Juriste



 
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« Cette guerre sera longue », déclarait François Hollande le 22 mars. Il disait très exactement la même chose après les attentats du 13 novembre. Pour une fois, le Président ne varie pas. Il a d’ailleurs raison. Nous n’en sommes qu’aux prémices du conflit. La première partie de son raisonnement est donc valable. Que manque-t-il donc à François Hollande pour être à la hauteur des enjeux ? Une volonté stratégique appuyée par des tactiques adaptées. Une stratégie bien pensée doit répondre à un objectif politico-militaire conditionné à la réalité. François Hollande et, avant lui, Nicolas Sarkozy n’ont pas su prendre en compte la réalité dans toute sa complexité.

 


 
Le thème de la restauration des frontières, principalement porté par le Front national, concentre aujourd’hui tous les commentateurs de la vie politique. Oui, il faut restaurer les frontières extra-européennes et rétablir les contrôles aux frontières intra-européennes. La disparition de Schengen sera prochainement actée. Une étape indispensable qui ne saurait pourtant suffire à résoudre intégralement les problématiques posées aux nations occidentales. Si les débat s’attardent souvent sur le retour des frontières traditionnelles, méticuleusement dissoutes par l’idéologie mondialiste, partant du postulat erroné de la fin de l’Histoire, la question des « nouvelles frontières », que l’on pourrait qualifier d’« intimes », n’est jamais discutée. Elle est cependant cruciale, voire centrale.

 


 
En 2005, dépassée par l’ampleur des émeutes des quartiers, pudiquement définis comme « populaires », la classe politique a renoncé à appliquer les lois nationales sur des pans entiers du territoire. Les Zones de non-France ont remplacé les Zones d’éducation prioritaire. L’État a décidé d’officialiser l’existence d’une France hors la France. Nicolas Sarkozy a drastiquement diminué les effectifs de police ; estimait-il qu’il valait mieux qu’ils soient suppléés par une police communautaire autogérée ? Les imams sont devenus les fondés de pouvoir des maires. Gages de stabilité, les religieux sont respectés et écoutés, contrairement aux représentants officiels de l’État.

 


 
Rongée par le communautarisme, la France n’est plus une nation unitaire. Hypocrisie suprême, nos dirigeants continuent à essayer de nous faire croire que la République française ne fait qu’une. Pire : qu’elle est entièrement française. Ce n’est plus le cas. Michel Sapin a eu raison de dénoncer le communautarisme islamiste qui a gangrené la Belgique. Mais pourquoi n’applique-t-il pas son raisonnement à la France ? Des Molenbeek existent dans toutes les grandes agglomérations françaises. En conséquence, il est devenu de plus en plus difficile de distinguer ce qui relève de la politique intérieure de ce qui relève de la politique extérieure. L’État islamique ne répond pas aux critères géopolitiques habituels, il est chez lui en Syrie comme en Europe.

 

 

 

L’islamisme prospère sur nos renoncements : politique d’immigration suicidaire, abandon de l’État, discrimination dite positive, laxisme judiciaire. D’autres difficultés se sont greffées avec le temps. La présence islamiste s’est renforcée et s’est structurée. Business communautaires, cinquième colonne dans certaines institutions (aéroports, police ou armée) et voyoucratie en sont les piliers. Le djihadisme n’est que la crise de croissance de l’islam politique en Europe, son enfant turbulent et impatient. Problème en soi issu d’un problème plus large, la présence de l’islam politique en Europe est la conséquence la plus visible de l’échec de l’utopie sans-frontiériste.