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30/10/2015

Droit à l’avortement : le numéro vert répondra à toutes les questions ! Enfin presque…

 

 

 

 

 

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L’IVG serait-il le seul acte de la vie pour lequel la réflexion serait une régression ?
 
 
 
 
 
 

 
 
 
Ecrivain, journaliste
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
      

À l’occasion de la Journée mondiale pour le droit à l’avortement, Marisol Touraine, a annoncé la mise en place, suspens, suspens… d’un numéro vert. Il y avait longtemps.

Terrorisme, échec scolaire, catastrophe naturelle, IVG, tout problème, à défaut d’avoir sa solution, a son numéro vert. Trop super.

 

Un numéro vert, ça ne mange pas de pain, ça n’apporte rien puisqu’en l’occurrence celui-ci se contente de renvoyer automatiquement sur les sempiternelles antennes du planning familial de chaque département, mais ça fait plaisir aux copines de Marisol Touraine qui twittent furieusement sur le hashtag #IVGcestmondroit, même si, à dire vrai, eu égard à l’âge de certaines, cette revendication est aussi théorique que celle d’un chauve à venir avec des dreadlocks au bureau.

 

« Cent écoutants, écrit Le Monde, seront ainsi disponibles pour apporter des réponses sur ce thème qui suscite de nombreuses questions chez les femmes. »

 

 

 
 

Le Monde a raison, nous autres « femmes » nous posons « de nombreuses questions ».

 

 

Des questions sur l’anonymat absolu de ce numéro vert, dont on nous garantit même qu’il ne laissera « aucune trace sur la facture ». Ça alors. Et dire qu’en cette période de rentrée, on vient de garantir aux parents que rien ne serait fait, touchant de près ou de loin leur cher petit, sans leur accord préalable : pas de photographie, pas d’antiseptique dans la cour de récréation, etc. Mais ce principe méticuleux ne tient plus, en revanche, quand il s’agit d’avortement, évènement un tout de petit peu moins anodin, pourtant, qu’un genou écorché. À l’insu des parents, la jeune mineure sera prise en charge par des inconnus qui ignorent tout de sa vie, de son état de santé physiologique et psychologique, de ses attentes, de ses fragilités. Parce que le droit à l’IVG écrase tous les autres, l’autorité parentale est mise entre parenthèses, le père et la mère dépossédés, tenus à l’écart sciemment par l’État.

 

Des questions, encore, sur le délai de réflexion, dont la suppression vient d’être votée par le Sénat il y a 15 jours, car il était « infantilisant ». On se gratte la tête, perplexe : réfléchir, infantilisant ? L’impulsion, pourtant, est le propre de l’immaturité. Toute l’éducation consiste à susciter la réflexion : du bébé qui traverse la rue « sans réfléchir », au lycéen qui se lance tête baissée dans son devoir et se plante, parce qu’il n’a pas, dixit le prof, « réfléchi ». On « réfléchit » ensuite pour acheter son électro-ménager, son premier appart’, et la loi prévoit même un délai de rétractation, pour « encore réfléchir ». On « réfléchit » surtout avant d’avoir un enfant. On se demande même tellement longtemps si c’est le moment, que la maternité, en France, n’a jamais été aussi tardive. Une jeune femme qui « réfléchit »ainsi fait donc montre, si on suit bien le gouvernement, d’un comportement infantile ? Ou l’IVG serait-il le seul acte de la vie pour lequel la réflexion serait une régression ?

 

 

Des questions, enfin, quant au regard que portera l’histoire sur ce curieux pays si prompt à ouvrir ses bras aux migrants, quand il s’emploie à refouler si méthodiquement ses propres enfants, ces petits clandestins de la vie, rentrés – malgré eux – par effraction dans le destin de leur mère, ces sans-papiers qui ne figureront sur aucun état-civil.

Des questions auxquelles ne répondra aucun de ces « écoutants ».

 

 

09:55 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)

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