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26/03/2024

L’orthodoxie luthérienne (1548-1598):

 

 

 

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À la fin du XVIe siècle, une  orthodoxie luthérienne est mise en place sous l'impulsion de Jean Marbach qui succède à Bucer ; elle est exprimée dans la Formule de Concorde de 1577.

 

SOMMAIRE:

 

·         Le second souffle

·         La Paix d’Augsbourg (1555)

·         De 1559 à 1598

 

Le second souffle

 

À partir du milieu du siècle, les changements ont lieu à deux niveaux :

 

·         dans le domaine politique : les nouveaux dirigeants sont plus souvent issus de l’aristocratie, davantage portée vers le luthéranisme,

·         dans le monde religieux : les prédicateurs cherchent avant tout à unifier l’Église et à en consolider la doctrine.

           

La Paix d’Augsbourg (1555) et les évolutions liées à l’Interim

 

La paix d’Augsbourg, en 1555, consacre la division entre protestants et catholiques du saint-Empire (1555) selon la formule : cujus regio, ejus religio

 

Cujus regio, ejus religio

 

Après 6 mois de négociations, la paix fut définitivement signée le 25 septembre 1555 et le texte en 22 articles organisait la coexistence du catholicisme et de la confession d’Augsbourg, à l’exclusion de toute autre confession. (…)

 

Les sujets des États de l’empire, c'est-à-dire les particuliers, mais aussi les seigneurs qui ne sont pas des vassaux directs et par conséquent ne jouissent pas de l’immédiateté d’empire doivent se soumettre à la décision de leur prince. C’est le sens de la mystérieuse formule cujus regio, ejus religio, qui ne se trouve pas dans le texte de la paix d’Augsbourg, mais fut inventée en 1599 par un juriste luthérien. Toute fois si, en conscience, les sujets n’acceptent pas ce choix, l’article 11 prévoit que le prince ne doit pas utiliser la violence pour les convertir, mais doit les laisser émigrer dans un territoire où on pratique leur religion : il est possible d’emporter leurs biens. C’est ce que les juristes appelleront plus tard le beneficium emigrationis.

 

À chacun la religion de son gouvernement

 

Afin d’apporter la paix dans le Saint Empire de la nation germanique entre Sa majesté impériale et les Electeurs, Princes et états, que ni sa Majesté ni les Electeurs, Princes, etc. ne fassent de violence ou de mal à aucun des sujets de l’empire à cause de la Confession d’Augsbourg, mais qu’on les laisse jouir en paix de leurs croyances religieuses, liturgies et cérémonies aussi bien que de leurs propriétés et autres droits et privilèges. Ainsi une complète paix religieuse pourra être obtenue par le seul moyen qui soit chrétien : l’amitié, ou bien sous la menace de la punition du ban impérial.

 

De la même manière, les Etats qui adoptent la confession d’Augsbourg permettront à tous les Etats qui restent attachés à l’ancienne religion de vivre dans une paix complète en jouissant de leurs propriétés, droits et privilèges. (…)

 

Au cas où nos sujets, qu’ils appartiennent soit à l’ancienne religion, soit à la Confession d’Augsbourg, voudraient quitter leur foyer, avec leurs femmes et leurs enfants, pour s’installer dans un autre lieu, ils ne seront pas empêchés de vendre leurs propriétés pourvu qu’ils aient effectué le juste paiement des taxes locales.

 

L’expansion du protestantisme elle-même a été être freinée pour plusieurs raisons :

 

·         Les progrès de la Réforme catholique,

·         L’expansion du calvinisme,

·         L’affaiblissement du luthéranisme après la mort de Luther en 1546.

 

Dans ce contexte, l’effort des prédicateurs strasbourgeois va surtout porter sur la réalisation d’une discipline ecclésiastique efficace et cela, tout en maintenant les spécificités du luthérianisme strasbourgeois.

 

Et de fait, face à l’opposition tant des prédicateurs que d’une majorité de la population, le culte catholique cesse en 1559 (trop de tumulte pendant les messes), ce qui met fin à l’Interim. En 1561 la cathédrale est rendue au culte protestant, tout comme d’autres lieux de culte dans les années qui suivent.

 

Les livres aussi alimentent le combat, tel le traité de Marbach de 1571 Des miracles et des signes miraculeux , ou l’ouvrage de Jean Fischart, der Nachtrab.

 

De 1559 à 1598

 

La période qui va de la fin de l’Interim à celle de l’Ordonnance ecclésiastique est caractérisée par :

·         L’encadrement des fidèles par un corps pastoral uni sous l’autorité de Marbach, avec des inspections de paroisses, des réunions régulières du convent des pasteurs,

·         L’encadrement aussi des étudiants qui se préparent au pastorat,

·         L’unification des cérémonies liturgiques,

·         La discipline.

 

L’Ordonnance ecclésiastique de 1598

 

La formule de Concorde



Pour Marbach, qui dirige l’Église de Strasbourg à la suite de Bucer et jusqu’en 1581, il est essentiel d’organiser une discipline ecclésiastique.

 

Il reprend les visites pastorales des campagnes qui existaient à partir de 1534 et propose aussi une inspection des paroisses urbaines. Le but est de vérifier l’uniformité de la doctrine, des institutions, de la discipline ecclésiastique, malgré les réticences de certains.

 

Parallèlement, le Magistrat confirme s’en tenir à la Confession d’Augsbourg et à la Concorde de Wittenberg (1563).

 

En 1577 se pose alors la question d’une formule de Concorde qui unifierait le camp luthérien. Le Magistrat est divisé sur la question et le Convent, quant à lui, décide alors de condamner les réformés (ou calvinistes), ce qui représente une réelle rupture avec un certain passé de Strasbourg et qui est à l’origine de conflits

 

 

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15/03/2024

John Nelson Darby :

 

 

 

 

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John Nelson Darby (1800-1882) est né à Londres dans une famille influente ; il eut pour parrain l’amiral Nelson. Dès l’âge de 15 ans il fut admis à l’Université de la Trinité à Dublin où il étudie le droit et obtient très jeune la médaille d’or de Classique. Il se destinait à la carrière d’avocat, mais il se convertit à 18 ans et abandonna cette voie pour devenir pasteur de l’Église Anglicane.

 

 

 

La notion d’église d’état et ce lien étroit entre le pouvoir temporel et le pouvoir religieux ne satisfaisaient pas Darby. En 1828 il rencontre à Dublin d’autres jeunes croyants.

 

 

 

À la même époque de nombreux chrétiens n’étaient pas satisfaits du ritualisme des églises officielles et cherchaient une autre manière de servir Dieu. Par conséquent des églises ou assemblées indépendantes se formaient un peu partout dans le monde occidental. Quand les enseignements de M. Darby se répandirent, beaucoup de ces assemblées se joignirent à lui. Ces chrétiens n’acceptaient pas d’autre nom que celui de « frères », et furent bientôt connus sous le nom de Frères de Plymouth.

 

 

 

M. Darby vint une première fois à Paris en 1830 à la demande du pasteur Frédéric Monod, puis visita régulièrement la France à partir de 1841. Quelques années plus tard on comptait dans ce pays plus de 150 assemblées faisant partie de cette communauté principalement dans la vallée du Rhône au sud de Lyon, et débordant sur le Plateau de Haute-Loire en limite de l’Ardèche, ainsi que dans l’Est et le Sud-ouest de la France.

 

 

 

C’est dans cette dernière région, à Pau, qu’il traduisit, avec quelques autres érudits, la Bible en français, en anglais et en allemand à partir des textes originaux hébreux, araméens et grecs. C’était un évangéliste infatigable ; il visita non seulement différents pays d’Europe mais aussi plusieurs fois l’Amérique, et à 75 ans il embarqua pour la Nouvelle Zélande et l’Australie. Il est décédé âgé de 81 ans à Bournemouth, dans le sud de l’Angleterre.

 

 

 

Son œuvre écrite est immense. En anglais 34 volumes de « Collected Writings », 7 volumes de « Notes and Comments on the Scriptures », ainsi que des poèmes exquis. En français les « Études sur la Parole » couvrant la Bible toute entière. De plus on a recueilli et publié de lui des centaines de lettres écrites en anglais et plus de 450 écrites en français.

 

 

 

Les universités reconnaissent la qualité de ses écrits et les utilisent dans le cadre de leurs études.

 

 

 

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16/02/2024

Conférence de la Bible de Niagara:

 

 

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La Conférence biblique de Niagara (officiellement appelée «réunion des croyants pour l'étude de la Bible») a eu lieu chaque année de 1876 à 1897, à l'exception de 1884. Au cours des premières années, elle s'est réunie dans différents lieux de villégiature aux États-Unis. À partir de 1883, il a eu lieu à Niagara-on-the-Lake, en Ontario, à l'hôtel Queen's Royal et à son pavillon.

 

 

James H. Brookes , un ministre presbytérien de St. Louis, était à l'origine de la réunion. Brookes a fait connaître la réunion par le biais de son magazine Truth , et a consacré un espace substantiel aux résumés des discours. Un exemple typique est son rapport de 1892, qui décrit la réunion comme fondamentalistes.

 

 

Plus souvent que jamais auparavant, les sièges du pavillon étaient occupés et les porches étaient remplis d'auditeurs attentifs de la Parole, qui devient de plus en plus belle à mesure que les années passent et qu'il serait difficile de trouver une place. mieux adapté " [1] à l'étude calme et priante des Saintes Écritures. Le bâtiment où se réunit la Conférence, surplombant le lac Ontario et la rivière Niagara , et entouré d'arbres verts, est à l'abri du bruit du monde; Les arrangements pour l'hébergement des invités, tant à l'hôtel Queen's Royal que dans les pensions du village, étaient si excellents que personne ne s'en plaignit. [2]

 

 

La plupart des conférenciers étaient dispensationalistes , et la Conférence de Niagara a présenté de nombreux protestants évangéliques à l'enseignement dispensationaliste. Les messages étaient généralement centrés sur les doctrines du Christ , le Saint-Esprit , la Bible, les missions et la prophétie . Le prémillénarisme et le dispensationalisme étaient défendus et enseignés. [3] La plupart des principaux dispensationalsts de la fin du 19ème et début du 20ème siècle ont assisté à la conférence régulièrement, en incluant William Eugene Blackstone , Charles Erdman , James H. Brookes , William Moorehead , Adoniram Judson Gordon , Amzi Dixon , CI Scofield et James Hudson. Taylor (qui a fondé la China Inland Mission ). 

 

 

En 1878, la réunion des croyants pour l'étude de la Bible produisit le document qui fut connu sous le nom de «Credo du Niagara». Cette déclaration de foi en 14 points a été l'une des premières à proclamer explicitement la foi dans le retour prémillénaire de Jésus-Christ sur la terre. Le credo du Niagara n'indique pas explicitement le dispensationalisme, mais il se réfère à plusieurs croyances dispensationalistes clés, y compris la réalité du millénium, la restauration d'Israël et la distinction entre le jugement des sauvés et des damnés.

 

Références :

 

 

  1. Jump up^ David Beale, à la poursuite de la pureté: Le fondamentalisme américain depuis 1850 , Unusual Publications, 1986, p. 26
  2. Jump up^ Brookes, James H. dans la vérité, v. 17 page nécessaire ]
  3. Jump up^ http://www.twtministries.com/articles/4_eschatology/chapt... 

 

 

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05/01/2024

L’orthodoxie luthérienne (1548-1598):

 

 

 

 

 

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À la fin du XVIe siècle, une  orthodoxie luthérienne est mise en place sous l'impulsion de Jean Marbach qui succède à Bucer ; elle est exprimée dans la Formule de Concorde de 1577.

 

SOMMAIRE:

 

·         Le second souffle

·         La Paix d’Augsbourg (1555)

·         De 1559 à 1598

 

Le second souffle

 

À partir du milieu du siècle, les changements ont lieu à deux niveaux :

 

·         dans le domaine politique : les nouveaux dirigeants sont plus souvent issus de l’aristocratie, davantage portée vers le luthéranisme,

·         dans le monde religieux : les prédicateurs cherchent avant tout à unifier l’Église et à en consolider la doctrine.

           

La Paix d’Augsbourg (1555) et les évolutions liées à l’Interim

 

La paix d’Augsbourg, en 1555, consacre la division entre protestants et catholiques du saint-Empire (1555) selon la formule : cujus regio, ejus religio

 

Cujus regio, ejus religio

 

Après 6 mois de négociations, la paix fut définitivement signée le 25 septembre 1555 et le texte en 22 articles organisait la coexistence du catholicisme et de la confession d’Augsbourg, à l’exclusion de toute autre confession. (…)

 

Les sujets des États de l’empire, c'est-à-dire les particuliers, mais aussi les seigneurs qui ne sont pas des vassaux directs et par conséquent ne jouissent pas de l’immédiateté d’empire doivent se soumettre à la décision de leur prince. C’est le sens de la mystérieuse formule cujus regio, ejus religio, qui ne se trouve pas dans le texte de la paix d’Augsbourg, mais fut inventée en 1599 par un juriste luthérien. Toute fois si, en conscience, les sujets n’acceptent pas ce choix, l’article 11 prévoit que le prince ne doit pas utiliser la violence pour les convertir, mais doit les laisser émigrer dans un territoire où on pratique leur religion : il est possible d’emporter leurs biens. C’est ce que les juristes appelleront plus tard le beneficium emigrationis.

 

À chacun la religion de son gouvernement

 

Afin d’apporter la paix dans le Saint Empire de la nation germanique entre Sa majesté impériale et les Electeurs, Princes et états, que ni sa Majesté ni les Electeurs, Princes, etc. ne fassent de violence ou de mal à aucun des sujets de l’empire à cause de la Confession d’Augsbourg, mais qu’on les laisse jouir en paix de leurs croyances religieuses, liturgies et cérémonies aussi bien que de leurs propriétés et autres droits et privilèges. Ainsi une complète paix religieuse pourra être obtenue par le seul moyen qui soit chrétien : l’amitié, ou bien sous la menace de la punition du ban impérial.

 

De la même manière, les Etats qui adoptent la confession d’Augsbourg permettront à tous les Etats qui restent attachés à l’ancienne religion de vivre dans une paix complète en jouissant de leurs propriétés, droits et privilèges. (…)

 

Au cas où nos sujets, qu’ils appartiennent soit à l’ancienne religion, soit à la Confession d’Augsbourg, voudraient quitter leur foyer, avec leurs femmes et leurs enfants, pour s’installer dans un autre lieu, ils ne seront pas empêchés de vendre leurs propriétés pourvu qu’ils aient effectué le juste paiement des taxes locales.

 

L’expansion du protestantisme elle-même a été être freinée pour plusieurs raisons :

 

·         Les progrès de la Réforme catholique,

·         L’expansion du calvinisme,

·         L’affaiblissement du luthéranisme après la mort de Luther en 1546.

 

Dans ce contexte, l’effort des prédicateurs strasbourgeois va surtout porter sur la réalisation d’une discipline ecclésiastique efficace et cela, tout en maintenant les spécificités du luthérianisme strasbourgeois.

 

Et de fait, face à l’opposition tant des prédicateurs que d’une majorité de la population, le culte catholique cesse en 1559 (trop de tumulte pendant les messes), ce qui met fin à l’Interim. En 1561 la cathédrale est rendue au culte protestant, tout comme d’autres lieux de culte dans les années qui suivent.

 

Les livres aussi alimentent le combat, tel le traité de Marbach de 1571 Des miracles et des signes miraculeux , ou l’ouvrage de Jean Fischart, der Nachtrab.

 

De 1559 à 1598

 

La période qui va de la fin de l’Interim à celle de l’Ordonnance ecclésiastique est caractérisée par :

·         L’encadrement des fidèles par un corps pastoral uni sous l’autorité de Marbach, avec des inspections de paroisses, des réunions régulières du convent des pasteurs,

·         L’encadrement aussi des étudiants qui se préparent au pastorat,

·         L’unification des cérémonies liturgiques,

·         La discipline.

 

L’Ordonnance ecclésiastique de 1598

 

La formule de Concorde



Pour Marbach, qui dirige l’Église de Strasbourg à la suite de Bucer et jusqu’en 1581, il est essentiel d’organiser une discipline ecclésiastique.

 

Il reprend les visites pastorales des campagnes qui existaient à partir de 1534 et propose aussi une inspection des paroisses urbaines. Le but est de vérifier l’uniformité de la doctrine, des institutions, de la discipline ecclésiastique, malgré les réticences de certains.

 

Parallèlement, le Magistrat confirme s’en tenir à la Confession d’Augsbourg et à la Concorde de Wittenberg (1563).

 

En 1577 se pose alors la question d’une formule de Concorde qui unifierait le camp luthérien. Le Magistrat est divisé sur la question et le Convent, quant à lui, décide alors de condamner les réformés (ou calvinistes), ce qui représente une réelle rupture avec un certain passé de Strasbourg et qui est à l’origine de conflits

 

 

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02/01/2024

John Bunyan (1628-1688):

 

 

 

 

 

 

 

 

LE RÊVEUR IMMORTEL

par Orlando Boyer

 

 

 

" Dans mon voyage à travers le désert de ce monde, j'arrivai dans un lieu où il y avait une caverne. Je m'y couchai pour prendre un peu de repos, et m'étant endormi, je fis un rêve: je voyais un homme vêtu d'habits sales et déchirés. Il était debout et tournait le dos à sa maison. Dans sa main, il tenait un livre, et ses épaules étaient chargées d'un pesant fardeau. "

 

 

Il y a trois siècles, John Bunyan commençait ainsi son livre, Le voyage du pèlerin. Ceux qui connaissent ses œuvres littéraires peuvent confirmer qu'il est bien " le rêveur immortel qui, même mort, parle encore ". Cependant, bien que des milliers de croyants connaissent Le voyage du Pèlerin, bien peu nombreux sont ceux qui connaissent l'histoire de la' vie dédiée à la .prière de ce courageux prédicateur.

 

 

Bunyan, dans son autobiographie intitulée Grâce abondante pour le premier des Pécheurs, nous apprend que ses parents, bien que très pauvres, réussirent à lui faire apprendre à lire et à écrire. Lui-même se nommait " le premier des pécheurs"; d'autres affirment qu'il eut " beaucoup de chance " bien que non encore croyant. Il épousa une jeune fille dont toute la famille était profondément croyante. Bunyan était rétameur, et comme tous ceux de son métier, très pauvre. De son côté, elle possédait pour tout bien deux livres: Le chemin qui mène au ciel et La pratique de la piété, œuvres que son père lui avait laissées en mourant. Bien que Bunyan ait trouvé dans ces deux livres " quelques points qui l'avaient intéressé ", ce fut lors des cultes qu'il éprouva la conviction d'être sur le chemin de l'enfer.

 

 

Dans les passages suivants tirés de Grâce abondante pour le premier des pécheurs, on découvre comment il lutta par la prière pendant la période de sa conversion:

 

 

"J'eus entre les mains une œuvre des Ranters, livre très apprécié de quelques théologiens. Incapable de juger par moi-même du mérite de ces doctrines, je m'appliquai à prier ainsi: "Ô Seigneur, je ne sais pas faire la différence entre l'erreur et la vérité. Seigneur, ne me laisse pas seul accepter ou refuser cette doctrine en aveugle; si elle vient de Dieu, fais que je ne la repousse pas; si elle est l'œuvre du diable, ne me laisse pas l'accepter;" Dieu soit loué de ce qu'Il m'ait incité à me méfier de ma propre sagesse et de ce qu'Il m'ait gardé des erreurs des Ranters. La Bible me fut très précieuse alors.

 

 

"Pendant tout ce temps où je me sentais condamné aux peines éternelles, je m'étonnais de voir les hommes s'efforcer d'obtenir des biens terrestres, comme s'ils espéraient vivre ici éternellement [...] Si j'avais eu la certitude du salut de mon âme, je me serais senti immensément riche, même si je n'avais eu que des haricots à manger.

 

 

" Je cherchai le Seigneur, priant et pleurant, et du fond de mon âme, je criai: ÔSeigneur, montre-moi, je t'en prie, que tu m'aimes d'un amour éternel. Alors, j'entendis mes paroles me revenir comme un écho: Je t'aime d'un amour éternel. Je me couchai et dormis en paix et, au réveil le lendemain, la même paix inondait mon âme. Le Seigneur m'assura: Je t'aimais quand tu vivais dans le péché; je t'aimais avant, je t'aime maintenant et je t'aimerai toujours.

 

" Un matin, alors que je priais en tremblant, convaincu que je n'obtiendrais pas une Parole de Dieu pour me consoler, il me dit: Ma grâce te suffit.

 

" Mon esprit s'illumina d'une grande clarté, comme si le Seigneur Jésus me regardait du haut du ciel à travers le toit de la maison et qu'il m'avait m'adressé ces paroles. Je rentrai chez moi en pleurant, transporté de joie et empli d'humilité au plus profond de moi.

 

 

" Cependant, un jour, alors que je marchais dans la campagne, la conscience inquiète, soudain ces paroles s'emparèrent de mon âme: Ta justice est dans les cieux. Avec les yeux de l'âme, je crus voir Jésus-Christ assis à la droite de Dieu, et qui se tenait là comme ma justice [...] En outre je vis que ce n'était pas la bonté de mon cœur qui pouvait l'améliorer ou au contraire y porter .préjudice; car ma justice c'est le Christ lui-même, le même hier, aujourd'hui et toujours. Alors les chaînes tombèrent de mes chevilles: je me trouvais libéré de mes angoisses et les tentations qui m'assaillaient perdirent de leur force; je ne craignais plus la sévérité de Dieu et je rentrai chez moi en me réjouissant par la grâce et l'amour de Dieu. Je n'ai pas trouvé dans la Bible la phrase: Ta justice est dans les cieux, mais il y a : Il a été fait pour nous sagesse et aussi justice, sanctification et rédemption (1 Corinthiens 1:30) et je vis que l'autre phrase était vraie.

 

 

" Alors que je méditais ainsi, la phrase suivante des Ecritures pénétra mon esprit avec force: Il nous a sauvés, non pas pour les œuvres de justice que nous avons accomplies, mais par sa miséricorde. Je fus ainsi élevé vers les cieux et je me retrouvai au sein de la grâce et de la miséricorde. Avant, je craignais la mort, mais maintenant, je proclamai: Je désire mourir. La mort devenait pour moi chose désirable. On ne vivait pas vraiment avant de passer dans l'autre vie. Oh, pensais-je, cette vie est à peine un songe en comparaison de l'autre! C'est en cette occasion que l'expression " héritiers de Dieu " se révéla si pleine de signification pour moi que je ne peux l'expliquer en termes terrestres. Héritiers de Dieu! Dieu lui-même est la part des saints. C'est ce que je vis et qui me remplit d'admiration; cependant, je ne peux raconter tout ce que je vis... Christ était un Christ précieux en mon âme, il était ma joie; la paix et le triomphe en Christ étaient si grands que j'eus les plus grandes difficultés à rester couché". .

 

 

Bunyan, dans sa lutte pour se libérer de l'esclavage du péché, ne fermait pas son âme aux êtres désorientés qui ignoraient les horreurs de l'enfer. A ce sujet, il écrivit:

 

 

" Par les Ecritures, je compris que l'Esprit Saint ne veut pas que les hommes enterrent leurs talents et leurs dons, mais au contraire qu'ils les développent [...] Je rends grâce à Dieu de m'avoir donné la capacité d'aimer, d'avoir pitié de l'âme de mon prochain et de m'avoir incité à m'efforcer de prononcer les paroles que Dieu pourrait utiliser afin d'atteindre les consciences et de les réveiller. En ceci le Seigneur a répondu au désir de son serviteur et les gens commencèrent à se montrer émus et angoissés, quand ils comprirent l'horreur de leurs péchés et la nécessité d'accepter Jésus-Christ.

 

 

" Du plus profond de mon cœur, j'ai crié vers Dieu sans répit pour qu'il rende efficace la Parole pour le salut des âmes [...] En fait, j'ai répété au Seigneur que si le sacrifice de ma vie devant tous pouvait servir à les réveiller et à les confirmer dans la vérité, j'accepterais avec joie.

 

 

" Dans l'exercice de mon ministère, mon principal désir était d'aller dans les lieux les plus obscurs du pays [...] Lorsque je prêchais, je ressentais les douleurs mêmes de l'enfantement pour que naissent des enfants à Dieu. S'il n'y avait pas de fruit, je n'accordais aucune importance aux éloges que pouvaient me valoir mes efforts; s'il y avait des fruits, je n'accordais aucune importance à l'opposition rencontrée ",

 

 

Les obstacles que dut affronter Bunyan furent nombreux et variés. Satan, lorsqu'il se vit sérieusement menacé par l'œuvre de ce serviteur de Dieu, commença à dresser des barrières de toutes sortes. Bunyan luttait fidèlement contre la tentation de s'enorgueillir du succès de son ministère, afin de ne pas tomber dans la condamnation du diable. Lorsqu'une fois, un auditeur lui dit qu'il avait prêché un bon sermon, Bunyan lui répondit :" Il n'est pas nécessaire de me le dire, le diable me l'a déjà murmuré à l'oreille avant même que je descende de chaire ".

 

 

Puis l'ennemi des âmes incita les impies à calomnier Bunyan et faire courir des bruits contre lui dans tout le pays afin de le pousser à renoncer à son ministère. On le traita de sorcier, de jésuite, de contrebandier, on affirma qu'il vivait avec une maîtresse, qu'il avait deux épouses et que ses enfants étaient illégitimes.

 

 

Lorsque tous ces stratagèmes du malin pour détourner Bunyan de son ministère glorieux eurent échoué, ses ennemis l'accusèrent de ne pas observer les règles du culte de l'Eglise officielle. Les autorités civiles le condamnèrent à la prison à perpétuité et se refusèrent formellement à révoquer la sentence, malgré tous les efforts des amis de Bunyan et les prières de sa femme; il devait rester prisonnier jusqu'au jour où il prêterait serment de ne plus jamais prêcher.

 

 

Au sujet de son emprisonnement, il nous raconte:

 

 

" Je n'avais jamais autant ressenti la présence de Dieu. à mes côtés à tout instant avant d'être emprisonné […] me fortifiant si tendrement avec telle ou telle parole des Ecritures, à tel point que j'en vins à désirer, si cela était permis, des tribulations plus grandes encore pour recevoir une plus grande consolation.

 

 

" Avant mon incarcération, j'ai prévu ce qui devait m'arriver et deux choses brûlaient dans mon cœur sur la façon dont je pourrais faire face à la mort, si j'en arrivais là. Je fus poussé à prier, à demander à Dieu de me fortifier "à tous égards par sa puissance glorieuse, en sorte que vous soyez toujours et avec joie persévérants et patients. Rendez grâces au Père." Pendant toute l'année qui précéda mon arrestation, je ne priais presque jamais sans que ce verset des Ecritures ne me revienne à l'esprit et sans que je ne comprenne que pour souffrir avec patience et surtout avec joie, il fallait une grande force d'âme.

 

 

" La seconde considération fut dans le passage suivant: Et nous regardions comme certain notre arrêt de mort, afin de ne pas placer notre confiance en nous-mêmes, mais de la placer en Dieu, qui ressuscite les morts. Grâce à ce verset je compris que si j'en arrivais à souffrir comme je le devais, premièrement je devais condamner à mort tout ce qui appartenait à notre vie, considérant ma femme, mes enfants, ma santé, les plaisirs, tout, enfin, comme morts pour moi et moi pour eux.

 

 

"Je résolus, comme dit Paul, de ne pas regarder les choses qui se voient, mais celles qui ne se voient pas; parce que les choses qui se voient sont temporelles alors que celles qui ne se voient pas sont éternelles. Et. je compris que si je m'étais préparé seulement à la prison, je pourrais à l'improviste être appelé aussi à être fouetté ou attaché au pilori. De même si je m'attendais seulement à ces châtiments, je ne supporterais pas celui de l'exil. La meilleure façon de supporter les souffrances était d'avoir confiance en Dieu, pour ce qui était du monde à venir, et pour celui-ci, il fallait considérer le tombeau comme ma demeure, dresser ma couche dans les ténèbres et dire à la décomposition: c'est toi mon père et à la vermine: Ma mère et ma sœur (Job 17:13-14).

 

 

" Cependant, en dépit de ce réconfort, j'étais un homme en proie à la faiblesse. La séparation d'avec ma femme et nos enfants, je la ressentais parfois en prison comme si ma chair était arrachée de mes os, ceci non seulement parce que je pensais aux épreuves et aux malheurs que subissaient ces êtres qui m'étaient chers, particulièrement ma fille aveugle. Pauvre fille, comme ton existence en ce monde est triste! Tu seras maltraitée; tu demanderas l'aumône, tu souffriras de la faim, du froid, du dénuement et autres malheurs! Oh, les souffrances de ma petite aveugle me déchiraient le cœur en lambeaux!

 

 

"Je méditais également beaucoup sur l'horreur de l'enfer pour ceux qui craignaient la croix au point de se refuser à rendre gloire à Christ et de nier ses paroles et sa loi devant les fils des hommes. Mais je pensais encore plus à la gloire que le Christ prépare pour ceux qui avec amour, foi et patience rendent témoignage pour lui. Le souvenir de ces choses contribuait à diminuer la tristesse que je ressentais lorsque je pensais aux êtres chers qui souffraient à cause de mon témoignage pour Christ. "

 

 

Mais toutes les horreurs de la prison ne suffirent pas à ébranler le courage de John Bunyan. Lorsqu'on lui offrit la liberté en échange de l'engagement de ne plus jamais prêcher, il répondit: "Si je sortais aujourd'hui de prison, demain je prêcherais de nouveau l'Evangile avec le secours de Dieu ".

 

 

A ceux qui pensent qu'en fin de compte, John Bunyan n'était qu'un fanatique, nous conseillons de lire et de méditer les œuvres qu'il nous légua: Eclaircissements sur quelques vérités évangéliques, La prière, le voyage du pèlerin, Grâce abondante pour le premier des Pécheurs et beaucoup d'autres pas encore traduites en français.

 

 

John Bunyan passa plus de douze ans en prison. Il est facile de dire que ce furent douze longues années, mais il est difficile d'imaginer ce que cela signifie vraiment; il passa plus du cinquième de sa vie en prison, alors qu'il était dans la force de l'âge. Ce fut un Quaker du nom de Whitehead qui obtint sa libération. Une fois libre, il alla prêcher à Bedford, à Londres et dans de nombreuses autres villes. Il finit par devenir si populaire qu'on le surnomma " Evêque Bunyan ". Il poursuivit son ministère fidèlement jusqu'à l'âge de soixante ans, lorsqu'il fut victime de la fièvre et mourut. Des dizaines de milliers de personnes se rendent encore sur sa tombe.

 

 

 

Comment expliquer le succès de John Bunyan? Orateur, écrivain, prédicateur, moniteur d'école du dimanche ou père de famille, chacun peut tirer grand profit de l'étude du style et des mérites des œuvres de Bunyan, en dépit du fait que celui-ci ne fut qu'un simple ferblantier sans aucune instruction.

 

 

Mais comment peut-on expliquer la réussite merveilleuse de Bunyan? Comment un homme inculte pouvait-il prêcher comme il le faisait et écrire dans un style susceptible d'intéresser les enfants comme les adultes, les rois comme les pauvres, les savants comme les profanes? La seule explication est que c'était un homme en communion constante avec Dieu. Bien que son corps était retenu en prison, son âme était libre. Car c'est dans une cellule que John Bunyan eut les visions décrites dans ses livres; des visions beaucoup plus réelles que ses persécuteurs et que les murs qui l'entouraient. Ses ennemis ont disparu depuis longtemps et ces murs sont tombés en ruines, mais les écrits de Bunyan continuent à apporter lumière et joie à toutes les générations partout sur la terre.

 

 

Ce qui suit montre la lutte que Bunyan soutenait avec Dieu lorsqu'il priait: " Il y a dans la prière un moment où il faut mettre à découvert la personnalité, ouvrir son cœur devant Dieu, épancher son âme affectueusement en demandes, soupirs et gémissements : Seigneur, dit David, tous mes désirs sont devant toi, et mes soupirs ne te sont pas cachés (Psaume 38:10). Et encore: Mon âme a soif de Dieu, du Dieu vivant; quand irai-je et paraîtrai-je devant la face de Dieu? Je me souviens avec effusion de cœur " (Psaume 42:3,5).

 

 

En une autre occasion, il écrivit: " Parfois les meilleures prières consistent plus en soupirs qu'en paroles, et ces paroles ne sont rien d'autre que la simple représentation du cœur, la vie et l'esprit de ces prières ".

 

 

Comment il insistait et importunait Dieu dans ses prières, se voit clairement dans le paragraphe suivant: " Je te le dis: continue à frapper, à pleurer, à gémir et à supplier; s'il ne se lève pas pour s'occuper de toi parce que tu es son ami, au moins, en raison de ton insistance, il se lèvera pour te donner ce dont tu as besoin ".

 

 

Indiscutablement, le caractère extraordinaire de la vie de Bunyan avait sa source dans sa profonde connaissance des Saintes Ecritures qu'il aimait tant et dans ses prières persévérantes à Dieu qu'il adorait. Si quelqu'un se demande si Bunyan a fait la volonté de Dieu pendant les douze longues années qu'il a passées dans la prison de Bedford, il doit reconnaître que ce serviteur du Christ, en écrivant Le voyage du pèlerin en prison, a prêché un sermon qui, près de trois siècles après, se lit toujours en cent quarante langues. C'est le plus fort tirage après la Bible. Sans un tel dévouement à Dieu, il n'aurait pas été possible d'atteindre le résultat incommensurable et durable de ce sermon prêché par un ferblantier pénétré de la grâce de Dieu.

 

 

Références: Les Héros de la Foi, Orlando Boyer - Editions VIDA