En politique, c’est de la drague. Dans le monde, une mode. On affiche son catholicisme mais on est pour la PMGPA bénie à Saint-Roch. On reconnaît la filiation des droits de l’homme et du Décalogue mais on précise bien que le Christ n’a jamais « défendu » quoi que ce soit. Choisissez tout ! disent, au choix, Thérèse de Lisieux et Nathalie Loiseau.
Il est bien porté d’être catholique et gay pratiquant. Là où il y a de la gêne, il n’y a pas de plaisir : telle est la version corrigée de l’émulation entre loi et grâce située au cœur de la foi. On cite saint Jean où l’amour coule à flots. Tout le monde appelle le Christ par son prénom. Avec « la maman du ciel », on est paré pour l’éternité. C’est pourquoi on est catholique mais on « ne pratique pas ». Car, c’est connu, on attendait l’Esprit saint et on a eu l’Église. On ne voit plus pourquoi le Christ est mort. Il ne devait pas savoir y faire puisque à peine sa vie publique commencée, on veut le tuer – et on y arrive. Heureusement que rien n’est à prendre à la lettre dans les Évangiles, que tout est symbolique : depuis le fouet des vendeurs du Temple jusqu’à la résurrection. Et, si on y regarde de près, le péché est une invention des Pères de l’Église.
Sûr que, quand on est un chaud lapin, mieux vaut ne pas entrer dans les ordres. Mais, là encore, les bons apôtres, soucieux de sa survie, font assaut de zèle pour notre Église. Les prêtres, des hommes comme tout le monde, devraient pouvoir se marier. Idée cocasse, quand on compte le nombre déclinant de mariages ou celui, exponentiel, des divorces. Faut-il rappeler que personne n’oblige à entrer dans les ordres ? Et qu’on peut même en sortir. En revanche, on ne songe guère aux milliers de chrétiens persécutés dans le monde ni aux églises vandalisées sur notre terre de France.
Il faut rendre à César ce qui est à César. À Dieu ce qui est à Dieu. Hegel ou pas, le christianisme, c’est le contraire du en même temps. La religion n’a pas à être à la remorque de la société ni à courir après elle. « Les accommodements avec le ciel, » comme dit Tartuffe, sont toujours criminels. Fréquenter Thérèse d’Avila, saint Augustin et François de Sales, esprits robustes et plumes impeccables, serait souvent préférable à la pastorale. Car, depuis que, dans l’Église, c’est Love Story, le sel de la terre perd de sa saveur.
Au Grand Siècle, on distinguait le monde et la retraite. Chacun devrait connaître les trois ordres pascaliens afin de ne pas sauter inconsidérément de l’ordre des corps à celui des esprits, voire de la charité. La lecture des Provinciales s’imposerait pour la saveur de la casuistique et la beauté de la langue. Un philosophe contemporain disait, il y a peu, au journal Le Point, qu’on parle de Dieu comme parleraient d’un pommard des gens qui ne boivent que du Coca-Cola.
Les commentaires sont fermés.