Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

01/08/2014

Enseignement :

 Une charte des programmes ambiguë

 

 

          
 
 
Il est dommage de voir un texte sur l'éducation qui aurait pu être, pour une fois, consensuel être pollué par des visées idéologiques.
 
         

Le Conseil supérieur des programmes vient de se doter d’une « charte des programmes » énonçant les principes qui doivent guider leur élaboration. Dans l’ensemble, il faut saluer ce document, le plus souvent clair, énonçant des principes qui peuvent sembler évidents mais qui n’étaient pas toujours suivis dans le passé. Ainsi, il est posé que les programmes doivent être cohérents, clairs et explicites. Il fixe également les modalités de leur élaboration et leur évaluation. Certains points peuvent cependant s’avérer problématiques.

 

 

Le préambule énonce qu’il ne peut y avoir d’instruction sans éducation. C’est assez vrai pour des matières comme le français, les langues, l’histoire. On aurait aimé, cependant, que soit affirmé le rôle prépondérant des parents dans l’éducation. D’autant que cette charte reprend le concept de compétence et la définit comme un ensemble de « savoirs, mais également savoir-faire ou savoir-être ». Ce dernier est un concept flou qui renvoie au comportement, au caractère, à la personnalité. Peut-il relever d’une école qui ne soit pas un organe de propagande ? À cet égard, on aimerait que la loi précise quelles sont les « valeurs de la République » que l’école doit transmettre, comme le document le rappelle. Pour qu’elles ne soient pas prétextes à des dérives idéologiques.

 

 

L’insistance sur l’usage du numérique est également problématique. Soit on le considère comme une discipline à enseigner nécessairement, comme les mathématiques, mais pourquoi alors en parler dans un document général où ne sont pas précisées les autres disciplines à enseigner ? Soit on en fait un moyen d’enseignement obligatoire, mais cela va à l’encontre alors de la liberté pédagogique, également prônée, et nécessaire du fait des différences entre établissements et élèves. La charte succombe à la pensée magique de l’informatique omnipotente. Mais celle-ci favorise la dispersion, le survol, le zapping quand l’instruction demande la concentration, l’approfondissement, la rigueur.

 

 

C’est que cette charte a dû faire place aux lubies pédagogistes qui se dévoilent particulièrement dans la partie consacrée aux élèves. Il y est dit que les enseignements doivent « faire sens » pour eux. Ce qui peut sembler superfétatoire car que serait un savoir qui n’a pas de sens ? Sauf que ce sens, le plus souvent, n’est perceptible qu’a posteriori, une fois qu’il est acquis. Ce qui demande souvent des exercices d’apprentissage un peu rébarbatifs. Pour avoir le plaisir de jouer Chopin, ne faut-il pas d’abord faire des gammes ? Mais pas ici. « Les programmes, lit-on, doivent permettre aux élèves de prendre plaisir à apprendre. » Que le savoir apporte le plaisir est certain. Mais c’est après un apprentissage qui demande des efforts qu’il est le plus vrai. Exiger le plaisir à toutes les étapes de l’apprentissage ne peut que tromper les élèves et les empêcher d’acquérir ce goût de l’effort qui leur permettrait de se dépasser, pas seulement dans le domaine du savoir, et d’accéder ainsi à une pleine réalisation de soi, à laquelle la charte appelle pourtant.

 

 

Il est dommage de voir un texte sur l’éducation qui aurait pu être, pour une fois, consensuel être pollué par des visées idéologiques.

 

09:24 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)

Les commentaires sont fermés.