Encore une guerre picrocholine à cause du tweet d’un quidam devenu viral.
Acte I : Monsieur le professeur de français d’un collège de Savigny-le-Temple entame un processus de changement de genre (pas de sexe, notez bien). Il souhaite s’habiller en femme et être appelé Madame. La principale de ce collège écrit aux parents de ses élèves et leur demande « d’accompagner votre enfant ». Elle promet de laisser sa porte ouverte ainsi que celle de l’infirmière et de l’assistance sociale au cas où il serait nécessaire de dialoguer. Enfin, elle conclut : « Je sais pouvoir compter sur les valeurs de tolérance qui nous rassemble » (sic). Au Parisien, malgré l’incohérence d’un double langage, l’établissement confie s’attendre à des débordements et affiche une volonté de les traiter fermement.
Acte II : un certain Mohamed S. publie, sur Twitter, une copie de cette lettre avec une simple question : « Vous êtes parent d’un élève et vous recevez cette lettre vous réagirez comment ? »Certes, il n’a pas pris le soin de rendre illisibles tous les noms propres de cette lettre et, donc, l’identité du collège, du professeur et du principal est divulguée à la face du monde.
Acte III : Joël Deumier, président de l’association SOS Homophobie, reprend en le citant le tweet de Mohamed S. et le commente ainsi : « Monsieur votre tweet 1. Jette en pâture une personne trans et l’expose aux insultes 2. Viole la vie privée de cette personne en publiant son nom 3. Est irrespectueux et #Transphobe. Nous demandons immédiatement sa suppression à @TwitterFrance. #LGBT »
Quelques remarques : Joël Deumier a raison de reprocher la publication d’un nom sans l’accord de l’intéressé. Mais en citant le tweet incriminé, il jette lui aussi « en pâture » et « expose aux insultes » ce professeur. Il manque aussi de cohérence : le 18 mai, il félicitait Mounir Mahjoubi pour son « coming out » homosexuel dans un tweet. Ce qui serait louable pour un ministre homosexuel deviendrait répréhensible pour un professeur transsexuel ? C’est de la discrimination ! Enfin, en imputant de la transphobie à Mohamed S., Joël Deumier se présente comme juge de l’intentionnalité qui serait incluse dans la question quand il n’est qu’un procureur à la solde des intérêts d’un lobby.
Acte IV : le profil de Mohamed S. sur Twitter n’est plus accessible. Soit qu’il ne veuille pas faire face à la flopée de réactions (oui, son tweet est devenu viral), soit que Twitter ait décidé, au moins temporairement, de fermer son compte.
Acte V : alertée par un député de Charente qui reprend peu ou prou la rhétorique de Joël Deumier, la secrétaire d’État Marlène Schiappa missionne la DILCRAH (Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT) pour action et le fait savoir par un tweet.
Trois petits questionnements personnels.
La décision de changer de genre et de l’imposer à son entourage relèverait dorénavant du seul libre arbitre, mais est-ce bien raisonnable de fouler au pied ainsi l’aspect discrètement structurant de l’état civil sur la société ?
Il y a une grande impéritie de la part du professeur, de sa principale et peut-être de l’Éducation nationale, à effectuer un tel changement sans changer d’établissement entre deux années scolaires. Il y a aussi une grande naïveté à imaginer, à l’heure des réseaux sociaux, qu’un message aussi largement diffusé (tous les parents d’élèves d’un collège) puisse voir sa diffusion limitée par la seule bonne volonté de tous les destinataires. La concomitance de ces deux erreurs interpelle : s’agit-il d’une provocation délibérée ?
Le fonds de commerce victimaire du lobby LGBT tourne à plein régime et fait feu de tout bois, avec la complaisance des politiques et des médias. René Girard avait raison de dire que le bouc émissaire est innocent, mais sommes-nous armés d’assez de discernement pour distinguer les vraies victimes de ceux qui adoptent une posture ?
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