Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

25/05/2018

Les dinosaures d’Acambaro:

 

 

 

 

par Dennis Swift, Ph.D.

 

 

Dennis Swift

 

 

 

En juillet 1944, par un matin ensoleillé, Waldemar Julsrud, un quincaillier allemand d’Acambaro, au Mexique, se promenait à cheval au pied de la montagne El Toro. Soudainement, il aperçut des pierres taillées partiellement découvertes, et un objet de céramique à demi enterré.

 

 

Julsrud descendit de son cheval, creusa, et extirpa les pierres taillées ainsi que des morceaux de céramique. S’y connaissant en archéologie, il s’aperçu aussitôt que ces pièces de céramique ne ressemblaient à rien de ce qu’il avait déjà vu. Il connaissait les civilisations indiennes tarascane, aztèque, toltèque, maya, chupicauro, inca et pré-inca, mais les objets qu’il tenait dans sa main se distinguaient nettement de ceux des cultures indiennes connues.

 

 

Julsrud découvrit, en 1923, avec Padre Fray Jose Marie Martinez, la culture chupicauro à seulement 12 kilomètres de là. Lorsque quelques fragments de céramique furent découverts à Chupicauro, Julsrud engagea des excavateurs pour les déterrer. Cette découverte attira l’attention des archéologues du monde entier, qui pensèrent d’abord que les statuettes étaient tarascanes; on les associa par la suite à une culture indienne toute nouvelle, les Chupicauro. La civilisation des Chupicaro est apparue environ 500 ans avant Jésus-Christ et s’est éteinte 500 ans après Jésus-Christ, soit près d’un millier d’années avant les Tarascans.

 

Julsrud, à l’âge de 69 ans, était sur le point de faire une découverte archéologique, peut-être la plus importante de l’histoire de l’archéologie. Il engagea un paysan mexicain, Odilon Tinajero, pour fouiller le site où les figurines de céramique avaient été trouvées, et pour qu’il lui rapporte tout autre objet similaire. Peu après, Tinajero rapporta une brouette pleine de poterie de céramique qui avait été trouvée dans la montagne El Toro.

 

Charles Hapgood raconte :«Julsrud était un homme d’affaires rusé et il conclut avec Tinajero une entente très importante dans cette histoire. Il dit à Tinajero qu’il lui donnerait un peso (environ 12 cents) pour chaque pièce complète qu’il rapporterait.» 1

 

Tinajero était donc très consciencieux dans ses fouilles, et il tentait de ne pas briser les figurines. Il recollait les pièces brisées avant de les rapporter à Julsrud.

 

Parmi les milliers d’objets trouvés, certains transformèrent le manoir de Julsrud en «un musée qui marqua les scientifiques». Les figurines sculptées dans de l’argile de couleurs différentes représentaient des dinosaures, divers peuples esquimaux, des asiatiques, des africains, des blancs barbus, des Mongoliens, des Polynésiens et des objets culturellement liés aux Égyptiens, aux Sumériens et à d’autres peuples.

 

Les objets étaient faits d’argile et de pierre, et leur taille variait considérablement. Certaines figures n’avaient que quelques pouces de long, certaines statues mesuraient trois pieds, et certaines figures de dinosaures avaient une taille de quatre ou cinq pieds. La collection, qui comportait alors plus de 20 000 objets, ne contenait une réplique. Chacune des figurines d’argile avait été faite individuellement, sans moule, sculptée avec talent et décorée avec soin. Cette imposante collection comprenait des centaines de figurines de dinosaures qui furent scientifiquement identifiées comme représentant plusieurs espèces de dinosaures.

 

 

Figurines de dinosaures

 

 

Ces sculptures de dinosaures représentaient notamment le trachodon à pattes palmées, le gorgosaure, le monoclonius cornu, l’ornitholeste, le titanosaure, le tricératops, le stégosaure, le diplodocus, le podokosaure, le struthiomimus, le plésiosaure, le léviathan, le maiasaure, le rhamphorynchus, l’iguanodon, le brachiosaure, le ptéranodon, le dimétrodon, l’ichtyornis, le tyrannosaure, le rhynococéphale et d’autres espèces de dinosaures inconnues.

 

 

Brachiosaure

Brachiosaure

 

 

Ces fantastiques figurines de dinosaures menacent les concepts orthodoxes et les échelles de temps de plusieurs champs d’étude. En 1955, Ivan T. Sanderson, Ph.D, fut étonné de constater qu’il existait dans cette collection une représentation précise de son dinosaure américain, le brachiosaure, qui était presque totalement inconnu du public à l’époque. Sanderson écrivit : «cette figurine est une pièce très délicate; elle a l’air polie et est d’un noir de jais. Elle mesure environ 30 centimètres. Ce qui est fascinant, c’est qu’il s’agit d’une représentation absolument parfaite du brachiosaure, découvert uniquement en l’Afrique de l’Est et en Amérique du Nord. Il y a plusieurs représentations de squelettes dans la documentation de base, mais j’ai vu seulement une reconstruction en chair. Cette figurine lui ressemble tout à fait.»

Dans les années 1940 et 1950, alors que la collection de Julsrud augmentait, l’État de Guanajuato, au Mexique, était très peu exploré au point de vue paléontologique et archéologique, et il ne l’est pas davantage aujourd’hui. Mais la vallée fertile d’Acambaro a été occupée au cours des 4000 dernières années par une ou plusieurs civilisations ayant une connaissance approfondie et directe des dinosaures.

 

En 1999, Don R. Patton, Ph. D., et moi-même avons entrepris un voyage à Acambaro, à environ 180 miles au nord de Mexico, afin d’explorer nous-mêmes ses mystères.

 

Peu après notre arrivée à Acambaro, on nous appris que la collection Julsrud était gardée sous clé et qu’elle n’était pas disponible au public. Après quelques jours de négociation avec le maire, le secrétaire du tourisme et le directeur du musée d’Acambaro, on nous donna la permission de voir une partie de la collection. L’endroit où l’on conservait les objets fut cérémonieusement ouvert par le maire. La faible lumière qui entrait par les stores nous permis de distinguer dans les pièces poussiéreuses les boîtes empilées jusqu’au plafond et des objets emballés dans du papier journal et placés précairement dans des contenants de carton effrité.

 

Nous obtinrent la permission officielle d’observer les objets dans la salle de conférence de la ville, sous la surveillance de deux policiers armés de fusils AK-47 et de pistolets. Des employés de la ville faisaient la navette pour nous apporter les boîtes, pendant que je déballais les figurines de céramique et que Patton les photographiait de façon professionnelle.

 

La collection a compté jusqu’à 33 500 figurines, dont des instruments de musique, des masques, des idoles, des outils, des ustensiles, des statues, des visages de différentes nationalités et des dinosaures. Les figurines avaient finalement envahi les douze pièces du manoir de Julsrud, si bien qu’il dut dormir dans sa baignoire, puisque c’était le seul endroit où il y avait de la place.

 

Sur une période de six heures, nous fûmes capables de déballer un peu plus de 800 figurines de céramique. Vu que nous devions faire vite, nous avions étalé sur la table de la salle de conférence tout le contenu des quatorze boîtes que nous avions ouvertes. Parmi ces articles figuraient 75 magnifiques statuettes de dinosaures. Et quel ne fut pas notre émerveillement lorsque nous déballâmes une figurine d’iguanodon.

 

Dans les années 1940 et 1950, l’iguanodon était tout à fait inconnu. Aucun faussaire n’aurait pu connaître ce dinosaure et encore moins le sculpter, car ce n’est qu’en 1978 et 1979 que des squelettes d’iguanodons adultes furent découverts avec leurs nids et leurs petits.2

 

Patton et moi-même devinrent du jour au lendemain des vedettes à Acambaro. Nous fûmes interviewés par la radio et les chaînes de télévision du Mexique. Trois journaux importants de l’État de Guanajuato nous mirent à la une. Je remis des t-shirts de dinosaures aux politiciens et suggérai que l’on fasse d’Acambaro une attraction touristique en imprimant des t-shirts représentant les dinosaures d’Acambaro, des cartes postales et un parc de dinosaures. Des gens viendraient de partout dans le monde pour voir la collection d’Acambaro et ses dinosaures.

 

Je produisis accidentellement un scandale national lorsque je demandai : «Combien de boîtes avez-vous en stock ?». On me dit qu’il y en avait 64, et je murmurai : «Il y a déjà eu 33 500 figurines, et ici, il ne peut en rester que 5 000 ou 6 000». Un journaliste m’entendit, et la semaine suivante nous faisions encore la une des journaux puisqu’une enquête avait été ouverte au sujet des statuettes manquantes.

 

Julsrud fit également naître la controverse sur la collection, mais le vent qu’il avait semé au chapitre de l’histoire prit plusieurs années à se transformer en tempête dans la communauté scientifique. Non restreint par des obligations académiques ou par des idées préconçues, Julsrud se mit à spéculer alors que des milliers de figurines toutes cuites sur feu ouvert étaient découvertes. La caractéristique la plus époustouflante et sensationnelle de la collection était qu’elle représentait des êtres humains et des dinosaures vivant en relation étroite. Julsrud examina l’hypothèse très vraisemblable que ces objets puissent provenir d’une culture encore plus vieille que les Olmèques, les Mavans ou les Chupicauro.

 

La collection pointait vers une culture de l’antiquité très ancienne. Les objets laissaient croire que la région d’Acambaro était autrefois couverte de forêts, par opposition à la vallée sèche qu’elle est aujourd’hui. Les géologues ont découvert que la vallée était autrefois occupée par un grand lac, jusqu’à il y a environ 5000 ou 6000 ans. Le site où l’on découvrit les objets de poterie en céramique était autrefois le bord du lac. Les objets avaient originalement été enfouis dans le sable. La faune, les plantes, les arbres et les fleurs représentés dans l’art de cette civilisation inconnue étaient ceux de ses boisés, lacs et forêts.

 

Julsrud tenta d’attirer l’attention de la communauté scientifique, mais se heurta à l’indifférence et au silence des académiciens. Comme les archéologues, paléontologues, historiens et anthropologues choisirent de l’ignorer, Julsrud décida de publier son propre ouvrage en espagnol, Enigmas Del Pasado. Julsrud rédigea une théorie selon laquelle la collection colossale d’objets de céramique et de pierre avait été enfouie par un peuple en proie à des catastrophes. Il émis l’hypothèse qu’il y avait eu une période de catastrophes qui changea le visage de la Terre, et que d’anciennes civilisations disparurent en raison de ces catastrophes. Sa suggestion la plus radicale, qui fit violemment réagir l’élite scientifique, fut que les hommes et les dinosaures avaient vécu côte à côte.

 

Même s’il était évident que Julsrud venait de faire une déclaration d’une importance scientifique capitale, il fut ridiculisé par les autorités lorsque son livre fut publié.

 

Y eut-il une civilisation précurseur à Acambaro durant l’époque glaciaire des géologues ? Il y a, dans la collection, des représentations non équivoques de l’un des dromadaires américains de l’époque glaciaire, de chevaux de l’époque glaciaire, ainsi que de rhinocéros d’espèces éteintes. Il y a plusieurs figurines de singes géants comme ceux qui ont existé en Amérique du Sud durant le pléistocène.

 

Pendant les fouilles, quelques dents furent trouvées parmi les figurines. En 1955, ces dents furent amenées à George Gaylord Simpson, un éminent paléontologue américain de l’époque qui travaillait à l’American Museum of Natural History. Il les identifia aux dents de l’Equus Conversidans Owen, un cheval éteint qui avait vécu durant l’époque glacière. Nous retrouvons, dans la collection de Julsrud, deux figurines de l’Equus Conversidans Owen. L’image de ce cheval de l’époque glacière est également gravée sur des pots de céramique de la collection.

 

En 1947, après la publication de l’ouvrage de Julsrud, quelques journaux et magazines du Mexique mentionnèrent brièvement la découverte. Mais Julsrud ne pu obtenir l’attention d’aucun scientifique ni d’aucune autorité pour venir enquêter sur les figurines.

 

Finalement, en 1950, un journaliste américain, Lower Harmer, s’aventura en Acambaro pour inspecter la collection. Harmer se rendit au site de la montagne El Toro et photographia Julsrud avec ses excavations, alors que des figurines de dinosaures étaient retirées des racines de Maquey. Il écrivit : «N’importe qui croirait que ces grands sauriens ont pu être créés uniquement par des artistes disparus depuis longtemps qui les connaissaient bien.» 3

 

L’élite scientifique continua d’agir comme si rien d’important qui aurait pu menacer le paradigme de l’évolution ne s’était produit à Acambaro . En dépit de leurs efforts pour minimiser et expliquer les découvertes de Julsrud en déclarant qu’il ne s’agissait que d’un plaisantin excentrique, l’information fut graduellement exposée à une audience qui prendrait la collection de Julsrud au sérieux et la considérerait comme légitime.

 

William W. Russell, un journaliste de Los Angeles se pointa rapidement sur la scène. Il photographia lui-même les fouilles. Des trous fraîchement creusés laissaient voir plusieurs objets pris dans des racines.4 Les objets devaient avoir été sous terre depuis fort longtemps pour que des racines d’arbres poussent autour d’eux, à une profondeur de 5 ou 6 pieds. Russell nota qu’il était évident que les objets étaient très anciens.

 

Les découvertes furent alors décrites dans la documentation disponible au grand public, tant et si bien que les scientifiques ne purent plus les couvrir par leur silence académique. Les archéologues professionnels durent donc composer avec le problème d’Acambaro.

 

En 1952, Charles C. Dipeso de l’Amerind Foundation fut convaincu par les rapports populaires que présentaient les journaux et revues (comme Fate4) de débuter l’examen de cette étrange collection. Des échantillons lui furent envoyés, mais les tests en laboratoire ne prouvèrent rien. Dipeso pensait que les tests prouveraient que la collection n’était qu’un canular en démontrant qu’elle était de constitution moderne.

 

Les figurines ne pouvaient pas être falsifiées pour la simple raison qu’elles représentaient des reptiles du Mésozoïque. En juin 1952, Dipeso se rendit à Acambaro afin d’examiner la collection de Julsrud. En moins de quatre heures, il déclara avoir observé 32 000 articles dans le manoir. En fait, il certifia que son examen avait été très précis et approfondi, si bien qu’il avait pu observer que les dépressions des figurines formant les yeux, les écailles et la bouche étaient nettes et neuves. Aucune poussière n’était présente dans les crevasses.5

 

Dipeso dut être un archéologue bionique, maniant les objets à une vitesse qui dépassait celle de Superman. Pour accomplir cet exploit herculéen, il aurait fallu qu’il inspecte 133 objets par minute, sans s’arrêter. En réalité, cela aurait pris plusieurs jours pour déballer la masse de pièces intactes, brisées ou réparées qui se trouvaient dans les boîtes. Une fois les morceaux déballés, démêlés et placés parmi les objets déjà exposés dans le manoir, il aurait fallu plusieurs jours pour effectuer un examen sommaire.

 

Charles Dipeso déclara qu’une enquête plus attentive avait révélé qu’une famille vivant dans la région d’Acambaro avait fabriqué les figurines pendant «les mois d’hiver, alors que les champs étaient au repos». Dipeso pensait que sa famille de farceurs s’était inspirée du cinéma, des bandes dessinées, des journaux et des livres de la bibliothèque locale.

 

Il semble cependant que Dipeso ne croyait pas réellement que la collection Julsrud était fausse. Julsrud affirma qu’avant de retourner aux Etats-Unis afin d’écrire les articles qui dénonceraient la farce, «M. Dipeso m’a déclaré qu’il était tout à fait convaincu de l’authenicité de ma découverte. Il désirait acheter pour son musée un certain nombre de statuettes d’origine tarascane.» Julsrud ne voulu vendre aucun de ses objets à Dipeso, mais il l’envoya à un homme qui vendait des antiquités. Le marchand dit à Dipeso que les céramiques de Julsrud venaient d’un homme qui vivait avec ses trois enfants à trente minutes du village, près de l’usine d’irrigation de Solis. Julsrud dit : «Pourquoi Dipeso n’est-il pas allé voir cet homme pour s’assurer de la vérité ? Un scientifique sérieux a l’obligation d’aller d’enquêter lui-même et de ne pas donner crédit à ce que le premier venu lui raconte».

 

En premier lieu, il aurait été contre le code d’éthique archéologique et illégal de la part de Dipeso de se procurer ces objets indiens et de les emporter hors du pays. En second lieu, le marchand d’antiquités qui vendit au noir les objets à Dipeso avait de raisons évidentes de ne pas vouloir que Dipeso se procure des statuettes de Julsrud. Nous n’avons donc aucune difficulté à comprendre pourquoi le marchand a inventé l’histoire des faussaires.

 

Francisco Aguitar Sanchaz, surintendant du réseau national d’irrigation de Solis déclara : «depuis quatre ans, je connais personnellement les habitants de toute la région et ses activités archéologiques, et je nie positivement qu’il y ait eu une telle production de céramique dans la région.» Le président municipal d’Acambaro, Juan Terrazaz Carranza, publia le document officiel no 1109 le 23 juillet 1952, dans lequeil il réfutait les allégations de Dipeso :

 

«Sa Présidence, sous ma directon, a ordonné qu’une enquête soit menée relativement à cette affaire, et elle en est venue à la conclusion que dans cette région municipale, il n’existe aucun individu qui fabrique ce genre d’objet.»

 

 

Ankylosaure

Ankylosaure

 

 

De nombreux autres problèmes sont associés aux allégations fallacieuses de Dipeso. Il omis de mentionner que les objets de céramique, sculptés dans divers styles et variétés d’argile, avaient été fabriqués individuellement, et non dans des moules. De plus, il n’y avait pas seulement des objets de céramique, mais aussi des objets de pierre.

 

 

La collection de céramique est d’une beauté et d’une variété sans égal, et a suscité l’admiration de beaucoup d’artistes professionnels. Aucune famille de paysans ne pourrait fabriquer des milliers et des milliers de sculptures uniques avec autant de talent et de finesse.

 

 

Le célèbre médecin légiste et avocat Earle Stanley Gardner, dont les romans policiers ont inspiré l’émission de télévision Perry Mason, travailla comme procureur pour la ville de de Los Angeles pendant plus de 20 ans. M. Gardner examina la collection et, en tant que procureur expérimenté, il affirma que si un groupe de faussaires avait fabriqué tous les objets, leur style pourrait être observé sur toute la collection.

 

 

«Tout criminel et toute organisation criminelle a sa propre façon d’agir. La police peut souvent identifier un criminel ou une bande de malfaiteurs par la méthode utilisée pour commettre le crime. Il est évident qu’un seul individu ou groupe n’aurait pas pu fabriquer les statuettes.»

 

 

Charles Dipeso insista sur le fait que la collection était un canular brillant; les chercheurs avaient creusé des trous, enterré les objets et les avaient ensuite déterrés. Dipeso conclut son rapport de 1953 en affirmant avec confiance : «Notre investigation a prouvé de manière conclusive que les figurines ne sont pas préhistoriques et qu’elles n’ont pas été faites par une race préhistorique supérieure associée aux dinosaures.»6

 

 

Une grande part du rapport de Dipeso était totalement non fondée et tenait de la pure conjecture. Quel aurait été le but des faussaires ? Économiquement parlant, à un peso (12 cents) la figurine, Tinajero, un pauvre fermier mexicain, n’aurait jamais pu financer la fabrication de 33 500 figurines, sans compter les coûts d’enfouissement et de recherche des objets.

 

 

La collection n’a pas uniquement été fabriquée avec doigté, mais comporte des espèces de dinosaures rares que seule une personne ayant fait de hautes études, et qui aurait étudié en profondeur la documentation paléontologique, aurait pu connaître. Odilon Tinajero n’avait ni la compétence artistique, ni les études nécessaires à l’élaboration d’un tel canular. Tinajero avait quitté l’école en quatrième année et pouvait à peine lire et écrire.

 

Acambaro est une région aride et relativement déopourvue d’arbres; pourtant, tous les objets de céramique ont été cuits à feu ouvert. Ceci aurait exigé plusieurs chargements de bois, ce qui est très coûteux à Acambaro. Le feu aurait brûlé longtemps et souvent. La fumée produite par le feu n’aurait pas pu passer inaperçue dans la communauté.

 

Après cette histoire, Ramon Rivera, professeur d’histoire de l’école secondaire d’Acambaro, ouvrit une enquête d’un mois, interrogeant des gens de tous âges et de toutes professions. Le professeur Rivera connaissait fort bien l’histoire de la région et entretenait des liens étroits avec les habitants d’Acambaro.

 

Rivera écrivit ce rapport : «La vérité est qu’il est absolument impossible que quelqu’un vivant à Acambaro ou dans les alentours ait pu fabriquer de tels objets en quantité ou petit à petit. Ce fait a été examiné par tous les moyens possibles, et cela en couvrant une échelle de 100 ans. Il y a ici des vieillards qui peuvent encore donner des détails d’événements autrement non enregistrés, à partir de la date d’indépendance de ce pays.»

 

Un autre point souvent ignoré dans le débat concernant l’authenticité des objets est que plusieurs des figurines sont faites de pierre dure, et non de céramique. Ces objets de pierre démontrent tous les effets de l’érosion et sont du même style que ceux de céramique; le facteur d’érosion est presque impossible à imiter.

 

En 1954, la grande controverse touchant la collection Julsrud atteignit un point culminant, et les archéologues officiels du gouvernement mexicain décidèrent d’enquêter. Eduardo Noquera, Ph.D., directeur du département des monuments pré-hispaniques de l’Institudo Nacional de Antropologiae Historia, dirigea l’enquête. Noquera était accompagné de Rafael Orellana, de Ponciano Salazar et d’Antonio Pompa y Pompa également de l’Instituto Nacional de Antropologiciae Historia. Dès leur arrivée, ils inspectèrent la collection et se rendirent à la montagne El Toro afin de sélectionner des sites non perturbés par les fouilles.

 

Noquera supervisa la fouille sur un site qu’il avait sélectionné avec les autres archéologues mexicains réputés. Après plusieurs heures de travail, ils découvrire plusieurs figurines. Les archéologues déclarèrent que les objets portaient tous les signes de l’antiquité et qu’ils avaient été enfouis il y avait fort longtemps. Les figurines furent déterrées en présence de nombreux témoins, dont des étudiants de la région et des membres de la chambre de commerce. Les archéologues félicitèrent immédiatement Julsrud d’avoir fait ces remarquables découvertes. Deux des archéologues lui promirent d’envoyer des textes aux journaux scientifiques concernant la découverte.

 

 

Noquera s’aperçu que les figurines de dinosaures posaient un problème majeur pour sa carrière professionnelle. Les archéologues étaient confrontés à un dilemme : devaient-ils dire la vérité sans se soucier de ce qu’on dirait, et déclarer qu’ils avaient effectivement choisi un site, qu’ils l’avaient fouillé et qu’ils y avaient découvert des figurines de dinosaures, ou devaient-ils cacher la vérité et proposer une autre explication ?

 

 

Noquera retourna à Mexico, et trois semaines plus tard il soumit un rapport dans lequel lui et ses subordonnés déclaraient que la collection devait être fausse en raison des formes de vie représentées : les dinosaures. Noquera écrivit : «En réalité, en dépit de la légitimité scientifique apparente entourant la découverte de ces objets, il s’agit d’un cas de reproduction et de falsification d’objets fabriqués à une époque relativement récente. À mon avis, cette collection se compose de trois types d’objets : l’un d’eux est constitué de figurines que l’on prétend être des reproductions anciennes d’animaux éteints depuis des millions d’années. L’auteur de ces objets s’est peut-être inspiré des livres de paléontologie très en vogue à la fin du siècle dernier, ou au début du siècle présent».

 

 

Julsrud fut très déçu de voir comment, dans l’espace d’une semaine, les archéologues avaient d’abord validé la collection, puis adroitement détourné l’histoire pour nier leur propres découvertes. Julsrud, refusant de se laisser abattre par toute la poussière de dérision académique qui retombait sur la collection à cause du désir des scientifiques de la faire disparaître, persévéra à convaincre les sceptiques.

 

 

Peu après, entra en scène un éminent chercheur qui devait contrecarrer les prétentions des opposants de Julsrud par une série d’arguments et de faits incontestables. Durant l’été 1955, Charles Hapgood, professeur d’histoire et d’anthropologie au collège Keene State de l’université du New Hampshire, passa plusieurs mois sur le site d’Acambaro et mena une enquête très détaillée sur la collection. Charles Hapgood s’était déjà distingué en publiant de nombreux ouvrages dont Earth’s Shifting Crust (1958), Maps of the Ancient Sea Kings (1966) et The Path of the Pole (1970).

 

 

Hapgood entrepris des fouilles sur de nombreux sites qui n’avaient pas encore été touchés, et trouva plusieurs figurines de céramique de type «Julsrud.» Afin d’écarter hors de tout doute la possibilité que Tinajero ou un autre aurait fabriqué les objets, Hapgood décida de faire des fouilles sous une maison construite en 1930, longtemps avant la découverte de statuettes à la montagne El Toro. Il découvrit une maison directement sur le site qui appartenait au chef de police, et il demanda la permission de creuser sous le plancher de la maison. La permission lui fut accordée. Il creusa donc un trou de 6 pieds de profondeur sous le plancher de béton du salon, et y déterra des douzaines d’objets aussi controversés que les autres. Comme la maison avait été construite 25 ans avant que Julsrud arrive au Mexique, cela disculpa Julsrud, élimina la théorie des faussaires, et invalida les rapports de Dipeso ainsi que ceux de Noquera sur tous les points importants.

 

 

 

Iguanodon

Iguanodon

 

 

En 1968, Charles Hapgood retourna à Acambaro accompagné d’Earle Stanley Gardner, l’auteur de la populaire série Perry Mason. Gardner n’avait pas seulement étudié en criminologie, il était aussi agent d’enquête pour es problèmes archéologiques. Il fut vivement impressionné par l’ampleur et la variété de la collection. Il était clair que Gardner considérait la théorie du canular comme complètement impertinente.

 

La méthode de datation au radiocarbone 14 était encore dans son tout jeune âge, mais Hapgood se procura des spécimens afin de les tester au C14.7 Gardner et Andrew Young (l’inventeur de l’hélicoptère Bell) financèrent les tests.

 

Hapgood soumit les échantillons au Laboratory of Isotopes Inc. au New Jersey. Les résultats sont les suivants:

 

Échantillon no 1 : (I-3842) 3590 + – 100 (circa 1640 avant Jésus-Christ)
Échantillon no 2 : (I-4015) 6480 + – 170 (circa 4530 avant Jésus-Christ)
Échantillon no 3 : (I-4031) 3060 + – 120 (circa 1110 avant Jésus-Christ)

 

Les dates au radiocarbone allant jusqu’à 4 500 ans avant Jésus-Christ feraient de la collection la plus ancienne de tout l’hémisphère ouest.

 

En 1972, Arthur Young soumit deux des figurines à Froelich Rainey, Ph.D., directeur de la Musée de Datation Thermoluminescente du Pennsylvanie. Le laboratoire Masca obtint des dates thermoluminescentes de plus de 2 700 ans avant Jésus-Christ. Dans une lettre datée du 13 septembre 1972 adressée à Young , Rainey dit :

 

«… Maintenant que nous avons derrière nous plusieurs années d’expérimentation ici au laboratoire et à Oxford, nous ne doutons plus de la fiabilité de la méthode thermoluminescente. Nous avons une marge d’erreur de 5 à 10 % tout au plus dans la datation absolue, mais nous ne nous inquiétons plus au sujet des imprévus qui pourraient remettre tout le système en question. Je dois également préciser que nous avons été si surpris par les dates extraordinairement anciennes de ces figurines que Mark Han exécuta la procédure 18 fois en laboratoire, et cela sur chacun des 4 échantillons. Aussi, de nombreuses recherches substantielles furent faites sur ces statuettes… Tout bien considéré, le laboratoire maintient ces dates pour le matériel de Julsrud, peu importe ce qu’elles signifient pour la datation archéologique du Mexique ou pour le débat entourant l’authenticité des objets.»

 

Mais lorsque le laboratoire de l’université de Pennsylvanie découvrit que la collection comportait de dinosaures, ils se rétractèrent. Ils déclarèrent que les morceaux de céramique avaient dégagé des signaux de lumière régénérée, et qu’ils ne pouvaient pas dater de plus de trente ans.

 

Un technicien en thermoluminescence admit que, selon son expérience, il n’existait aucune autre sorte de céramique qui produisait des signaux de lumière regénérée, et qu’aucune autre datation thermoluminescente n’avait été faite sur de la céramique en utilisant un signal de lumière régénérée. Bref, le test était une excuse en jargon de laboratoire pour éviter la conclusion évidente selon laquelle les dinosaures et l’homme avaient vécu ensemble.

 

John Tierney décida de dénoncer la tromperie des chercheurs de l’université de Pennsylvanie en refaisant le test selon la procédure standard. Tierney obtint deux fragments de céramique de type Julsrud trouvé à la montagne El Toro, à Acambaro en 1956, en présence de Julsrud. Tierney soumit les pièces à Victor J. Bortolet, Ph.D., directeur de recherche des services de laboratoire d’archéométrie nucléaire Daybreak pour qu’il les date. Bortolet situa l’âge des objets à un maximum de 2 000 ans, invalidant ainsi le rapport Masca selon lequel les objets avaient de 30 à 100 ans.8

 

John Tierney remit une demi-douzaine de céramiques de Julsrud faites d’argiles différentes à une équipe de l’université de l’État d’Ohio. L’équipe d’experts se composait de J. O. Everhart, Ph.D. (président du département d’ingénérie céramique), d’Earle R. Caley, Ph.D. (l’un des chimistes archéologiques les plus respectés du monde), ainsi que d’Ernest G. Ehlers, Ph.D. (minérologue au département de géologie de l’université de l’État d’Ohio). Ils ont déclaré qu’ils ne pouvaient aucunement croire que les objets eussent été faits dans les temps modernes, et qu’ils ne pouvaient pas non plus croire qu’ils eussent été fabriqués par quelque amateur tentant de perpétuer une supercherie. Lorsque je leur annonçai qu’il s’agissait d’objets de la collection Julsrud, un silence profond et interminable envahit la pièce.

 

En 1997, l’entreprise B.C. Video réalisa une émission sur l’art jurassique dont une partie sur Acambaro était à l’origine incluse dans la présentaion spéciale de NBC sur les origines mystérieuses de l’homme. L’émission présentait Neil Steede, président de l’Early Sites Research Society West et de la Mexican Epigraphic Society, tentant de démystifier la collection, clamant qu’elle était de fabrication récente. Vers la fin de l’émission, on révèle qu’il avait envoyé deux échantillons de céramique de type Julsrud (l’un représentant un homme et l’autre un dinosaure) à un laboratoire indépendant de datation au C14. Les tests avaient donné des résultats étonnants. La figurine humaine était datée à 4000 ans AP (avant le présent) et la figurine de dinosaure, à 1 500 ans AP. Steede était embarrassé de dire que la date de la figurine humaine était crédible, mais que celle de la figurine de dinosaure était fausse. En réalité, la figurine de dinosaure créait beaucoup trop de tension pour la science orthodoxe, et Steede devait trouver une issue de secours. Cette issue était simple, il refusa d’admettre la date de la figurine de dinosaure.

 

La compagnie japonaise Nissi commandita une équipe de télévision pour qu’elle se rende à Acambaro et tourne une émission pour la télévision japonaise au sujet des figurines d’Acambaro. L’émission intitulée « Les anciens ont-ils vu les dinosaures ? » fut présentée le 2 février 1997 au Japon. Dans un moment mémorable de l’émission, le narrateur japonais observe une figurine d’animal, et la place à côté de son livre sur les espèces de dinosaures. Herrejon, Ph.D., dit que même les dinosaures qui ressemblent au brontosaure ne ressemblent pas au dinosaure saurien «type». On lui demande alors ce qu’il entend par dinosaure «type». Il répond : « ils avaient des épines dorsales tout au long de leur dos, de petites épines ». Nous dessinons ensuite des dinosaures ayant des épines dorsales coniques, et Antonio les pointe vigoureusement, s’exclamant en espagnol : « c’est cela, c’est cela ! ».

 

Herrejon avait involontairement aidé à confirmer l’authenticité des figurines de Julsrud. Dans les années 1940 et 1950, personne ne savait que certaines espèces de dinosaures sauriens avaient des épines dorsales. On les représentait comme on les voit sur les panneaux publicitaires des stations d’essence Sinclair. C’est le travail de Stephen Czerkas, dans un article écrit en 1992, qui a fait ressortir cet aspect de l’anatomie saurienne. (Geology, V20, No. 12, 1992, p.1068-1070).

 

Herrejon était très au courant des détails et de l’ampleur de la collection Julsrud (33 700 morceaux de céramique). Il déclara qu’il était réellement étonnant qu’aucune de ces figurines ne soit la réplique d’une autre. Elles étaient toutes différentes. D’autres qui avaient examiné de près la collection avaient aussi remarqué ce fait. Antonio commenta : «Si ces objets ont été fabriqués, qui était l’artiste ? Aucun artiste seul ne pourrait façonner 33 700 figurines, toutes de style différent. S’il s’agit d’un canular, il y avait plusieurs artistes. Mais comment une telle conspiration aurait-elle pu rester sous silence pendant tant d’années ? Il est certain que quelqu’un aurait été au courant de telles activités.»

 

Je demandai à Herrejon de me parler de la condition dans laquelle étaient les statuettes lorsqu’elles furent découvertes. Antonio dit que de la terre et autres substances (patine) y étaient incrustées. Durant la semaine de Pâques de 1951, Antonio avait passé deux jours avec Julsrud, nettoyant la terre et la patine des pièces de céramique récemment déterrées.

 

Herrejon et Julsrud ne réalisèrent pas que l’absence de patine sur les objets les mènerait à des accusations selon lesquelles les figurines ne pouvaient ni être anciennes, ni authentiques. Julsrud avait, par ignorance, commencé à nettoyer les morceaux dans les années 1940, et le travail avait été complété par Tinajero et ses aides.

 

Cependant, il y eut plusieurs témoins qui virent Julsrud retirer les morceaux de céramique de la terre, et ils confirmèrent que les objets étaient maculés de terre et de patine.

 

Lorsque je manipulai moi-même plusieurs centaines de figurines de la collection Julsrud, j’observai qu’il y avait toujours de la terre incrustée dans les crevasses, et qu’il y avait toujours un peu de patine à la surface.

 

Pour voir 75 autres figurines http://www.bible.ca/tracks/tracks-acambaro-dinos.htm


Traduit par Ketsia Lessard et Marie-Josée Roy


Tous les images sont reproduit avec la permission de Don Patton

 

 

References:

 

 

1. Charles Hapgood, MYSTERY IN ACAMBARO, An Account of the Ceramic Collection of the Late
Waldemar Julsrud in Acambaro, QTU, Mexico. (Self Published, 1972).

2. THE DINOSAUR ENCYCLOPEDIA, (Kingfisher Books: New York, N.Y.) p.80.

3. Lowell Harmer. MEXICO FINDS GIVE HINT OF LOST WORLD, Los Angeles Times, (mars 25,1951).

4. William N. Russell « Did Man Tame the Dinosaurs? » Fate, (March, 1952), pp 2027; « Report on
Acambaro,  » Fate. (juin 1953), pp.31-35.

5. Charles C. Dipeso, « The Clay Figurines of Acambaro, » Guanajuato, Mexico, American Antiquity, avril
1953, pp 388-389.

6. Charles Dipeso, « The Clay Monsters of Acambaro,  » Archaeology (été 1953), Pages 111-114.

7. Taylor and Berger, American Antiquity (Vol.33, No.3), 1968.

8. John H Tierney, « Pseudoscientific Attacks On Acambaro Artifacts: The Ceramic Technology of
Intellectual Suppression, » World Explorer Magazine (Vol.1 #4), pp 52-61.

 

 

 

08:57 Publié dans Science | Lien permanent | Commentaires (0)

18/05/2018

Expériences de stratification:

 

 

 

 

 

Par Guy Berthault, Ph.D.

 

 

J’ai toujours été intrigué par les énoncés de la géologie historique, avec ses ères de centaines de millions d’années. Je désirais savoir dans quelle mesure ces affirmations sur l’âge des formations géologiques avaient été démontrées, ou pouvaient être démontrées, par l’approche expérimentale. J’ai donc repris l’étude du sujet, il y a quelques années, en portant une attention toute particulière aux principes de stratigraphie qui sont utilisés pour déterminer une chronologie relative des strates géologiques, en fonction de leur superposition.

 

Tout d’abord, considérons quelques définitions. Une strate est une couche distincte de lithologie (nature de la roche), qui est homogène ou qui est avec une gradation, et qui est déposée parallèlement à l’inclinaison initiale de la formation géologique. Elle est séparée des strates adjacentes et des strates discordantes par a) des surfaces d’érosion (érodées par l’eau), b) l’absence de dépôts, ou c) un changement marqué des caractéristiques. Les strates varient de moins d’un millimètre à plus d’un mètre d’épaisseur et incluent les lits (> 1 cm), les laminations (< 1 cm) et les micro-strates (< 1 mm). Une strate présente souvent une ségrégation de ses particules, dont la taille diminue de bas en haut. Un faciès représente pour sa part une superposition de strates qui a des caractéristiques définies.

 

Les faciès et, à plus grande échelle, les faciès superposés, sont considérés comme étant des couches successives de sédiments déposés de façon isochrone (durée constante). Autrement dit, la strate la plus basse d’un faciès a été formée en premier, la deuxième ensuite, etc. Les principes de la stratigraphie sont fondés sur cette croyance selon laquelle les strates sont des couches formées de manière successive dans le temps.

 

En 1667, Nicholas Steno, un naturaliste de la Toscane a écrit dans son ouvrage Canis Carchariae que «les couches de sous-sol sont des strates successives de sédiments anciens». De cette affirmation, il a déduit les principes de la stratigraphie définis dans son ouvrage de 1669, Prodromus, dont :

 

 

A. Le principe de superposition


«… au moment où une quelconque strate s’est formée, toute la matière reposant à sa surface était fluide, par conséquent, au moment où la strate du bas se formait, aucune strate supérieure n’existait encore».

B. Le principe d’horizontalité initiale


«Les strates, qu’elles soient perpendiculaires ou inclinées par rapport à la ligne d’horizon, étaient antérieurement parallèles à l’horizon. ».

C. Le principe de continuité des strates


«Le matériel formant une strate quelconque était continu sur toute la surface de la Terre, sauf si d’autres corps solides faisaient obstruction à cette continuité»

 

Implications pratiques de ces définitions

 

 

De Luc, au début du XIXème siècle, et plus tard Brongniart, ont considéré que si le principe de superposition indiquait une séquence temporelle, la différence dans le contenu en fossiles des strates indiquerait un changement des espèces en fonction du temps. Subséquemment, la présence de fossiles indicateurs dans les strates superposées a été utilisée comme une évidence de la succession d’époques géologiques. Plus tard, ces principes de stratigraphie et de biostratigraphie ont fourni la base sur laquelle les géologues du XIXème siècle ont établi la séquence stratigraphique.

 

Examen des données expérimentales

 

 

À la fin du XIXème siècle, Johannes Walther a étudié la formation de dépôts synsédimentaires (sédimentation simultanée) dans un delta formé par progradation ou qui s’était développé de la côte en direction de la haute mer. Il a observé la même succession de faciès, de haut en bas et de la côte en direction de la mer. Ceci était une évidence claire du fait que les faciès en séquence, lorsqu’ils sont superposés et juxtaposés en même temps, ne suivent pas toujours les principes de superposition et de continuité (Figure 1).

 

 

 

 

Figure 1. Walther a observé la même succession de faciès, de haut en bas et de la côte en direction de la mer

Dans les années 70 et 80, les forages du Glomar Challenger au fond de l’Océan Pacifique ont mis en évidence que la découverte de Walther concernant les faciès superposés et juxtaposés s’appliquait également aux sédiments en mer profonde. On peut d’ailleurs démontrer que les observations de Walther sont une conséquence naturelle des mécanismes de sédimentation.

 

Le géologue américain Edwin McKee2 a rapporté ses observations concernant les sédiments déposés en 1965 alors que la rivière Bijou, au Colorado est sortie de son lit après 48 heures de pluies torrentielles. Les dépôts stratifiés, qui atteignaient une épaisseur de 12 pieds (3,6 m), ont montré une ségrégation des particules et une formation de plans de litage (bedding planes).

 

Or, on considère généralement que les plans de litage sont le résultat d’interruptions dans la sédimentation, avec un durcissement en surface de la couche s’étant formée la dernière, avant une nouvelle sédimentation. Il était impossible, par une simple observation des strates de la rivière Bijou Creek, de savoir si ces strates s’étaient formées successivement, l’une sur l’autre, ou de manière synsédimentaire. De toute façon, une durée de 48 heures ne donnait pas suffisamment de temps à la surface d’aucune strate pour durcir avant qu’une nouvelle sédimentation subséquente soit déposée sur cette surface. La séparation des strates observée devait forcément être causée par un autre mécanisme.

 

Expériences personnelles

 

En cherchant dans la littérature spécialisée en géologie et en sédimentologie, j’ai été surpris de découvrir qu’il y avait peu de données expérimentales sur la formation des strates. On avait apparemment supposé que toutes les strates se forment selon les principes de stratigraphie. Mon objectif visait donc à tester par l’expérimentation ce mécanisme hypothétique de formation des strates.

 

Évaluation des conditions de formation des strates

 

J’ai commencé par examiner comment les particules sédimentaires se déposaient en conditions sèches ou humides. Des grains de sable de dimensions variables ont produit des micro-strates lorsqu’ils étaient déversés dans une fiole (Figure 2). Les micro-strates étaient formées par un tri spontané des particules de sable selon leurs tailles, les grosses particules se retrouvant au fond et les plus petites particules à la surface. Le processus se répétait de lui-même, produisant de multiples micro-strates.

 

 

 

Figure 2. Des grains de sable de dimensions variables ont produit des micro-strates lorsqu’ils étaient déversés dans une fiole.

 

Cette observation était fondamentale, parce qu’elle démontrait que les micro-strates se forment par un tri des particules, indépendamment de leur vitesse de sédimentation, et non selon le principe d’une strate se formant la première et ensuite une autre à sa surface. Mes résultats furent publiés par l’Académie française des sciences,3,4 ce qui m’a encouragé à poursuivre mes expériences, mais sur une échelle beaucoup plus grande.

 

Expériences menées à l’Université du Colorado

 

 

Les expériences à plus grande échelle exigeaient un laboratoire ayant une technologie de pointe. Ayant lu des travaux américains sur la sédimentologie, j’ai contacté l’Université Colorado State. Ces démarches ont permis d’initier une série d’expériences dans leur laboratoire moderne d’hydraulique à Fort Collins. Pierre Julien, un sédimentologue, était responsable des expériences qui se sont déroulées dans des chambres hydrauliques vitrées de grandes dimensions (flumes), ce qui permettait l’observation et le filmage au-dessus et sur les côtés des réservoirs (Figure 3).

 

 

 

Figure 3. La formation des micro-strates dans des chambres hydrauliques vitrées.

 

 

Des particules de sable de différentes dimensions ont été versées dans l’eau qui circulait dans les chambres. Des variations dans la vitesse du courant d’eau ont provoqué un tri des particules selon leurs dimensions. À 1m/s (3,6 km/h), des micro-strates superposées se sont formées latéralement, sur le côté, dans le sens du courant. Une réduction de la vitesse à 0,5 m/s a amené les particules plus grosses à se rassembler sur la première micro-strate, mais toujours dans le sens du courant. Un retour de la vitesse du courant d’eau à 1m/s a provoqué la formation d’une troisième micro-strate, semblable aux premières, principalement en raison de l’érosion en surface de la deuxième strate formée des plus grosses particules. L’accumulation de sédiments a donc produit un dépôt qui se composait a) d’une partie aval formée de la micro-strate la plus basse, b) d’une autre partie en pente, formée de la micro-strate des plus grosses particules, et c) de la partie amont formée de la micro-strate du dessus. Chacun de ces trois dépôts s’est formé successivement vers l’aval et était donc plus jeune que celui qui le précédait en amont. Des variations dans la vitesse du courant, comme c’est le cas avec les rivières et les océans, pourraient ainsi provoquer la formation verticale et latérale de dépôts en même temps, dans le sens du courant.

 

 

Les expériences avec les chambres hydrauliques ont également démontré la mécanique de la stratification, selon laquelle :

 

  1. Les particules sont ségréguées selon leur taille lorsqu’elles sont transportées dans un courant de vitesse variable;
  2. La dessiccation ou le séchage de dépôts a provoqué des séparations de couches.
  3. La stratification du dépôt, sous des conditions sèches ou humides, s’est formée parallèlement à la pente du dépôt, laquelle pouvait excéder 30°. 5

Faits saillants

 

On a ainsi découvert que là où il y a du courant :

 

  1. Les strates peuvent se former latéralement et verticalement en même temps ;
  2. Les strates peuvent se former de la même manière en tant que séquences de faciès;
  3. Les strates ne sont pas toujours une mesure de la chronologie.

Ces faits expérimentaux démontrent clairement que :

 

  1. Les strates superposées ne résultent pas toujours, selon les croyances de Steno, de couches successives de sédiments dans le temps; en conséquence, le principe de superposition ne s’applique pas toujours à des strates formées dans un courant d’eau;

La stratification formée parallèlement à une pente et excédant un angle de 30° peut invalider le principe d’horizontalité initiale. Les strates inclinées ne sont donc pas nécessairement le résultat d’effondrements ou de soulèvements.

 

Lien entre les résultats expérimentaux et les formations géologiques

 

 

Les expériences ont démontré que les strates déposées par le courant peuvent se former de la même façon qu’une séquence de faciès. Ceci est consistant avec la stratigraphie des séquences. Les expériences démontrent que les plans de litage (bedding planes), considérés comme résultant d’interruptions de la sédimentation, peuvent en fait résulter de la dessiccation des sédiments. En outre, plusieurs travaux ont démontré les relations entre les conditions hydrauliques synsédimentaires (simultanées) et les structures sédimentaires, soient les observations sous-marines récentes telles que celles de Rubin6, la revue de littérature par Southard7 des recherches en chambres hydrauliques, et les études sur les rivières initiées par Hjulström8, et poursuivies par plusieurs autres chercheurs. La relation est particulièrement significative entre la vitesse critique de sédimentation et la taille des particules. De telles relations correspondent à celles observées dans nos expériences en laboratoire et peuvent donc être utilisées pour déterminer les conditions paléohydrauliques minimales (vitesse du courant, profondeur de l’eau, décharge et vitesse d’accumulation des sédiments) à partir des structures rocheuses d’origine sédimentaire.

 

Guy Berthault est le vice-président du Cercle Scientifique est Historique et a son propre site webavec de plus amples informations en anglais seulement concernant la sédimentologie.

 

 

Tiré de : «Vital Articles on Science/ Creation»
© Copyright 2004 Tous droits réservés. Institute for Creation Research, http://www.icr.org/pubs/imp/imp-328.htm

 

traduit de l’anglais par Ketsia Lessard et Marc Hébert, M.Sc.



Références bibliographiques

 

 

  1. Walther J., 1893-1894, Einleitung in die Geologie als historische Wissenschaft: Jena Verlag von Gustav Fisher, Sud. 1055p.
  2. McKee, E.D., Crosby, E.J. & Berryhill, H.L. Jr. 1967, Flood deposits, Bijou Creek, Colorado, 1965, Journal of Sedimentary Petrology, 37, 829-851.
  3. Berthault G. 1986, Sedimentology—experiments on lamination of sediments, C.R. Acad. Sc. Paris, 303 II, 17, 1569-1574.
  4. Berthault G. 1988, Sedimentation of heterogranular mixture—experimental lamination in still and running water, C.R. Acad. Sc. Paris, 306, II, 717-724.
  5. Julien P, Lany, Berthault G., 1993, Experiments on stratification of heterogeneous sand mixtures, Bulletin de la Société Géologique, France, 164-5, 649-660.
  6. Rubin D.M. and McCulloch D.S. 1980, Single and superposed bedforms: a synthesis of San Francisco Bay and flume observations, Journal of Sedimentary Petrology, 26:207-231.
  7. Southard J. and Boguchwal J.A. 1990, Bed configuration in steady unidirectional waterflows, part 2, Synthesis of flume data, Journal of Sedimentary Petrology 60(5) : 658-679.
  8. Hjulström F. 1935, The morphological activity of rivers as illustrated by river fyris, Bulletin of the Geological Institute Uppsala, 25, chapter 3.

Autres publications de Dr. Berthault qui remets en question les de la stratigraphie et l’échelle des temps géologiques

 

Berthault G., 2002. Analysis of Main Principles of Stratigraphy on the Basis of Experimental Data. Lithology and Mineral Resources 37(5) 442-445.

 

Berthault G., 2004. Fundemtological Interpretation of the Tonto Group Stratigraphy (Grand Canyon Colorado River). Lithology and Mineral Resources 39(5) 480-484.

 

 

 

11:08 Publié dans Science | Lien permanent | Commentaires (0)

19/01/2018

Un poisson mutant prouve l’évolution ?

 

 

 

 

 

En novembre 2015, le magazine Evolution a publié un article dans lequel on clame encore une fois avoir découvert une preuve de l’évolution. L’équipe de Rowan Barrett, zoologiste à l’Université de Colombie Britannique, est à l’origine de cette recherche qui concerne un poisson de la famille des épinoches qui vit en eaux marines et en eaux douces.

Sur le site de l’université de Colombie Britannique on rapporte que :

 

 

Selon le zoologiste Rowan Barrett : « Les scientifiques ont identifié une version mutante du gène, ou allèle, qui inhibe la croissance de l’armure d’écailles »

« Alors que cet allèle n’est présent que chez 1 % des individus marins, cet allèle est très répandu au sein de la population vivant en eau douce »

 

 

 

En d’autres mots, la perte d’une fonction (armure d’écaille) chez cette espèce de poisson a favorisé sa survie en eaux douces. La production des écailles chez le poisson est commandée par certains gènes de son ADN. D’autres gènes dits « régulateurs » contrôlent l’expression de ce gène. Une mutation du gène régulateur a causé une « erreur », comme c’est l’effet de toute mutation génétique (elles peuvent être, tout au plus, neutres). Cette erreur a fait en sorte que le poisson mutant a une armure d’écaille réduite. Ainsi, sa croissance corporelle est mise à profit et la taille de son corps est augmentée. Ces effets semblent lui conférer un avantage en eaux douces.

 

 

 

 

Le mot « évolution » est mal choisi

 

 

 

 

Cet évènement ne représente aucunement l’apparition d’une innovation biologique, c’est plutôt la suppression d’une innovation biologique (les écailles). Cette suppression constitue un avantage en eaux douces qui s’est répandu grâce à la sélection naturelle ou, la survie du « mieux adapté ».

 

 

Le même genre de phénomène se produit chez les bactéries. Une mutation génétique chez une bactérie peut corrompre le bon fonctionnement de la membrane cellulaire, par exemple. Cette corruption légère peut toutefois être suffisante pour empêcher un antibiotique de pénétrer à l’intérieur de la bactérie et de la tuer. La résistance aux antibiotiques est l’exemple le plus cité et le plus flagrant d’« évolution » au sein de la littérature évolutionniste. Pourtant, cet exemple, autant que les études récentes sur les épinoches, ne démontre aucunement l’apparition de nouveaux caractères biologiques.

 

 

Régression au lieu d’évolution

 

 

Ces exemples acclamés comme des preuves éclatantes de l’évolution concernent des traits existants qui s’atrophient au profit de la survie, et ce, dans un contexte très particulier.

Ce sont donc de véritables changements qui, de surcroît, sont bel et bien répandus dans les générations successives grâce à la sélection naturelle, mais le résultat final est une « sous-espèce » qui a régressé sur le plan biologique. Si le bilan biologique d’une espèce se comptabilise par le nombre de fonctions biologiques qu’elle opère (la vue, la respiration, la nage, la reproduction, la protection, etc) alors une espèce qui perd une fonction régresse, même si cela est utile à sa survie. Non seulement elle régresse, mais l’origine des fonctions biologiques que porte l’espèce demeure inexpliquée.

 

 

Que cherchons-nous à expliquer ?

 

 

Bien que cette recherche sur les épinoches mutantes soit fort intéressante, elle n’explique rien du point de vue des origines. L’évolutionnisme et le créationnisme prétendent expliquer l’origine des formes de vies et non pas leur potentielle perte de fonctions une fois que celles-ci existent.

 

 

Je suggère l’analogie suivante : la serrure de votre porte de maison est bousillée. En conséquence, les voleurs avec leurs outils habituels ne réussiraient pas à trafiquer cette serrure. Votre maison est alors immunisée contre le vol et serait la seule sur la rue qui ne peut pas être volée.

 

 

Diriez-vous que votre maison est plus évoluée que les autres ? Diriez-vous que ce bris pourrait expliquer l’origine de la plomberie et de l’électricité dans une maison standard ?

Un évolutionniste répondrait « oui » à ces deux questions.

 

 

Conclusion

 

 

 

La résistance aux antibiotiques aussi bien que les épinoches mutantes sont des cas très concrets et réels. Cependant, ces cas démontrent que l’effet combiné des mutations génétiques et de la sélection naturelle mène à la régression biologique des espèces. Le problème est purement terminologique : les croyants évolutionnistes associent à l’« évolution » n’importe quel changement biologique qui confère un avantage de survie. Cette approche très légère ne fait qu’alimenter la confusion dans le débat des origines.

Les failles du darwinisme, La Recherche 1996 pp. 87-90

 

 

 

« Dans une zone qui se désertifie, les espèces qui disparaissent [les premiers] sont celles qui ont le plus besoin d’eau. Ce qui n’explique pas l’apparition chez les survivants de structures dont les propriétés fonctionnelles leur  permettent de mieux résister à la sécheresse. Le concept de sélection naturelle n’est pas un concept très fort. »

 

 


Commentaire d’un lecteur

 

 

 

Pourquoi les évolutionnistes interprètent cette découverte comme étant une preuve de l’évolution malgré son invalidité… sont ils des menteurs? Pourquoi ces mensonges et toutes ces propagandes? Pourquoi ils veulent tromper les gens?

 

 

Les évolutionnistes ne veulent pas tromper les gens. La théorie de l’évolution est devenue très large c’est-à-dire qu’un changement biologique est automatiquement classifié comme une preuve de l’évolution même si l’espèce régresse en termes d’information génétique. C’est le cas de l’argumentation très popularisée relativement à la résistance aux antibiotiques.

Si l’on se penche sur la question des origines des formes de vie, il est impératif de proposer un mécanisme qui fait progresser la quantité d’information génétique. Les évolutionnistes ont simplement perdu de vue cet objectif.

 

 

Pensez-vous que dans le future on trouvera des preuves de l’évolution ou bien au contraire vous croyez  que la théorie de l’évolution est comme l’alchimie elle finira, avec le temps, par disparaitre de la littérature scientifique.

 

 

Tant que la définition de l’évolution englobera n’importe quel changement, sans analyser l’impact concret en termes de quantité d’information génétique fonctionnelle, eh bien oui, d’autres « preuves » seront découvertes.

 

 

Par contre, la théorie de l’évolution, sous cette forme, n’est pas une théorie des origines, elle est une théorie sur les changements biologiques au sein  des espèces. Ces changements sont régressifs ou neutres au niveau de l’information génétique et n’expliquent alors rien sur l’origine des gènes qui codent pour les yeux, les nageoires, le système nerveux, les fonctions de reproduction, etc.

 

 

Sources :

 

 

Rowan D. H. Barrett  “Environment Specific Pleiotropy Facilitates Divergence at the Ectodysplasin Locus in Threespine Stickleback” Evolution, Volume 63, (novembre 2009)

http://www.publicaffairs.ubc.ca/media/releases/2008/mr-08...

 

 

M.-P. Schützenberger : Les failles du darwinisme, La Recherche 1996 pp. 87-90

 

 

 

Mathématicien, informatique théorique, médecin, généticien et épidémiologiste, spécialiste du pian. Il a travaillé sur la théorie des codes et apporté de grandes contributions à la compréhension mathématique du codage de l’information.

09:43 Publié dans Science | Lien permanent | Commentaires (0)

13/10/2017

L’enseignement darwinien sur l’infériorité des femmes:

 

 

par Jerry Bergman, Ph D

 

 

 

 La théorie évolutionniste a été fortement documenté et abondamment publicisé. Il est cependant moins bien connu que plusieurs évolutionnistes, incluant Charles Darwin lui-même, ont aussi enseigné que la femme était biologiquement inférieure à l’homme. Les idées de Darwin, dont sa vision des femmes, ont eu un impact majeur sur la société. Révélant son attitude envers les femmes, Darwin (juste avant d’épouser sa cousine, Emma Wedgewood) a énuméré les avantages du mariage : « … une compagne constante (une amie pour le vieil âge) qui sera intéressée à vous, un objet à chérir et avec qui jouer – mieux qu’un chien – un foyer et quelqu’un pour prendre soin de la maison… » (Darwin, 1958:232,233).

 

 

Darwin avait comme raisonnement qu’en tant qu’homme marié, il serait « un pauvre esclave… pire qu’un nègre », mais il s’est tout de même souvenu que « l’on ne peut pas vivre la vie de solitaire, prisonnier d’un pénible vieil âge et n’avoir aucun compagnon… et n’ayant aucun enfant, pouvoir en dévisager un autre ». Darwin a conclu sa discussion sur la note philosophique suivante: « il y a plusieurs esclaves heureux » et peu de temps après, il s’est marié. (1958:234).

 

 

Selon Darwin, les femelles adultes de la plupart des espèces ressemblent aux jeunes des deux sexes. À partir de cela et d’autres évidences, il « a compris que les mâles étaient plus avancés selon l’évolution que les femelles. » (Kelves, 1968:8). Plusieurs anthropologues du temps de Darwin ont conclu que « le cerveau des femelles était analogue à celui des animaux », que les femmes avaient « développé à l’excès leurs organes sensibles au détriment du cerveau » (Fee, 1979:418). Carl Vogt, professeur d’histoire naturelle à l’Université de Genève, qui acceptait plusieurs des « conclusions du grand naturaliste moderne britannique, Charles Darwin », a déclaré que « l’enfant, la femme, et les blancs séniles » avaient tous l’intellect et la nature du « nègre adulte » (1863:192). La plupart des partisans de Darwin ont accepté son raisonnement, y compris George Romanes, qui a conclu que l’évolution avait voulu que les femmes soient, comme Kelves l’a postulé :

 

 

 » … de moins en moins cérébrales, et plus émotionnelles. Romanes … partageait la vision de Darwin à l’effet que les femelles n’étaient pas aussi évoluées que les mâles – idées qu’il articula dans divers ouvrages et dans plusieurs articles qui ont influencé toute une génération de biologistes. Romanes se voyait apparemment comme le gardien de l’évolution, détenant ainsi la responsabilité de la garder sur la bonne voie… Edward Drinker Cope, un paléontologue de l’Université de Pennsylvanie, a écrit que les animaux mâles jouent « un rôle plus actif dans la lutte pour l’existence » et que toutes les femelles, en tant que mères, ont eu à sacrifier la croissance pour la force émotionnelle… (Kevles, 1986:8,9) « 

 

.

Les biologistes de l’époque étaient en désaccord au sujet de l’infériorité de la femme, notamment parce que Darwin croyait que « l’activisme féminin non surveillé menaçait de produire une perturbation des races » et qu’il « renverserait le processus ordonné de l’évolution » (Fee, 1979: 415).

 

 

Darwin enseignait que les différences entre les sexes humains étaient dues en partie à la sélection sexuelle, spécifiquement parce que les hommes devaient prouver leur supériorité physique et intellectuelle dans l’attraction sexuelle. Pour soutenir sa conclusion, Darwin a utilisé des exemples de cultures qui exigeaient des hommes qu’ils se battent contre un adversaire afin de retenir leurs épouses. Parce que « le parti le plus fort remporte toujours le prix », le résultat est qu’un « homme faible, sauf s’il est un bon chasseur… a rarement la permission de garder une épouse qu’un homme plus fort pense digne de son attention » (1896:562).

Charles Darwin et sa femme

D’autres exemples utilisés par Darwin pour illustrer sa conclusion selon laquelle les forces de l’évolution donnaient à l’homme une supériorité face à la femme comportaient des animaux. Puisque les humains avaient évolué à partir des animaux, et que « nul ne s’oppose au fait que le taureau a une disposition différente de celle de la vache, le sanglier de la truie, l’étalon de la jument, comme il est bien connu des teneurs de ménageries que les primates mâles sont plus larges que les femelles », il doit en être de même pour les femelles humaines (Darwin, 1896:563). De plus, certains traits des femmes « sont caractéristiques des races inférieures, et sont donc issues d’un passé et d’un état de civilisation inférieurs. » (1896:563,564). En résumé, Darwin en conclut que les hommes atteignent :

 

 

« … une éminence plus grande, dans tout ce qu’ils entreprennent, et qu’ils surpassent les femmes – qu’il soit question de réflexion profonde, de raison, d’imagination ou simplement de l’usage des sens ou des mains. Si l’on dressait deux listes des hommes et des femmes les plus éminents en poésie, peinture, sculpture, musique (performance et composition), histoire, science, et philosophie, avec une demi-douzaine de noms sous chaque catégorie, les deux listes ne pourraient être comparées. L’on peut aussi déduire de la loi de la déviation des moyennes – si bien illustrée par M. Galton dans son ouvrage sur « le Génie Héréditaire » – que … la moyenne de puissance mentale chez l’homme doit être au-dessus de celle des femmes ». (Darwin, 1896:564)

 

 

 

Évidemment, Darwin ignorait totalement les influences de la culture, de l’environnement, des rôles sociaux, et des opportunités relativement rares qui existaient en son temps, pour les hommes et les femmes.
 
 
La conclusion selon laquelle les femmes sont, sur le plan de l’évolution, inférieures aux hommes est au centre de la contribution majeure de Darwin à la théorie de l’évolution : la sélection naturelle anti-sexuelle. Puisque la sélection naturelle, dans les grandes lignes, se débarrasse des faibles, tous les facteurs qui faciliteraient l’existence des faibles serait contre l’évolution. Ainsi, les mâles sont soumis à plus de pression sélective que les femmes, incluant l’hypothèse voulant que dans les temps primitifs, les mâles plus forts, plus rapides et plus intelligents, eussent été plus aptes à survivre à la chasse et à ramener de la nourriture. Par conséquent, la sélection naturelle ferait évoluer les hommes à un degré supérieur à celui des femmes. Puisque les femmes ont historiquement été attachées tout d’abord aux tâches domestiques, serviles et répétitives, et non à la chasse, elles étaient moins exposées aux pressions sélectives. Aussi, la vieille tradition des mâles a été de protéger les femelles : seuls les hommes allaient se battre, et les normes de guerre communes empêchaient délibérément de tuer les femmes. La guerre s’abattait sur les hommes plus faibles, et seuls les plus forts survivaient et retrouvaient leur foyer pour se reproduire. L’évolutionniste éminent Topinard en a conclu que les hommes étaient supérieurs parce qu’ils se battaient afin de se protéger eux-mêmes et de protéger leurs femmes et leurs familles. Un peu plus loin, Topinard a enseigné que les mâles ont :
 
 

« toute la responsabilité et les inquiétudes du lendemain [et qu’ils sont] … constamment actifs à combattre l’environnement et les rivaux humains, et qu’ils ont ainsi besoin … de plus de pouvoir mental que la femme qu’ils doivent protéger et nourrir… les femmes sédentaires, manquant d’occupations intérieures, ont comme rôle d’élever les enfants, d’aimer et d’être passives » (cité par Gould, 1981:104).

 

 

L’infériorité des femmes – un fait tenu pour acquis par la plupart des scientifiques du XIXe siècle – était une preuve majeure de l’évolution par la sélection naturelle. Gould déclare qu’il n’y avait en fait que « peu de scientifiques égalitaires » à l’époque. Presque tous croyaient que les « femmes et les nègres » étaient intellectuellement inférieurs. Ces scientifiques ne répétaient pas des préjugés sans y travailler en profondeur et y réfléchir; ils cherchaient à justifier ce pilier majeur de la théorie de l’évolution en tentant de prouver scientifiquement que les femmes étaient inférieures.

 

 

L’une des approches utilisées pour justifier l’infériorité des femelles par rapport aux mâles a été de prouver que leur capacité cérébrale était plus faible. Les chercheurs ont d’abord tenté de démontrer de manière empirique que la capacité crânienne de la femme était plus faible, et ensuite que la capacité cérébrale était reliée à l’intelligence, une tâche plus difficile. (Van Valen, 1974:417-423)

 

 

Parmi les nombreux chercheurs qui ont utilisé la phrénologie pour « prouver » l’infériorité intellectuelle des femmes, l’un des plus éminents fut Paul Broca (1824-1880). L’un des « anthropologues les plus prestigieux » d’Europe et une éminence dans le développement de l’anthropologie physique en tant que science, Broca a fondé en 1859 la prestigieuse Société Anthropologique (Fee, 1979:415). Une préoccupation majeure de la société était alors de mesurer les divers traits humains, dont les crânes, afin de « désigner les groupes humains et de leur attribuer une valeur relative » (Gould, 1981:83). La conclusion de Broca lui a fait dire que les cerveaux humains étaient :

 

 

« …plus larges chez les adultes matures que chez les aînés, plus larges chez les hommes que chez les femmes, plus larges chez les hommes éminents que chez ceux dont le talent est médiocre, et plus large chez les races supérieures que chez les races inférieures… en d’autres mots, il existe une relation remarquable entre le développement de l’intelligence et le volume du cerveau ». (Gould, 1981: p. 83)

 

 

Et, comme Gould l’a noté, la recherche de Broca n’était pas superficielle : « On ne peut pas lire les ouvrages de Broca sans avoir un respect énorme pour son attitude consciencieuse à générer des données. » (1982:85)

 

 

Broca cherchait surtout à prouver l’infériorité de la femme par rapport à l’homme : « de toutes ses comparaisons entre les groupes, Broca rassemblait le plus d’information sur les cerveaux des femmes par rapport à ceux des hommes… » (Gould 1981:103). Il a conclu que « la taille relativement petite du cerveau de la femme dépend en partie de son infériorité physique et en partie de son infériorité intellectuelle. » (Gould, 1981:104). Broca a aussi conclu que la disparité entre les cerveaux des hommes et des femmes devenait plus grande, ce qu’il expliquait comme le résultat de pressions évolutionnistes différentes sur les hommes dominants et les femmes passives » (Gould, 1981:104).

 

 

Ces points de vue étaient appuyés par plusieurs des évolutionnistes les plus proéminents de l’époque de Darwin. Le roi dans le domaine de la psychologie sociale et un pionnier dans le domaine du comportement collectif était Gustave LeBon (1841-1931). Ce scientifique, dont l’étude classique sur le comportement de la foule (La Foule;1895) est connue de chaque étudiant des sciences sociales, a écrit :

 

 

« …des races les plus intelligentes… sont un grand nombre de femmes dont les cerveaux sont plus rapprochés en taille de ceux des gorilles que de ceux des cerveaux mâles les plus développés. Cette infériorité est si évidente que nul ne peut la contester pour un moment; son degré seul vaut la peine d’être discuté… Les femmes… représentent les formes les plus inférieures de l’évolution humaine et… sont plus près des enfants et des sauvages de l’homme adulte et civilisé. Elles excellent dans l’inconstance, l’inconsistance, l’absence de pensée et de logique, et dans l’incapacité de raisonner. Il existe sans aucun doute quelques femmes distinguées, très supérieures à l’homme moyen, mais elles sont aussi exceptionnelles que la naissance d’une monstruosité, par exemple, d’un gorille à deux têtes; par conséquent, nous pouvons les ignorer entièrement. » (Gould, 1981:102,105)

 

 

Une réévaluation de la conclusion selon laquelle les femelles étaient moins intelligentes que les mâles a fait ressortir des défauts majeurs dans l’évidence qui « prouvait » l’infériorité de la femme, comme certains aspects majeurs de la théorie de l’évolution.

 

 

Fisher déclare même que toute la théorie de la sélection naturelle est remise en question, selon la citation de Chomsky:

 

 

« … les processus par lesquels l’esprit humain a acquis son état présent de complexité… constituent un mystère complet… Il est parfaitement sécuritaire d’attribuer ce développement à la « sélection naturelle, » pourvu que nous réalisions qu’il n’y a aucune substance à cette assertion, qu’elle ne mène à rien d’autre qu’à une croyance voulant qu’il existe une quelconque explication naturaliste pour ces phénomènes (1972:97) ».

 

 

Une autre méthode utilisée pour attaquer la conclusion sur l’infériorité des femmes a été d’attaquer l’évidence de la théorie évolutionniste elle-même. Fisher, par exemple, fait l’observation suivante :

 

 

« Les difficultés reliées à l’établissement de théories sur les origines humaines et sur l’organisation du cerveau actuel de nos présumés ancêtres fossiles, qui reposent seulement sur quelques crânes imprégnés de calcaire – dont la plupart sont bosselés, émiettés, ou altérés par le passage de millions d’années – en tant qu’évidence, semblent insurmontables. » (1979:113)

 

 

À vrai dire, plusieurs des tentatives visant à détruire la vision évolutionniste selon laquelle les femmes sont intellectuellement inférieures aux hommes, ont attaqué le cœur de la théorie évolutionniste, parce qu’elle est inexorablement reliée à l’infériorité du groupe humain, qui doit exister afin que la sélection naturelle puisse agir. Morgan déclare que la conclusion de l’infériorité des femmes a été si incrustée dans la biologie que les penseurs dans ce domaine tendaient à « se sauver du sujet seul de la biologie et des origines », espérant pouvoir l’ignorer et « s’assurer que les choses futures seraient différentes » (Morgan, 1972:2). Elle clame que nous ne pouvons cependant pas ignorer la biologie évolutionniste, parce qu’en croyant en « l’héritage sauvage et l’évolution de l’homme en tant que carnivore chasseur, ces doctrines ont pris racine dans l’esprit de l’homme, aussi fermement que la Genèse ne l’a jamais fait ». Elle conclut que l’évolution doit être réévaluée, et que les scientifiques se sont « parfois perdus » à cause de préjugés et de prescriptions philosophiques. Elle déclare que la vision évolutionniste proéminente selon laquelle les femmes sont biologiquement inférieures aux hommes doit être mise au défi, et dans son document, ainsi que dans plusieurs autres qui l’ont précédé, des douzaines d’auteurs ont adroitement détruit la conclusion de l’infériorité de la femme, et en faisant cela, ont fait sauter l’un des piliers majeurs de l’évolution.

 

 

Références
 
 

 

Chomsky, Noam. 1972. Language and Mind. New York: Harcourt, Brace, and World.

Darwin, Charles. 1896. The Descent of Man and Selection in Relation to Sex. New York: D. Appleton and Company.

—–. (Nora Barlow, Ed.). 1958. L’autobiographie de Charles Darwin, 1809-1882. New York: W. W. Norton & Co., Inc.

Dyer, Gwynne. 1985. War. New York: Crown Publishers, Inc.

Fee, Elizabeth. 1979. « Nineteenth-Century Craniology: The Study of the Female Skull. » Bulletin of the History of Medicine, 53:415-433.

Fisher, Elizabeth. 1979. Woman’s Creation: Sexual Evolution and the Shaping of Society. Garden City, NY: Anchor Press/Doubleday.

Gould, Stephen Jay. 1981. The Mismeasure of Man. New York: W. W. Norton & Company.

Kevles, Beltyann. 1986. Females of the Species: Sex and Survival in the Animal Kingdom.Cambridge, MA: Harvard University Press.

Morgan, Elaine. 1972. The Descent of Woman. New York: Stein and Day.

Van Valen, Leigh. 1974. « Brain Size and Intelligence in Man. » American Journal of Physical Anthropology, 40:417 423.

* Jerry Bergman détient 7 diplômes, dont un en biologie, un en psychologie et un en recherche et évaluation de plusieurs universités Université d’État de Wayne (Détroit),Université d’État de Bowling Green (Ohio) et autres collèges. Professeur de sciences au Collège Northwest d’Archbold (Ohio), M. Bergman prépare actuellement une troisième thèse de doctorat en biologie moléculaire.

Traduit de l’anglais par Ketsia Lessard

Institute for Creation Research, Impact, No. 249
« Vital Articles on Science / Creation », mars 1994

 

 

 

08:34 Publié dans Science | Lien permanent | Commentaires (0)

22/09/2017

Darwin est-il dangereux ?

 

 

Par Albert Mohler, Ph.D.

 

 

Charles Darwin.jpg

 

 

 

Daniel C. Dennett est l’un des scientifiques évolutionnistes les plus influents au monde et, contrairement à plusieurs de ses collègues, il ne fuit pas les conclusions logiques du darwinisme. Au contraire, il qualifie cette théorie d’« acide universel » remodelant complètement la réalité et anéantissant toutes vérités jusqu’alors jugées permanentes et immuables.

 

 

« Dès qu’il est question du darwinisme, la température grimpe parce qu’il y a beaucoup plus en jeu que les simples faits empiriques liés à l’évolution de la Terre ou la validité de la théorie qui en rend compte », affirme-t-il.

 

 

Dans un entretien récent avec la revue allemande Der Spiegel, Dennett rejette le concept de dessein intelligent, soutenant que toute personne lucide doit se contenter d’accepter la théorie de Darwin au pied de la lettre. Néanmoins, il comprend la logique du dessein intelligent. Selon lui, plusieurs personnes refusent la notion d’évolution parce qu’elle « touche au point central de la découverte la plus troublante des derniers siècles dans le domaine scientifique. » Il s’agit de « l’idée selon laquelle seul un sujet grand, impressionnant et ingénieux peut engendrer un élément moindre. C’est ce que j’appelle la théorie de la création de la goutte par la source. Vous ne verrez jamais une lance fabriquer un armurier. Vous ne verrez jamais un fer à cheval forger un maréchal-ferrant. Vous ne verrez jamais un vase façonner un potier. La relation fonctionne toujours dans le sens inverse; cela semble aller de soi. »

 

 

Toutefois, Dennett croit que ce raisonnement est gravement erroné. Curieusement, il suggère que l’idée du dessein intelligent, sous sa forme fondamentale du moins, puisse être encore plus ancienne que l’espèce humaine. Il pose l’hypothèque que ce qu’il qualifie d’espèces primitives d’hominidés ait conçu des objets et ait ensuite « eu l’impression d’être plus digne d’admiration que ses réalisations. » Puis, les homo sapiens, capables de créer une variété apparemment sans fin d’articles, auraient présumé qu’eux aussi étaient les produits d’un créateur intelligent.

 

 

Étonnamment, Dennett, avec son collègue Richard Dawkins, utilise la réalité de la complexité et de la conception apparente pour réfuter l’idée d’un concepteur. En un sens, il renverse simplement la notion d’ingénierie, avançant qu’une organisation plus élaborée représente, dans les faits, une moindre preuve de l’existence d’un ingénieur. Comme il le prétend, « non seulement pouvez-vous retrouver une organisation dans des éléments qui n’ont pas été créés, mais vous pouvez même obtenir l’évolution de concepteurs à partir de cette absence d’ingénierie. Vous vous retrouvez finalement avec des auteurs et des poètes, et des artistes, et des ingénieurs, et d’autres concepteurs de toutes sortes, d’autres créateurs — fruits très récents de l’arbre de la vie. Et tout cela défie la conception selon laquelle la vie a un sens. » Effectivement…

 

 

Dennett croit tout de même que les êtres humains constituent une espèce à part. Ce statut particulier est essentiellement dû à la linguistique. Dennett, qui travaille en tant que professeur de philosophie et directeur du Centre d’études cognitives à la Tufts University, s’est consacré à la compréhension de la conscience et des capacités linguistiques de l’être humain.

 

 

Il explique que la capacité linguistique implique que les êtres humains peuvent apprendre, non seulement de leur propre expérience, mais aussi de celle des autres, morts ou vivants. Ainsi, « la culture humaine elle-même devient une force profonde d’évolution. C’est ce qui nous donne un horizon épistémologique qui est beaucoup, beaucoup plus grand que celui de toute autre espèce. Nous sommes la seule espèce à savoir qui nous sommes, à savoir que nous avons évolué. Nos chansons, notre art, nos livres et nos croyances religieuses sont tous, en bout de ligne, un produit des algorithmes évolutionnistes. Certains trouvent cette réalité passionnante, d’autres la considèrent déprimante. »

 

 

Il vaut la peine d’examiner les idées de Dennett d’un peu plus près. Après tout, il accepte hardiment ce que tant d’autres scientifiques évolutionnistes nient — que la théorie de Darwin implique l’impossibilité de toute croyance en Dieu. Alors que des évolutionnistes tels que le défunt Stephen J. Gould soutiennent que l’évolution et la religion peuvent être considérées comme des « domaines indépendants l’un de l’autre », permettant de ce fait à chacune de fonctionner dans des sphères distinctes, Dennett rejette explicitement ce raisonnement. Il adresse une critique spécifique à l’évolutionniste Michael Ruse, l’accusant « d’essayer de faire perdre de vue les implications de ce que Darwin nous fait comprendre et de rassurer les gens à l’effet qu’il n’y a pas tant de conflits entre la perspective de la biologie évolutionniste et leurs manières de penser traditionnelles. »

 

 

Lorsqu’il est question de l’âme humaine, Dennett souligne qu’il ne peut s’agir que de la conscience opérant en tant que partie intégrante de nos corps physiques. Le matérialisme de Dennett fait en sorte qu’il ne peut pas voir l’âme comme étant indépendante des opérations chimiques du cerveau. Comme il l’expliquait à Der Spiegel, « le cerveau n’est pas un tissu plus épatant que les poumons ou le foie. Il n’est qu’un tissu. »

 

 

Fidèle à une forme de matérialisme naturaliste radical, Dennett considère la croyance en Dieu comme n’étant rien de plus que le produit du processus évolutionniste. Il explique que la mort de Dieu « est une conséquence évidente » du darwinisme.

 

 

Sur ce point, nous devrions au moins être reconnaissants de ce que Dennett fasse preuve d’une plus grande honnêteté intellectuelle que plusieurs de ses collègues évolutionnistes. Il admet que la croyance en Dieu puisse être culturellement acceptable, mais seulement si ce Dieu n’a rien à voir avec nos origines ou nos vies — passées, le présentes, ou le futures.

 

 

« Il faut comprendre que le rôle de Dieu a été amoindri à travers les époques », enseigne Dennett. « Tout d’abord, nous avions Dieu… créant Adam et créant chaque créature de ses mains, arrachant une côte à Adam et créant Ève de cette côte. Puis, nous avons échangé ce Dieu pour le Dieu mettant en branle l’évolution. Et ensuite, vous vous dites que vous n’avez même plus besoin de ce Dieu — le législateur — puisque si nous considérons sérieusement les idées que nous pouvons tirer de la cosmologie, il existe d’autres endroits avec d’autres lois et la vie évolue là où elle le peut. Alors maintenant, nous n’avons plus « Dieu le trouveur de loi » ou « Dieu le législateur », mais plutôt « Dieu le maitre de cérémonies ». Et lorsque Dieu n’est plus que le maitre de cérémonies et qu’il ne joue plus, en fait, aucun rôle dans l’univers, il est, si l’on peut dire, diminué et n’intervient plus d’aucune façon. » Plus simplement, « la description des tâches de Dieu va en s’amenuisant. »

 

Daniel Dennet.jpg

 

                                           Daniel Dennet

 

 

Denett débute son livre paru en 1995, Darwin est-il dangereux? [traduction française de Darwin’s Dangerous Idea (ndt)], en récitant un chant de l’école du dimanche appris durant son enfance. Cette chanson, « Tell Me Why » [« Dis-moi pourquoi »(ndt)], demande pourquoi les étoiles brillent, pourquoi des spirales se dessinent sur le lierre et pourquoi le ciel est si bleu. Comme la chanson l’affirme, c’est parce que Dieu les a faits ainsi. « Cette déclaration franche et sentimentale me donne encore une larme à l’œil — quelles paroles douces à l’oreille, quelle innocence, quelle vision rassurante de la vie! » se remémore Dennett. Néanmoins, il ne croit pas qu’il s’agisse de la vérité. « Même si nous pouvons en avoir un souvenir agréable, la plupart d’entre nous avons passé l’âge pour cette douce et simple façon de voir les choses. Le gentil Dieu qui nous a tous façonnés individuellement avec amour (toutes créatures, grandes et petites) et qui a saupoudré le ciel d’étoiles brillantes pour le délice de nos yeux — ce Dieu est, comme le Père Noël, un mythe d’enfance et non pas un concept qu’un adulte sain d’esprit et délesté de ses naïves illusions pourrait croire littéralement. Ce Dieu doit être transformé en un symbole référant à une réalité moins concrète ou être complètement supprimé. »

 

 

La seule vision de Dieu qui puisse survivre à l’émergence du darwinisme, c’est Dieu en tant que concept intellectuel offrant simplement une approche mytho-poétique pour reconnaitre la magnificence et le pittoresque.

 

 

Le théisme, soutient Dennett, c’est-à-dire la croyance en un Dieu personnel existant par lui-même, doit aller par le même chemin que les oiseaux dodo [variété d’oiseaux, aussi appelés « drontes », exterminée par l’homme au 18e siècle (ndt)]. « La foi, telle une espèce, doit évoluer ou s’éteindre lorsque l’environnement change. Dans un cas comme dans l’autre, ce n’est pas un processus sans douleur… Nous prêchons la liberté de religion, mais seulement jusqu’à un certain point. » Il poursuit : « C’est bien d’avoir des grizzlys et des loups vivant dans la nature. Ces animaux ne constituent plus une menace à l’heure actuelle; eux et nous pouvons cohabiter paisiblement, avec un peu de sagesse. On peut voir le même principe dans notre tolérance politique, dans la liberté de religion. Vous êtes libre de conserver ou de créer n’importe quel credo religieux, tant que ça ne devient pas une menace publique. »

 

 

Eh bien, nous sommes prévenus. Dennett inclut clairement la chrétienté traditionnelle dans ce type de menace publique qu’il craint. Néanmoins, il est absolument certain que lui et sa théorie de l’évolution chérie gagneront — dans un futur rapproché. Le darwinisme occupera bientôt, affirme-t-il avec confiance, une « place sure et tranquille dans l’esprit — et le cœur — de chaque personne instruite sur la planète. »

 

 

L’engouement de Dennett pour le darwinisme remonte à son enfance, alors que lui et ses amis spéculaient sur l’existence et l’effet d’une substance qu’ils nommaient « l’acide universel ». « L’acide universel est un liquide tellement corrosif qu’il peut gruger à travers n’importe quoi! Le problème est le suivant: dans quel contenant le conserver? Il dissout les bouteilles de vitre et les boites d’acier inoxydable aussi facilement que les sacs de papier. Qu’arriverait-il si vous tombiez sur une cuillerée d’acide universel ou si vous en créiez une? La planète entière serait-elle éventuellement détruite? Que laisserait-elle dans son sillage? De quoi le monde aurait-il l’air après avoir été entièrement transformé par sa rencontre avec l’acide universel? »

 

 

En tant qu’adulte, Dennett comprend maintenant que le darwinisme représente exactement cet acide universel ayant fasciné son imagination pendant son jeune âge. Cet acide universel n’est pas une substance liquide, mais une idée intellectuelle.

 

 

« Je ne me doutais pas que, quelques années plus tard, je rencontrerais une idée — l’idée de Darwin — qui comporterait une similarité indubitable avec l’acide universel: elle gruge à travers à peu près tous les concepts traditionnels et laisse dans son sillage un point de vue révolutionné, avec la plupart des anciens points de repère encore reconnaissables, mais transformés de manière fondamentale. »

 

 

Transformés, c’est le moins qu’on puisse dire. Dennett comprend que chaque concept et chaque modèle de pensée important est instantanément transformé lorsqu’on reçoit le darwinisme comme étant vrai. Le point de vue évolutionniste de cette théorie, fondé sur des explications purement matérialistes et naturalistes de tous les phénomènes, ne laisse aucune place à une signification transcendante, à la dignité humaine, à la moralité ou à l’espoir. Les êtres humains, comme le reste du cosmos, sont simplement les sous-produits accidentels de vastes forces cosmiques.

 

 

Daniel C. Dennet comprend tout cela, mais jubile devant « l’idée dangereuse » de Darwin. Il propose de récompenser celui-ci « de la médaille d’or pour la meilleure idée jamais eue ». Souvenez-vous de Dennett la prochaine fois que vous entendrez dire que l’évolution et la chrétienté sont compatibles. L’incompatibilité fondamentale de la théorie de Darwin est LA facette de la pensée de Dennett que nous pouvons vraiment apprécier. Si seulement ses collègues évolutionnistes pouvaient être aussi sincères.

 

 

Traduit par Julie Charrette – l’article original se trouve sur le site d’Albert Mohler –

 

 

 

 http://www.albertmohler.com/commentary_read.php?cdate=2006-01-03

 

 

 

 

 

 

Contacter OrangeBoutique

 

 

10:52 Publié dans Science | Lien permanent | Commentaires (0)