Vive le père Hamel !
Ses paroissiens l’appelleront… père Hamel. Julien Hamel, 26 ans, qui a grandi à Yvetot, a été ordonné dimanche à 15 h 30 en la cathédrale Notre-Dame de Rouen, « exactement soixante ans après l’ordination du père Jacques Hamel, le 30 juin 1958, dans cette même cathédrale… » comme le souligne le site Famille chrétienne. S’ils ont les mêmes initiales et le même nom de famille, les deux prêtres n’ont aucun lien de parenté, Hamel étant un patronyme répandu dans la région.
« Je n’y vois pas de signe », explique le jeune séminariste au site Tendance Ouest, « le père Hamel ne m’appartient pas plus à moi qu’aux autres prêtres du diocèse. »
Il n’y voit aucun signe, et c’est heureux. Il ne se prend pas pour la réincarnation du martyr, ni investi d’une mission particulière. Il est bon que les curés de campagne soient humbles, les pieds sur terre et la tête sur les épaules : méfiants, ils houspillent en vissant leur index sur la tempe les Bernadette Soubirous et autres Catherine Labouré qui leur confient en confession avoir eu des apparitions, avant que l’Église, un siècle plus tard, ne pose les petites sur une stèle, et c’est bien ainsi. Il y a assez d’illuminés et d’exaltés dans ce bas monde pour que les prêtres évitent de les imiter.
Sauf que nous, qui ne sommes pas curés, mais quand même majeurs et vaccinés, donc libres de nous exprimer comme il nous plaît, nous avons le droit d’en voir un ! Un signe, un symbole, un emblème, un motif d’espérer. Si le hasard, comme dit Einstein, est Dieu qui se promène incognito, Il n’a pas mis cette fois lunettes noires et perruque assez couvrantes.
« Le sang des martyrs est semence de chrétiens », affirmait Tertullien, et dans ce champ-là, cela pousse dru et on moissonne vite. Le séminariste Julien Hamel a appris aux JMJ, en Pologne, l’assassinat du vieux prêtre qu’il avait rencontré une fois, lors d’une messe du jeudi saint. « Cela ne m’a pas fait douter, cela a affermi ma vocation. » Le père Hamel est mort, vive le père Hamel ! Il est le premier prêtre à être ordonné dans le diocèse de Rouen depuis l’attentat de Saint-Étienne-du-Rouvray.
« Je suis persuadé qu’il prie pour nous. De mon côté, […], je lui demande de veiller sur moi… » Un reportage de France 3 nous apprend que Julien Hamel est issu d’une famille croyante mais non pratiquante. Mais alors, quelle drôle d’idée ! Quelle mouche l’a donc piqué ? Si, autrefois, on pouvait aspirer à la prêtrise pour accéder à un statut social, tout cela est bien terminé. Et en sus d’être un métier décrié, c’est maintenant un métier risqué… et pour tout cela purifié.
« Sa mort nous rappelle le cœur fondamental du sacerdoce, qui est de se donner à l’Église, à Dieu, aux paroissiens, jusqu’au bout », confiait Julien Hamel à La Vie, lors de son ordination diaconale en juillet 2017. Si cela, à l’aune de notre monde, n’est pas un discours transgressif, renvoyant tous les Black Blocs et punks à chien de sa génération à leur triste condition de jeunes gens affreusement conventionnels !
Il faudrait dire aux islamistes d’arrêter tout de suite de se fatiguer, que les curés sont apparemment comme les rosiers : plus on coupe les fleurs fanées, plus les jeunes pousses, derrière, prennent de la force et s’épanouissent.