11/01/2022
L’orthodoxie luthérienne (1548-1598):
À la fin du XVIe siècle, une orthodoxie luthérienne est mise en place sous l'impulsion de Jean Marbach qui succède à Bucer ; elle est exprimée dans la Formule de Concorde de 1577.
SOMMAIRE:
Le second souffle
À partir du milieu du siècle, les changements ont lieu à deux niveaux :
· dans le domaine politique : les nouveaux dirigeants sont plus souvent issus de l’aristocratie, davantage portée vers le luthéranisme, · dans le monde religieux : les prédicateurs cherchent avant tout à unifier l’Église et à en consolider la doctrine.
La Paix d’Augsbourg (1555) et les évolutions liées à l’Interim
La paix d’Augsbourg, en 1555, consacre la division entre protestants et catholiques du saint-Empire (1555) selon la formule : cujus regio, ejus religio
Cujus regio, ejus religio
Après 6 mois de négociations, la paix fut définitivement signée le 25 septembre 1555 et le texte en 22 articles organisait la coexistence du catholicisme et de la confession d’Augsbourg, à l’exclusion de toute autre confession. (…)
Les sujets des États de l’empire, c'est-à-dire les particuliers, mais aussi les seigneurs qui ne sont pas des vassaux directs et par conséquent ne jouissent pas de l’immédiateté d’empire doivent se soumettre à la décision de leur prince. C’est le sens de la mystérieuse formule cujus regio, ejus religio, qui ne se trouve pas dans le texte de la paix d’Augsbourg, mais fut inventée en 1599 par un juriste luthérien. Toute fois si, en conscience, les sujets n’acceptent pas ce choix, l’article 11 prévoit que le prince ne doit pas utiliser la violence pour les convertir, mais doit les laisser émigrer dans un territoire où on pratique leur religion : il est possible d’emporter leurs biens. C’est ce que les juristes appelleront plus tard le beneficium emigrationis.
À chacun la religion de son gouvernement
Afin d’apporter la paix dans le Saint Empire de la nation germanique entre Sa majesté impériale et les Electeurs, Princes et états, que ni sa Majesté ni les Electeurs, Princes, etc. ne fassent de violence ou de mal à aucun des sujets de l’empire à cause de la Confession d’Augsbourg, mais qu’on les laisse jouir en paix de leurs croyances religieuses, liturgies et cérémonies aussi bien que de leurs propriétés et autres droits et privilèges. Ainsi une complète paix religieuse pourra être obtenue par le seul moyen qui soit chrétien : l’amitié, ou bien sous la menace de la punition du ban impérial.
De la même manière, les Etats qui adoptent la confession d’Augsbourg permettront à tous les Etats qui restent attachés à l’ancienne religion de vivre dans une paix complète en jouissant de leurs propriétés, droits et privilèges. (…)
Au cas où nos sujets, qu’ils appartiennent soit à l’ancienne religion, soit à la Confession d’Augsbourg, voudraient quitter leur foyer, avec leurs femmes et leurs enfants, pour s’installer dans un autre lieu, ils ne seront pas empêchés de vendre leurs propriétés pourvu qu’ils aient effectué le juste paiement des taxes locales.
L’expansion du protestantisme elle-même a été être freinée pour plusieurs raisons :
· Les progrès de la Réforme catholique, · L’expansion du calvinisme, · L’affaiblissement du luthéranisme après la mort de Luther en 1546.
Dans ce contexte, l’effort des prédicateurs strasbourgeois va surtout porter sur la réalisation d’une discipline ecclésiastique efficace et cela, tout en maintenant les spécificités du luthérianisme strasbourgeois.
Et de fait, face à l’opposition tant des prédicateurs que d’une majorité de la population, le culte catholique cesse en 1559 (trop de tumulte pendant les messes), ce qui met fin à l’Interim. En 1561 la cathédrale est rendue au culte protestant, tout comme d’autres lieux de culte dans les années qui suivent.
Les livres aussi alimentent le combat, tel le traité de Marbach de 1571 Des miracles et des signes miraculeux , ou l’ouvrage de Jean Fischart, der Nachtrab.
De 1559 à 1598
La période qui va de la fin de l’Interim à celle de l’Ordonnance ecclésiastique est caractérisée par : · L’encadrement des fidèles par un corps pastoral uni sous l’autorité de Marbach, avec des inspections de paroisses, des réunions régulières du convent des pasteurs, · L’encadrement aussi des étudiants qui se préparent au pastorat, · L’unification des cérémonies liturgiques, · La discipline.
L’Ordonnance ecclésiastique de 1598
La formule de Concorde Pour Marbach, qui dirige l’Église de Strasbourg à la suite de Bucer et jusqu’en 1581, il est essentiel d’organiser une discipline ecclésiastique.
Il reprend les visites pastorales des campagnes qui existaient à partir de 1534 et propose aussi une inspection des paroisses urbaines. Le but est de vérifier l’uniformité de la doctrine, des institutions, de la discipline ecclésiastique, malgré les réticences de certains.
Parallèlement, le Magistrat confirme s’en tenir à la Confession d’Augsbourg et à la Concorde de Wittenberg (1563).
En 1577 se pose alors la question d’une formule de Concorde qui unifierait le camp luthérien. Le Magistrat est divisé sur la question et le Convent, quant à lui, décide alors de condamner les réformés (ou calvinistes), ce qui représente une réelle rupture avec un certain passé de Strasbourg et qui est à l’origine de conflits
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07/01/2022
J’ ai été étudiant du CET (depuis fermé) :
CENTRE d’ÉTUDES THÉOLOGIQUES
9 rue Jules Barbier
92290 Chatenay-Malabry
Le Centre d’Etudes Théologiques de l’Eglise Evangélique Luthérienne-
Synode de France et de Belgique prépare au ministère pastoral, par une formation théologique de quatre ans, les titulaires du baccalauréat ou d'un équivalent.
L'enseignement dispensé comprend l'étude des langues anciennes (grec, hébreux, latin) et les principales disciplines théologiques : théologique systématique, introduction à l’Ecriture Sainte, herméneutique, exégèse de l'Ancien et du Nouveau Testament, symbolique, homélitique, théologie pastorale, histoire de l’Eglise, à quoi s’ajoute une introduction à la psychologie appliquée.
Cet enseignement a pour fondement l’affirmation de l’inspiration plénière, de l'infaillibilité et de l'autorité des livres canoniques de l’Ecriture Sainte et renonce à l'utilisation de toute méthode d'investigation critique de la Bible mettant en cause son origine divine et donc la valeur permanente de son contenu. Il veut rester fidèlement attaché aux grandes vérités doctrinales redécouvertes par la Réforme luthérienne. Il accueille, dans la limite des possibilités, tout étudiant qui partage cette conviction doctrinale.
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04/01/2022
Un personnage contestable : le Pasteur Adolf Stoecker.
Origines :
Adolf Stoecker est le fils d'un forgeron devenu par la suite agent de police au régiment de cuirassiers de Halberstadt. De 1854 à 1857, il étudie la théologie à l'université Martin Luther de Halle-Wittenberg et l'université Humboldt de Berlin. Après ses études et cela jusqu'en 1862, il exerce dans différentes familles nobles comme à Riga chez le comte Lambsdorff, mais également comme aumônier militaire. Après l'Oberlehrerexamen (l'examen permettant d'enseigner) de 1862, il participe à un voyage de neuf mois en Allemagne du Sud, en Suisse et en Italie.
Biographie politique et ecclésiastique :
En 1863 Stoecker devient pasteur à Seggerde (Altmark). Trois ans plus tard, il change de paroisse pour s'occuper de celle de Hamersleben, une petite ville industrielle. Marié depuis 1867 à Anna Krüger, fille d'un conseiller de commerce brandebourgeois, il quitte Hamersleben en 1871 après s'être violemment opposé aux mariages inter-confessionnels. Il devient la même année pasteur à Metz.
À partir du 17 octobre 1874, Stoecker devient quatrième prédicateur à Berlin. Depuis 1863, ses écrits dans le Neue evangelische Kirchenzeitung l'avaient rendu intéressant aux yeux de la cour. La même année, il devient membre de la direction synodale générale de l'église régionale de l'ancienne Prusse.
En 1878, Stoecker expose ses opinions réformatrices sociales chrétiennes dirigées contre la social-démocratie lors de la Eiskeller-Versammlung. C'est lors de cette réunion que le Parti chrétien social des travailleurs est fondé. Il changera de nom en 1881 pour devenir le Christlich-soziale Partei. Le but du parti est de défaire les liens existants entre le SPD (socialiste) et les ouvriers en exerçant une politique sociale monarchiste et chrétienne mais également en diffusant l'antisémitisme. Après un échec retentissant lors des élections parlementaires de 1878, Stoecker redirige son action pour gagner les classes moyennes. Un an auparavant, Stoecker avait pris la direction de la Berliner Stadtmission, une association évangélique dont le but est de freiner le déclin de la religion en s'engageant socialement et ainsi faire retrouver à l'église un prestige accru. Une diaconie est mise en place, elle s'occupe des malades, des handicapés et des groupes discriminés. C'est ainsi que Stoecker fonde la Schrippenkirche dans la Ackerstraße où une tasse de café et deux petits pains sont distribués après l'office religieux. Les prêches qu'il publie atteignent un tirage de 130 000.
De 1879 à 1898, Stoecker est député pour la circonscription de Minden-Ravensberg au parlement de Prusse. De 1881 à 1893 puis de 1898 à 1908, il est député au Reichstag pour la circonscription de Siegen-Wittgenstein-Biedenkopf. Enfin, il est jusqu'en 1896 le représentant du Deutschkonservative Partei auquel les sociaux-chrétiens s'étaient ralliés.
Après n'avoir pas réussi à rallier à lui les ouvriers et les sociaux-chrétiens, Stoecker se tourne avec succès vers les classes moyennes en recourant à la propagande antisémite. Son action trouve un écho favorable parmi certains étudiants. Le Christlich-Soziale Partei reste cependant dépendant des conservateur. Stoecker et Hammerstein envisagent de transformer le Deutschkonservative Partei en un parti de masse en association avec le Kreuzzeitung ultra conservateur. En 1883, Stoecker est nommé deuxième prédicateur et il devient quatre ans plus tard l'éditeur du Neue evangelische Kirchenzeitung.
Entre 1887 et 1888, Stoecker et l'aile droite de son parti entrent de plus en plus en conflit avec la politique du chancelier Otto von Bismarck. Stoecker a cependant une grande influence sur le prince Wilhelm, le futur Guillaume II d'Allemagne et essaie de le retourner contre Bismarck. Dans les lettres publiées par le Vorwärts sous le titre Scheiterhaufenbrief (littéralement lettres du bûcher), on apprend que Stoecker a comploté pour obtenir la destitution de Bismarck.
En 1889, Bismarck exige de Stoecker qu'il renonce publiquement à tout engagement politique actif et l'année suivante, Stoecker perd sa charge de prédicateur. La même année, Stoecker fonde le Congrès social-évangélique afin de se confronter à la question sociale. Des intellectuels libéraux comme Friedrich Naumann, Adolf von Harnack ou Otto Baumgarten en font partie.
Après le renvoi de Bismarck, Stoecker gagne de plus en plus d'influence sur les conservateurs allemands. Lors du congrès du parti, le Tivoli-Parteitag de 1892, les antisémites réussissent sous la direction de Stoecker à ancrer l'antisémitisme dans le programme du Deutschkonservative Partei.
Étant donné que les libéraux ont la majorité au sein du Congrès social-évangélique, Stoecker le quitte en 1896. Il fonde dès lors la Freie kirchlich-soziale Konferenz. Friedrich Naumann et Helmut von Gerlach fondent le Nationalsoziale Partei. C'est ainsi que la caractère conservateur et antisémite du parti de Stoecker est devenu encore plus visible.
Après que Stoecker a quitté les conservateurs allemands en 1896 à la suite de son implication dans différents scandales, son parti a connu un déclin généralisé. Les sociaux-chrétiens se sont alors retrouvés à s'allier avec d'autres partis antisémites. Stoecker et son parti avaient alors perdu presque toute leur influence politique.
Stoecker et la question juive :
Dans la vision que Stoecker a du monde est a replacé dans son époque, la judaïté moderne pour lui était synonyme de libéralisme, de capitalisme, de matérialisme et d'athéisme. De plus, « pour lui, juifs et sociaux-démocrates ne font qu'un » thése plus que contestable. Dans son esprit, les réformes sociales chrétiennes et l'antisémitisme ne sont pas contradictoires mais se conditionnent conjointement, ce qui était banal à son époque, nous parait aujourd'hui scandaleux. Il élève le premier en Allemagne l'antisémitisme en une clé pour comprendre la politique moderne.
Stoecker s'est distancé de l'antisémitisme racial. Ses déclarations oscillaient entre un antijudaïsme chrétien traditionnel et une vision moderne populiste, ce qui a accru son potentiel de ralliement. Stoecker a largement contribué à ce que ces théses se propage dans le protestantisme et les partis conservateurs. Adolf Stoecker meurt le 2 février 1909 à l'âge de 73 ans à Gries bei Bozen. Il est enterré au Friedhof der Dreifaltigkeitskirche à Berlin-Kreuzberg. Dans son roman Der Untertan, Heinrich Mann évoque Stöcker lorsque l'avocat Wiebel s'engage en politique : « Après son exposé les Néo-Teutons jugèrent d'un commun accord que le libéralisme juif était le fruit annonciateur de la démocratie sociale, et que les Allemands chrétiens devaient serrer les rangs autour de Stöcker, le prédicateur de la cour ».
Œuvres:
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