15/05/2020
Article dans « Le Luthérien » Janvier Février 1992 :
CENTRE D'ETUDES THEOLOGIQUES Châtenay-Malabry
Ceux qui connaissent l'histoire de notre Eglise savent que les premières générations de ses pasteurs ont été formées à l'étranger. Plus précisément, dans les séminaires du Synode du Missouri aux Etats-Unis. C'était le cas de mon père et de mon beau-père. Mais certains de ces étudiants, partis aux Etats-Unis pour y étudier la théologie, sont restés là-bas pour diverses raisons qui s'expliquent. Pour remédier à cela, mais aussi pour instruire, des hommes qui n'étaient pas en mesure de s'expatrier pendant de longues années, notre Eglise s'est vue encouragée à former elle-même les pasteurs dont elle avait besoin.
Grâce à un don généreux de notre Eglise sœur , le Synode du Missouri, le Centre d'Etudes Théologiques fut construit à Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine) et inauguré en 1955. J'ai eu le privilège d'être parmi les tout premiers étudiants à bénéficier des cours du Professeur Guillaume Wolff. Et cela, dès 1953, des années avant de passer mon baccalauréat. C'étaient des cours du soir donnés à Paris, à intervalles réguliers. Notre professeur, qui exerçait encore un ministère pastoral en Alsace, venait à intervalles réguliers pour des périodes de trois semaines.
J'avais pour compagnons d'études des hommes issus du clergé de l'Eglise Catholique, qui voulaient devenir pasteurs chez nous et suivaient pour cela un recyclage. D'autres étudiants se joignirent au petit groupe ; certains finirent par suivre une orientation différente.
Une fois passé le bac (en option A, après 6 années de latin et 4 de grec), je me rendis régulièrement à Châtenay-Malabry, dans les locaux flambant neufs du C.E.T. On nous encourageait fortement à nous inscrire parallèlement en faculté des lettres ou à l'Ecole Pratique des Hautes Etudes des Sciences Religieuses. Cela garantissait une couverture sociale et permettait de solliciter une bourse et de décrocher un diplôme universitaire.
D'autres étudiants prirent le relais. En nombre restreint, il est vrai, mais assez nombreux pour remplacer l'ancienne génération de pasteurs et même fonder des postes missionnaires dans la région parisienne et ailleurs. A l'heure actuelle, tous les pasteurs en exercice de notre Eglise ont suivi leur formation, totale ou partielle, à Châtenay-Malabry, et tous gardent un souvenir ému et reconnaissant de cet homme humble, discret, mais cultivé et profondément enraciné dans la Bible que fut le fondateur du C.E.T.
Il partit en retraite et fut remplacé par le soussigné en 1974. Il est fort possible que les études aient changé de style, mais leur contenu est resté fondamentalement le même. Le souci de notre Eglise en effet a été de dispenser un enseignement marqué par la soumission inconditionnelle à l'Ecriture Sainte et la fidélité aux Confessions adoptées par l'Eglise luthérienne au lendemain de la Réforme.
Le soussigné est le seul professeur employé à plein-temps, mais, dans la mesure du possible, secondé par des membres du corps pastoral. C'est dire que la formation dispensée au Centre d'Etudes Théologiques se concentre sur l'essentiel : l'étude des langues anciennes (grec, hébreu, latin), la théologie systématique, l'herméneutique (science et techniques d'interprétation), l'exégèse (commentaire des textes bibliques), l'art de la prédication, la théologie pastorale, la symbolique (étude des Confessions Luthériennes et étude comparée de l'enseignement des Eglises) et, dans la mesure du possible, histoire de l'Eglise, histoire des dogmes et histoire des religions.
Tous les étudiants sont encouragés à compléter leur formation en faculté, en suivant des cours d'histoire de l'Eglise, de sociologie, de psychologie, de science des communications, etc. Certains d'entre eux ont eu le privilège de faire une ou deux années de théologie, ou un stage, à l'étranger, aux Etats-Unis, en Allemagne ou en Angleterre, une expérience qui leur a permis d'élargir leur horizon et qu'ils ont certainement vécue comme enrichissante.
Le C.E.T. a eu également la possibilité de former au ministère des hommes qui travaillent pour le Seigneur sur d'autres continents. L'un d'eux exerce son ministère en Afrique du Sud, dans deux paroisses d'expression allemande. Deux pasteurs zaïrois mettent au service de l'Eglise Luthérienne au Zaïre l'enseignement reçu à Châtenay-Malabry pendant quatre ans et l'expérience acquise au cours d'un vicariat dans nos paroisses. D'autres travaillent ou ont travaillé aux USA, au Canada ou en Allemagne.
A côté de l'enseignement proprement dit, le Centre d'Etudes Théologiques s'efforce modestement de pallier une grave carence dans la littérature théologique luthérienne en français, en publiant soit des «Cahiers du Centre d'Etudes», soit des cours ou plans de cours. L'informatique a passé par le C.E.T. et apporte des solutions à des problèmes techniques qui étaient jadis quasiment insurmontables.
Il est à peu près certain que le C.E.T. devra à l'avenir diversifier son enseignement et former des hommes à différents types de ministères dans l'Eglise. Cet enseignement devra être décentralisé et dispensé avec assez de souplesse pour pouvoir être suivi par des gens exerçant une activité professionnelle ou suivant une formation en faculté. L'Eglise a besoin d'ouvriers aux talents divers, dont la formation ne sera pas nécessairement la même parce que leurs responsabilités ne seront pas identiques.
Vaste programme dont nous devons nous efforcer de clarifier au maximum les éléments. Mais c'est certainement à ces prix-là qu'elle pourra continuer d'accomplir la mission qui est la sienne avec les moyens en hommes et en argent dont elle dispose. Le travail qui se fera à l'avenir au Centre d'Etudes ne sera sans doute pas tout à fait identique à ce qu'il a été dans le passé. Mais ce travail est là. La moisson est grande, et il faut des ouvriers. Aussi nous souhaitons longue vie au C.E.T.
Professeur Wilbert Kreiss
PS : Je tiens à la disposition de ceux qui le souhaite l’article en PDF.
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