esthète et le conduit à la « mélancolie » (que l’on appellerait aujourd’hui la dépression). Pour Kierkegaard, il faudra bien un jour mettre un terme à cette forme de vie qui ne mène a rien. Et pour lui, cet abandon ne se fera ni par changement progressif, ni par un simple dépassement à la manière d'une dialectique. Il s’agit de réaliser un véritable « saut », c’est-à-dire prendre une décision ferme et radicale.?

 

 

Le stade éthique?

 

Alors que l’esthète ne veut renoncer à rien et veut jouir de tout, l’éthicien lui, veut « fixer » sa vie. Au stade éthique, l’individu devient adulte. Il a fait le choix de l’engagement et de la fidélité. Il a compris que le jouisseur, qui se croit libre en cherchant à satisfaire ses seuls désirs immédiats, se soumet en fait passivement à eux : il devient un esclave. Le « stade éthique », correspond à une renonciation à une vie d’exception pour choisir une vie plus humble et ordinaire. L’« éthicien » de Kierkegaard correspond à la vie rangée des « gens biens », du bon père de famille, du bon mari, de la bonne épouse, du bon citoyen… Autant le séducteur du stade esthétique se révèle égoïste et narcissique, autant la personne au stade éthique privilégie le sens du devoir. Cette morale du « chic type » vénère la fidélité (à son compagnon ou sa compagne), la loyauté (envers son pays, son entreprise, son clan). Son rapport au temps, à l’argent diffère fondamentalement du « flambeur » qu’est l’esthète. L’un est cigale, l’autre fourmi. L’un dépense sans compter, l’autre l’épargne. L’un vit au jour le jour, l’autre songe à l’avenir et construit patiemment ses projets et plans de carrière. ?

 

En s’engageant dans l’existence concrète, l’éthicien se plie aux règles sociales et accepte de composer avec elles. Le mariage incarne pour Kierkegaard le symbole de cette vie éthique. En se mariant, l’éthicien officialise sa promesse de fidélité à l’autre en lui donnant une dimension civile. Ce n’est pas pour autant une renonciation à tout romantisme et à toute notion de plaisir. Mais le celui-ci doit rester dans les normes et la maîtrise de soi. Kierkegaard insiste sur le fait que ce choix de vie n’est nullement une forme de soumission : car respecter des règles de vie est aussi un choix de vie qui échappe à l’automatisme du devoir. L’esthète croyait trouver sa liberté dans le désir, et tombait vite dans l’esclavage. L’éthicien, lui, semble se soumettre aux conventions : en fait il fait triompher sa liberté en s’engageant de lui-même dans une vie quotidienne moins glorieuse mais dirigée par les règles qu’il s’est définies lui-même. Celui qui a renoncé à son statut d’homme exceptionnel – en se mariant, en assumant peut-être une famille, des responsabilités sociales – se révèle finalement le plus extraordinaire des deux. ?

 

 

Le stade religieux?

 

Après avoir épuisé lui-même les illusions du stade esthétique, comme Le Journal du séducteur en témoigne, Kierkegaard aurait voulu réaliser le « stade éthique ». Il n’y est pas parvenu. Il ne s’est pas marié, n’a jamais su avoir un rapport aux autres serein, ni même assumer une position sociale stable et assurée. Il est mort seul et ruiné. C’est que Kierkegaard est convaincu de porter en lui un rapport à Dieu qui l’empêche d’appartenir tout à fait à la société. Le « stade religieux » est pour Kierkegaard, le troisième mode d’engagement de l’existence humain. Il ne s’agit plus de se vouer à soi (stade esthétique), aux autres (stade éthique), mais se consacrer tout entier à une transcendance. Cette relation au divin condamne tout compromis avec la société. Rompre ses fiançailles avec Régine n’a pas eu d’autre sens. Ce sacrifice au nom de la foi est « l’expression de l’abandon le plus absolu ». Entrer en relation avec l’absolu implique forcément une rupture avec les autres. Aujourd’hui, le mysticisme ou le fondamentalisme religieux qui impose le sacrifice de soi représenteraient cette forme d’engagement absolu. Par extension, cette ascèse mystique peut se transposer à tous ceux qui décident de s’engager de façon absolue, dans n’importe quel type de transcendance : idéal scientifique, philosophique, artistique, sportif au détriment de son plaisir immédiat ou des contraintes de son milieu.

 

Louisa Yousfi

 

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02/08/2024

Pas d’amalgame entre « salafiste » et « salafiste » !

 

 

 

 

 

 
 
 
La première décapitation perpétrée sur le sol français à peine annoncée, les républicains , comme à l'accoutumée, ont agité leur gri-gri favori : « Pas d'amalgame ».
 
 

 
 
 
      

L’attentat contre l’usine de gaz, en Isère, et la première décapitation perpétrée sur le sol français à peine annoncés, les républicains de gauche, comme à l’accoutumée, ont agité leur gri-gri favori : « Pas d’amalgame ». Pas d’amalgame entre islam et islamisme, pas d’amalgame entre musulmans modérés et musulmans radicaux, ou, autre variante, entre islam et salafisme. Entre eux, point de socle commun, ni même quelque supposé lien de parenté.

 

Mais, stupeur, ce dimanche 28 juin, présentatrice et journaliste du journal de 19 h d’Antenne Réunion nous en révèlent un nouveau. Alors que Yassin Salhi – qui avait été fiché par les renseignements généraux précisément pour appartenance à la mouvance salafiste, donc en voie de radicalisation terroriste – est en garde à vue, on nous apprend que « le terme salafisme » ne doit pas être confondu avec celui de « djihadisme » ! Stupeur, encore, d’entendre définir le salafisme comme étant « un courant rigoriste de l’islam fondé sur une stricte interprétation du Coran », immédiatement suivi de cette affirmation : « La plupart des salafistes sont pacifistes. » » Mieux : « Les salafistes qui versent dans le djihadisme seraient ceux qui l’étudient le moins et ceux qui sont motivés par un sentiment d’oppression contre les musulmans. »» Ce n’est pas l’avis de Yadh Ben Achour, professeur de droit à l’université de Tunis :

 

L’erreur serait de supposer que ce salafiste est un pauvre hère égaré dans l’histoire de l’islam. Cessons de croire à la théorie de l’aberration qui veut que le salafiste ne représente pas l’islam ou que c’est l’enfant maudit de la famille […] »

 

Alors, on se dit que les médias réunionnais pèchent par naïveté ou par méconnaissance profonde de l’islam. Parce qu’en métropole, ce sont bien les salafistes qui y contrôlent une centaine de mosquées (chiffres de 2010), et une quarantaine d’autres soupçonnées de les rallier.

 

Pourtant, même son de cloche du côté de Saint Priest, à la mosquée fréquentée par Yassin Salhi où, étonnamment, personne ne semble le connaître. Le Monde nous apprend que le salafisme, pour Franck, un chrétien converti, « c’est le contraire du terrorisme, c’est prôner la paix, vivre ensemble, respecter l’autre […] ». « Pour nous, c’est pas des salafistes, ces gens-là », ajoute Belgacem, 60 ans, et assez énervé : « Ce sont ce que les savants appellent “les chiens de l’enfer” […], un salafiste, ça ne tue pas. ». Pas d’amalgame !

 

C’est à y perdre son latin… Djihadiste ou salafiste ? Salafiste modéré ou salafiste radical ? Salafiste pacifique ou non ? Cela va devenir vraiment très compliqué !

 

 

09:35 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)