Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

31/01/2014

Le premier ennemi de Voltaire et de la philosophie des lumiéres un pasteur puis évêque luthérien

Johann Gottfried von Herder

 
 
Naissance 25 août 1744
Mohrungen
Décès 18 décembre 1803 (à 59 ans)
Weimar
Nationalité  Royaume de Prusse
École/tradition Nationalisme romantique
Idées remarquables Volksgeist
A influencé Sturm und Drang, philologie, anthropologie culturelle

 

Éléments biographiques

Johann Gottfried von Herder, né le 25 août 1744 à Mohrungen et mort le 18 décembre 1803 à Weimar, est un poète, théologien et philosophe allemand.

Formé à l’Albertina de Kœnigsberg, Herder fut de 1771 à 1776 au service du prince de Schaumbourg-Lippe avant de s'établir à Weimar.

Sa pensée

Herder a notamment formulé une vive critique des lumières, des thèses des philosophes des Lumières sur le sens de l'Histoire. Considéré par Charles Taylor (The importance of Herder) comme un des pères fondateurs du relativisme culturel, il a remis en cause l'idée de supériorité de nature de la civilisation européenne, tandis que Sternhell demande, à l'opposé : « où réside la signification historique de Herder, sinon dans sa contribution à la poussée du nationalisme? ». Ce penseur fut également un mentor du jeune Goethe qu'il influença peut-être dans ses premières œuvres (Les Souffrances du jeune Werther, 1774).

Selon Herder, on ne saurait penser l'histoire à l'aide de la catégorie de progrès. Chaque culture doit être considérée comme sa propre finalité. Quant à la finalité de l'ensemble du monde humain, elle est insaisissable à l'esprit humain.

En ce qui concerne l'origine du langage, Herder défend l'idée que ce n'est pas Dieu qui en fit don à l'homme – s'opposant en cela à Süssmilch –, mais que c'est l'homme qui l'inventa (« Diese Besonnenheit ist ihm charakteristisch eigen und seiner Gattung wesentlich: so auch Sprache und eigne Erfindung der Sprache. »), ou, plus profondément, qu'il se confond avec sa nature. L'homme est fait pour contempler le monde. Il en sépare un objet donné, par exemple le mouton. Il exprime alors dans le médium sonore le caractère le plus frappant de cet étant. Tu es celui qui bêle ! Contrairement à la vue, trop riche, et au toucher, trop pauvre, le son allie la clarté et la richesse des déterminations. Il peut donc dire le monde.

Notons néanmoins que le spécialiste américain de Herder, Michael Forster estime que ce discours sur l'origine de la langue donne une image fausse de la pensée linguistique de Herder. Héritier de Leibniz et de Wolf, Herder serait le véritable fondateur de la tradition allemande de la philosophie du langage, dont les représentants les plus connus sont Schleiermacher, Humboldt et Hegel. La philosophie du langage de Herder, qui se prolonge en herméneutique et en traductologie, est fondée sur trois thèses essentielles. La première veut que nous ne pensions que dans la mesure où nous parlons. C'est un principe expressiviste, comme le dit Charles Taylor. La deuxième assimile, avant Wittgenstein, la signification et l'usage du mot. Enfin la troisième rattache étroitement le sens du mot et les sensations et affects du locuteur. Le mot n'est pas qu'un concept logique, il est tout autant le résumé audible d'un état d'âme. On ne saurait d'ailleurs distinguer absolument le contenu logique du contenu affectif de la signification.

Herder a eu une profonde influence sur l'anthropologie, la géographie, la philosophie de l'histoire et la pensée du langage de Wilhelm von Humboldt. Il est notamment l'initiateur du mouvement littéraire romantique Sturm und Drang (Orage et tempête).

Il fut reçu franc-maçon à l'âge de 22 ans, lors de son séjour à Riga (1765-66), dans la loge de la Stricte Observance Zum Schwerdt (A l'Epée), fondée en 1750 (qui eut pour premier titre Zum Nordstern (A l'Etoile du Nord)). Il y exerça l'office de secrétaire. Son influence fut prépondérante au sein de l'Ordre allemand, au même titre que Goethe et Wieland

Le 1er juillet 1783, sous le nom de « Damasus Pontifex », Herder fut également initié, à Weimar, en qualité de doyen de la loge illuministe présidée par son frère en maçonnerie Bode ; quatre mois après, Goethe l'y rejoignit.

Notes

  1. Zeev Sternhell, Les Anti-Lumières du XVIIIe siècle à la Guerre froide, Gallimard, Paris, 2010, p. 369.
  2. After Herder, Presses Universitaires de Oxford, 2010
  3. Cf. Joseph Gabriel Findel, Histoire de la Franc-Maçonnerie depuis l'origine jusqu'à nos jours, A. Lacroix, Verboeckhoven et Cie, 1866, p. 192-193.

Œuvres principales

  • Fragments sur la littérature allemande moderne (1767)
  • Sylves critiques (1769)
  • Traité sur l'origine des langues (1771) (nouvelle trad. Lionel Duvoy, Paris, Allia, 2010)
  • Une nouvelle philosophie de l'histoire (1774)
  • Le Plus Ancien Document sur l’histoire du genre humain (1774)
  • Voix des peuples, poésies populaires (1778-1779 et 1807)
  • Esprit de la poésie hébraïque (1782-1784)
  • Idées pour une philosophie de l’histoire de l’humanité (1784-1791), trad. Edgar Quinet, introduction, notes et dossier par Marc Crépon, Paris, Presses-Pocket, Agora, 1991.
  • Lettres pour l'avancement de l'humanité (1793-1797) (Traduction inédite de deux textes importants, tirés de l' Adrastea et des Lettres pour l'avancement de l'Humanité, consacrés à la franc-maçonnerie et à Benjamin Franklin, parus aux éditions Grammata)
  • Écrits chrétiens (1796-1799)
  • Entendement et expérience : une métacritique de la critique de la raison pure (1799)
  • Kalligone (contre la critique du jugement de Kant) (1800)
  • Le Cid (1802)

Bibliographie

 

09:19 Publié dans Racines | Lien permanent | Commentaires (0)

Les commentaires sont fermés.