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21/09/2018

BRÊVE HISTOIRE DE MAZAMET (1).

 

 

 

 

 

 

C’est au pied du versant nord de la Montagne noire, loin des ports, que Mazamet est tapie. De tout temps, la ville a été mal desservie par les routes. Et le chemin de fer ne fit son apparition que très tardivement.

 


 
Malgré ses désavantages, à partir du XIX ème siècle, Mazamet s'enrichit et étend ses relations  avec le monde entier. En effet, elle importe d'Argentine, d'Uruguay, du Chili, d'Afrique-du-sud, d'Australie, de Nouvelle Zélande des peaux de moutons qu'elle transforme en cuir et en laine pour les exporter vers l'Angleterre, l'Italie et jusqu'aux Etats-Unis.  Au coeur de cette extraordinaire aventure industrielle, nous trouvons la bourgeoisie protestante de la cité.

 


 
Paradoxalement, ce patronat avait des convictions "républicaines" et votait à gauche alors que la majorité des ouvriers d'origine catholique votaient pour la droite cléricale et "réactionnaire". Le baron Reille qui avait des liens avec la hiérarchie catholique était le candidat des classes populaires. Grâce à leur vote massif en sa faveur, il remportait toutes les élections. Pendant des générations, de père en fils ou d'oncle à neveu, les Reille furent élus députés, presque sans interruption, de 1869 à 1958.

 

 

Des patrons plus à gauche que leurs ouvriers, une ville enclavée devenant l'avant-garde du dynamisme industriel, une situation unique et autant de questions que nous aborderons dans le prochain article.   

  

 

A suivre...   

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18/09/2018

Encore deux églises protestantes fermées en Algérie:

 

 

 

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Le scénario est toujours le même. Des policiers arrivent sans prévenir pour informer que par ordre du préfet l’église est fermée. Ils ne donnent aucune explication et posent les scellés… Le scénario s’est mécaniquement reproduit le week-end passé pour deux églises protestantes de Kabylie. À Ait-Mellikeche (proche de la ville de Bejaia), la police a fermé, vendredi 7 septembre, une église créée en 2005, forte de 200 fidèles et membre de l’Église protestante d’Algérie(EPA). Le samedi 8 septembre, c’est une toute jeune église qui regroupe une soixantaine de fidèles, qui a été fermée à Maatkas, à une vingtaine de km de Tizi-Ouzou. Elle n’est pas affiliée à l’EPA. La répression des chrétiens en Algérie ne faiblit donc pas depuis le début de l’année .

 

 

 

Source : World Watch Monitor

14/09/2018

Gustave II Adolphe de Suède:

 

 

 

 

 


le roi Gustave II Adolphe
Titre
Roi de Suède
30 octobre 1611 – 16 novembre 1632
Couronnement 12 octobre 1617
Prédécesseur Charles IX de Suède
Successeur Christine de Suède
Biographie
Dynastie Dynastie Vasa
Date de naissance 19 décembre 1594
Lieu de naissance Stockholm
Date de décès 16 novembre 1632 (à 37 ans)
Lieu de décès Bataille de Lützen
Père Charles IX de Suède
Mère Christine de Holstein-Gottorp
Conjoint Marie-Éléonore de Brandebourg
Enfants Christine Augusta
Christine de Suède
 

Rois de Suède

 

 

 

 

 

Gustave II Adolphe (Gustav II Adolf) dit « le Grand » ou « le lion du Nord » est un roi de Suède né le 19 décembre 1594 à Stockholm et mort tué lors de la bataille de Lützen le 16 novembre 1632. Ayant accédé au trône de Suède en 1611, il fait de ce pays l'une des grandes puissances européennes grâce à son génie militaire et aux réformes qu'il met en œuvre. Ses victoires pendant la guerre de Trente Ans permettent de maintenir en Europe un équilibre politique et religieux entre catholiques et protestants.


Biographie:

 

 

Il était le fils de Christine de Holstein-Gottorp et de Charles IX de Suède (Karl IX) auquel il succéda en 1611 à l'âge de seize ans. Il prit comme chancelier Axel Oxenstierna, comte de Soedermoere et grand homme d'État, et poursuivit la guerre contre le Danemark jusqu'au traité de Knäred en 1613, et contre la Russie, avec laquelle il signa le traité de Stolbova en 1617, par lequel il se fait céder les provinces d'Ingrie et de Kexholm et prive la Russie de l'accès à la mer Baltique.

 

 

Gustave fonda Göteborg et plusieurs petites villes, ainsi que l'Université de Tartu en Estonie. À cette époque, les plus grandes villes en Suède étaient RigaStockholm, et Tallinn (Reval). Avec Oxenstierna, il accomplit plusieurs réformes dont la plus importante fut l’établissement de registres paroissiaux afin que le gouvernement puisse taxer et recenser la population de manière plus efficace.

 

 

En 1619, Gustave II Adolphe de Suède, créée une société pour l'exploitation de cuivre à Falun qui emploie un millier d'ouvriers, un an après que Guillaume de Bèche ait fondé une société pour la fabrication de canon à Finspang, qui permet à la Suède de multiplier des « canons de cuir », tirés par un seul cheval.

 

 

En 1626, il entra en guerre contre la Pologne et livra plusieurs batailles, étant d'ailleurs gravement blessé par une balle à l'épaule le 18 août 1627 près de Tczew. Après plusieurs expéditions victorieuses mais non décisives sur le territoire polonais, il imposa au roi Sigismond III de Pologne la trêve d'Altmark en 1629, par lequel il se fit céder l'essentiel de la Livonie, aidé en cela par Hercule de Charnacé, ambassadeur de France, en échange de territoires et d'avantages économiques. Après la conquête des provinces baltes en 1630, il répondit aux appels des protestants allemands tout en négociant avec la France le traité de Bärwald du 23 janvier 1631, qui lui assura non seulement un soutien politique mais aussi une aide financière importante.

 


 

La Suède entra alors dans la guerre de Trente Ans, Gustave-Adolphe débarquant en Poméranie le 6 juillet 1630 et consolidant ses positions pendant plus d'un an. Son armée, bien entraînée et équipée (hakkapélites) balaya les troupes de la Ligue catholique à la bataille de Breitenfeld, le 17 septembre 1631, et descendit jusqu'au Danube, semant partout ruine et désolation, malgré les recommandations de Gustave-Adolphe qui se voulait clément et magnanime. En mars 1632, il envahit la Bavière et battit une nouvelle fois les catholiques lors de la bataille de Rain am Lech, s'emparant de Munich suite à cette victoire. Voulant assurer la sauvegarde des états protestants en Allemagne, il chercha à obtenir une nouvelle victoire décisive mais fut repoussé à Alte Veste par Albert de Wallenstein. Gustave-Adolphe fut tué le 16 novembre 1632 au cours de la bataille, victorieuse, de Lützen en menant une charge de cavalerie qui le sépara du gros de ses troupes à cause du dense brouillard qui couvrait le champ de bataille.

 

 

 

 

Axel Oxenstierne occupa le poste de régent du royaume durant la minorité de la jeune reine Christine, fille de Gustave-Adolphe, et décide de poursuivre l'engagement de la Suède dans la guerre de Trente Ans jusqu'à la signature des traités de Westphalie en 1648 qui consacrent la Suède comme une grande puissance européenne. Ce grand roi à la carrière si courte poursuivit l'œuvre de Gustave Ier de Suède (Gustav Vasa) et de son père. Ses restes sont conservés à l'église de Riddarholmen, à Stockholm. Le 6 novembre est célébré en Suède comme une fête en l'honneur de Gustave-Adolphe et des pâtisseries spéciales à l'effigie du roi, en chocolat ou en massepain, sont vendues à cette occasion.

 

 

 

 

 

 

 

09:17 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0)

11/09/2018

CONDAMNÉ:

 

 

 

POUR AVOIR PUBLIÉ DES IMAGES HISTORIQUES

 

 

 

 

 

 
 
 
 
 
 
Écrivain et journaliste belge francophone
 
Son blog
 
 
 
 
 

Michael Stürzenberger est un journaliste patriote qui réside à Munich, dans le sud de l’Allemagne, et qui conduit depuis plusieurs années un combat contre l’islamisation de son pays et de l’Europe. Il a organisé, durant de nombreux mois, une récolte de signatures afin d’obtenir la mise sur pied d’un référendum à propos de la construction d’un centre islamique à Munich. Son combat lui a valu de nombreuses persécutions de la part des autorités sociales-démocrates qui dirigent la ville et il a dû subir des attaques de la justice locale.

 

 

 

 

Il a également été le dirigeant du parti politique anti-islamisation Die Freiheit (« La Liberté ») et est un des fondateurs, en juillet 2012, de La Nouvelle Rose blanche, s’inspirant de l’organisation de résistance estudiantine au national-socialisme La Rose blanche. Cette dernière appellation avait été donnée après-guerre à un groupe d’étudiants patriotes ayant distribué, durant la Seconde Guerre mondiale, des pamphlets pacifiques à Munich et dans le sud de l’Allemagne. Parmi les membres de cette organisation figuraient Sophie Scholl, Hans Scholl et Christoph Probst, exécutés à la prison de Munich-Stadelheim le 22 février 1943. Susanne Zeller (décédée en décembre 2012), née Hirzel, ancienne membre de La Rose blanche et amie de Sophie Scholl, comptait parmi les fondateurs de La Nouvelle Rose blanche.

 

 

 

 

Le jeudi 17 mai 2018, Michael Stürzenberger était convoqué devant la justice à Munich pour avoir publié, sur Facebook, une photo montrant les connections ayant existé autrefois entre une partie de l’islam et le national-socialisme. La méthode utilisée afin de le persécuter judiciairement était particulièrement perverse : il lui était reproché le fait que, sur ce document historique, un dignitaire national-socialiste portait un brassard à croix gammée et il était, par conséquent, accusé de diffuser un signe interdit, cela alors que la loi prévoit une exception pour des photos historiques et que la presse du système publie ce genre de document.

 

 

 

 

Le procès s’est déroulé sous haute surveillance. Les personnes désirant y assister ont vu leur carte d’identité être photocopiée et elles ont dû laisser leurs clés, portefeuille et autres objets dans un vestiaire tenu par la police.

 

 

 

 

Le policier qui avait introduit la plainte contre Michael Stürzenberger était entendu comme témoin. Il s’est exprimé de manière inaudible pour les personnes assistant au procès. Certaines de celles-ci sont intervenues et la juge les a rabrouées. Stürzenberger s’est vu refuser le droit d’utiliser comme moyen de défense la citation de sourates violentes du Coran et de l’ouvrage Le Fascisme islamique d’Hamed Abdel-Samad, alors que ce livre avait été cité dans le texte sur Facebook accompagnant la photo.

 

 

 

 

Curieusement, la juge a lu longuement et en détail une condamnation reçue par Michael Stürzenberger, pour délit d’opinion, à l’étranger, à Graz en Autriche.

 

 

 

 

Le verdict est ensuite tombé : une condamnation à six mois de prison avec sursis et à cent heures de travail social, la juge ajoutant qu’en publiant cette photo, Michael Stürzenberger a diffamé les musulmans.

 

 

 

 

Le député, au Parlement polonais, du parti gouvernemental Droit et Justice (Prawo i Sprawiedliwość) Arkadiusz Mularczyk désire, désormais, amener cette affaire devant le Conseil de l’Europe car elle concerne la liberté d’expression sur le continent. La télévision publique polonaise a évoqué cette affaire alors que les médias du système, en Allemagne, ne l’ont quasi pas abordée.

 

 

 

 

Ayant assisté au procès de Michael Stürzenberger, que je connais depuis plusieurs années, je dois avouer que la manière dont celui-ci s’est déroulé montre que l’État de droit n’existe plus en Allemagne.

07/09/2018

Le lion Chestov:

 

 

 

 

Le lion Chestov 1.jpg

 

 

 

 

 

En Russie, littérature et philosophie se recoupent, plus que chez nous. Pour Chestov, il n’y a pas davantage d’art pour l’art que de pensée pour la pensée. Ses trois articles, respectivement sur Pouchkine (1899), Tolstoï (1908) et Tchekhov (1905), montrent que sa démarche du côté de la littérature reste dans les pas du philosophe : elle est tout existentielle. C’est le secret existentiel de chaque écrivain que Chestov fouille. Son objet n’est pas tant de faire apparaître une œuvre qu’un homme.

 

 


Léon Chestov, L’homme pris au piège. Pouchkine, Tolstoï, Tchekhov. Préface de Boris de Schlœzer. Trad. du russe par Sylvie Luneau et Boris de Schlœzer. Christian Bourgois, 123 p., 7 €


 

 

Comment s’y prend-il ? Que lui importent une fois encore les propylées de la raison, puisqu’il veut toujours entrer « là où il n’y a pas de porte ». C’est pour lui le meilleur chemin, tout ouvert aux yeux sillés et à l’âme dessillée. Il écrit dans un éblouissement qui est son rugissement.

 

 

Pensées, sentiments, actes, exposés dans une œuvre, peuvent, selon lui, amener à des découvertes que les gens normaux (par conséquent normés) ne veulent pas connaître. Il faut déchirer le sauf-conduit qui nous a été remis à la naissance, pour connaître et établir notre propre règle de vie. Si un homme peut enfin devenir déraisonnable et appréhender la vie dans toutes ses dimensions, vaut-il la peine de croire en la raison et d’y perdre du temps ? C’est une conduite de vie et de rupture qu’indique ainsi chaque texte de Chestov. Chaque texte est une protestation « pour surmonter ce cauchemar de nos limites spirituelles qui a pour nom la science contemporaine ». Et qui est le mieux placé, ou plutôt qui se place le mieux « dans l’axe de détresse », comme l’écrit Péguy, pour regarder, affronter, surmonter, à défaut de vaincre, un tel cauchemar ? Qui, sinon celui dont l’écriture est dépistage ? Celle-ci se révèle innocente, presque neutre parfois : c’est ce qui la rend insigne. Écoutons : « Dans un mois il se sera écoulé un siècle depuis la naissance d’Alexandre Sergueievitch Pouchkine et, malheureusement, presque soixante-deux ans depuis le jour de sa mort » ; « Il y a cinquante ans, lors de son séjour à Paris, Tolstoï assista un jour à une exécution capitale. Nulle part il ne décrit en détail les impressions retirées de ce terrible spectacle » ; « Tchekhov est mort et on peut maintenant parler de lui librem

 

 

Ce sont les premières phrases des petits essais que Léon Chestov consacre à Pouchkine Tolstoï et Tchekhov. Le lion ici est bien calme, presque caressant, inoffensif, tout de bénignité. Il avance à pas mesurés. Il sonde les équilibres. À Pouchkine, la naissance et la mort : Pouchkine est le cercle parfait. Il délimite en quelque sorte la Russie en lui donnant sa langue. À Tolstoï, le spectacle d’une mort soudée au supplice. À son tour, en 1910, sur l’échafaud provincial d’une petite gare, Tolstoï donnera au monde à voir sa propre mort. Soudée à ses tourments. À Tchekhov, la mort en tant que liberté laissée, léguée à ceux qui restent provisoirement. Une mort source d’avenir humain pour les autres.

 

 

 

Ainsi, Chestov retire et présente d’emblée ces deux diamants de notre terre : la vie et la mort. À elles deux, en quelque sorte, la raison de toute chose, qu’il refusera toujours à la raison même. La vie et la mort, à l’état brut si l’on peut dire, sont pour lui la seule science. Elles ne sont pas à délibérer mais à libérer. Elles ne sont pas à mettre en balance. Elles constituent la balance même. Elles soupèsent. Pour Chestov, il ne faut tout de même pas inverser les rôles, la vie et la mort mandent l’homme à chaque tournant. Et leur jonction est organique. Pour l’artiste, l’art est cette jonction même. Elle est dans le corps de l’œuvre comme dans le corps de l’homme : elle les articule.

 

 

 

Pouchkine ? Un « vaincu plus heureux que son vainqueur » qui l’a tué en duel. Tolstoï ? Avec lui « the time is out of joint. Et j’ajouterai : nous ne bougerons pas le petit doigt pour ramener le temps à sa place : qu’il vole en éclats ! » Tchekhov ? « Je ne sais pas, répond Tchekhov à tous ceux qui pleurent, à tous les suppliciés. » Notons que Chestov le fait répondre ici en quelque sorte à Tolstoï.

 

 

Aucun des trois ne nous abandonne dans un « sommeil de brute ». Seulement, le cas Tolstoï est des plus signifiants. Il voudrait bien dormir, lui, dans le lit d’un christianisme qu’il croit avoir raisonnablement refait. À sa mesure. Et à sa satisfaction : ses bottes ôtées, nettoyées et recousues par lui, le barine, son pot de chambre préparé et vidé, toujours par lui. Parfait. Hélas ! note Chestov, son sommeil va se révéler convulsif. Chez Tolstoï, la raison est convulsive ou elle n’est pas. La recherche religieuse ne pourra jamais être que lutte désordonnée avec soi et son entourage. Il n’y a pas d’autre moyen, quand on veut se priver de la tiédeur de l’Esprit dans l’Église pour tous : si tous n’atteignent pas l’excellence, au moins tous obtiennent la moyenne. Devant cela, Tolstoï enrage et finit par s’enfuir, et dans cette fuite même on entend déjà Chestov qui approuve et hurle à la suite. Pourquoi s’en étonner, quand la raison au cours des siècles a stérilisé à ce point l’étonnement, sinon la colère ou la joie (on peut préférer cette autre face) d’être ? « Alors naît en l’homme la ferme résolution de rompre une fois pour toutes avec cette alliée pitoyable et spécieuse. »

 

 

D’une étude l’autre, d’un livre l’autre, Chestov fait toujours le même procès. Comme si chaque homme n’avait qu’une chose à dire, à démêler de lui-même et puis à dire. Convaincu de son bon droit, peu raisonnable, mais il s’en vante, Chestov assène et n’assoit rien. Et les coups de gueule au cœur de la philosophie, dans la chère promenade de Kant et sous la fenêtre mal fermée de la raison d’Auguste Comte, cela lui va. Il cherche aussi des alliés, des appuis, des signes en chair et en os, pour avancer là où il n’y a pas de chemin, entrer là où il n’y a pas de porte, puisque chaque homme est le chemin qu’il doit tracer et la porte qu’il lui faut ouvrir, faute de quoi sa propre géhenne l’engloutit. « Tandis que ce qu’il trouve en lui-même est à tel point insolite, sordide, désordonné, chaotique, extravagant, repoussant, que tout cela doit être voué à la destruction, à l’anéantissement. Tchekhov a décrit incomparablement ce genre d’états d’âme. » Pas seulement Tchekhov, bien sûr, et pas seulement la littérature russe. Chestov ira voir aussi du côté d’Ibsen.

 

 

Il ne peut y avoir d’école d’art selon Chestov, pour qui « tout écrivain original se pose toujours, envers et contre tous, son propre but ». Il y a d’abord quelque chose qui se brise en un homme et devient l’encre de son écriture. Et s’il écrivait déjà avant, ce sera une autre écriture. Tchekhov, par exemple, passe d’un humour inoffensif au « chantre de la désespérance. Il tuait les espoirs humains ». Si l’on s’en tient à cette perspective chestovienne, chaque artiste commet en quelque sorte, aux yeux de la société, une transgression, un crime. Et la société finit, sous le bruit même de ses applaudissements, il est vrai de plus en plus teintés de réticences, par s’en venger. Aussi, la mort de Pouchkine apparaît comme le châtiment qu’exercent les classes dirigeantes pourries. Celle de Tolstoï, c’est le poids honni de ces mêmes classes (dont Tolstoï, riche propriétaire, fait partie, et c’est bien là son déchirement) que ne supporte plus et rejette le penseur comme l’écrivain.

 

 

Au milieu de tout cela, Chestov n’écrit pas : il commence par jeter les habituels encriers. Il n’est pas pour les prudences, même si en passant il interroge Renan, mais il préfère asséner (et comme il s’y montre à l’aise !) ses coups de boutoir. Non, il n’a pas la passion de l’ingratitude. Vaincu, il serait plus heureux que son vainqueur. D’ailleurs, il ne tente pas de vaincre, mais coûte que coûte veut chercher, tel un lion qui, avec dans la gueule une proie qu’il refuse de lâcher, continuerait son étrange chasse dont il ne sait rien à vrai dire. Sauf qu’elle doit être, et que la raison qui exige qu’on l’arrête ne nous apporterait pas la paix. C’est alors qu’une fois de plus, à la lecture de Chestov, lui aussi infatigable « chercheur de trésors cachés », nous suivons son effort, nous entendons quelque chose qu’il brise là même où Tchekhov répétait « je ne sais pas », nous voyons cette fracture devenir son encrier… Non, décidément, même un chien vivant ne vaudrait pas mieux ici que ce lion mort depuis 1938. Et l’on ne sait pourquoi.

 

 

Christian Mouze

 

 

 

Le lion Chestov 2.jpg

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