16/08/2013
BIBLE Les versets colériques du Coran( 4)
Théophile Desailles
Ces répétitions ne manquent toutefois pas d’intérêt. A priori encombrantes
et fastidieuses, elles ont pour inconvénient de lasser le lecteur et de le laisser
perplexe, mais elles sont finalement ce qui permet d’aboutir à ce que l’on
recherche, à savoir une perception claire et complète du message Coranique,
car dans ce cas précis du Coran, répétition vaut validation. En ce qui concerne
par exemple le thème consacré à Moïse, les répétitions auxquelles il donne lieu
font ressortir, par référence au récit biblique, ce que le Coran en retient, en
omet ou en modifie ; elles soulignent la forme particulière et le caractère de la
version qu’il en produit, et finalement le sens qu’il lui donne dans le cadre du
message global qu’il proclame.
Entre autres omissions significatives, il apparaît clairement que l’on ne
trouve trace dans les séquences se rapportant à Moïse ni de la Pâque, ni des
approches ou de l’arrivée en Terre Promise, qui pour les Israélites sont les
moments clé de leur religiosité, les actes fondateurs de l’Alliance, de la
Promesse et de l’Election dont « Le Livre » (c’est-à-dire ici la Bible) les dit
bénéficiaires. Les mythes fondateurs sont ce qui fait encore défaut à la nouvelle
religion, ce dont elle aspire à faire l’emprunt aux religions du Livre, sans
encore l’affirmer trop ouvertement, d’où le silence observé sur ces prérogatives
impressionnantes des grands anciens. Plus étonnant encore, le silence presque
complet sur les Dix Commandements, message divin absolument fondamental
pour les chrétiens comme pour les juifs, qui ne semble pas avoir beaucoup
retenu l’attention des musulmans.
Les séquences du Coran empruntées à l’Exode sont parfois assorties
d’ajouts intéressants à analyser. Ainsi de l’importance donnée à un violent
affrontement entre Abraham et son père lors de son départ de Chaldée, épisode
absent de l’Exode et probablement emprunté aux écrits juifs. Le père menace le
fils de le lapider s’il continue à vouloir le faire renoncer à son paganisme, et
Abraham brise les idoles avant de partir. L’insistance donnée, dans le
« Recueil », à cet épisode ajouté, s’inscrit dans la stratégie de persuasion des
premiers « imam » consistant à mettre en scène un « croyant sincère » affronté
à sa famille ou à son « peuple rebelle », déformation systématique du caractère
de tous les patriarches cités dans le Coran dans une version intransigeante et
colérique qui n’est pas celle qui émane du texte de l’Exode. Le profil biblique
d’Abraham est celui d’un chef nomade puissant, habile à gérer ses troupeaux et
Le Cep n°27. 2ème trimestre 2004
10:30 Publié dans Spirituel | Lien permanent | Commentaires (0)
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