À considérer la manière dont les communistes chinois traitent les chrétiens “ralliés” à ses structures “patriotiques”, ont comprend que les chrétiens “clandestins” se refusent d’y adhérer. Et on les comprend toujours mieux…
Zhang Shaojie, 48 ans, pasteur d’une Église protestante reconnue par l’État, a été condamné à 12 ans de prison le vendredi 7 novembre. L’information, transmise par son avocat, vient d’être relayée par China Aid Association, qui dénonce une « affaire montée de toutes pièces » par les autorités locales. Le Tribunal populaire du district de Nanle, dans la province du Henan, a condamné le pasteur Zhang Shaojie à 12 ans de prison pour « fraude et rassemblements troublant l’ordre public », a annoncé ce matin son avocat principal, Me Yang Xingquan. Une accusation, explique ce dernier, qui est souvent évoquée lorsque les autorités désirent réduire des dissidents au silence sans pour autant avoir à justifier de faits établis. « Ce sont de fausses accusations, forgées de toutes pièces par les autorités », a confirmé Bob Fu, directeur de China Aid Association, sur son compte Twitter le 7 novembre. L’ONG de défense des droits de l’homme en Chine, basée aux États-Unis, suit l’affaire des chrétiens de Nanle depuis l’arrestation de leur pasteur et de 23 fidèles en novembre dernier. « Lors de son arrestation, le Révérend Zhang avait été interpellé sans aucun document légal, ni mandat, ni présentation de chefs d’accusations, rappelle encore le directeur de l’association, qui a demandé à la communauté internationale de réagir. La sévérité de la sentence est particulièrement inquiétante et ne fait que démontrer que le gouvernement chinois est prêt à couvrir la persécution religieuse actuelle en inventant de fausses charges criminelles. » Une analyse à laquelle souscrivent les avocats qui se sont chargés de l’affaire et qui dénoncent « un coup monté » des autorités dans le cadre de la répression antichrétienne qui sévit actuellement dans plusieurs régions de la Chine, en particulier dans le Henan où le nombre de chrétiens ne fait qu’augmenter. « Le Parti communiste perçoit cette croissance des Églises comme une menace », explique encore Zhang Xuezhong, l’un des défenseurs du pasteur Zhang. Tout au long de la procédure, les avocats n’ont cessé de dénoncer les violations des droits de l’homme qui entravaient le cours de la justice. Après l’arrestation arbitraire des 24 chrétiens, aucun des avocats n’avait pu rencontrer les accusés dont les autorités n’avaient pas voulu communiquer le lieu de détention. Les avocats avaient même été « passés à tabac »pour avoir réclamé le droit de défendre leurs clients. Mais le fait particulièrement nouveau, souligné par China Aid comme par les avocats en charge de l’affaire, est que les fidèles de Nanle et leur pasteur sont loin de faire partie des « Églises domestiques » ou communautés chrétiennes non enregistrées auprès de l’État, et donc, par le fait même, soumises au harcèlement des autorités. L’annonce de la condamnation à 12 ans de prison du pasteur Zhang intervient alors que se poursuit une campagne de démolition des églises chrétiennes. Des dizaines de croix ont été arrachées des églises et de nombreux lieux de culte ont été complètement détruits. Parallèlement, l’État continue de saisir des terrains sur lesquels sont bâtis des lieux de culte, parfois depuis de longues années, sous le prétexte que les autorisations ne sont pas conformes. L’affaire du pasteur Zhang a elle-même débuté sur un litige d’ordre foncier. Le pasteur avait, semble-t-il, apporté son aide à des habitants de Nanle en conflit avec les autorités locales auxquelles ils reprochaient d’avoir accaparé illégalement leurs terrains. Ne pouvant obtenir justice, ces habitants avaient voulu exercer leur « droit de pétition », permettant aux citoyens chinois de se plaindre des autorités locales auprès du pouvoir central (…) Avec la condamnation du pasteur Zhang, le message du gouvernement est désormais que toutes les Églises, y compris celles affiliées au “Mouvement des Trois autonomies”, sont susceptibles d’être l’objet des mêmes menaces de harcèlement, d’arrestations arbitraires, d’emprisonnement et de confiscation de biens que les Eglises non reconnues par l’État. Un avertissement qui vient contredire très nettement les arguments de la campagne actuellement menée par Pékin visant à inciter les Églises non officielles récalcitrantes à intégrer les structures officielles, afin notamment d’échapper au harcèlement et à la répression qui touchent les Églises domestiques.
Source : Églises d’Asie