Le 30 janvier, lors d’une audition par la commission d’enquête sur la lutte contre les groupuscules d’extrême droite en France à l’Assemblée nationale, le rapporteur de cette commission a effectué un rapprochement entre le mouvement SUF et des mouvances d’extrême droite.
La commission d’enquête sur la lutte contre les groupuscules d’extrême droite, lancée à l’initiative du président de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon afin de lutter contre les violences de ces mouvements, a déjà fait parler d’elle. Le député M’Jid El Guerrab intègre cette commission alors qu’il a été mis en examen pour « violences volontaires avec arme » pour une pléiade de coups de casque assenés sur un parlementaire (30 août 2017).
Mais le 30 janvier 2019, lors d’une audition, c’est la comparaison par le rapporteur de cette commission, Adrien Morenas, entre le mouvement SUF et les groupuscules d’extrême droite qui prête à sourire.
Le député LREM de Vaucluse commence par souligner le fait que certains militants pratiquent le catholicisme (rappelons-le tout de même, toute personne en a le droit en vertu du principe de liberté religieuse) : « Dans certains mouvements d’extrême droite, on retrouve quand même le catholicisme intégriste et j’aurais aimé savoir quelle était la relation entre ces mouvements et l’Église catholique. »
Adrien Morenas effectue ensuite un malheureux amalgame.
« On le retrouve notamment dans leur milieu de recrutement qui, dans les années 90, avait lancé les Scouts unitaires de France et qui était le creuset de la formation identitaire. » Passons l’erreur chronologique (les Scouts unitaires de France ne sont pas créés en 1990 mais en 1971), mais le plus choquant est que le rapporteur d’une commission d’enquête, chargé d’étudier les « groupuscules d’extrême droite », ne soit pas capable de faire la différence entre un mouvement d’éducation reconnu d’utilité publique par l’État, composé de 28.000 adhérents, avec ce que la commission appelle « un groupuscule » de militants politiques.
Les Scouts unitaires de France ne sont créés non pas dans le sillon d’un « milieu de recrutement identitaire » mais par des cadres scouts de France qui refusent les évolutions pédagogiques imposées à l’époque (suppression de la patrouille, qui formait l’unité essentielle du scoutisme). Les SUF, par ailleurs, ne constituent pas « un creuset de la formation identitaire ». Même si la dimension patriote est très présente dans la pédagogie de Baden Powell, l’ambition de ce mouvement est d’abord de se concentrer sur le développement de la personne.
Que le profane ne connaisse pas la myriade de mouvements qui composent le panorama du scoutisme français est tout à fait compréhensible. En revanche, qu’un député chargé d’enquêter sur les « groupuscules d’extrême droite » fasse un amalgame aussi hasardeux est inadmissible.
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