26/04/2013
Le livre de Job et l'expérience spirituelle(2)
2° Les dialogues poétiques
Dans l'œuvre poétique du Ve siècle, deux monologues de Job (ch. 3 et 29-31) encadrent les dialogues de Job et de ses trois visiteurs (4-27). Par trois fois Éliphaz, Bildad et Sophar prennent la parole, toujours dans le même ordre, et chacun reçoit une réponse de Job, ce qui donne trois cycles de discours : I = 4-14; II = 15-21; III = 22-27. Les deux premiers cycles sont régulièrement construits, mais le troisième pose de délicats problèmes de critique littéraire, car apparemment aucune place n'est réservée à Sophar. Depuis P. Volz (1921), beaucoup d'auteurs ont renoncé à reconstruire ce troisième cycle. Certains ne gardent qu'un discours d'Éliphaz (ch.22) et volontiers discernent dans les ch. 23-27 soit des pièces rapportées (Fr. Buhl, F. Baumgärtel, G. Hölscher, E. G. Kraeling), soit des matériaux à rattacher au premier cycle (P. Volz, M. Simon, C. Westermann) ou éventuellement au monologue des ch. 29-31. En 1949, A. Lefèvre a proposé une reconstruction du troisième cycle avec, comme seuls interlocuteurs, Job, Éliphaz et Bildad. La solution la plus naturelle consiste, semble-t-il, à restaurer autant que possible le cycle complet, avec participation de Sophar (G. B. Gray, É. Dhorme, G. Fohrer). On peut, par exemple, proposer la structure suivante : Éliphaz : 22; Job : 23 + 24, 1-17; Bildad: 25 + 26,5-14; Job : 26,1-4 + 27,2-12; Sophar : 27,13-23 + 24,18-25, la dernière réponse de Job étant constituée par le monologue des ch. 29-31. Voir J. Lévêque, op. cit., p. 213-229.
Le récit-cadre, dans lequel l'auteur du Ve siècle a inséré ses dialogues, contenait très probablement déjà des paroles de Yahvé à Job. Elles sont en effet présupposées par le verset 42,7 de l'épilogue. Mais le poète les a développées librement en deux discours très amples, ponctués par deux courtes réponses de Job:
Premier discours de Yahvé : 38,1 – 40,2.
Réponse de Job: 40,3-5.
Deuxième discours de Yahvé (Behémot et Liwyatan): 40,6 – 41,26.
Réponse de Job: 42,1-6.
3° Les discours d'Élihu
La théophanie, avec les dialogues de Yahvé et de Job (38, 1 à 42, 6), devrait normalement faire suite au long monologue du héros (29-31) qui se termine sur un appel véhément à Dieu: "Qui me donnera quelqu'un qui m'écoute? Voici ma signature! Que Shadday me réponde" (31, 35-37). Dans l'état actuel du livre, dialogues et théophanie sont séparés par les discours d'un quatrième sage, Élihu (32-37). Ces discours d'Élihu ont été rédigés sur la base des dialogues, et dans une langue un peu plus imprégnée d'aramaïsmes. Comme ils reflètent certaines préoccupations théologiques du livre de Malachie (cf. Ml 2,17; 3,14-16), ils ont dû être ajoutés vers 450, soit par un rédacteur, soit même par le poète principal.
On peut y distinguer une introduction (32, 6-22) à trois thèmes : "je veux parler" (v. 6-10), "je peux parler" (11-14), "je dois parler" (15-22); puis quatre discours : 33; 34; 35; 36,1 - 37, 13; enfin une conclusion : 37, 14-24. Les trois premiers discours sont bâtis sur un schéma identique, mis l'auteur garde une grande liberté (cf. J. Lévêque, op. cit., p. 541-542). Quant au quatrième discours, il se déploie quasi uniquement dans le style de l'hymne. Élihu y décrit d'abord l'action de Dieu dans l'histoire personnelle des justes et des impies (36, 5-23), puis la puissance de Dieu à l'œuvre dans la création (36,24 - 37, 13). Dieu dans la création, Dieu dans l'existence de l'homme : le jumelage de ces deux thèmes était devenu en Israël un réflexe théologique.
4° le poème sur la Sagesse inaccessible (ch. 28)
Les commentateurs qui attribuent le ch.28 à l'auteur des dialogues sont de nos jours la minorité, mais le débat n'est pas clos. C.Westermann (Der Aufbau des Buches Hiob, p.107) et R. Tournay ("L'ordre primitif des ch.24-28 du livre de Job", dans Revue biblique, t. 64, 1957, p. 331) réclament encore pour l'auteur principal la paternité du ch.28. À l'opposé, O. Eissfeldt, G. Fohrer voient, avec raison, dans ce poème une addition provenant d'un contexte tout autre, quant au fond et quant à la forme:
"Certes, i! a été souvent question de la sagesse dans le dialogue : les amis !'ont revendiquée pour eux-mêmes et l'ont déniée à Job; celui-ci s'est moqué d'eux à ce sujet, sans toutefois contester la science de Dieu. Mais dans tous ces contextes, tout comme dans les discours d'Élihu, il s'agit d'une autre sorte de sagesse que dans le chant de Job 28. De plus, les développements sur la sagesse inaccessible à l'homme rendent proprement superflus les arguments du discours de Dieu; et inversement le ton ironique de ce discours devient incompréhensible après la modestie volontaire, sage et résignée, du Chant. Enfin, le style réflexif du Chant contraste absolument avec les autres discours du poème de Job (G. Fohrer Das Buch Hiob, p. 42).
Il reste qu'en insérant le poème sur la Sagesse à sa place actuelle le rédacteur anonyme (du 3e siècle?) a fait preuve d'un goût très sûr. Sans doute a-t-il voulu conclure les entretiens de Job et de ses visiteurs (4-27) en proposant à son tour une thèse radicale, qui réfute définitivement la théologie trop courte des amis et dénie aux thèses classiques des sages toute valeur d'explication de la souffrance humaine : l'homme ne connaît pas le chemin de la Sagesse et celle-ci ne se trouve pas sur la terre des vivants (28, 12-13.20-21). Le poème de Job 28 jette ainsi un pont entre les dialogues (4-27) et le monologue (29-31) où Job, après avoir protesté de son innocence, lancera à Dieu son ultime défi (31, 35 ss). Mieux encore, le poème fait pressentir la grande leçon que Dieu donnera à Job lorsqu'il lui apparaîtra dans l'orage. Ce chapitre 28 ouvre donc la porte à une solution vraiment théologique où Dieu et !'homme, l'Absolu et le créé, trouveront leur vraie place tout en gardant leur mystère.
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23/04/2013
Un Afrikaner d'origine Luthérienne: le Président Paul Kruger(2)
Un président en guerre (1899-1902)
Le 11 octobre 1899, après d'ultimes négociations à Bloemfontein, la seconde Guerre des Boers est déclenchée. Allié à l'État libre d'Orange, le Transvaal est rapidement défait malgré les succès de la résistance boer.
Le 7 mai 1900, Kruger assiste à sa dernière session parlementaire du Volksraad avant de quitter définitivement Pretoria le 29 mai.
En octobre 1900, Kruger rejoint Lourenço-Marquès au Mozambique, d'où il embarque pour l'Europe à bord d'un navire de guerre spécialement envoyé par la reine des Pays-Bas. Il laisse alors Jan Smuts et les généraux boers continuer la guérilla en son absence. Son but est d'obtenir l'aide financière et militaire des gouvernements occidentaux. Il est obligé de laisser sa femme en Afrique du Sud car, trop malade, celle-ci ne peut effectuer le voyage. Il ne la revoit jamais car elle meurt le 20 juillet 1901 alors qu'il est en Europe.
Malgré la sympathie des Européens pour la cause des Boers et le succès de sa tournée en Europe, de Marseille aux Pays-Bas en passant par Paris, Kruger n'obtint aucune aide officielle. Seuls quelques idéalistes vinrent combattre aux côtés des commandos boers.
L’exil (1902-1904)
C'est aux Pays-Bas que Kruger reçoit la nouvelle de la signature du Traité de Vereeniging. En 1902, c'est à Utrecht qu'il y reçoit la visite des généraux boers Louis Botha, Christiaan de Wet et Koos de la Rey.
Ne pouvant revenir dans son pays, Paul Kruger doit alors s'installer d'abord à Saint-Gall[1] puis à Clarens en Suisse où il meurt le 14 juillet 1904.
Son corps est transporté à La Haye avant d'être rapatrié en Afrique du Sud où il est enterré le 16 décembre 1904 au cimetière de Pretoria sur Church Street.
Un symbole de l'histoire afrikaner
Paul Kruger est une véritable icône afrikaner en Afrique du Sud. Le 10 octobre, jour de sa naissance, fut férié jusqu'en 1994.
Nombreux furent les Britanniques qui s'irritèrent qu'un homme tel Kruger ait pu jouer un rôle aussi majeur dans l'histoire de l'Afrique du Sud. Ils étaient les premiers à qualifier son physique de repoussant et de laid, de se moquer de ses manières grossières et de ses idées qualifiées de réactionnaires. Ils ne pouvaient voir en lui un interlocuteur sérieux et à juste titre, Kruger ne pouvait être qualifié d'homme de la modernité. Pourtant, il était un "représentant typique de la société boer, archétype du dévot, puritain, persévérant, obstiné, individualiste, ne vivant que pour Dieu et pour les siens" [2]. S'il n'avait pas beaucoup d'instruction, ni de culture générale, cet homme austère et simple était intelligent et perspicace. Pour Sir Bartle Frere, l'un de ses plus grands opposants, Kruger était "un bonhomme rusé, qui sous des manières faussement clownesques et une ignorance feinte, dissimule des talents considérables"[3]. Kruger avait assimilé toutes les ficelles de l'art politique. Il savait diriger, concilier, percevoir et manipuler ses adversaires.
Physiquement, Kruger avait un style reconnaissable avec son inséparable chapeau haut de forme, ses cheveux enduits d'huile de noix de coco qui faisaient la joie des caricaturistes. Mais il restait un chef d'État simple dont la femme trayait les vaches dans sa résidence officielle de Pretoria. Si son salaire était élevé, il dépensait peu et à sa mort, ses cent-cinquante-six enfants et petits enfants se partagèrent une somme considérable.
Hommages
- La place Krugerplein dans le quartier est d'Amsterdam (Amsterdam-Oost)
- Le plus grand parc national d'Afrique du Sud, le parc national Kruger, dont il avait acté la création sous le nom de réserve de Sabie, porte son nom depuis 1926 tout comme la ville de Krugersdorp dans la banlieue de Johannesburgainsi que de très nombreuses artères des villes situées sur le territoire des anciennes républiques boers.
- La localité de Gezina, aujourd'hui un quartier de Pretoria, porte le nom de sa seconde épouse.
- Sa statue est située au centre de Church Square, le quartier historique de Pretoria.
- Sa maison de Church street à Pretoria est devenue un musée (Kruger House Museum).
- Des statues de Paul Kruger ont été érigées dans le Parc national Kruger, à Krugersdorp et à Rustenburg.
- Son effigie figure enfin sur les pièces d'or, les Krugerrand.
- Son nom a été donné à un type de pipe appelé Oom Paul Pipe (la pipe de l'oncle Paul)
- En France, de nombreuses artères portent son patronyme notamment à Lyon, Villeurbanne, Marseille, Courbevoie, Chalon-sur-Saône, Saint-Maur-des-Fossés…
- En 2004, il est cité en vingt-septième position sur la liste des cent plus grands sud-africains.
Ohm Krüger (1941), film allemand de propagande anti-britannique
La figure de Paul Kruger fut utilisée par la propagande nationale-socialiste à travers le film Ohm Krüger tourné en 1941 par Hans Steinhoff et diffusé en France en octobre 1941 sous le titre Le Président Krüger. Il s'agissait pour les nazis d'utiliser un chef charismatique historique, d'origine allemande, bigot et anti-britannique, connu pour son nationalisme, sur fonds de la Seconde Guerre des Boers, de sa rivalité avec l'anglais Cecil Rhodes et des camps de concentration britanniques dans lesquels moururent des milliers de civils boers[4]. Réalisé en pleine Seconde Guerre mondiale, la dernière scène du film se termine par une prophétie (inventée) de Kruger annonçant la chute prochaine de l'Angleterre[5],[6].
Ce film fut aussi projeté en Union soviétique à partir de 1948, durant la guerre froide, afin de stigmatiser l'attitude des Britanniques pendant la Seconde Guerre des Boers, l'accent étant mis alors sur la défense des intérêts économiques des Anglais produisant inévitablement la guerre, selon la théorie marxiste classique de la concurrence impérialiste.
Notes et références
- Après sa mort, la ville de Saint-Gall baptisera l'une de ses rues à son nom, la Krügerstrasse, voulant ainsi honorer un combattant de la liberté. En 2009, des mouvements de gauche obtiendront que la mairie fasse rebaptiser cette rue, en dépit de l'opposition des riverains, au prétexte de connotations racistes que symboliserait le personnage de Paul Kruger. Ce dernier point est cependant contesté par le professeur émérite Yvo Hangartner selon lequel Kruger n'était pas plus raciste que les dirigeants européens et américains de l'époque mais qu'il symbolisait surtout la résistance d'un petit peuple contre une grande puissance impérialiste[.
- Henri Wesseling, "Le partage de l'Afrique", p 373.
- CW de Kiewet, "The imperial factor in South Africa", Cambridge, 1937
- et également plusieurs milliers de Noirs
- Fiche du film en anglais
- Le cinéma de propagande allemand de 1933 à 1945
- Analyse du professeur Yvo Hangartner de l'Université de Saint-Gall.
Bibliographie
- Poultney Bigelow, Au pays des Boers, ed. F.Juven, Paris, 1900
- Paul Krüger, Les mémoires du Président Krüger, Félix Juven, Paris, s.d.
- Morvan Lebesque, Un héros de la Liberté, le président Krüger, Sorlot, 1941
- Henri Wesseling, "Le partage de l'Afrique", Denoel, p 371 et s., 1991
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19/04/2013
Le livre de Job et l'expérience spirituelle(1)
Le thème du livre de Job se situe d'emblée au cœur de la théologie spirituelle. En effet, le destin typique de Job et les divers dialogues qui l'interprètent mettent en question directement la foi et l'espérance du juste aux prises avec une souffrance imméritée. Toute lecture théologique de Job débouche sur des problèmes majeurs auxquels le croyant, tôt on tard, se trouve confronté: le mystère du mal et de la souffrance, la rencontre de Dieu jusque dans l'échec apparent de toute réussite humaine, le rapport de la fidélité de l'homme avec la justice de Dieu, les difficultés du dialogue avec l'humanité souffrante et enfin le sens de la vie ellemême dès lors qu'elle doit intégrer la perspective de la mort.
Comme l'histoire du livre de Job conditionne étroitement son interprétation, nous ferons rapidement le point des connaissances actuelles sur la composition du livre avant de dégager les lignes de force théolo-giques du poème.
1.Histoire littéraire.
On s'accorde de plus en plus à distinguer dans le livre de Job quatre ensembles d'époque différente : le cadre narratif, presque entièrement en prose, qui comprend le prologue (1,1 à 2,10) et l'épilogue (2, 11-13; 42, 7-17); les dialogues de Job et des trois visiteurs (3-27; 29-31) et le discours de Yahvé avec la réponse de Job (38,1 à 42, 6) ; les discours d'Élihu, le quatrième "ami" (32-37); le poème sur la Sagesse (28).
1° le cadre narratif
À partir du prologue et de l'épilogue actuels on peut, sans trop de difficulté, recomposer le conte populaire qui a servi de base à toute l'œuvre. Les péripéties du drame biblique de Job ne se retrouvent telles quelles dans aucun texte du Proche-Orient ancien, ni en Égypte, ni en Mésopotamie où cependant le thème du juste souffrant était exploité dès la fin de l'époque sumérienne, environ deux mille ans avant J. C.
[textes dans H.H.Schmid, Wesen und Geschichte der Weisheit, Berlin, 1966, p. 173-239; J. Lévêque, Job et son Dieu, Paris, 1970, p. 13-93].
Mais la légende de Job semble être née hors d'Israël, soit en Édom, soit, plus probablement, dans la région du Hauran, en Transjordanie. Une divinité, lors d'un conseil céleste, décidait de mettre Job à l'épreuve. Job, atteint dans ses biens puis dans son propre corps, était tenté successivement par sa femme et par ses parents ou connaissances, qui lui suggéraient de rompre avec son dieu tutélaire. Resté fidèle jusqu'au bout, Job recevait l'approbation solennelle de son dieu et recouvrait ses richesses.
Ce conte populaire fut acclimaté très tôt en Israël, peut-être même dès l'époque où se sont formés les récits les plus anciens du Pentateuque (10e-9e siècles), et, vers 600, Ézéchiel pouvait faire allusion à Job comme à un héros bien connu (14, 12-23). Une mutation importante intervint dans la légende lorsque, après l'exil, on y introduisit le personnage de Satan (cf. G. Fohrer, Überlieferung und Wandlung der Hioblegende, dans Studien.., p. 44 -67). Enfin, probablement vers le milieu du Ve siècle, un auteur israélite de génie ressaisit le vieux récit populaire pour y insuffler une nouvelle théologie. Il écarta, comme les deux pans d'un rideau, les deux parties du conte primitif et, dans l'espace ainsi ouvert, entreprit de faire dialoguer Job d'abord avec trois visiteurs, puis avec Dieu lui-même. L'économie du récit fut dès lors assez profondément bouleversée: la visite des parents et connaissances, qui, primitivement, avait lieu au moment le plus intense des malheurs de Job, devint une visite de félicitations après le triomphe de sa foi (42, 11), et la restauration du bonheur de Job pourrait paraître maintenant une conclusion bien matérielle après l'espérance très dépouillée dont Job fait preuve dans les dialogues. Le poète du Ve siècle, manifestement, a voulu respecter au maximum la tradition qu'il empruntait.
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16/04/2013
Un Afrikaner d'origine Luthérienne: le Président Paul Kruger(1)
Stephanus Johannes Paulus Kruger (né le 10 octobre 1825 à Bulhoek en Afrique du Sud - mort le 14 juillet 1904 à Clarens en Suisse) - plus communément appelé Paul Kruger - était un homme politique boer, président de la république sud-africaine du Transvaal de 1883 à 1902.
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Origines
Les origines familiales de Paul Kruger en Afrique du Sud remontent à Jacob Kruger (1690-1749). Celui-ci était né près de Berlin en Prusse et avait débarqué dans la colonie du Cap en 1714 comme soldat au service de la compagnie néerlandaise des Indes orientales. Il s'était par la suite installé dans la colonie en tant que fermier.
Parmi ses descendants, certains étaient devenus des Trekboers (des nomades) qui avaient finalement pris racine dans la région de Cradock.
Stephanus Johannes Paulus Kruger est né près de Venterstad dans la colonie du Cap, Afrique du Sud. Il est le fils de Kasper Jan Hendrik Kruger, et de Elsie Fransina née Steyn.
Il ne passe que trois mois à l'école et fait l'essentiel de son éducation au milieu du Veld.
Le jeune participant au Grand Trek (1835-1840)
Sa famille fait partie des quatorze mille Boers qui émigrent de la colonie du Cap dans les années 1835-1840 lors du Grand Trek.
Menée par son père, Casper Kruger, la famille de Paul Kruger rejoint d'abord le convoi de Piet Retief en 1836 avec lequel elle participe aux combats contre les Zoulous. Les Kruger se joignent ensuite au convoi de Hendrik Potgieter avec lequel ils franchissent le fleuve Vaal en 1838. Casper Kruger et son frère participent alors à la fondation de Potchefstroom, première ville boer située au nord des frontières de la colonie du Cap.
Un peu plus tard, Casper Kruger installe sa famille plus au nord, dans le district de Rustenburg.
Le fermier du Transvaal (1840-1855)
En 1841, âgé de seize ans, Paul Kruger s'émancipe de sa famille et se bâtit une ferme au pied des monts Magaliesberg. Intéressé par les questions militaires, il est aussi sous-lieutenant dans l’« armée du Transvaal ».
En 1842, il épouse Maria du Plessis. Le couple séjourne un temps avec Casper Kruger dans l'est du Transvaal avant de revenir s'établir à Rustenburg où Maria et son enfant nouveau-né meurent tous deux du paludisme en 1846.
Paul Kruger se remarie alors avec Gezina du Plessis, ex-épouse de son cousin, de laquelle il aura sept filles et neuf garçons (certains moururent en bas âge).
C'est dans cette partie du continent que Kruger acquiert sa première ferme, Waterkloof.
La participation de sa famille au Grand Trek lui sert alors pour participer à la vie politique de la République du Transvaal.
Ascension politique au Transvaal (1854-1881)
En 1854, Kruger est commandant de Rustenburg.
En 1856, il est membre du parlement républicain (Volksraad) qui rédige la constitution de la République sud-africaine (Transvaal).
En 1858, il est promu commandant général de l'armée du Transvaal faisant de lui le deuxième personnage de la république sud-africaine.
En 1859, cet homme de foi calviniste est l'un des fondateurs de la Gereformeerde Kerk, l’Église réformée du Transvaal.
En 1873, Kruger démissionne du commandement-général de l'armée du Transvaal pour se retirer dans sa ferme de Boekenhoutfontein.
En 1874, sa retraite prend fin avec son élection au conseil exécutif du Transvaal suivi de sa nomination à la vice-présidence du Transvaal.
En 1877, il est l'un des rares dirigeants de la république à s'opposer à l'annexion du Transvaal par les Britanniques. Il se rend alors en Angleterre afin de protester contre l'annexion du Transvaal. En 1878, il fait encore partie de la seconde délégation qui se rend à Londres puis se rend à Paris où il survole la ville à bord d'une montgolfière.
Lorsque les protestions auprès des Britanniques se révèlent vaines, il forme un triumvirat avec Piet Joubert et Marthinus Wessel Pretorius, fils d'Andries Pretorius et ancien président de la république, dans le but de créer un mouvement de résistance.
En 1881, il commande les forces armées boers rebelles. La victoire des Boers à Majuba en 1881 oblige les Britanniques à négocier sérieusement une nouvelle autonomie pour le Transvaal.
Le président du Transvaal (1883-1902)
En 1883, âgé de cinquante-sept ans, Paul Kruger est élu président de la République sud-africaine (Transvaal), poste auquel il est réélu quatre fois de suite.
En 1884, il parvient à négocier la complète indépendance du Transvaal (Convention de Londres). Lors de son voyage, il mène une tournée triomphale aux Pays-Bas, en Belgique en France et en Espagne. En Allemagne, il est reçu par le Kaiser et le chancelier Otto von Bismarck, lors d'un banquet impérial donné en son honneur.
Calviniste pratiquant, austère, fin politicien, Kruger devient le symbole du Boer résistant aux Britanniques.
À partir de 1886, la ruée vers l'or du Transvaal amène l'État transvaalien à construire des voies de chemins de fer, des rues dans les villes nouvelles et toutes sortes de commodités et de services jusqu'alors inexistants. L'exploitation et l'industrie minières stimulent le commerce et le secteur des transports faisant rapidement du Transvaal le nouveau centre économique de l'Afrique du Sud aux dépens de la colonie du Cap. L'afflux de travailleurs étrangers, les uitlanders, risque dorénavant de menacer le pouvoir politique des Boers mais Kruger refuse de leur accorder la citoyenneté en dépit des pressions britanniques.
En 1893, réélu de justesse face à Joubert, Paul Kruger doit faire face à une plus forte opposition qui lui reproche son inflexibilité et sa politique économique inadaptées aux nouveaux défis de la modernité.
Retranché dans ses convictions tirées littéralement des saintes-écritures, la liberté et la religion sont en fait les axiomes de sa politique. Il est alors considéré comme un homme providentiel par ses compatriotes du Transvaal mais comme un anachronisme par les Britanniques. Son opposition à toutes les demandes britanniques concernant les droits des uitlanders, débouche sur un sérieux antagonisme avec le Colonial Office et la colonie du Cap.
Le raid Jameson sur le Transvaal à la fin de l'année 1895, entrepris par des amis de Cecil Rhodes, premier ministre du Cap, marque l'amorce du déclenchement des hostilités entre Boers et Britanniques. Dans un premier temps, le calme et la détermination de Kruger dans sa gestion du raid Jameson lui permettent de sauver son pouvoir alors que son rival du Cap, Cecil Rhodes, est contraint de démissionner. Mais pour Kruger, le raid Jameson confirme que les Britanniques ne mènent qu'une seule politique basée sur la tromperie, l'intimidation, la pression et le banditisme.
En 1898, Paul Kruger est élu une quatrième fois à la présidence du pays contre le chef de la Cour de justice, John Gilbert Kotzé. Il se venge alors de son opposant en le faisant démettre de sa fonction judiciaire prenant une grande liberté avec la constitution et avec la séparation des pouvoirs. C'est alors qu'un jeune homme politique et avocat originaire du Cap, Jan Smuts, présenta le mémoire en défense de Kruger particulièrement bien argumenté, légitimant le renvoi de Kotzé de la Cour de justice.
Impressionné par les qualités et la rhétorique de Smuts, Kruger fait entrer le jeune avocat de vingt-huit ans dans son gouvernement.
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12/04/2013
Le canon des Écritures
"Le Canon des Écritures est la liste ou la collection, réglée par la tradition et l’autorité de l’Église, des livres inspirés de Dieu". Les Juifs définirent leurs Livres Sacrés à la fin du premier siècle (à Jamnia) ; ils les divisèrent en trois groupes : la Tôrah, les cinq premiers livres (en grec Pentateuque), les Prophètes (du livre de Josué à Ézékiel) et les Écrits (tous les autres). C’est le Concile de Trente (1546) qui définit la liste que nous connaissons, face à la Réforme protestante qui adoptait, pour l’Ancien Testament, le Canon des Juifs. On appela "livres apocryphes" les livres écartés par les Réformés (livres de l’Ancien Testament connus seulement par leur texte grec). Aujourd’hui, il est préférable de les dire "deutéro-canoniques". Dans la Bible, les livres ne sont pas disposés dans l’ordre chronologique de leur rédaction, dont les dates très hypothétiques ne peuvent rendre compte des nombreuses relectures. L’ordre a une signification théologique ; il n’est toutefois pas le même pour les Juifs, pour la Septante (texte grec) et pour les Chrétiens. La Bible chrétienne hérita de la classification de la Septante mais en excluant plusieurs livres. Cette sélection s’accomplit au cours des trois premiers siècles de l’Église, mais dès la fin du deuxième siècle l’essentiel était déjà acquis (Canon de Muratori). Repères chronologiques pour l’histoire d’Israël
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Pierre Watremez, bibliste |
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