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04/04/2014

Pourquoi l'Evolution n'a-t-elle jamais été démontrée ?(3)

Créationisme 3.jpg

 

 

Dominique Tassot

 

 

 

Résumé : On croit souvent que l'évolutionnisme est issu des travaux de

 

savants naturalistes, Lamarck et Darwin, contraints par les faits à admettre

 

cette théorie. L'histoire des idées nous montre l'inverse : la thèse était

 

entièrement définie par les philosophes quand Lamarck dormait encore dans

 

son berceau. On comprend ainsi pourquoi elle est indémontrée et le restera .

 

Les faits ne se démontrent pas : ils se constatent. Or on n'a jamais constaté

 

l'apparition d'un organe nouveau chez une lignée dont les ascendants en

 

étaient dépourvus.

 

L'idée d'une origine des êtres vivants par "évolution" à partir

 

du non-vivant, puis par "métamorphoses" successives, est fort

 

ancienne Dans le De Natura Rerum, Lucrèce, poète et

 

philosophe latin du Ier siècle avant Jésus-Christ, écrivait : "La

 

terre mérite bien le titre de mère car c'est de la terre que

 

proviennent toutes les créatures. Du reste, même encore de nos

 

jours, on voit sortir de terre de nombreux animaux engendrés par

 

les pluies et le chaleur du soleil" (Livre V, 795-8). "D'elle-même

 

la terre a créé la race humaine et produit pour ainsi dire à date

 

fixée toutes les espèces animales" (V, 823)1.

 

Au 6ème siècle avant Jésus-Christ, le philosophe grec

 

Anaximandre voyait l'homme sortir de la mer, par métamorphose

 

du poisson, et Benoît de Maillet reprendra cette idée au début du

 

dix-huitième siècle, bien avant Lamarck ou Darwin. L'ancien

 

consul de France en Egypte, sous l'anagramme de "Telliamed",

 

imagine les entretiens d'un "philosophe indien" (donc dégagé de

 

tout "préjugé" biblique) avec un "missionnaire français".

 

Colligeant de nombreuses observations de géographie physique et

 

de sciences naturelles, il avait énoncé dès 1735 l'idée d'une lente

 

"diminution de la mer", amenant la "terrestrisation" progressive

 

des espèces vivantes. Quant aux espèces actuelles, il lui paraissait

 

qu'elles provenaient, par adaptation, d'anciennes espèces marines

 

assez semblables : "Pour en venir à présent à ce qui regarde

 

1 Lucrèce, De la Nature, trad. A Ernout, Paris, Les Belles Lettres, 1924.

 

Le Cep n°4. 3eme trimestre 1998

 

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l'origine des animaux, je remarque qu'il n'y en a aucun marchant,

 

volant ou rampant, dont la mer ne renferme des espèces

 

semblables ou approchantes, et dont le passage d'un de ces

 

éléments à l'autre ne soit possible, probable, même soutenu d'un

 

grand nombre d'exemples2." Ainsi les poissons d'eau douce "ont

 

reçu dans leur figure, comme dans leur goût, quelque

 

changement3" lorsqu'ils ont peuplé les rivières. Ainsi des poissons

 

ailés, tombés dans des roseaux, ont pu se métamorphoser :

 

"Tandis qu'ils trouvèrent dans les roseaux et les herbages

 

dans lesquels ils étaient tombés, quelques aliments pour se

 

soutenir, les tuyaux de leur nageoires séparés les uns des autres

 

se prolongèrent et se revêtirent de barbes ; ou pour parler plus

 

juste, les membranes qui auparavant les avaient tenu collés les

 

uns aux autres, se métamorphosèrent. La barbe formée de ces

 

pellicules déjetées s'allongea elle-même ; la peau de ces animaux

 

se revêtit insensiblement d'un duvet de la même couleur dont elle

 

était peinte, et ce duvet grandit. Les petits ailerons qu'ils avaient

 

sous le ventre, et qui, comme leurs nageoires, les avaient aidés à

 

se promener dans la mer, devinrent des pieds, et leur servirent à

 

marcher sur la terre. Il se fit encore d'autres petits changements

 

dans leur figure. Le bec et le col des uns s'allongèrent ; ceux des

 

autres se raccourcirent : il en fut de même du reste du corps.

 

Cependant la conformité de la première figure subsiste dans le

 

total ; et elle est et sera toujours aisée à reconnaître.4"

 

A ceux qui objecteraient l'invraisemblance de cette

 

métamorphose, Maillet répond que "la transformation d'un ver à

 

soie ou d'une chenille en un papillon serait mille fois plus difficile

 

à croire que celle des poissons en oiseaux, si cette métamorphose

 

ne se faisait chaque jour à nos yeux.5" Enfin, il suffit d'une

 

mutation pour donner le jour à une nouvelle espèce, et dans la

 

longue suite des temps, qui pourrait exclure cette possibilité ?...

 

"La semence de ces mêmes poissons portée dans les marais peut

 

aussi avoir donné lieu à cette première transmigration de

 

l'espèce, du séjour de la mer en celui de la Terre. Que cent

 

2 Maillet, Telliamed (1748), rééd. Paris, Fayard, 1984, p.248.

 

3 Ibid. p.249

 

4 Ibid. p.252

 

5 Ibid. p.253

 

Le Cep n°4. 3eme trimestre 1998

 

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millions aient péri sans avoir pu en contracter l'habitude, il suffit

 

que deux y soient parvenus pour avoir donné lieu à l'espèce.6"

 

Quant aux mammifères, leur transformation se laisse

 

facilement entrevoir puisque "le lion , le cheval, le boeuf, le

 

cochon, le chameau, le chat, le chien, la chèvre, le mouton ont

 

(comme le singe et l'éléphant), leurs semblables dans la mer.7"

 

Enfin l'homme marin est bien attesté. Le 18 mars 592, un

 

officier de la Basse-Egypte en aperçut un couple ; en 1430, en

 

Hollande, on trouva une fille ensevelie dans la fange. On put lui

 

apprendre à se vêtir et à filer, mais pas à parler. Enfin plus de dix

 

récits de voyageurs font état de créatures humaines en partie

 

couvertes d'écailles, de même que Maillet lui-même put voir à

 

Tripoli un noir velu, originaire de Bornéo, ayant "une queue d'un

 

demi-pied de longueur qu'il (lui) montra.8"

 

Malgré les outrances dues à la monomanie de son système, il

 

faut reconnaître à Maillet le mérite d'avoir énoncé bien des traits

 

des futures doctrines évolutionnistes : les espèces de transition

 

assurant le passage entre les ordres, la modification des organes

 

sous l'effet des circonstances, le recours à la durée pour rendre

 

probables les faits inobservés, etc. Comme Desmarets, mais en le

 

disant, il voulait "donner le démenti à Moïse", et Leibniz lui en

 

fera le reproche :

 

"Certains expliquent les fossiles marins, écrit-il dans sa

 

"Protogée", en disant que les animaux qui peuplent aujourd'hui la

 

terre étaient aquatiques, qu'ils sont devenus amphibies à mesure

 

que les eaux se sont retirées, et que leur postérité a enfin

 

abandonné leurs demeures primitives. Mais, outre que ces

 

opinions sont en opposition avec les saintes Ecritures, dont nous

 

devons pas nous écarter, l'hypothèse, envisagée en elle-même,

 

offre d'inextricables difficultés.9"

 

En 1769, dans son Rêve de d'Alembert, Diderot reprendra

 

l'idée d'une transformation des espèces au cours de ces durées

 

indéfinies que la géologie de Buffon laissait envisager :

 

6 Ibidem.

 

7 Ibid. p.254

 

8 Ibid. pp.258-273

 

9 Leibniz, Protogeae (1749). Protogée ou de la formation et des révolutions

 

du Globe. Trad. Dr Bertrand de Saint-Germain, Paris, Langlois, 1859, p.14.

 

Le Cep n°4. 3eme trimestre 1998

 

 

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