28/02/2014
EVANGELISME ET FONDAMENTALISME AU COURS DU XXe SIECLE AUX ETATS-UNIS(2)
Neal BLOUGH
Quand les fondamentalistes insisteront sur l'autorité de l'Ecriture, ils ne penseront pas
innover, faire quelque chose de nouveau... Ce qu'on appelle « l'orthodoxie protestante » (réformée et
luthérienne) avait déjà bien travaillé ce sujet au XVIe et au XVIIe siècles.
Calvin et les confessions de foi réformées... reconnaissent à la Bible les attributs,
particulièrement l'infaillibilité, que l'on refusait à l'Eglise. Le luthéranisme eut la même
évolution, en sorte que, au XVIIe siècle, la même réponse fut donnée par les docteurs
orthodoxes des deux confessions aux questions de la critique commençante(1).
(On)... affirma l'inspiration par la dictée du Saint-Esprit, dont prophètes et apôtres étaient la
main et la « plume », la divinité des points-voyelles et infaillibilité, même formelle de
l'Ecriture(2).
Les « fondamentalistes » du XIXe et du XXe siècles feront appel à cette orthodoxie
protestante qui proclame l'infaillibilité de l'Ecriture.
Dans le monde catholique, c'est au concile de Vatican I (1870) que l'infaillibilité pontificale
sera confirmée. Celle-ci, sous-entendue, proclamée, et parfois contestée depuis des siècles est
maintenant officielle. Dans les deux cas, on parle d'infaillibilité, dans les deux cas, elle est soulignée
comme réponse à la modernité.
II. Le fondamentalisme américain
Aux Etats-Unis, le fondamentalisme fait partie de cette réaction « orthodoxe » face au
libéralisme culturel et théologique. C'est un phénomène spécifiquement américain, qui en même
temps s'inscrit dans la dynamique que nous venons de décrire. Le fondamentalisme dont nous
parlons est un mouvement précis, issu du protestantisme américain, qui réagit à la théologie
moderniste.
Cette dernière commence à avoir une influence importante dans les milieux protestants
américains surtout à partir des années 1880. Au cours de plusieurs décennies, cette influence va
grandissant au sein de plusieurs dénominations importantes (baptistes du nord, presbytériens). Au
début des années 1920, on compte de plus en plus de « modernistes » parmi les pasteurs,
professeurs de théologie et responsables de mission.
Le fondamentalisme est un mouvement précis, issu du protestantisme américain, qui
réagit à la théologie moderniste.
Le terme de « fondamentaliste » lui-même a une double origine précise : (1) la publication
d'une série de 12 petits volumes (à partir de 1909, diffusés en trois millions d'exemplaires, intitulés
The Fundamentals) dans lesquels l'orthodoxie protestante se trouve défendue et développée face au
libéralisme ; (2) la création de la World Christian Fundamentals Association en 1919, qui elle,
( 1) E.G. Leonard, Histoire générale du protestantisme, Tome II, l'établissement (1565-1700) (Paris : presses
universitaires de France [Edition « Quadrige »], 1988), p. 195.
( 2) E.G. Leonard, op. cit., II, p. 195.
« Evangélisme et fondamentalisme », Fac-réflexion n° 24 – septembre 1993, pp. 4-15 de la revue
La pagination présente ne correspond pas à celle de la revue
définit en neuf points l'essentiel de la doctrine chrétienne(1). Présidée par W.B. Riley, cette
association avait ses racines historiques dans des conférences bibliques interdénominationnelles et a
trouvé des sympathisants à la fois dans les petites dénominations revivalistes et dans les grandes
Eglises protestantes, chez les Méthodistes, les Baptistes et les Presbytériens.
Sur le plan théologique, les fondamentalistes veulent revenir aux « fondements » de la foi
chrétienne, fondements qui ont été mis en question de manière radicales par une
théologie libérale de plus en plus dominante. Ainsi, face à l'élément rationaliste du modernisme, le
fondamentalisme met l'accent sur le côté « surnaturel » de la foi chrétienne, (la naissance virginale,
la divinité et la résurrection corporelle du Christ), ainsi que sur l'importance de la mort du Christ
comme sacrifice expiatoire pour le péché humain. On trouve aussi des éléments importants venant
de la théologie calviniste/presbytérienne (de la faculté de Princeton) pour défendre l'inspiration et
l'infaillibilité de l'Ecriture, et enfin une eschatologie particulière, prémillénariste et
dispensationaliste.
Ce fondamentalisme (avec la théologie qu'il développe) ne peut donc se comprendre que
dans le contexte du protestantisme américain. Il n'est pas né du jour au lendemain, il est héritier des
courants divers et multiformes du protestantisme puritain et revivaliste du XVIIIe et du XIXe siècles
américains.
Le fondamentalisme doit aussi se comprendre dans le contexte américain du début
du XXe siècle. Nous sommes à la période de la première guerre mondiale et de la révolution russe.
L'optimisme politique n'est plus de mise. Pour les chrétiens américains, le militarisme
allemand s'expliquait par la pensée moderne, par exemple la philosophie de Nietzsche et la volonté
de puissance. L'athéisme marxiste révolutionnaire s'enracinait en Russie et était, bien sûr, vu comme
une menace pour la société américaine. La théorie darwinienne de l'évolution était elle aussi athée,
et risquait, selon les fondamentalistes, de miner les repères éthiques de la nation.
Ce fondamentalisme est héritier des courants divers et multiformes du protestantisme
puritain et revivaliste.
C'est surtout, d'ailleurs, à propos de l'évolution biologique que le fondamentalisme s'est fait
connaître. Les fondamentalistes militaient contre l'enseignement de l'évolution dans les écoles
publiques. L'épisode le mieux connu s'est déroulé en 1925, dans le Tennessee, où, autour d'un jeune
professeur, John Thomas Scopes, la loi interdisant l'enseignement de l'évolution fut mise à
l'épreuve. Un grand débat s'est ouvert, dans tous les Etats-Unis, pendant lequel la presse nationale
s'est servie du cadre rural et sudiste du procès pour présenter les fondamentalistes comme des
rustres et des ignorants. Le procès Scopes a contribué à marquer le mouvement fondamentaliste
aux yeux de beaucoup d'Américains.
III. L'évangélisme américain
Pour parler des évangéliques américains, nous devrons examiner l'évolution du
fondamentalisme. L'évangélisme dont il est question ici est un phénomène post-fondamentaliste.
Les chrétiens évangéliques américains sont les descendants et les héritiers du fondamentalisme.
( 1) 1. inspiration, inerrance de l'Ecriture, 2. Trinité, 3. naissance virginale et divinité du Christ, 4. chute de l'homme,
péché originel, 5. mort expiatoire du Christ pour le salut, 6. résurrection corporelle et ascension du Christ, 7. retour
« prémillénaire » du Christ, 8. salut par la foi et nouvelle naissance, 9. jugement dernier.
« Evangélisme et fondamentalisme », Fac-réflexion n° 24 – septembre 1993, pp. 4-15 de la revue
La pagination présente ne correspond pas à celle de la revue
L'évangélisme est un phénomène post-fondamentaliste.
Le fondamentalisme a trouvé son point culminant dans les années 1925-1930. Il est devenu,
ensuite, plutôt conservateur et séparatiste, refusant de collaborer avec ceux qui ne
partageaient pas totalement son points de vue bublique.
De ce fait, vers le milieu de notre siècle, surtout à partir des années 1940, on voit le
fondamentalisme se diviser en deux parties. Certaines personnes éprouvaient un malaise devant ce
qu'elles considéraient le côté réactionnaire et séparatiste du mouvement. En effet, il s'agit plus d'un
changement d'attitude envers l'extérieur que d'un changement de thélologie, certains commençant à
souhaiter que l'esprit de rigueur du fondamentalisme soit remplacé par un esprit plus positif et
coopératif.
C'est ainsi qu'une partie des fondamentalistes, tout en gardant l'orthodoxie théologique du
mouvement, rejette le séparatisme et commence à se nommer « évangélique » ou « néoévangélique
». Billy Graham serait probablement la personne qui représenterait le mieux cette aile
nouvelle. D'autres, tels Carl McIntire et Bob Jones, continuent à s'appeler « fondamentalistes » et
deviennent encore plus militants qu'auparavant. Pour ceux-là, l'inerrance de l'Ecriture, le
séparatisme et le dispensationalisme sont les marques nécessaires du vrai chrétien.
En plus de Billy Graham, on cite souvent deux autres noms comme les chefs de file des
évangéliques : Carl F.H. Henry et Harold Ockenga.
Une partie des fondamentalistes rejette le séparatisme.
Pour ce dernier, le fondamentalisme a été marqué par une mauvaise attitude (soupçon à
l'égard de tous ceux qui ne partageaient pas sa doctrine et sa pratique), par une mauvaise stratégie
(le séparatisme qui visait une Eglise totalement pure) et par un manque de résultats et d'influence
dans les domaines théologique et culturel(1). Pour les évangéliques, les fondamentalistes étaient trop
anti-intellectuels, refusant un véritable dialogue entre l'Evangile et la culture moderne(2). Certains
évangéliques commençaient à prendre leurs distances par rapport au dispensationalisme ou à le
modifier(3).
Cette nouvelle tendance s'accompagne de la création d'institutions et de publications.
- 1942 : National Association of Evangelicals, qui n'a pas voulu se joindre à
l'American Council of Christian Churches, formé en 1941 par des fondamentalistes.
- 1944 : Youth for Christ (Jeunesse pour Christ)
- 1945 : Evangelical Foreign Missions Association
- 1947 : Fuller Theological Seminary (dont Ockenga sera le premier président)
- 1949 : Evangelical Theological Society
- 1950 : World Vision
- 1951 : Campus Crusade (Campus pour Christ)
- 1956 : Christianity Today (dont Henry sera le premier rédacteur en chef).
Autour de ces hommes et de ces institutions s'est créée une certaine identité. Comment la
décrire ? C'est à la fois simple et complexe. L'historien Martin Marty disait une fois qu'on peut
définir les évangéliques comme ceux qui se reconnaissent en Billy Graham et ses points de vue. Ce
( 1) « Evangelicalism », in : Evangelical Dictionary of Theology, Baker (1984), p. 381.
( 2) Ibid., p. 382.
( 3) « Evangelicalism », in : Mennonite Encyclopedia, v. 5, Herald Press (1990), p. 282.
« Evangélisme et fondamentalisme », Fac-réflexion n° 24 – septembre 1993, pp. 4-15 de la revue
La pagination présente ne correspond pas à celle de la revue
même Billy Graham, lui, aurait dit la chose suivante : « l'évangélisme est une grande mosaïque que
Dieu est en train de construire, mais si vous me le demandez, j'aurais du mal à donner une définition
de ce qu'il est aujourd'hui(1) ».
Martin Marty disait une fois qu'on peut définir les évangéliques comme ceux qui se
reconnaissent en Billy Graham.
Quand les fondamentalistes insisteront sur l'autorité de l'Ecriture, ils ne penseront pas
innover, faire quelque chose de nouveau... Ce qu'on appelle « l'orthodoxie protestante » (réformée et
luthérienne) avait déjà bien travaillé ce sujet au XVIe et au XVIIe siècles.
Calvin et les confessions de foi réformées... reconnaissent à la Bible les attributs,
particulièrement l'infaillibilité, que l'on refusait à l'Eglise. Le luthéranisme eut la même
évolution, en sorte que, au XVIIe siècle, la même réponse fut donnée par les docteurs
orthodoxes des deux confessions aux questions de la critique commençante(1).
(On)... affirma l'inspiration par la dictée du Saint-Esprit, dont prophètes et apôtres étaient la
main et la « plume », la divinité des points-voyelles et infaillibilité, même formelle de
l'Ecriture(2).
Les « fondamentalistes » du XIXe et du XXe siècles feront appel à cette orthodoxie
protestante qui proclame l'infaillibilité de l'Ecriture.
Dans le monde catholique, c'est au concile de Vatican I (1870) que l'infaillibilité pontificale
sera confirmée. Celle-ci, sous-entendue, proclamée, et parfois contestée depuis des siècles est
maintenant officielle. Dans les deux cas, on parle d'infaillibilité, dans les deux cas, elle est soulignée
comme réponse à la modernité.
II. Le fondamentalisme américain
Aux Etats-Unis, le fondamentalisme fait partie de cette réaction « orthodoxe » face au
libéralisme culturel et théologique. C'est un phénomène spécifiquement américain, qui en même
temps s'inscrit dans la dynamique que nous venons de décrire. Le fondamentalisme dont nous
parlons est un mouvement précis, issu du protestantisme américain, qui réagit à la théologie
moderniste.
Cette dernière commence à avoir une influence importante dans les milieux protestants
américains surtout à partir des années 1880. Au cours de plusieurs décennies, cette influence va
grandissant au sein de plusieurs dénominations importantes (baptistes du nord, presbytériens). Au
début des années 1920, on compte de plus en plus de « modernistes » parmi les pasteurs,
professeurs de théologie et responsables de mission.
Le fondamentalisme est un mouvement précis, issu du protestantisme américain, qui
réagit à la théologie moderniste.
Le terme de « fondamentaliste » lui-même a une double origine précise : (1) la publication
d'une série de 12 petits volumes (à partir de 1909, diffusés en trois millions d'exemplaires, intitulés
The Fundamentals) dans lesquels l'orthodoxie protestante se trouve défendue et développée face au
libéralisme ; (2) la création de la World Christian Fundamentals Association en 1919, qui elle,
( 1) E.G. Leonard, Histoire générale du protestantisme, Tome II, l'établissement (1565-1700) (Paris : presses
universitaires de France [Edition « Quadrige »], 1988), p. 195.
( 2) E.G. Leonard, op. cit., II, p. 195.
« Evangélisme et fondamentalisme », Fac-réflexion n° 24 – septembre 1993, pp. 4-15 de la revue
La pagination présente ne correspond pas à celle de la revue
définit en neuf points l'essentiel de la doctrine chrétienne(1). Présidée par W.B. Riley, cette
association avait ses racines historiques dans des conférences bibliques interdénominationnelles et a
trouvé des sympathisants à la fois dans les petites dénominations revivalistes et dans les grandes
Eglises protestantes, chez les Méthodistes, les Baptistes et les Presbytériens.
Sur le plan théologique, les fondamentalistes veulent revenir aux « fondements » de la foi
chrétienne, fondements qui ont été mis en question de manière radicales par une
théologie libérale de plus en plus dominante. Ainsi, face à l'élément rationaliste du modernisme, le
fondamentalisme met l'accent sur le côté « surnaturel » de la foi chrétienne, (la naissance virginale,
la divinité et la résurrection corporelle du Christ), ainsi que sur l'importance de la mort du Christ
comme sacrifice expiatoire pour le péché humain. On trouve aussi des éléments importants venant
de la théologie calviniste/presbytérienne (de la faculté de Princeton) pour défendre l'inspiration et
l'infaillibilité de l'Ecriture, et enfin une eschatologie particulière, prémillénariste et
dispensationaliste.
Ce fondamentalisme (avec la théologie qu'il développe) ne peut donc se comprendre que
dans le contexte du protestantisme américain. Il n'est pas né du jour au lendemain, il est héritier des
courants divers et multiformes du protestantisme puritain et revivaliste du XVIIIe et du XIXe siècles
américains.
Le fondamentalisme doit aussi se comprendre dans le contexte américain du début
du XXe siècle. Nous sommes à la période de la première guerre mondiale et de la révolution russe.
L'optimisme politique n'est plus de mise. Pour les chrétiens américains, le militarisme
allemand s'expliquait par la pensée moderne, par exemple la philosophie de Nietzsche et la volonté
de puissance. L'athéisme marxiste révolutionnaire s'enracinait en Russie et était, bien sûr, vu comme
une menace pour la société américaine. La théorie darwinienne de l'évolution était elle aussi athée,
et risquait, selon les fondamentalistes, de miner les repères éthiques de la nation.
Ce fondamentalisme est héritier des courants divers et multiformes du protestantisme
puritain et revivaliste.
C'est surtout, d'ailleurs, à propos de l'évolution biologique que le fondamentalisme s'est fait
connaître. Les fondamentalistes militaient contre l'enseignement de l'évolution dans les écoles
publiques. L'épisode le mieux connu s'est déroulé en 1925, dans le Tennessee, où, autour d'un jeune
professeur, John Thomas Scopes, la loi interdisant l'enseignement de l'évolution fut mise à
l'épreuve. Un grand débat s'est ouvert, dans tous les Etats-Unis, pendant lequel la presse nationale
s'est servie du cadre rural et sudiste du procès pour présenter les fondamentalistes comme des
rustres et des ignorants. Le procès Scopes a contribué à marquer le mouvement fondamentaliste
aux yeux de beaucoup d'Américains.
III. L'évangélisme américain
Pour parler des évangéliques américains, nous devrons examiner l'évolution du
fondamentalisme. L'évangélisme dont il est question ici est un phénomène post-fondamentaliste.
Les chrétiens évangéliques américains sont les descendants et les héritiers du fondamentalisme.
( 1) 1. inspiration, inerrance de l'Ecriture, 2. Trinité, 3. naissance virginale et divinité du Christ, 4. chute de l'homme,
péché originel, 5. mort expiatoire du Christ pour le salut, 6. résurrection corporelle et ascension du Christ, 7. retour
« prémillénaire » du Christ, 8. salut par la foi et nouvelle naissance, 9. jugement dernier.
« Evangélisme et fondamentalisme », Fac-réflexion n° 24 – septembre 1993, pp. 4-15 de la revue
La pagination présente ne correspond pas à celle de la revue
L'évangélisme est un phénomène post-fondamentaliste.
Le fondamentalisme a trouvé son point culminant dans les années 1925-1930. Il est devenu,
ensuite, plutôt conservateur et séparatiste, refusant de collaborer avec ceux qui ne
partageaient pas totalement son points de vue bublique.
De ce fait, vers le milieu de notre siècle, surtout à partir des années 1940, on voit le
fondamentalisme se diviser en deux parties. Certaines personnes éprouvaient un malaise devant ce
qu'elles considéraient le côté réactionnaire et séparatiste du mouvement. En effet, il s'agit plus d'un
changement d'attitude envers l'extérieur que d'un changement de thélologie, certains commençant à
souhaiter que l'esprit de rigueur du fondamentalisme soit remplacé par un esprit plus positif et
coopératif.
C'est ainsi qu'une partie des fondamentalistes, tout en gardant l'orthodoxie théologique du
mouvement, rejette le séparatisme et commence à se nommer « évangélique » ou « néoévangélique
». Billy Graham serait probablement la personne qui représenterait le mieux cette aile
nouvelle. D'autres, tels Carl McIntire et Bob Jones, continuent à s'appeler « fondamentalistes » et
deviennent encore plus militants qu'auparavant. Pour ceux-là, l'inerrance de l'Ecriture, le
séparatisme et le dispensationalisme sont les marques nécessaires du vrai chrétien.
En plus de Billy Graham, on cite souvent deux autres noms comme les chefs de file des
évangéliques : Carl F.H. Henry et Harold Ockenga.
Une partie des fondamentalistes rejette le séparatisme.
Pour ce dernier, le fondamentalisme a été marqué par une mauvaise attitude (soupçon à
l'égard de tous ceux qui ne partageaient pas sa doctrine et sa pratique), par une mauvaise stratégie
(le séparatisme qui visait une Eglise totalement pure) et par un manque de résultats et d'influence
dans les domaines théologique et culturel(1). Pour les évangéliques, les fondamentalistes étaient trop
anti-intellectuels, refusant un véritable dialogue entre l'Evangile et la culture moderne(2). Certains
évangéliques commençaient à prendre leurs distances par rapport au dispensationalisme ou à le
modifier(3).
Cette nouvelle tendance s'accompagne de la création d'institutions et de publications.
- 1942 : National Association of Evangelicals, qui n'a pas voulu se joindre à
l'American Council of Christian Churches, formé en 1941 par des fondamentalistes.
- 1944 : Youth for Christ (Jeunesse pour Christ)
- 1945 : Evangelical Foreign Missions Association
- 1947 : Fuller Theological Seminary (dont Ockenga sera le premier président)
- 1949 : Evangelical Theological Society
- 1950 : World Vision
- 1951 : Campus Crusade (Campus pour Christ)
- 1956 : Christianity Today (dont Henry sera le premier rédacteur en chef).
Autour de ces hommes et de ces institutions s'est créée une certaine identité. Comment la
décrire ? C'est à la fois simple et complexe. L'historien Martin Marty disait une fois qu'on peut
définir les évangéliques comme ceux qui se reconnaissent en Billy Graham et ses points de vue. Ce
( 1) « Evangelicalism », in : Evangelical Dictionary of Theology, Baker (1984), p. 381.
( 2) Ibid., p. 382.
( 3) « Evangelicalism », in : Mennonite Encyclopedia, v. 5, Herald Press (1990), p. 282.
« Evangélisme et fondamentalisme », Fac-réflexion n° 24 – septembre 1993, pp. 4-15 de la revue
La pagination présente ne correspond pas à celle de la revue
même Billy Graham, lui, aurait dit la chose suivante : « l'évangélisme est une grande mosaïque que
Dieu est en train de construire, mais si vous me le demandez, j'aurais du mal à donner une définition
de ce qu'il est aujourd'hui(1) ».
Martin Marty disait une fois qu'on peut définir les évangéliques comme ceux qui se
reconnaissent en Billy Graham.
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