16/07/2019
Une journaliste canadienne découvre les « carnages de chrétiens »
La journaliste Lise Ravary, dans une opinion parue aujourd’hui, dimanche 24 mars, sur Le Journal de Montréal, rappelle, non sans raison, que la presse a beaucoup parlé du massacre de musulmans en Nouvelle-Zélande, mais « que nous parlons peu de la violence à laquelle sont exposés les chrétiens du monde ». C’est évident et c’est vrai. Si, comme elle l’écrit, dans sa chronique intitulée Carnages de chrétiens, « la mort de musulmans aux mains de fanatiques est aussi tragique et insensée que la mort de chrétiens » c’est, oserais-je le faire remarquer, une fausse symétrie. Puisque dans un cas il s’agit de musulmans tués par d’autres musulmans et, dans l’autre, toujours de chrétiens tués par des musulmans. Je ne connais pas de cas récent de musulmans massacrés par des chrétiens en haine de la foi musulmane. Le tueur de Nouvelle-Zélande, rappelons-le, n’est pas un chrétien mais un athée admirateur du communisme chinois grand persécuteur de chrétiens…
Le 4 mars dernier, alors que le monde était scotché devant la télé pour suivre les événements en Nouvelle-Zélande, des terroristes islamistes ont attaqué trois villages chrétiens du Nigéria septentrional.
Vingt-trois personnes ont été tuées par balles et par machettes.
Un « petit » massacre comparé à celui du 3 janvier 2015, quand 2000 chrétiens nigérians, surtout des femmes, des enfants et des vieillards, ont été tués par des islamistes, le pire massacre de Boko Haram selon Amnesty International.
En janvier dernier, 70 villageois chrétiens ont perdu la vie dans la même région lors d’attaques de militants musulmans. J’ai appris tout cela dans le blogue du vice-recteur de l’école de théologie de l’université de Melbourne, Peter G. Riddell. Pas à CNN ou LCN.
La mort de musulmans aux mains de fanatiques est aussi tragique et insensée que la mort de chrétiens, mais comme le souligne Peter G. Riddell, il semble y avoir moins de compassion de la part des médias occidentaux pour la souffrance des chrétiens, surtout africains. « Nous devons poser des questions difficiles pour comprendre pourquoi les médias du monde sont plus intéressés par le massacre de musulmans en Nouvelle-Zélande que par les massacres de chrétiens ailleurs dans le monde. »
Les exactions contre les chrétiens ne sont pas limitées à l’Afrique subsaharienne. En 1996, sept moines trappistes de Tibhirine ont été assassinés par des islamistes algériens. On compte par centaines les attaques contre des églises chrétiennes coptes en Égypte et les attentats contre des écoles et lieux de culte chrétiens pakistanais.
Il y a trois ans, un kamikaze s’est fait exploser dans un parc de Lahore. Il ciblait des familles chrétiennes qui célébraient Pâques. Bilan : 60 morts et 300 blessés.
En Corée du Nord, le pays le plus dangereux, selon l’Index mondial de persécution des chrétiens, 50 000 chrétiens seraient détenus dans des camps de concentration. En deuxième place, l’Afghanistan, et en troisième, la Somalie.
La persécution de chrétiens n’est pas qu’une affaire d’islamistes. Les nationalistes hindous ont très peu de tolérance pour les religions autres que l’hindouisme, pour des raisons religieuses et politiques : 325 actes de violence contre des chrétiens ont été recensés en Inde en 2018. Les évangéliques sont même persécutés par les cartels mexicains et colombiens.
La France chrétienne vit aussi des heures difficiles. En 2017, on a recensé 878 actes de vandalisme et de profanation d’églises. On se rappellera l’attentat à l’église de Saint-Étienne-du-Rouvray, pendant lequel le prêtre Jacques Hamel est mort égorgé […]
Source : Le Journal de Montréal,
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18/06/2019
Leur véritable adversaire : la politique de l’enracinement:
J’ai voulu boire le lait nourricier du progressisme ; aller à la source afin de savoir quel est l’esprit qui souffle chez ceux qui nous gouvernent. Je me suis donc imposé la lecture de Le progrès ne tombe pas du ciel. Ce manifeste du progressisme écrit par David Amiel et Ismaël Émelien, deux des têtes pensantes qui ont inspiré la campagne et les premières années d’exercice du pouvoir d’Emmanuel Macron, est difficile à identifier sur les plans intellectuel, philosophique et politique.
Bâti sur des formules à l’emporte-pièce, il se veut décapant et novateur. La Révolution selon Macron, dans le texte !
Derrière les slogans accrocheurs et démagogiques, par-delà l’approche technicienne et stratégique de l’exercice de ce pouvoir ni de droite ni de gauche, se cache une vision incohérente et contradictoire dont les questions de l’identité et de l’Europe sont l’illustration. Une identité-mémoire et sans frontières… en français dans le manifeste. Une Europe des super nations sans abandons de souveraineté. Mais avec obligation de choisir les pans de cette souveraineté qu’on va quand même lui abandonner (sic).
Sous l’intitulé « L’individu sans l’individualisme », les auteurs affirment qu’ils ne veulent plus être ni de la chair à canon, ni de la chair à dogmes, ni de la chair à partis. D’accord… mais alors, que veulent-ils être ? Un homme idéal ! « Si l’homme est un idéal nous ne pensons pas que chacun puisse être son propre idéal. » Voilà ce qui serait croire à l’individu sans individualisme, l’apport du progressisme par rapport au libéralisme. Derrière ce « charabia » de pseudo-intellectuels comme l’ENA nous en formate promotion après promotion se cache le loup ; selon le proverbe italien, « le loup change de poil mais pas de vice ».
Car bien que voulant casser tous les intégrismes, ils ne s’affranchissent pas de certains poncifs de la République la plus républicaine. Ils veulent libérer les enfants de l’obéissance, source de frustrations, les soustraire à l’autorité de leurs parents et de leurs familles : « Nous savons que la pression de la famille, des voisins, des camarades de classe peut être très forte sur les enfants qui n’ont pas la capacité de choisir de manière autonome leurs convictions. Il faut les protéger, et d’abord à l’école ! »
Leur projet est constructiviste. Il tombe sous le coup de la condamnation pour totalitarisme de tous les individualismes telle qu’elle est formulée par Paul-François Schira dans son excellent livre La Demeure des hommes. Ils veulent imposer leur vision de l’homme idéal selon Macron !
En conclusion, ils désignent leur ennemi – le populisme (on n’est jamais si bien servi que par soi-même) – selon la ligne martelée par le Président du progressisme contre le populisme. Technique profondément révolutionnaire, au plus mauvais sens du terme, de tous les totalitarismes qui consiste à désigner ses ennemis et à les cataloguer pour mieux les discréditer.
Mais leur véritable adversaire, c’est la politique de l’enracinement dont les fondamentaux sont développés par Paul-François Schira dans le sillage de la grande Simone Weil.
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17/05/2019
Luthéranisme:
Le luthéranisme (ou luthérianisme) est la théologie fondée à partir des écrits et des pensées de Martin Luther. C'est ensuite devenu le regroupement des communautés protestantes luthériennes se rattachant à cette doctrine. C'est pourquoi on parle de « luthérien », d'« Églises luthériennes » ou de « théologie luthérienne ».
La théologie de Luther est le bien commun de l'ensemble de la réforme protestante. Il existe par ailleurs des courants théologiques se référant plus spécialement à lui, y compris dans les Églises réformées. Le luthéranisme est ainsi une branche du protestantisme, qui est lui-même une branche du christianisme.
Historique:
Au début du XVIe siècle, l'Église catholique romaine monnayait des indulgences. Ce système était déjà dénoncé par John Wyclif (1320-1384) et Jan Hus (1369-1415), qui en soulignaient déjà les dérives.
En 1517, Martin Luther, frère augustin et théologien, s'insurge tout d'abord contre cette pratique. Puis, le 31 octobre 1517, il aurait affiché sur la porte de l'église de Wittenberg en Saxe, ses 95 thèses condamnant le principe des indulgences. De cet affrontement théologique est né le mouvement de la Réforme protestante qui incitera, par réaction, une Contre-réforme catholique.
Les indulgences:
Article détaillé : Indulgence (catholicisme).
Depuis des siècles, l'Église catholique romaine avait instauré le système des indulgences qui permettaient, moyennant certaines conditions de voir les peines temporelles des pécheurs atténuées (peines des fidèles sur terre) ou celles purgées par les âmes du purgatoire).
Ce furent d'abord des actes de piété (prières, pèlerinage) puis, parfois, des équivalences financières pour ces mêmes actes de piété. Le système se pervertit et il y eut des abus de plus en plus criants. Parmi ceux-ci, on peut citer l'indulgence accordée en 1506 par le pape Léon X pour quiconque aiderait à la construction de la nouvelle basilique Saint-Pierre qu'il voulait être l'église la plus grande au monde. C'est également l'époque du scandale lié au dominicain Johann Tetzel, chargé en 1516-1517 de vendre les indulgences au nom d'Albert de Brandebourg, archevêque de Mayence, intéressé à la vente par une commission de 50 % promise par la Curie romaine.
Le système d'indulgence - souvent mal compris - faisait croire au peuple que l'on pouvait être racheté par de l'argent ou des œuvres. Aux yeux de certains issus de la réforme et selon leur interprétation des écrits de l'apôtre Paul de Tarse, cette pratique éloignerait le chrétien de la véritable source de salut : la grâce de Dieu. Selon les catholiques il n'y a aucune contradiction entre le salut par la grâce et la pratique des indulgences. Luther lui même n'en voyait aucune sans quoi il n'aurait jamais écrit dans ses "95 thèses": "71. Maudit soit celui qui parle contre la vérité des indulgences apostoliques."
Le désaccord théologique – Luther excommunié:
En 1518, Luther affirme même qu'en aucun cas les Saintes Écritures ne peuvent être contredites par le pape. Le pape est lui aussi soumis à l'autorité de la Bible.
Le 15 juin 1520, il est menacé d'être excommunié pour ses thèses, ses écrits sont brûlés.
En retour, le 10 décembre 1520, Luther brûle le texte d'excommunication devant toute la ville de Wittenberg, en traitant le pape d'Antéchrist. Luther a de plus en plus de partisans, le mouvement de réforme de la théologie et de l'Église chrétienne est lancé. Plusieurs princes d'Allemagne du nord, pour des raisons religieuses, et pour s'emparer des biens de l'Église, adoptent la Réforme. Le 3 janvier 1521, le pape prononce l'anathème contre Luther et ses défenseurs. Luther est finalement excommunié.
La diète de Worms:
En avril 1521, Luther est convoqué à la diète de Worms, assemblée politique réunissant les différents princes d'Allemagne. L'empereur Charles Quint lui demande à nouveau de se rétracter. Luther répond alors par cette phrase célèbre : « Ma conscience est prisonnière de la Parole de Dieu. Je ne puis ni ne veux rien rétracter, car il n'est ni sûr ni salutaire d'agir contre sa conscience. Que Dieu me soit en aide. ». Il est ensuite condamné et mis au ban de l'Empire. Il continuera à écrire en étant protégé par le prince Frédéric III de Saxe.
La traduction de la Bible:
Pour mettre en pratique ses doctrines, il traduit le Nouveau Testament (ou Seconde Alliance) dans la langue parlée par le peuple. Il diffuse ensuite cette traduction grâce à l'imprimerie mise au point soixante-dix ans auparavant par Gutenberg. Cette traduction est à la base de la création de l'allemand écrit, le hochdeutsch.
Les grands axes de la théologie luthérienne:
Ils se résument par les termes latins sola gratia, sola fide, sola scriptura, solo christo.
1. Sola Gratia (Par la grâce seule):
Cette affirmation signifie d'abord que l'homme n'est pas sauvé par ses œuvres morales ou pieuses. En fait, Luther désire instaurer une relation de confiance avec Dieu et non plus une relation qu'il suppose fondée sur la peur et la culpabilité. L'eucharistie, célébrée lors de chaque service liturgique avec la prédication, nous rappelle que Dieu est un amour présent et réel dans le geste concret de son fils qui se donne pour le salut des hommes. Tout commence par cette initiative d'amour, cette main tendue. À cette époque en effet dominait la crainte de l'enfer et du jugement divin encouragée par certains prêtres peu scrupuleux de l'institution romaine. Tillich, interprète de Luther dira : « C'est cette grâce qui me réconcilie avec moi-même, avec les autres et le monde (la nature, le cosmos) et avec Dieu ». L'éthique sera une réponse à cet amour premier, c'est le « prix de la grâce » dira Dietrich Bonhoeffer, qui payera de sa vie sa résistance à Hitler.
2. Sola Fide (Par la foi seule):
Si l'homme n'est pas sauvé par ses œuvres, il lui est donc simplement demandé d'avoir confiance en Dieu : c'est la foi qui nait et se développe essentiellement par la médiation d'un pasteurqui prêche la bonne nouvelle de la grâce et qui célèbre les sacrements. C'est cette confiance qui fait de lui un membre de l'Église à la fois locale et universelle.
3. Sola Scriptura (Par l'Écriture seule):
Et l'un des lieux où retentit ce message c'est par excellence le culte qui rassemble la communauté chrétienne autour de la prédication et de l'eucharistie qui sont les deux pôles du culte luthérien dans un environnement de cantiques et de louanges inspiré des Psaumes. Or cette prédication puise son inspiration dans une tradition issue de la messe et qui est celle de la lecture et du commentaire de la Bible. Et Luther poursuivra la tradition du lectionnaire qu'il a trouvé dans la messe catholique. Ainsi le rôle essentiel des évêques et même du pape sera de former des pasteurs responsables de bien prêcher, car connaissant le Grec et l'Hébreu des Écritures, et d'animer la liturgie communautaire.
4. Solo Christo (Par le Christ seul):
Mais à la différence de l'homélie catholique, la prédication de Luther n'est pas une explication des dogmes catholiques, dont il pense qu'ils s'écartent trop souvent des sources bibliques et patristiques. Luther pense qu'il existe dans la bible un noyau central interprétatif, qui est une fidélité à ce que les Évangiles et les Épîtres nous disent de Jésus-Christ et qui rejoint les grandes affirmations du Symbole des apôtres et de textes reconnus par l'Église luthérienne, telle la Confession d'Augsbourg (Voir ci-dessous). Et le prédicateur, enraciné sur cette parole symbolique et participant à la société et la culture de son temps, prendra le risque d'analogies, métaphores et corrélations qui font de lui un prophète et un homme de compassion.
À noter que dans le protestantisme ultérieur on a souvent privilégié le « sola scriptura » mais que la pensée de Luther, comme nous venons de le voir ci-dessus, reste beaucoup plus fine et nuancée.
Les sacrements:
1. Source
C'est surtout à travers son traité De captivitate babylonica praeludium, publié au début de l'année 1520 que nous découvrons la pensée de Martin Luther sur les sacrements. « Ayant réduit l'Église en captivité, la tyrannie romaine s'est attaquée à son âme en lui enlevant le sacrement, alors que le sacrement n'appartient pas aux prêtres mais à tous ».
Pour les catholiques en effet, les sacrements sont des moyens de grâce qui ont un effet immédiat, opérant ex opere operato entre les mains du prêtre. Chez Jean Calvin, ce ne seront que des signes visibles d'une grâce invisible.
Pour Luther, « les sacrements sont la manifestation objective d'une révélation que Dieu a voulue, à la fois donnée de l'extérieur et matérialisée dans l'incarnation, dans le Livre, l'Eau, dans le Pain et le Vin » (E. G. Leonard). Et dans tout cela, le rôle du prêtre (surtout valorisé par la parole explicative sur le sacrement et la prédication), reste secondaire.
2. Sacrement : succession visible d'une unique incarnation
Il existe donc bien pour Luther une sorte de visibilité des sacrements qui prolonge l'incarnation historique de Jésus-Christ, de sa mort et de sa résurrection qui n'eurent lieu qu'une fois. Le prêtre ne peut donc pas renouveler ce sacrifice lors du sacrement. Et cette succession du sacrement se poursuit dans l'Église à travers le baptême (enfants ou adultes) et l'eucharistie, qui sont clairement institués par Jésus-Christ dans les évangiles et aussi le livre des Actes des apôtres. Il repousse ainsi le sacrement du mariage, de l'ordre, de l'extrême onction, de la réconciliation et de la confirmation qui étaient inégalement pratiqués à cette époque et reprendront de la vigueur après le Concile de Trente. Le sacrement est donc rétabli dans la pureté de son institution évangélique comme la communication du seul et non renouvelable sacrifice de la croix, sans intervention humaine.
3. Consubstantiation au lieu de transsubstantiation
De même que le réformateur Wyclif, Luther abandonnera la doctrine eucharistique de la transsubstantiation au profit d'une explication qu'il nommera la « consusbtantiation ». Il ne rentrera jamais dans les détails, et se contentera de dire que le Christ est "avec" les espèces sans réelle précision. Il n'y a alors pas de changement ontologique des espèces : celles-ci restent du pain et du vin, mais cependant intimement liées au Christ lors du sacrement par les paroles d'institutions et la présence de l'esprit. Le pain et le vin sont le corps et le sang du Christ, mais sans jamais cesser d'être du pain et du vin. À la fin du culte, le pain et le vin qui restent ne sont absolument plus considérés comme le corps et le sang du Christ.
La liturgie:
1. La nouvelle organisation liturgique
Bien que l'organisation des cérémonies lui paraisse « Rauch und Dampf » (fumée et vapeur) car la porte ouverte à un légalisme pieux, Luther sera conduit à participer à l'organisation du culte à Wittemberg en 1523. Il écrira alors Von Ordnung des Gottesdienst (De l'ordre du service divin) et Formula Missae. Dans cet esprit, aura lieu en 1525 la première célébration de la "Messe Allemande" et son ordre qui sera publié en 1526. Lequel servira de cadre, non seulement au luthéranisme des siècles suivants, mais également à Jean-Sébastien Bach, qui écrira pour elle une de ses plus belles œuvres. En voici le plan qui frappe par sa simplicitié:
2. Vraie nouveauté : la langue vernaculaire
La messe va donc devenir un culte célébré par un pasteur. Il perd donc son caractère de « sacrifice renouvelé du Christ offert par un prêtre pour le salut des fidèles ». Certes, il commencera toujours par l'austère et humble reconnaissance de l'homme qui a besoin de vivre du pardon et de la grâce divine (Kyrie : « Seigneur aie pitié »). Mais il ne sera plus une célébration que Luther estime mystérieuse et incompréhensible pour le fidèle, car désormais, la lecture de la bible se fera dans la langue du peuple et la prédication ne sera plus une homélie mais une parole que Luther pense plus claire, pour rendre le Christ de la Bible plus familier aux auditeurs. Un Christ qui nous réconcilie avec Dieu, les autres et le monde, en nous apportant son salut et sa grâce. Le « pouvoir des clefs » n’est plus confié au Pape, désormais chaque prédicateur est le successeur de Pierre qui ouvre chez l’auditeur la porte du royaume de Dieu.
3. Autre nouveauté : le renouveau hymnologique
Bon musicien et poète, Luther introduira de l'émotion dans le culte en multipliant les cantiques en commun qui font participer le peuple mieux que, selon Luther, ne le faisait le Chant grégorien, souvent très beau mais qu'il estimait devenu l'œuvre de spécialistes. Il composa lui-même une soixantaine d'hymnes (dont Ein feste Burg, « C'est un rempart que notre Dieu »), qui reste l'un des cantiques protestant parmi les plus connus dans le monde entier. Ses œuvres furent réunies en 1524 dans un Enchiridion diffusé largement dans le monde luthérien - qui montre au passage l'utilisation intelligente par Luther des nouveaux médias de son temps, ce qu'il fera également pour la bible. De nombreux musiciens et poètes participèrent à cette première hymnologie protestante (Sachs, Speratus, Spengler, Rupff, etc.) et dont on retrouve encore les noms dans de nombreux cantiques protestant actuels.
Ainsi, après la musique, les luthériens resteront peut-être, parmi les protestants, ceux qui n'hésitent pas à introduire une dimension esthétique dans la liturgie. Non seulement dans le domaine musical mais également dans celui des formes visuelles. Expression de la louange de l'Église satisfaisant la sensibilité populaire (couleurs et habits liturgiques, vitraux, gestes, etc.). Luther étant lui-même très tolérant dans ce domaine qu'il considérait comme secondaire.
Peut-on dire qu'il existe toujours aujourd'hui une différence entre la messe catholique et le culte protestant inspiré de Luther ? Certainement dans la mesure où, pour les catholiques, la messe est le renouvellement du sacrifice du Christ, alors que pour les protestants qu'inspire Luther, le culte reste davantage une célébration dont les deux pôles d'égale importance sont l'eucharistie vécue seulement comme "mémoire" du sacrifice du Christ, ainsi que la prédication, la Parole qui l'éclaire.
La confession d'Augsbourg
La confession d'Augsbourg ("CA" Confessio Augustana) est la confession de foi fondamentale des états impériaux luthériens. Elle a été présentée par la réformation luthérienne à Charles Quint lors du Diète d'Empire à Augsbourg en l'an 1530. Jusqu'à nos jours la confession d'Augsbourg est le document de confession obligatoire pour chaque Église Luthérienne.
La première partie (Articles fondamentaux de la foi et de la doctrine) :
Deuxième partie (Articles qui sont contestés et où l'on traite des abus qui ont été corrigés) :
(On trouvera le texte complet de cette confession centrale des Églises Luthérienne à l'adresse suivante)
Retenons l'article 7 « De l'Église » qui nous paraît important pour 3 raisons
1 - Il est placé après l'article 5 sur le « ministère de la Parole »
C'est la démarche centrale de la réforme de Luther. D'une part contre le subjectivisme piétiste qui lie le Saint Esprit à nos états d’âmes et nos sentiments pieux. Et d'autre part contre le catholicisme qui lie un peu trop l'Ésprit à l'institution romaine dont il prétend qu'elle est l'incarnation continuée du Christ et qui la rend sourde aux appels de l'Évangile.
2 - En son cœur, un nouvel enseignement très simple sur l'Église
L'Église y est définie comme la communauté ou l'assemblée de tous les chrétiens du monde entier, ou encore comme la chrétienté physiquement dispersée mais spirituellement rassemblée dans un seul Évangile. Localement, l'Église sera un événement toujours actuel de l'Esprit lié « à un enseignement juste et une administration fidèle des sacrements ». Papes, évêques et pasteurs sont au service de cette église là, localement, et dans le monde entier. N’oublions pas que nous sommes avant le Concile de Trente et Luther pense encore possible la réformation de l'Église romaine. Ainsi Luther ouvrait-il la voie de l'œcuménisme moderne.
3 - Il est complété par l’article 8 sur « le bon grain et l'ivraie » Cet article précise en effet que sur cette terre, une partie de l'Église reste composée d'hommes et de femmes que la grâce transforme en « bon grain » de la parabole évangélique (Matthieu 13:25-30). Mais coexistent également dans l'Église des hypocrites et des pécheurs qui sont comme « l'ivraie et la mauvaise herbe ». C'est pourquoi il est important que le bon grain accepte de coexister avec l'ivraie. Car même le bon grain reste un « pécheur pardonné » qui attend tout de la grâce de Dieu pour lui et les autres.
Et aujourd'hui ?
Dans le mondeLes principaux pays luthériens sont les nations scandinaves (Islande, Norvège, Danemark, Suède), la Finlande, l'Allemagne et l'Estonie. La Lettonie (mais pas la Lituanie qui est majoritairement catholique) est en grande partie luthérienne.
La Namibie est le seul pays en dehors de l'Europe qui est majoritairement luthérien. Il existe des communautés importantes de luthériens dans plusieurs autres pays, comme le Brésil, les États-Unis (particulièrement dans le Middle West), l'Éthiopie, l'Indonésie, Madagascar, la Papouasie-Nouvelle-Guinée et la Tanzanie.
Les plus grandes associations mondiales des Églises luthériennes sont la Fédération luthérienne mondiale (FLM), dont sont membres l'EELF et les Églises protestantes d'Alsace-Lorraine(EPAL) ; l'International Lutheran Council (ILC), dont l'Église évangélique luthérienne Synode de France et de Belgique est membre ; et la Confessional Evangelical Lutheran Conference(CELC).
En France:
Les luthériens représentent une partie du protestantisme français. Ils sont surtout situés en Alsace et en Moselle, avec l'Église protestante de la Confession d'Augsbourg d'Alsace et de Lorraine.
Ils sont aussi présents, dans une moindre mesure, dans la « France de l'intérieur », depuis 2015 essentiellement au sein de l'Église protestante unie de France, dont les 35000 membres luthériens sont répartis entre la région Est qui inclut le bastion luthérien de Montbéliard (nord de la Franche-Comté) et l'Inspection de Paris (laquelle regroupe également les paroisses luthériennes de Lyon et de Nice).
Ces deux Églises sont membres de la Fédération luthérienne mondiale et de la Fédération protestante de France. Les luthériens sont aussi présents au sein de l'Église Évangélique Luthérienne Synode de France (EEL-SF), composée de 1 000 membres en communion avec l'International Lutheran Council (ILC). |
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03/05/2019
Un Afrikaner d'origine Luthérienne: le Président Paul Kruger(2)
Un président en guerre (1899-1902)
Le 11 octobre 1899, après d'ultimes négociations à Bloemfontein, la seconde Guerre des Boers est déclenchée. Allié à l'État libre d'Orange, le Transvaal est rapidement défait malgré les succès de la résistance boer.
Le 7 mai 1900, Kruger assiste à sa dernière session parlementaire du Volksraad avant de quitter définitivement Pretoria le 29 mai.
En octobre 1900, Kruger rejoint Lourenço-Marquès au Mozambique, d'où il embarque pour l'Europe à bord d'un navire de guerre spécialement envoyé par la reine des Pays-Bas. Il laisse alors Jan Smuts et les généraux boers continuer la guérilla en son absence. Son but est d'obtenir l'aide financière et militaire des gouvernements occidentaux. Il est obligé de laisser sa femme en Afrique du Sud car, trop malade, celle-ci ne peut effectuer le voyage. Il ne la revoit jamais car elle meurt le 20 juillet 1901 alors qu'il est en Europe.
Malgré la sympathie des Européens pour la cause des Boers et le succès de sa tournée en Europe, de Marseille aux Pays-Bas en passant par Paris, Kruger n'obtint aucune aide officielle. Seuls quelques idéalistes vinrent combattre aux côtés des commandos boers.
L’exil (1902-1904)
C'est aux Pays-Bas que Kruger reçoit la nouvelle de la signature du Traité de Vereeniging. En 1902, c'est à Utrecht qu'il y reçoit la visite des généraux boers Louis Botha, Christiaan de Wetet Koos de la Rey.
Ne pouvant revenir dans son pays, Paul Kruger doit alors s'installer d'abord à Saint-Gall[1] puis à Clarens en Suisse où il meurt le 14 juillet 1904.
Son corps est transporté à La Haye avant d'être rapatrié en Afrique du Sud où il est enterré le 16 décembre 1904 au cimetière de Pretoria sur Church Street.
Un symbole de l'histoire afrikaner
Paul Kruger est une véritable icône afrikaner en Afrique du Sud. Le 10 octobre, jour de sa naissance, fut férié jusqu'en 1994.
Nombreux furent les Britanniques qui s'irritèrent qu'un homme tel Kruger ait pu jouer un rôle aussi majeur dans l'histoire de l'Afrique du Sud. Ils étaient les premiers à qualifier son physique de repoussant et de laid, de se moquer de ses manières grossières et de ses idées qualifiées de réactionnaires. Ils ne pouvaient voir en lui un interlocuteur sérieux et à juste titre, Kruger ne pouvait être qualifié d'homme de la modernité. Pourtant, il était un "représentant typique de la société boer, archétype du dévot, puritain, persévérant, obstiné, individualiste, ne vivant que pour Dieu et pour les siens" [2]. S'il n'avait pas beaucoup d'instruction, ni de culture générale, cet homme austère et simple était intelligent et perspicace. Pour Sir Bartle Frere, l'un de ses plus grands opposants, Kruger était "un bonhomme rusé, qui sous des manières faussement clownesques et une ignorance feinte, dissimule des talents considérables"[3]. Kruger avait assimilé toutes les ficelles de l'art politique. Il savait diriger, concilier, percevoir et manipuler ses adversaires.
Physiquement, Kruger avait un style reconnaissable avec son inséparable chapeau haut de forme, ses cheveux enduits d'huile de noix de coco qui faisaient la joie des caricaturistes. Mais il restait un chef d'État simple dont la femme trayait les vaches dans sa résidence officielle de Pretoria. Si son salaire était élevé, il dépensait peu et à sa mort, ses cent-cinquante-six enfants et petits enfants se partagèrent une somme considérable.
Hommages
- La place Krugerplein dans le quartier est d'Amsterdam (Amsterdam-Oost)
- Le plus grand parc national d'Afrique du Sud, le parc national Kruger, dont il avait acté la création sous le nom de réserve de Sabie, porte son nom depuis 1926 tout comme la ville de Krugersdorp dans la banlieue de Johannesburgainsi que de très nombreuses artères des villes situées sur le territoire des anciennes républiques boers.
- La localité de Gezina, aujourd'hui un quartier de Pretoria, porte le nom de sa seconde épouse.
- Sa statue est située au centre de Church Square, le quartier historique de Pretoria.
- Sa maison de Church street à Pretoria est devenue un musée (Kruger House Museum).
- Des statues de Paul Kruger ont été érigées dans le Parc national Kruger, à Krugersdorp et à Rustenburg.
- Son effigie figure enfin sur les pièces d'or, les Krugerrand.
- Son nom a été donné à un type de pipe appelé Oom Paul Pipe (la pipe de l'oncle Paul)
- En France, de nombreuses artères portent son patronyme notamment à Lyon, Villeurbanne, Marseille, Courbevoie, Chalon-sur-Saône, Saint-Maur-des-Fossés…
- En 2004, il est cité en vingt-septième position sur la liste des cent plus grands sud-africains.
Ohm Krüger (1941), film allemand de propagande anti-britannique
La figure de Paul Kruger fut utilisée par la propagande nationale-socialiste à travers le film Ohm Krüger tourné en 1941 par Hans Steinhoff et diffusé en France en octobre 1941 sous le titre Le Président Krüger. Il s'agissait pour les nazis d'utiliser un chef charismatique historique, d'origine allemande, bigot et anti-britannique, connu pour son nationalisme, sur fonds de la Seconde Guerre des Boers, de sa rivalité avec l'anglais Cecil Rhodes et des camps de concentration britanniques dans lesquels moururent des milliers de civils boers[4]. Réalisé en pleine Seconde Guerre mondiale, la dernière scène du film se termine par une prophétie (inventée) de Kruger annonçant la chute prochaine de l'Angleterre[5],[6].
Ce film fut aussi projeté en Union soviétique à partir de 1948, durant la guerre froide, afin de stigmatiser l'attitude des Britanniques pendant la Seconde Guerre des Boers, l'accent étant mis alors sur la défense des intérêts économiques des Anglais produisant inévitablement la guerre, selon la théorie marxiste classique de la concurrence impérialiste.
Notes et références
- Après sa mort, la ville de Saint-Gall baptisera l'une de ses rues à son nom, la Krügerstrasse, voulant ainsi honorer un combattant de la liberté. En 2009, des mouvements de gauche obtiendront que la mairie fasse rebaptiser cette rue, en dépit de l'opposition des riverains, au prétexte de connotations racistes que symboliserait le personnage de Paul Kruger. Ce dernier point est cependant contesté par le professeur émérite Yvo Hangartner selon lequel Kruger n'était pas plus raciste que les dirigeants européens et américains de l'époque mais qu'il symbolisait surtout la résistance d'un petit peuple contre une grande puissance impérialiste[.
- Henri Wesseling, "Le partage de l'Afrique", p 373.
- CW de Kiewet, "The imperial factor in South Africa", Cambridge, 1937
- et également plusieurs milliers de Noirs
- Fiche du film en anglais
- Le cinéma de propagande allemand de 1933 à 1945
- Analyse du professeur Yvo Hangartner de l'Université de Saint-Gall.
Bibliographie
- Poultney Bigelow, Au pays des Boers, ed. F.Juven, Paris, 1900
- Paul Krüger, Les mémoires du Président Krüger, Félix Juven, Paris, s.d.
- Morvan Lebesque, Un héros de la Liberté, le président Krüger, Sorlot, 1941
- Henri Wesseling, "Le partage de l'Afrique", Denoel, p 371 et s., 1991
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26/04/2019
Un Afrikaner d'origine Luthérienne: le Président Paul Kruger(1)
Stephanus Johannes Paulus Kruger (né le 10 octobre 1825 à Bulhoek en Afrique du Sud - mort le 14 juillet 1904 à Clarens en Suisse) - plus communément appelé Paul Kruger - était un homme politique boer, président de la république sud-africaine du Transvaal de 1883 à 1902.
OriginesLes origines familiales de Paul Kruger en Afrique du Sud remontent à Jacob Kruger (1690-1749). Celui-ci était né près de Berlin en Prusse et avait débarqué dans la colonie du Cap en 1714comme soldat au service de la compagnie néerlandaise des Indes orientales. Il s'était par la suite installé dans la colonie en tant que fermier. Parmi ses descendants, certains étaient devenus des Trekboers (des nomades) qui avaient finalement pris racine dans la région de Cradock. Stephanus Johannes Paulus Kruger est né près de Venterstad dans la colonie du Cap, Afrique du Sud. Il est le fils de Kasper Jan Hendrik Kruger, et de Elsie Fransina née Steyn. Il ne passe que trois mois à l'école et fait l'essentiel de son éducation au milieu du Veld.
Le jeune participant au Grand Trek (1835-1840)
Sa famille fait partie des quatorze mille Boers qui émigrent de la colonie du Cap dans les années 1835-1840 lors du Grand Trek.
Un peu plus tard, Casper Kruger installe sa famille plus au nord, dans le district de Rustenburg. Le fermier du Transvaal (1840-1855)
En 1841, âgé de seize ans, Paul Kruger s'émancipe de sa famille et se bâtit une ferme au pied des monts Magaliesberg. Intéressé par les questions militaires, il est aussi sous-lieutenant dans l’« armée du Transvaal ».
En 1842, il épouse Maria du Plessis. Le couple séjourne un temps avec Casper Kruger dans l'est du Transvaal avant de revenir s'établir à Rustenburg où Maria et son enfant nouveau-né meurent tous deux du paludisme en 1846.
Paul Kruger se remarie alors avec Gezina du Plessis, ex-épouse de son cousin, de laquelle il aura sept filles et neuf garçons (certains moururent en bas âge). C'est dans cette partie du continent que Kruger acquiert sa première ferme, Waterkloof.
La participation de sa famille au Grand Trek lui sert alors pour participer à la vie politique de la République du Transvaal.
Ascension politique au Transvaal (1854-1881)
En 1854, Kruger est commandant de Rustenburg. En 1856, il est membre du parlement républicain (Volksraad) qui rédige la constitution de la République sud-africaine (Transvaal). En 1858, il est promu commandant général de l'armée du Transvaal faisant de lui le deuxième personnage de la république sud-africaine. En 1859, cet homme de foi calviniste est l'un des fondateurs de la Gereformeerde Kerk, l’Église réformée du Transvaal. En 1873, Kruger démissionne du commandement-général de l'armée du Transvaal pour se retirer dans sa ferme de Boekenhoutfontein. En 1874, sa retraite prend fin avec son élection au conseil exécutif du Transvaal suivi de sa nomination à la vice-présidence du Transvaal. En 1877, il est l'un des rares dirigeants de la république à s'opposer à l'annexion du Transvaal par les Britanniques. Il se rend alors en Angleterre afin de protester contre l'annexion du Transvaal. En 1878, il fait encore partie de la seconde délégation qui se rend à Londres puis se rend à Paris où il survole la ville à bord d'une montgolfière. Lorsque les protestions auprès des Britanniques se révèlent vaines, il forme un triumvirat avec Piet Joubert et Marthinus Wessel Pretorius, fils d'Andries Pretorius et ancien président de la république, dans le but de créer un mouvement de résistance.
En 1881, il commande les forces armées boers rebelles. La victoire des Boers à Majuba en 1881 oblige les Britanniques à négocier sérieusement une nouvelle autonomie pour le Transvaal.
Le président du Transvaal (1883-1902)
En 1883, âgé de cinquante-sept ans, Paul Kruger est élu président de la République sud-africaine (Transvaal), poste auquel il est réélu quatre fois de suite.
Calviniste pratiquant, austère, fin politicien, Kruger devient le symbole du Boer résistant aux Britanniques.
À partir de 1886, la ruée vers l'or du Transvaal amène l'État transvaalien à construire des voies de chemins de fer, des rues dans les villes nouvelles et toutes sortes de commodités et de services jusqu'alors inexistants. L'exploitation et l'industrie minières stimulent le commerce et le secteur des transports faisant rapidement du Transvaal le nouveau centre économique de l'Afrique du Sud aux dépens de la colonie du Cap. L'afflux de travailleurs étrangers, les uitlanders, risque dorénavant de menacer le pouvoir politique des Boers mais Kruger refuse de leur accorder la citoyenneté en dépit des pressions britanniques.
Retranché dans ses convictions tirées littéralement des saintes-écritures, la liberté et la religion sont en fait les axiomes de sa politique. Il est alors considéré comme un homme providentiel par ses compatriotes du Transvaal mais comme un anachronisme par les Britanniques. Son opposition à toutes les demandes britanniques concernant les droits des uitlanders, débouche sur un sérieux antagonisme avec le Colonial Office et la colonie du Cap.
Le raid Jameson sur le Transvaal à la fin de l'année 1895, entrepris par des amis de Cecil Rhodes, premier ministre du Cap, marque l'amorce du déclenchement des hostilités entre Boers et Britanniques. Dans un premier temps, le calme et la détermination de Kruger dans sa gestion du raid Jameson lui permettent de sauver son pouvoir alors que son rival du Cap, Cecil Rhodes, est contraint de démissionner. Mais pour Kruger, le raid Jameson confirme que les Britanniques ne mènent qu'une seule politique basée sur la tromperie, l'intimidation, la pression et le banditisme.
En 1898, Paul Kruger est élu une quatrième fois à la présidence du pays contre le chef de la Cour de justice, John Gilbert Kotzé. Il se venge alors de son opposant en le faisant démettre de sa fonction judiciaire prenant une grande liberté avec la constitution et avec la séparation des pouvoirs. C'est alors qu'un jeune homme politique et avocat originaire du Cap, Jan Smuts, présenta le mémoire en défense de Kruger particulièrement bien argumenté, légitimant le renvoi de Kotzé de la Cour de justice.
Impressionné par les qualités et la rhétorique de Smuts, Kruger fait entrer le jeune avocat de vingt-huit ans dans son gouvernement.
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