Dans son (remarquable) roman Les Animaux dénaturés, Vercors campe la découverte d’un possible chaînon manquant entre l’homme et le singe, vivant isolé dans la jungle, baptisé tropi. Le tropi devient la cible d’exploiteurs qui voient en lui un cheptel de main-d’œuvre à bas coût. Pour protéger les tropis, il convient de déterminer s’ils sont des hommes ou des animaux. Or, aucune définition juridique de l’homme n’existe. Mais il n’est pas nécessaire de « spoiler » toute cette fiction…

 

 

Les définitions les plus essentielles manquent dans le droit positif, qui ne souhaite pas nécessairement intervenir dans l’anthropologie. Les discussions sur le sujet de l’avortement en témoignent.

 

Certains parlent d’enfants, d’autres d’embryons, d’autres plus idéologisés poussent la mauvaise foi jusqu’à parler d’amas de cellule.

 

 

Lors des discussions houleuses autour de la loi Taubira, de pareilles querelles ont eu lieu : qu’est-ce qu’un mariage, qu’est-ce qu’une famille, qu’est-ce que la filiation ? La réponse qui semble évidente à un enfant de quatre ans fait trébucher le juriste ballotté entre des intérêts antagonistes. Une réponse nous est fournie par madame Rossignol, qui porte le titre de « ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes ». Le pluriel nous indique clairement sa position idéologique : pour elle, la famille n’est pas réductible à un seul modèle père – mère – enfant.

Une initiative européenne a vu le jour : elle vise à tenter d’imposer des définitions simples et robustes, aussi opposables que possible dans l’Union européenne, aux mots « famille », « époux », « mariage » et « relation familiale ». Voici la traduction de la proposition :

 

(a) le mot « mariage » signifie l’union légale entre un homme et une femme comme mari et femme, et le mot « époux » désigne une personne du sexe opposé étant soit un mari, soit une femme ;

 

 

(b) le mot « famille » comprend
(i) les époux,


(ii) les descendants d’une personne et/ou de son époux,


(iii) les ascendants directs d’une personne et de son époux.

 

(c) les mots « vie de famille » et « relation familiale » comprennent les relations entre


(i) les époux, ou


(ii) une personne et chacune des personne désignées au paragraphe (b) item (ii) ou (iii)

La forme de cette initiative citoyenne est une pétition à l’échelle de l’Union Européenne qui vise à figer et harmoniser dans son abondante littérature ces définitions. Dans un monde orwellien où un pouvoir dévoyé n’hésite pas à changer le sens des mots au gré de ses intérêts ou de son bon plaisir, vous pouvez tenter de résister en signant cette pétition. Munissez vous d’un peu de patience et d’une pièce d’identité : pour des raisons de contrôle de la sincérité du processus, son numéro vous sera demandé