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14/05/2013

Saxe primitive

 
La Saxe primitive occupe presque tout le nord de l'Allemagne actuelle et le sud du Danemark

La Saxe primitive était une région germanique, au cours de l'époque mérovingienne, qui fut intégrée au Saint-Empire germanique au début de la période carolingienne. Autrefois à la limite du territoire romain, cette région a connu le passage et l'installation de plusieurs groupes ethniques cousins, globalement appelés les Germains à la fin de l'Antiquité. Sans unité politique, la Saxe était morcelée en plusieurs chefferies ou petits royaumes, avant de susciter l'intérêt de ses voisins occidentaux, les Francs. Ceux-ci, alliés à Rome, mêlent leurs intérêts politiques aux visées évangélisatrices du clergé pour grignoter la zone d'influence saxonne. Ce pays fut définitivement conquis par les Carolingiens en 804, et fut érigé en duché par Louis le Germanique en 843 : voir duché de Saxe.

Elle commençait à l'est du Rhin, vers les rives de l'Ems et au nord de la Lippe, et s'étendait au nord jusqu'à la Baltique et à l'Eider (au Danemark), à l'est un peu plus au-delà de l'Elbe. La Saxe avait pour limites la Thuringe au sud, la zone d'influence franque à l'ouest, la Frise et le pays des Danois au nord, et celui des peuplades slaves établies à l'ouest de l'Oder à l'est. Elle se composait de trois grandes masses ; l'Angrie, la Westphalie, et l'Ostphalie.

Le nom historique de la Saxe est naturellement lié à celui des Saxons, notamment installés dans la future Grande-Bretagne, et à la Saxe actuelle, en Allemagne.

Histoire

Premières armoiries de la Saxe.
Conversion des Saxons.
  • Vers 200 - 400 : Les Saxons, qui vivaient jusque là au nord de la rivière Elbe dans le Holstein, s'installent dans la partie sud (de nos jours la Basse Saxe), Westphalie et Eastphalie.
  • Ve siècle: Des Saxons vont en Angleterre, ensemble avec les Angles et y fondent quatre des États de l'Heptarchie.
  • Au début du VIe siècle : Les Saxons arrivent au Rhin.
  • 531 : Saxons et Francs détruisent le royaume de Thuringe. Les Saxons habitent dans la région jusqu'à la rivière Unstrut.
  • VIIe siècle: Élection des premiers ducs, mais seulement en temps de guerre. À partir de Clotaire II, ils doivent payer le tribut aux Francs
  • 718 : Le Franc Charles Martelfait la guerre contre la Saxe à cause de l'aide aux Neustriens.
  • 743 : Le Franc Carloman commence une nouvelle guerre contre la Saxe qui apporte son aide à Odilon de Bavière.
  • 772-804 : Le roi franc Charlemagne, futur empereur d'Occident, engage une guerre de 32 ans contre le duché de Saxe.
    • 772 : Charlemagne occupe le château d'Eresburg près de Paderborn et détruit l'Irminsul, un lieu sacré saxon.
    • 773 : Charlemagne va en Italie. Les Saxons saisissent l'occasion et réoccupent l'Eresbourg.
    • 774/775 : L'armée de Charlemagne marche contre la Saxe de nouveau. Les Francs réoccupent le château d'Eresburg, ainsi que celui de Sigibourg. À Höxterles Francs traversent la rivière Weser et la guerre contre la partie Eastfalienne.
    • 776 : Charles à nouveau en Italie. Les Saxons réoccupent les deux châteaux.
    • 777 : Charlemagne construit le Karlsbourg près de Paderborn. Il appelle pour le Heerschau. Quelques Saxons viennent et se convertissent à la religion chrétienne.
    • 779 : Le duc saxon Widukind de la maison des Bruonscommence une guerre de guérilla contre les Francs. L'armée de Charlemagne marche vers le nord jusqu'à l'Elbe.
    • 782 : Charlemagne fait son Blutgericht à Verden sur la rivière Aller. Il ordonna de tuer plus de 4.500 Saxons. Charlemagne prend la réputation en Saxe de Charles le boucher.
    • 783 : Batailles près de Detmold et à la rivière Hasel. Les Saxons perdent les deux combats. Le duc Widukind retraite jusqu'au château Widukindsburg près de Osnabrück.
    • 784 : Bataille dans le Dreingau
    • 785 : Les Francs attrapent Widukind. Il devient chrétien.
    • 787 : Charlemagne entreprend la conquête religieuse de la Saxe et prend des mesures sévères - par le capitulaire « de Partibus Saxonis » obligeant les Saxons à respecter les Chrétiens et à se convertir au christianisme, sous peine de mort.
    • 792-795 : Les Saxons se dressent contre les Carolingiens.
    • 796-799 : Charlemagne ordonne une nouvelle marche contre les Saxons.
    • 804 : La dernière résistance des Saxons est éliminée par les Carolingiens.

 

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10/05/2013

Le livre de Job et l'expérience spirituelle(4)

Job 4.jpg

 

 

4°    La portée spirituelle des plaintes de Job

 

La plainte représente, dans le livre de Job, le genre littéraire prépondérant. Du point de vue de la théologie spirituelle, nous aurons profit à distinguer les plaintes sur Dieu et les plaintes que Job adresse directement à Dieu, celles où le drame du juste atteint sa plus grande intensité.

 

1)        Les plaintes sur Dieu.

 

 Elles commencent avec le monologue du ch.3 (" Périsse le jour où je fus enfanté!") et se répartissent assez régulièrement dans l'ensemble des discours (cycle I : 6, 4; 9, 2-3, 14-24.32-35; 13, 3-11 et 13-19; cycle II : 16, 7-17; 19, 6-12 et 21-22; cycle III : 23, 1-17; 24, 1; 27, 2-6).

a) On y relève une accumulation très significative d'images de violence, empruntées soit à la vie animale, soit aux domaines de la chasse ou de la guerre. Shadday tire sur cible fixe (ma††arāh,16, 12). Autour de Job tournoient ses traits; il transperce ses reins sans pitié et répand à terre son fiel (16,13). L'esprit de Job "boit le venin" de ses flèches (6, 4) et "les terreurs d'Éloah sont alignées contre lui". Tel un fauve, Dieu déchire sa proie, "grinçant des dents et aiguisant ses yeux" (16) 9); comme un guerrier furieux, il ruine et démolit Job de toutes parts (19) 10) ou encore l'assiège avec une patience inquiétante : "Il a muré ma route pour que je ne passe pas, et sur mes sentiers il a mis des ténèbres" (19) 8); puis il court sur Job, le saisit par la nuque et le met en pièces (16) 12). Ainsi, pour s'expliquer les épreuves qui fondent sur lui, Job prête à Dieu les fureurs de l'homme et une sorte de rage de détruire: "Éloah ne retient pas sa colère", "il broie pour un cheveu et blesse sans raison" (9, 13 et 17); "il déracine, comme un arbre, mon espérance" (19,10).

 

b)    Très souvent des images de procès prennent le relais des scènes de brutalité, mais pour illustrer finalement le même thème : Dieu ne connaît d'autre loi que sa force, "il écarte le droit" (27, 2), et le dialogue avec lui est impossible, parce qu'il ne veut écouter ni de près ni de loin, que nul ne sait quand tombera sa colère, et qu'il écrase l'homme de toute sa supériorité : "Quand bien même j'aurais raison, je ne recevrais pas de réponse!" (9, 15).

Quelle compréhension ou quelle pitié attendre, en effet, de celui qui "fait disparaître pêle-mêle le juste et le méchant"? "Si un fléau jette soudain la mort", du désespoir des innocents il se moque !" (9, 22-23). Devant cette joie mauvaise et ce courroux irrationnel, l'homme n'a plus qu'à "se prosterner", apeuré, comme les ennemis mythiques vaincus par Éloah, car personne ne saurait "lui tenir tête et rester sauf " (9, 4). "C'est qu'il n'est pas un homme comme moi pour que je lui réponde, que nous allions ensemble en justice! (9,32). L'impossibilité du dialogue tient donc non seulement à l'éloignement de Dieu, mais à l'absence d'un médiateur: "S'il y avait entre nous un arbitre  (mōkīah, mésitès) qui place sa main sur nous deux!" (9, 33; c'est le seul emploi de mésitès, médiateur, dans le grec de l'Ancien Testament. Rapprocher 1 Tim. 2, 5; Héb. 8, 6; 9, 15; 12, 24).

 

c)    Plus encore que la crainte de souffrances nouvelles (9,34)), ce qui angoisse Job, c'est de ne pas se reconnaître dans l'image que Dieu se fait de lui. À vrai dire, il ne sait pas ce que pense Dieu, car aucune parole de Dieu n'est venue expliciter le sens qu'Il donne aux épreuves de son serviteur. Mais, conscient uniquement de l'injustice qu'il subit, Job répond à la violence de Shadday en libérant sa propre agressivité. Broyé, désespéré, il présente à Dieu comme un miroir ses souffrances imméritées, afin que Dieu y aperçoive une caricature de lui-même. Il cherche à mettre Dieu si mal à l'aise qu'il sorte enfin de son mutisme pour défendre son honneur et restaurer son image. L'ambivalence qui marque ainsi toutes les plaintes de Job révèle leur sens véritable. Insinuer que Dieu ne veut plus aimer, c'est déjà, certes, le début d'un blasphème; mais la véhémence de Job va finalement à l'opposé du blasphème, qui est volonté de rupture, et ses griefs, criés avec l'outrance de la passion (6, 26)), ne sont que l'envers de son espérance et le langage paradoxal de sa quête de Dieu.

 

d)    Où trouver Éloah? Où le rejoindre pour "arranger devant lui un procès"? (23, 3-4). Il faudrait parvenir "là-bas" (šām, 23, 7), à cette résidence inaccessible où le juste "obtiendrait son droit pour toujours". Dans la pensée de Job, un Dieu qui persécute est forcément lointain, et la souffrance de l'homme ne peut être le lieu du dialogue aussi longtemps que cette souffrance manifeste une injustice de Dieu. C'est pourquoi Job, cloué sur place par son martyre, ne cesse, dans son délire, d'arpenter le cosmos (23, 8-9) à la recherche du Juge qui se dérobe. Écartelé entre la présence et l'absence de Shadday, il est renvoyé constamment du désir à la peur, désir d'un face à face qui serait décisif, peur de la majesté qu'il offense dès qu'il se plaint.

 

2)        Job interpelle Dieu.

 

La plainte directe à Dieu, qui tient beaucoup de place dans le premier cycle de discours (7, 7-21; 9, 28-31; 10, 1-22; 13, 20 à 14, 22), n'est présente dans le deuxième que par trois versets isolés (17, 4-6) et cesse tout à fait dans le troisième cycle. Ce decrescendo traduit bien la difficulté croissante qu'éprouve Job pour rejoindre Dieu au-delà des paradoxes de son action. Il faut attendre le second monologue de Job pour entendre de nouveau un reproche direct au Dieu "cruel" (30, 20-23).

Dans tous ces textes, Job s'en prend à la bonté, à 1a sainteté et à la sagesse de Dieu, et sur cette triple contestation il appuie une critique de la justice de Dieu et de la justice de l'homme.

 

a)    La bonté du Créateur est mise en doute à un premier niveau quand Job décrit la destinée de l'homme "fait d'argile" (10, 9). " L'homme, né d'une femme, vivant peu de jours et rassasié d'agitation, comme une fleur germe et se fane, et fuit comme l'ombre sans s'arrêter" (14,1-2); "comme bois vermoulu il s'effrite, comme un vêtement qu'ont mangé les mites" (13, 28). "Sa vie n'est que souffle" (7, 7).

Aussi fragile qu'une feuille effrayée par le vent, aussi vaine qu'une paille sèche dans un tourbillon (13, 25), l'existence humaine n'est qu'une illusion de bonheur, et Job reproche à Dieu de la lui avoir donnée : "Pourquoi donc m'as-tu fait sortir du sein? J'aurais expiré et aucun œil ne m'aurait vu : j'aurais été comme n'ayant pas été, j'aurais été conduit du ventre à la tombe!" (10, 18-19). Alors qu'un arbre peut toujours se survivre dans ses drageons, l'homme, sans racines dans le monde, est voué à disparaître pour toujours: "Car il y a pour l'arbre un espoir; si dans le sol meurt sa souche, à l'odeur de l'eau il refleurit et se fait une ramure comme un jeune plant. Mais l'homme meurt et reste inanimé; l'humain expire et où est-il? " (14,7-10). "Comme une nuée se dissipe et s'en va", ainsi Job, une fois descendu à sheōl, jamais n'en remontera, et Dieu cherchera en vain le compagnon qu'il aura laissé partir au séjour des morts : "Tes yeux seront sur moi et je ne serai plus" (7, 8-9).

Mais la critique de la bonté d'Éloah s'intensifie dans les nombreux passages où Job tente d'interpréter non plus seulement la conduite, mais les intentions de Dieu, "ce qu'il cache en son cœur depuis toujours" (10,13-­17). Trois explications se présentent à son esprit : ou bien son malheur vient d'une inattention, d'un oubli, d'une faille dans la providence de Dieu; ou bien Dieu est las et ne voit plus en lui qu'un fardeau (7, 20d); ou bien encore le martyre de Job n'a d'autre cause que la malveillance d'un Dieu devenu cruel (30, 23) et dont le regard pèse sur lui, ce regard qu'il a connu empreint de tendresse et qui maintenant s'est chargé d'une hostilité incompréhensible (7, 19) : " Je sais que tu m'emmènes à la mort et au rendez-vous de tout vivant (30, 23).

 

b)    La sainteté d'Éloah est, elle aussi, mise en cause à maintes reprises. Implicitement, lorsque Job imagine que Dieu puisse rester indifférent au péché : "Si je pèche, que te fais-je, ô gardien de l'homme?" (7, 20). Explicitement, lorsqu'il lui reproche de s'asseoir, avec le sourire, au conseil des méchants (10, 3) ou de souiller lui-même l'homme qui cherche à se purifier : "Je sais bien que tu ne m'innocentes pas! (De toute façon) je serai coupable! Pourquoi me fatiguerais-je en vain? Si je me lave avec de l'eau de saponaire et si je purifie mes mains avec du savon, alors tu me plonges dans des immondices et mes vêtements ont horreur de moi" (9, 28-31). Incapable de faire connaître à Job "sur quoi il le querelle" (10, 2), Dieu lui impute des fautes qu'il n'a jamais commises et lui ferme délibérément la route de son pardon. Telle est, du moins, la manière dont Job interprète son drame : Dieu crée non seulement le malheur mais le mal.

 

c)    Job entreprend également de démontrer à Dieu le non-sens de son attitude et les failles de sa sagesse. "Est-ce un bien pour toi d'être violent, de mépriser l'ouvrage de tes mains... As-tu des yeux de chair? Vois-tu comme voit un homme? Tes jours sont-ils comme les jours de l'homme, tes années comme les jours d'un humain, pour que tu recherches ma faute et que de mon péché tu t'enquières, bien que tu saches que je ne suis pas coupable, et que nul ne délivre de ta main?" (10, 3-7). Un Dieu à courte vue, un Dieu pressé d'agir, cela défie le bon sens. Pourquoi ce parti pris d'injustice et de violence? "Tes mains m'ont fabriqué et façonné, et ensuite, te ravisant, tu me détruiras?" (10, 8). À quoi bon animer l'argile et accorder à l'homme "vie et amour" (10, 9 et 12), s'il doit être "rassasié d'ignominie et abreuvé d'affliction" (10, 15) ? Éloah peut-il renier son travail de Créateur au point de détruire ce qui lui a coûté tant de "fatigue" (yegia‘, 10, 3)? Ces contradictions rendent méconnaissable pour Job le Dieu de son passé, qui "était avec lui et protégeait sa tente" aux jours heureux de son "automne" (29, 4-5).

 

d) En contestant à la fois la bonté, la sainteté et la sagesse de Dieu, Job pose d'une manière radicale la question de la "justice" (çedāqāh) de Dieu et, par voie de conséquence, celle de la justice de l'homme. En effet, dans la théologie de l'Ancien Testament, la justice de Dieu, même si parfois elle se montre punitive ou médicinale, est toujours fondamentalement la permanence de Dieu dans son propos de salut, et la justice de l'homme est pensée, elle aussi, en termes de relation: c'est la permanence du croyant dans une juste attitude devant le Dieu du salut. Une vraie vie théologale réalise ainsi, selon la spiritualité d'Israël, l'harmonie des deux justices.

Or, cette harmonie devient impensable pour Job, puisque Dieu "fait périr l'espoir de l'homme" (14,19), déploie une puissance démesurée contre un être amoindri et associe la création à son œuvre de violence: "De toute la vigueur de ta main tu me persécutes. Tu m'emportes sur le vent, tu me fais chevaucher, tu me liquéfies dans le fracas de l'orage" (30, 22-23). Dieu, le premier, a rompu le pacte de la fidélité : son amour (hesed) d'autrefois s'est changé sans raison en une sorte de providence maligne qui s'acharne sur Job. Celui-ci, qui n'a conscience d'aucune trahison, découvre l'inanité de ses efforts de "justice" : aucune amitié, aucune réciprocité dans le don ne peut durer entre deux êtres qui ne se reconnaissent plus.

 

e)    Devant l'échec de son projet de sainteté et surtout devant cette malveillance inexplicable d'Éloah, Job souhaite parfois que Dieu l'abandonne une fois pour toutes: "Laisse-moi, puisque mes jours sont un souffle" (7, 16); ou bien il réclame un répit : "Détourne de moi ton regard, pour que je sois un peu gai, avant que j'aille, pour n'en plus revenir, à la terre de ténèbres et d'ombres" (10, 20-21).

Mais plus souvent Job ne se résigne pas à ce désengagement réciproque et à l'absence définitive de Dieu. Un désir passionné monte du tréfonds de sa foi : il faut que la "justice" (çedāqāh) retrouve tout son sens. Et Job continue de rêver à une reprise du dialogue, en posant toutefois deux préalables: "Épargne-moi seulement deux choses; alors devant toi je ne me cacherai pas: éloigne ta main de dessus moi et que ta terreur ne m'épouvante point!" (13, 20-21). Si Dieu veut réellement cette heure de vérité, il devra changer d'attitude, se convertir en quelque sorte et rendre lui-même le dialogue possible.

Cette idée d'une nécessaire renonciation de la part de Dieu est, du point de vue spirituel et théologique, l'une des plus hardies de tout le poème, mais c'est également l'une des failles qui affaiblissent le raisonnement de Job, car, tout en refusant pour lui-même la culpabilité, il croit indispensable de culpabiliser Dieu. Il accuse Dieu, alors que Dieu n'a jamais rendu le moindre verdict ni formulé contre lui le moindre reproche. C'est Job qui identifie son épreuve à une condamnation et qui, pour échapper au mystère angoissant de la volonté de Dieu, admet comme une évidence un dessein agressif de Shadday à son égard. Mais cela même ne lui donne pas la paix, car l'absurde resurgit aussitôt: pour trouver à tout prix une cause à son malheur, il en vient à défigurer le Dieu qu'il aime.

 

 

 

07/05/2013

Brêve histoire de la Prusse ( Archive du 21 01 2013)

 

L'État monastique des chevaliers teutoniques (1224 - 1525)

Article détaillé : État monastique des chevaliers teutoniques.

La Prusse est à l'origine un territoire aux confins de l'actuelle Pologne et de la Russie, dont le nom vient d'une déformation du nom du peuple balte autochtone, les Borusses, les "presque Russes". Sa colonisation est due aux Chevaliers Teutoniques qui la disputèrent bientôt aux Polonais et son territoire fut dès lors peuplé majoritairement d'Allemands.

 

 

La Prusse royale (1466 – 1772)

Article détaillé : Prusse royale.

Parallèlement, en 1415, l’électeur de Brandebourg, l'empereur Sigismond Ier, issu de la Maison de Luxembourg, endetté vis-à-vis d’un représentant de la famille des Hohenzollern, petits burgraves du sud de l’Allemagne, donne alors à Frédéric de Hohenzollern l’électorat et la marche de Brandebourg. Frédéric Ier est donc nommé gouverneur de la marche du Brandebourg et est investi électeur par le concile de Constance.

Finalement, par le traité de Thorn signé en 1466, l'Ordre teutonique cède la partie est de la Poméranie orientale au Royaume de Pologne qui devient alors la Prusse royale et restera polonaise durant trois siècles.

 

 

Le duché de Prusse (1525 – 1701)

Article détaillé : Duché de Prusse.

En 1525, le grand maître de l'Ordre teutonique, Albert de Brandebourg-Ansbach, de la famille souabe des Hohenzollern, adopte le luthéranisme et transforme la Prusse orientale, possession de l'Ordre, en duché héréditaire et vassal du royaume de Pologne lors du traité de Cracovie du 8 avril 1525. Cet État devait rester aux Hohenzollern durant quatre siècles, jusqu’en 1918.

 

 

Le Brandebourg-Prusse (1618 – 1701)

Article détaillé : Brandebourg-Prusse.

En 1618, Jean Sigismond de Hohenzollern, électeur de Brandebourg et descendant direct de Frédéric Ier de Brandebourg, hérite du duché de Prusse à la mort de son beau-père Albert Frédéric de Prusse, dernier duc décédé sans héritier mâle survivant. Cette union personnelle entre la marche de Brandebourg et le duché de Prusse durera quatre-vingt trois ans et sera à l'origine de création du Royaume de Prusse.

 

 

Le royaume de Prusse (1701-1918)

Article détaillé : Royaume de Prusse.

En 1688, Frédéric III devient prince-électeur de Brandebourg, son ambition est de se faire couronner roi de Prusse. Il obtient satisfaction en 1701, sous le nom de Frédéric Ier avec le titre de « roi "en" Prusse » (la Prusse ne faisant pas partie de l’Empire contrairement au Brandebourg, en fait aucune personne ne peut être couronnée roi à l'intérieur du Saint-Empire romain germanique). Les Hohenzollern balaient bien vite cette nuance pour se faire appeler « rois de Prusse ». Désormais, toutes les possessions des Hohenzollern sont réunies au sein du royaume. Le terme de Prusse désigne alors des territoires qui ne font pas partie de la « Prusse originelle ».

Sous le règne de Frédéric II de 1740 à 1774, le royaume prussien devient une grande puissance politique et militaire, accroissant considérablement son territoire par l'acquisition notamment de la Silésie (en 1742) et Prusse polonaise (correspondant plus tard à la province de Prusse-Occidentale), lors du 1er partage de la Pologne en 1772.

À la fin du XVIIIe siècle, le territoire prussien s'agrandit encore vers l'est lors des 2e et 3e partages de Pologne en 1791 et 1795.

Durant les guerres napoléoniennes, le royaume de Prusse est l'un des plus ardents adversaires de l’Empire français. Vaincue à Iéna et Auerstaedt en 1806, presque anéantie, la Prusse participe activement au soulèvement allemand de 1813, à la campagne de France en 1814 puis est finalement victorieuse aux côtés des britanniques à Waterloo en 1815. À ce titre, elle est l'un des principaux bénéficiaires du Congrès de Vienne en acquérant pratiquement toute la Rhénanie et la Westphalie, formant ainsi une Rhénanie prussienne (ou Prusse rhénane). L'adjonction de ces territoires permet à la Prusse de renforcer considérablement son poids économique, la Prusse rhénane étant la première région minière d'Allemagne.

Le puissant royaume prend vite l'ascendant sur les États du nord de la Confédération germanique avec lesquels il constitue une Zollverein (Union douanière) en 1834.

La guerre des Duchés contre le Danemark, permet au roi Guillaume Ier, sous l'impulsion de son Premier ministre Otto von Bismarck, de s'emparer du duché de Schleswig en 1864. Puis, après la bataille de Sadowa et l'éviction de l'empire d'Autriche en 1866, la Prusse prend la tête de la confédération de l'Allemagne du Nord et obtient le duché de Holstein.

La guerre contre la France permet au Royaume et à ses alliés allemands de parfaire l'Unité allemande en fondant en 1871 l'Empire allemand (2e Reich, le 1er — le Saint-Empire romain germanique — ayant été dissous en 1806 par François II sous la pression de Napoléon, lorsque l'empereur du Saint-Empire renonça à la couronne d'Allemagne pour n'être plus qu'empereur d'Autriche), dans lequel le royaume de Prusse tient une part prédominante, puisque son souverain Guillaume Ier en devient l'empereur.

On désigne alors par Prusse deux provinces du royaume : celle de Prusse-Occidentale et celle de Prusse-Orientale, qui pendant un temps ne forme qu'une seule Province de Prusse.

La défaite allemande en 1918 à la fin de la Première Guerre mondiale et l'explosion révolutionnaire dans les grands centres urbains balaient l’Empire et la dynastie des Hohenzollern : Guillaume II, petit-fils et successeur de Guillaume Ier abdique en novembre 1918.

 

 

État libre de Prusse (1918-1947)

Article détaillé : État libre de Prusse.

Dans ce contexte de crise politique et économique, l’Allemagne se constitue en une république (la République de Weimar) dont la Prusse n'est plus qu'un simple Land : l'État libre de Prusse (Freistaat Preußen). Malgré les amputations territoriales que l'Allemagne devra subir au traité de Versailles et qui toucheront essentiellement le territoire de l'ancien « Royaume de Prusse », celle-ci reste le plus grand des dix-sept länder allemands de l'époque.

Son Landtag demeure longtemps socialiste, ce qui retarde l'arrivée des nazis au pouvoir, mais aux élections de 1932 la Prusse tombe directement sous l'influence du national-socialisme. Avec l'avènement d'Adolf Hitler, en 1933, elle perd ses dernières institutions autonomes et s'intègre au Troisième Reich.

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, les puissances occupantes décidèrent de la disparition symbolique de ce qu'elles considéraient comme le berceau du militarisme allemand : le 25 février 1947, leurs représentants proclamèrent la dissolution de l'État prussien et expulsèrent tous ses derniers habitants allemands qui n'avaient pas encore fui, pour les remplacer par des Polonais ou des Soviétiques venus de l'est.

C'est pourquoi, le terme de « Prusse » n'est plus porté par aucun des seize Länder qui composent aujourd'hui l'Allemagne, réunifiée depuis 1999

 

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03/05/2013

Le livre de Job et l'expérience spirituelle(3)

Job 3.jpg

 

2.      Apport du livre de Job à la théologie spirituelle.

 

Nous ressaisirons !e message spirituel du livre de Job successivement à six niveaux :

1° dans !e prologue narratif; 2° dans les réponses que Job oppose aux thèses des trois amis; 3° dans les passages hymniques des discours; 4° dans les plaintes de Job; 5° dans !es passages où affleure son espérance; 6° dans la théophanie, sommet théologique de toute l'œuvre.

 

 

1°    La foi de Job (dans le récit-cadre, Prologue: 1,1 à 2,10).

 

1)    Au malheur qui vient de le frapper à deux reprises, Job répond par un double acte de foi: "Nu je suis sorti du sein de ma mère et nu j'y retournerai! Yahvé a donné et Yahvé a repris, que le Nom de Yahvé soit béni!" (1, 21); "Si d'Elohim nous acceptons le bien, n'accepterons-nous pas aussi le malheur?" (2, 10). L'épreuve se termine donc par !a victoire de Job. Rien n'a pu entamer sa fidélité. Il a vu disparaître coup sur coup tout ce qui faisait sa sécurité, sa fierté et son bonheur. Pauvre, seul, rongé par son ulcère, "il s'attache encore à son intégrité". Le champion de Dieu n'a pas failli, et le défi lancé par le Satan se retourne finalement contre celui-ci : un homme au moins a su aimer Dieu "gratuitement" (1, 9).

 

2)    Dépouillé brutalement de son passé et de toute assurance pour l'avenir, Job mesure à la fois la grandeur de sa liberté et les limites de son destin d'homme. Dans l'espace ouvert à son autonomie, il rencon-tre la liberté de Dieu et lui répond librement par un prosternement inconditionnel.

Il ignore que son destin a fait l'objet d'un prologue dans le ciel et que sa vie de croyant est le champ clos où l'Adversaire a voulu défier Dieu. Le Satan qui "rôde" dans la création s'est fait fort d'amener l'homme à douter de Dieu et Dieu à douter de l'homme. Or, Dieu a pris le pari très au sérieux; il a délégué au Satan une part de sa puissance et a remis à l'homme le soin de défendre son honneur. L'épreuve permise par Dieu devient ainsi une marque suprême de sa confiance; mais Job ne le sait pas, et il n'a, pour éclairer son drame, que les certitudes de sa foi. Ce qui s'est dit au ciel n'interfère pas avec ce qu'il vit sur terre, et son option reste tragiquement libre, pour l'assentiment comme pour la révolte. "Serviteur" de Yahvé (1, 8; 2, 3), il accueille tout de sa main sans pouvoir ni vouloir déchiffrer le mystère de son dessein, et par sa soumission il rejoint d'emblée le sens que Dieu entend donner à la bravade insensée de l'Adversaire. Au moment même où le Satan, par la souffrance d'un juste, semble contester la gloire de Yahvé, Job bénit son Nom.

 

3)    Job ne cherche pas en lui-même la force de traverser son épreuve, et son attitude, à la fois héroïque et magnifiquement équilibrée, face au bonheur et au malheur tangibles, traduit beaucoup plus l'adoration que l'énergie stoïcienne. Soucieux uniquement de coïncider avec le projet de Dieu, il ne veut voir dans l'alternance des bienfaits et des épreuves, du don et de l'abandon, que le signe de la transcendance et de la liberté de Dieu à l'œuvre dans sa vie.

 

4)    Ainsi, frustré de tout son avoir, l'homme peut répondre à Dieu avec le meilleur de son être et son témoignage de fidélité n'offre alors plus aucune prise au soupçon. Aucune visée d'intérêt ne vient fausser son option pour Dieu et sa vérité. Sa relation à Dieu, enracinée au plus profond de sa personne, s'exprime en un acte de foi nue. Nu il est sorti du sein de sa mère pour une vie de risque où la richesse n'est qu'un manteau; nu il retournera au sein de la terre mère, et tout le cours de son existence se déploie devant Dieu sous le signe de la nudité et de la faiblesse. Mais cette faiblesse devient, dans la foi, ouverture à la puissance de Dieu, et si le Satan s'acharne à dépouiller un croyant de tous ses biens, de tout appui et de toute assurance, il sert, sans le savoir, le dessein de Dieu qui, par cette pédagogie de l'épreuve, affine et enrichit l'expérience théologale de son fidèle.

 

 

2°    Les réponses de Job aux trois amis

 

1)    D'après le récit-cadre, Job, témoin de Dieu, lit immédiatement dans sa destinée souffrante une volonté expresse de Yahvé. Pas un instant la révolte ne l'effleure. Aucune plainte, aucune aigreur, pas même une question. Sa réponse de foi n'enlève rien au tragique de sa situation, et il ne sait si Dieu, touché de sa foi, mettra fin à son épreuve, mais il affirme que l'énigme de sa souffrance se résoudra en Dieu et en lui seul. Réponse admirable, trop grande sans doute pour paraître vraisemblable: le temps n'a pu faire son œuvre, et cette épreuve sans durée, tombant sur un être si peu faillible, semble manquer d'une certaine épaisseur humaine. L'auteur des dialogues l'a compris: son Job va devenir véhément et désormais la tension théologique ne va cesser de croître.

 

2) On ne peut comprendre la révolte et les invectives de Job si l'on n'a précisé au préalable les grands axes de la doctrine que les trois sages disent tenir de la tradition. Leurs convictions reposent sur deux principes : a) la rétribution par Dieu intervient toujours avant la mort; b) une loi infaillible proportionne aux actes de l'homme leur récompense ou leur sanction.

Job lui aussi s'estime en droit d'attendre le bonheur puisqu'il s'est toujours efforcé de vivre en juste (29,18-20; 30,26), mais c'est le seul point où il rejoigne la problématique traditionnelle. Aux yeux des amis, pour retrouver la paix et la joie perdues, il n'est qu'un moyen, mais efficace à tout coup: revenir à Dieu (11, 4-6; 22, 4-9). Ce à quoi Job rétorque qu'il n'a jamais renié Dieu ni mérité ces souffrances qu'on lui présente comme un châtiment. Pour lui, le nœud du problème n'est pas d'accepter ou de refuser une conversion, mais d'apprendre de Dieu lui-même ce qu'il lui reproche. Or Dieu se tait, laissant Job se débattre seul contre ses doutes et contre les interprétations tendancieuse de ses amis.

Plus encore que sa souffrance, ce qui révolte Job, c'est ce silence de Dieu, aussi lourd qu'une accusation et qui semble désavouer toute une existence de fidélité. Si ce passé, vécu pourtant devant Dieu et avec Dieu, n'a plus de sens, que pourrait être le présent, sinon le temps de la déréliction? Méconnu par ses amis et apparemment rejeté par Éloah, Job ne sait plus ni quel est son visage, ni quel est le vrai visage du Dieu qu'il a servi.

 

3)    Pour les trois visiteurs l'épreuve de Dieu n'est qu'un cas, parmi bien d'autres, qui illustre leur conception automatique de la rétribution. Il n'y a pas de mystère: si Job souffre, c'est qu'auparavant il a péché. En cherchant à se disculper, il ne fait que se leurrer davantage et aggraver sa faute; car la théorie ne doit offrir aucune faille ni admettre la moindre exception, et même les évidences de la conscience de Job ne sauraient prévaloir contre la cohérence du système. Le malheur ne peut être qu'une correction, et la question gênante de la souffrance doit continuer de se poser dans les termes habituels, à un niveau où l'homme puisse s'en rendre maître. Job aura beau redire que toute sa vie s'inscrit en faux contre ces assurances trop faciles, il aura beau crier à l'injustice, l'amitié passera après les certitudes et jusqu'au bout les trois sages se raidiront dans leur aveuglement.

 

4) Les visiteurs développent surtout trois thèmes:  a) le malheur des méchants, décrit au moyen d'images de fragilité, d'insécurité, d'arrachement ou de désespoir (cycle I des discours: 4, 7-11; 5, 2-7; 8, 8-19; 11, 20; cycle II : 15, 17-35; 18, 5-21; 20, 4-29; cycle III : 22, 15-18; 27, 13-23; 24, 18-24);  b) le bonheur assuré immanquablement aux justes par la conversion, l'humilité, la stabilité dans la foi et la recherche persévérante de Dieu dans la prière (cycle I : 5, 17-26; 8, 5-7.21-22; 11, 13-19; cycle III : 22, 21-30). Le juste peut rester serein: sa vertu l'immunise contre le malheur. Il a un pacte avec les pierres des champs, et la bête sauvage est en paix avec lui. Nombreuse est sa postérité et ses rejetons sont comme l'herbe de la terre. Il arrive en pleine vieillesse au tombeau, comme s'élève une meule en son temps (5, 23-26); c) l'impossibilité pour l'homme d'être pur devant Dieu. Si Éloah impute à ses anges de la folie, combien plus aux habitants de maisons d'argile! (4, 17-21). L'homme boit l'iniquité comme l'eau (15, 14-16). "Si les étoiles ne sont pas pures aux yeux de El, combien moins un homme, cette vermine, et un fils d'homme, ce vermisseau!" (25, 4-6).

 

5) Dans ses réponses, Job évoque parfois les limites de l'homme (7, 17; 9, 2 ss; 13,28 à 14, 22); mais tandis que les trois sages mettent à profit ce thème de l'indignité foncière des humains pour étayer leur théorie et réduire Job au silence, celui-ci ne voit dans ses limites de créature qu'un appel à la miséricorde de Dieu. Le thème de la finitude de l'homme retrouve ainsi chez Job sa fonction habituelle dans l'Ancien Testament, qui est d'amener une louange au Dieu provident ou une prière de demande, pleine d'humilité et d'abandon.

Job s'attache surtout à réfuter la thèse classique du châtiment des méchants, démentie aussi bien par l'expérience commune (12, 6; 21, 27-34) que par son destin personnel (9, 22-24; 12, 2-3; 13, 1-2; 21; 23,15 à 24,17; 31, 2-3). Puisqu'il est atteint par l'épreuve, lui "dont le pied s'est toujours attaché au pas de Dieu" (23, 11), il est donc faux que la vertu achète le bonheur. L'infortune peut être imméritée, et dans ce cas elle n'a pas d'autre responsable que Dieu :" Si ce n'est lui, qui est-ce donc? " (9, 24). La souffrance devient alors totalement absurde, et cette absurdité rejaillit sur Dieu lui-même, dont Job ne parvient plus à reconnaître les traits. Toutefois, paradoxalement, Job continue de croire que Dieu, et lui seul, peut donner sens à la vie et à la mort. Le juste souffrant n'aura même pas le refuge intellectuel de l'athéisme; il lui faut chercher Dieu malgré Dieu.

 

6) Au lieu de se placer aux côtés de Job, et avec lui devant Dieu, les trois "amis" s'arrogent sans vergogne le rôle d'avocats du Tout-Puissant. S'imaginant très près de lui, c'est de ce lieu privilégié qu'ils interpellent Job. Réflexe d'hommes faibles, qui prennent peur devant l'aventure spirituelle et reculent devant les exigences de l'amitié. Aucune intercession pour l'ami désespéré, et même aucun vrai dialogue avec lui au niveau de son épreuve. Job affronte seul la nuit de son espérance, appelant et redoutant à la fois une rencontre décisive avec Shadday. Il admet que ses limites de créature et sa caducité de "rejeton de la femme" (yelud ’issāh) le rendent indigne de Dieu; mais à ses yeux sa finitude n'est pas culpabilité et il écarte énergiquement toutes les accusations des visiteurs. Conscient d'avoir gardé sa "justice" (sa juste relation à Dieu, çedāqāh ), il est décidé, "sa chair entre les dents" (13, 14), à revendiquer son innocence, même au prix de sa vie. Mais peut-on avoir raison (çādaq min) contre Dieu? Faut-il vraiment, pour être fidèle à Dieu, renier la fidélité à soi-même? Tout le drame de Job se noue autour de cette impossible justice.

 

 

3°    Les passages hymniques du livre de Job.

 

1)    Conformément à la tradition psalmique d'Israël, les passages hymniques des discours font alterner les deux thèmes jumelés de la création et de l'histoire (pour les trois amis: 5, 9-18; 11, 7-11; 22, 12.29-30; 26, 5-14; pour Job, uniquement dans le cycle I : 7, 12, 17.20; 9, 4.13 et 10, 8-12; 12, 7-10.11-25). Bien que le souvenir des événements fondateurs d'Israël n'entre jamais ici en ligne de compte, puisque l'histoire dont parlent ces textes est l'existence quotidienne de l'homme anonyme, la spiritualité jobienne n'en est pas moins imprégnée des thèmes théologiques familiers au peuple de l'alliance (voir surtout 10, 8-12).

 

2)    La majesté de Dieu, quand elle se révèle, crée toujours l'étonnement. Job et les trois amis soulignent tous cette constante. Éloah restera toujours le Tout­Autre, et jamais aucun homme ne percera le mystère intime (hēqer) de sa force et de sa providence : "Trouveras-tu le mystère d'Éloah? Et jusqu'à la "limite" de Shadday parviendras-tu? Elle est plus haute que les cieux: que feras-tu? Plus profonde que sheōl: que sauras-tu? Plus longue que la terre est sa dimension, et plus large que la mer!" (11, 7-9). À celui qui transcende toute imagination spatiale, on ne peut assigner une place à l'intérieur des limites du cosmos: Éloah se situe toujours " ailleurs" et il garde la liberté d'aborder l'homme par des chemins connus de lui seul.

Les amis mettent en relief surtout les renversements de situation opérés par ce Dieu aux réactions imprévisibles. Pour Job, les paradoxes de l'action divine posent une question beaucoup plus grave : c'est par un véritable renversement des valeurs que Dieu constamment déroute l'homme et lui enlève toute sécurité. Dés lors, où trouver Dieu, si sa puissance échappe aux normes du droit qu'il a lui-même fondé?

 

3)    Hymniques par leur forme littéraire, les doxologies des amis ne le sont plus vraiment par la fonction qu'elles remplissent dans les discours. Un souci moralisateur et même parfois franchement polémique y prend le pas sur la louange, tendance que l'on relève plutôt rarement dans les hymnes les plus typiques du psautier. Job, lui aussi, gauchit ses doxologies, mais c'est pour les mettre au service de sa plainte. Sous le vêtement des images hymniques, ses griefs se chargent d'une ironie plus mordante et la force (gebūrāh) de Dieu contraste encore plus nettement avec son amour (hesed). Ces doxologies étrangement provocantes demeurent toutefois des prières, car Job continue d'y exprimer à Dieu son désarroi, et son amertume n'est que le langage de sa confiance blessée.

 

4)    Aux yeux de Job, en effet, c'est Éloah qui, sans raison, a changé d'attitude. Dieu "s'est ravisé" (10, 8) et brusquement est passé à l'attaque. Pour les amis, les péchés de Job justifient ce revirement; mais Job, qui n'a conscience d'aucune faute, se sent l'objet d'une colère incompréhensible de Dieu. On le proclame coupable, il se pose en victime. Deux thèses sont ainsi en présence, qui veulent rendre raison de la souffrance; l'une accuse Job, l'autre accuse Dieu, mais toutes deux enferment Job dans sa solitude et exacerbent sa détresse.

 

5)    De propos délibéré, Job, dans ses doxologies, retient quasi uniquement les thèmes qui exaltent la puissance d'Éloah. L'amour fidèle de Dieu n'appartient plus qu'au passé et le temps du dialogue semble à jamais révolu. Pourtant Job continue d'affirmer ce que sa foi dit de la majesté de Dieu, comme si les frustrations répétées, loin d'effacer en lui les souvenirs de l'amitié d'autrefois, n'avaient fait que creuser un nouvel espace pour son désir de Dieu.

 

 

01/05/2013

Saxe historique

 

Duchés de Saxe

Le duché de Saxe appartient à diverses maisons et changea plusieurs fois de forme et d'étendue. Les ducs de Saxe avaient la dignité de prince-électeur. On distingue généralement :

  • le premier duché de Saxe (843-1180) : la Saxe fut érigée en duché par Louis le Germanique en 843. Suite à la trahison du duc Henri le Lion, l'Empereur Frédéric Ier Barberousse dépeça ce duché en 1180.
  • le deuxième duché de Saxe (1180-1422) : un deuxième duché, réduit, fut alors créé au profit de la maison d'Ascanie.
  • le troisième duché de Saxe, dit aussi duché électoral par opposition aux autres duchés saxons (1422-1806) : quand la branche ascanienne de Saxe-Wittemberg s'éteignit, le duché fut transféré à la maison de Wettin. Partagé entre les branches ernestine et albertine de cette maison, une partie (le duché de Saxe proprement dit) conserva la dignité électorale et constitua l'origine du royaume de Saxe, l'autre partie, aux cours d'héritages successifs, fut divisée en de multiples duchés saxons.
 

Royaume puis république de Saxe (1806-1990)

Napoléon Ier érigea en royaume le duché de Saxe dans le cadre de son alliance avec le duc Frédéric-Auguste III. En 1815, une grande partie du territoire du royaume fut donné à la Prusse pour constituer la Saxe prussienne. Le royaume de Saxe ainsi diminué subsista jusqu'à la chute de l'empire allemand en 1918. La monarchie s'effondra pour laisser la place à un État libre de Saxe qui fut intégrée au Troisième Reich hitlérien puis à la République démocratique allemande jusqu'à la réunification de l'Allemagne en 1990.

Article détaillé : Royaume de Saxe.

Saxe administrative

Drapeau de la Saxe

Dans la division du Saint-Empire romain germanique en cercles impériaux, la Saxe recouvrait :

Saxe actuelle

Dans la division actuelle de la République fédérale d'Allemagne en länder, la Saxe historique recouvre :

 

 

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