10/09/2013
BIBLE: Les versets colériques du Coran(6)
Théophile Desailles
« Il s’agit non seulement de l’attitude négative de ceux qui n’ont pas la foi,
mais d’une incroyance voulue, coupable, une ingratitude à l’égard de Dieu...
un refus de croire, qui constitue le péché inexpiable en cette vie et dans l’autre
; le péché qui entraîne forcément la damnation. Al kâfirûn sont donc, à la
fois... les incroyants, les infidèles, les impies, les renégats, coupables des plus
grands crimes. »
Ce mot kafir est fondamental dans le discours coranique, puisqu’il sert à
distinguer on ne peut plus nettement les musulmans des non-musulmans, et que
le couple de contraires qu’il détermine s’identifie à ces autres couples de
contraires d’esprit manichéen : bien-mal, fidèle-infidèle, aimé-réprouvé de
Dieu, sauvé-damné… Or il se trouve que les traducteurs en atténuent
l’ostracisme en le traduisant par « incrédule » ou « incroyant », plus rarement
par « mécréant », ce qui est encore bien faible eu égard à la définition qu’en
donne Denise Masson. « Maudit » ou, selon l’usage plus courant du vulgaire,
« chien de païen » seraient des traductions plus conformes au sens du texte dans
sa version arabe originelle. D’une façon générale le ton du livre est si
paroxystique que chacun s’emploie de diverses façons à en atténuer la
violence : glissements de sens par un subtil choix entre des mots ou des
expressions synonymiques, enrobage de versets par des ajouts bienveillants…
C’est pourquoi la première partie de l’ouvrage de Laurent Lagartempe
« Petit Guide du Coran »1, intitulée « Itinéraire des mots », passe en revue
quelques-uns de ces procédés d’altération du sens par la manipulation pseudosynonymique.
L’effet d’altération joue d’ailleurs dans les deux sens :
atténuation de sens lorsqu’il s’agit d’occulter la violence, amplification de sens
lorsqu’il s’agit par exemple d’aller complaisamment au devant de la légende
mahométane.
Cette deuxième façon d’altérer le sens vrai du texte original s’exerce
constamment à propos de mots essentiels comme « prophète », « Coran »… et
bien entendu Mahomet, qui est complètement absent du Coran, mais qui figure
abusivement comme intitulé de la sourate XLVII (les intitulés de sourate sont
des ajouts décalés de plusieurs siècles par rapport au texte premier) et dont on
1 Laurent Lagartempe, Petit Guide du Coran, Ed. de Paris, 2003, 25€ (+ port
5,33€)
Le Cep n°27. 2ème trimestre 2004
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