09/08/2024
Strasbourg:
Ville libre de Strasbourg
Reichsstadt Straßburg (de)
d'argent à la bande de gueules. |
Statut | République |
---|---|
Capitale | Strasbourg |
IIIe siècle av. J.-C. | ville celte Argentorate |
---|---|
12 av. J.-C. | Fondation romaine d'Argentoratum |
VIIIe siècle | Strasbourg passe sous contrôle mérovingien |
923–1262 | rattachement au Saint-Empire |
1262 | Strasbourg devient indépendante de son évêque |
1681 | Strasbourg est annexé par la France |
1697 | le Saint-Empire reconnaît l'annexion |
Entités précédentes :
Entités suivantes :
Strasboug [ʃtrosburi] en alsacien et Straßburg en allemand) est une ville située dans l'est de la France, sur la rive gauche du Rhin. C'est le chef-lieu de la région Alsace et du département du Bas-Rhin. La ville, siège du Conseil de l'Europe depuis 1949, du Parlement européen depuis 1992 et de la Cour européenne des droits de l'homme au sein du Palais de Droits de l'Homme depuis 1998, porte les titres de capitale européenne et de capitale de l'Europe. Ses habitants sont appelés les Strasbourgeois.
Par sa population, Strasbourg intra muros est la première commune du Grand Est français et la septième de France. Elle est l'un des principaux pôles économiques du nord-est et se distingue par un secteur secondaire très diversifié et un secteur tertiaire essentiellement tourné vers les activités financières, la recherche et le conseil aux entreprises. L'économie strasbourgeoise est également marquée par l'implantation de deux pôles de compétitivité, l'un consacré aux sciences de la vie, biotechnologies et à la pharmacie, l'autre aux véhicules du futur.
Ville frontière avec l'Allemagne, Strasbourg est profondément biculturelle. Son histoire, riche et tourmentée, a laissé un patrimoine architectural remarquable. Son centre-ville, situé sur la Grande Île, est entièrement classé patrimoine mondial de l'humanité par l’Unesco depuis 1988 et comprend notamment la cathédrale Notre-Dame de Strasbourg et le quartier de la Petite France.
Strasbourg est également devenue le symbole de la réconciliation franco-allemande et plus généralement de l’Union européenne. La ville s’est progressivement spécialisée dans les fonctions politiques, culturelles, et institutionnelles. Elle est ainsi l’une des seules villes avec Genève, ou New York, à être le siège d'organisations internationales sans être capitale d’un pays[. Strasbourg est une ville de congrès internationaux, la deuxième de France après Paris.
La présence de plusieurs établissements nationaux renommés, comme le théâtre national, la bibliothèque nationale et universitaire et l’opéra national du Rhin en fait un centre culturel important.
Strasbourg est aussi une grande ville étudiante, son université, ses grandes écoles (Cuej, ENA, Sciences Po Strasbourg, INSA de Strasbourg, International Space University, ESBS, ECAM Strasbourg Europe, ENGEES, EOST, ECPM, Télécom Physique Strasbourg, ENSIIE etc.) et son hôpital universitaire forment un pôle universitaire majeur tourné vers l’internationale avec plus de 20 % d'étudiants étrangers et plus de cent nationalités représentées. L'université qui a accueilli 18 prix nobel dans ses murs, a été lauréate de nombreux appels d'offres dans le cadre des investissements d'avenir, visant à en faire un pôle d'excellence dans l'enseignement supérieur et la recherche au niveau mondial.
Toponymie:
Le premier nom de la ville fut en celtique *Argantorati > Argentorate, romanisé en Argentoratum (Argentoraton IIe siècle), même nom qu'Argentré (Mayenne, Argentrato IXe siècle). L’étymologie de ce terme est discutée, certains y voyant un lien avec la Grande déesse celte, dont Argantia est un des épithètes et qui est identifiée avec la lune. L’acception la plus courante voudrait que la racine celtique *arganto- (argent, luisant) renvoie à la couleur et la brillance argentée d'un cours d'eau (cf. l’Argens, l'Arc, etc.), en l'occurrence de l'Ill (Ainos en gaulois). Cette hypothèse est renforcée par l’ancien nom de Horbourg (Argentovaria), commune également située sur l’Ill, dont l'élément ver / var désigne précisément un cours d'eau en indo-européen.
-rate de *rāti désigne une levée de terre ou une fortification (cf. vieil irlandais ráith / ráth, fortin, fortification). Cette hypothèse affirme donc qu'Argentoratum est l'enceinte sur l'Argenta, in extenso la cité de la rivière, du fleuve. Ce nom était alors en parfaite cohérence avec la perception de ce lieu frontière, situé à proximité du Rhin, partie intégrante du réseau de camps défendant le limes nord de l’empire romain.
Puis, à la suite de son intégration dans l'entité germanique, cette ville n'était plus frontalière, mais au cœur du réseau des cités allemandes. Sa perception n’était dès lors plus sur un axe fluvial et orienté nord-sud, mais routière et sur un axe est-ouest. Strasbourg était en effet au niveau d’un des rares ponts permettant de franchir le Rhin et de ce fait placée sur une route majeure est-ouest. Son nom évolua alors en Straßburg, le château (die Burg, bâtiment fortifié) sur la route (die Straße), issu de Stratiburg nom antérieur à la mutation consonantique haut-allemande mentionné pour la première fois au VIe siècle par saint Grégoire.
La commune est appelée Strassburg ou Straßburg[13] en allemand et Strossburi en alsacien.
Géographie:
Situation:
Localisation:
Excentrée par rapport au reste de la France, dont la plaine d'Alsace représente l'extrême façade nord-est, Strasbourg occupe en revanche une position centrale en Europe occidentale, sur une importante voie de passage nord-sud. Il faut en effet la replacer dans l'entité plus vaste dont elle fait partie de la vallée du Rhin supérieur qui, de Bâle à Mayence, forme un couloir naturel.
À la limite de l'Europe atlantique et de l'Europe continentale, elle communique au sud par les vallées de la Saône et du Rhône avec l'Europe méditerranéenne et s'ouvre au nord, au-delà des massifs hercyniens allemands, sur les grandes plaines de l'Europe du Nord jusqu'à la vallée de la Ruhr. À vol d'oiseau, Strasbourg se trouve ainsi à égale distance (environ 750 kilomètres) de la Méditerranée, de la Baltique et du littoral atlantique. Elle se situe aussi à égale distance (environ 500 kilomètres) de la mer du Nord et de l'Adriatique.
Strasbourg est distante de 136 kilomètres de Stuttgart, de 184 kilomètres de Zurich, de 192 kilomètres de Luxembourg, de 208 kilomètres de Francfort-sur-le-Main, de 876 kilomètres de Toulouse, de 406 kilomètres de Bruxelles et de 447 kilomètres de Paris (distance orthodromique). La ville est par ailleurs située à 40 kilomètres du massif des Vosges à l'ouest, à une trentaine de la Forêt-Noire à l'est et à 170 kilomètres du massif du Jura.
Site:
Située à une altitude moyenne de 140 mètres au-dessus du niveau de la mer[19], Strasbourg est caractérisée par un relief relativement plat. Ainsi au centre-ville, on ne perçoit que de très légères ondulations du terrain, culminant notamment à proximité de la cathédrale et à la croisée de la Grand-Rue et de la rue du Fossé-des-Tanneurs, correspondant aux zones d'habitation les plus anciennes, établies à l'origine sur une butte émergeant des marais environnants.
La ville est construite sur l'Ill ainsi que le long de la rive gauche du Rhin. L'Ill est la colonne vertébrale de la ville, reliée au Rhin par des anciens bras désormais canalisés (le Canal de jonction et différents bassins d'usage portuaire). Plusieurs affluents traversent les différents quartiers de la ville : la Bruche et le canal de la Bruche à la Montagne Verte et à Koenigshoffen, l'Aar aux Contades et au Wacken, le Rhin Tortu et le Ziegelwasser (anciens bras du Rhin) à la Meinau, au Neuhof et au Neudorf, le canal de la Marne au Rhin au nord. Ainsi Strasbourg est constituée de plusieurs îles dont l'ellipse insulaire du centre historique, l'île aux Épis, l'île du Rohrschollen et le Port du Rhin.
La ville est par ailleurs située sur l'une des plus grandes réserves d'eau potable d'Europe (près de 35 milliards de m3)[20]. La densité importante de l'hydrographie cumulée à l'affleurement de la nappe phréatique contribue à rendre le secteur très sensible aux inondations. C'est pourquoi la plupart des extensions urbaines de la ville puis de l'agglomération se sont faites au moyen de remblais importants (notamment pour la construction du quartier allemand), accompagnées du comblement ou de la canalisation des multiples bras d'eau, réduisant d'autant les surfaces d'épandage et augmentant la rapidité et le débit des eaux en cas de crue.
Strasbourg est aujourd'hui confrontée à un risque d'inondation important dans certains quartiers (Montagne Verte au sud-ouest et Robertsau au nord) qui pèse sur les projets d'extension urbaine et de densification de l'habitat.
Morphologie urbaine:
Tissu urbain:
Le centre historique de Strasbourg, qui occupe la grande île, se caractérise par des rues étroites typiquement médiévales, notamment autour de la cathédrale Notre-Dame et dans le quartier de la Petite France. Au nord, le vaste quartier allemand construit entre 1870 et 1914 s'étend de la gare aux portes de l'Allemagne. Il est irrigué par de larges avenues rectilignes qui débouchent sur des zones moins denses, notamment sur le quartier des XV dont les premières constructions remontent au début du XXe siècle. Le sud-est est occupé par le quartier de la Krutenau, l'un des plus anciens de la ville. Un peu plus à l'est se trouve le quartier de l'Esplanade. Construit à partir des années 1960 pour faire face à la poussée démographique, ce quartier est essentiellement composé de grands immeubles (plus de dix étages) ce qui en fait le plus dense de Strasbourg. Au sud, les habitations de densité moyenne prédominent, comme dans le quartier de Neudorf. Les habitations les plus récentes sont réparties dans l'agglomération, mais aussi au sein de la commune, notamment dans les quartiers sud et sud-est de la ville Danube, Rives de l'Étoile et Porte de France. Dans les quartiers ouest et sud-ouest, on retrouve la plupart des logements HLM de la ville Cronenbourg, Hautepierre, Koenigshoffen, Montagne Verte et Elsau. Afin d'améliorer les dessertes du Port Autonome de Strasbourg (PAS) situées dans le secteur de l'ile aux Épis, une requalification de la RN4 est en cours. Elle doit permettre à terme de désengorger le trafic des poids lourds sur cet axe majeur et ainsi contribuer à créer une nouvelle centralité transfrontalière en désenclavant le quartier du Port du Rhin. L'objectif principal étant de paysager l'entrée en France depuis l'Allemagne autour du symbole de la frontière et encourager une plus grande mobilité sur l'axe Est Ouest, en sus de l'axe Nord Sud. Strasbourg doit reconquérir les berges du Rhin en comblant sur cet axe les vides successifs provoqués par les dépendances et les friches industrielles. De l'habitat plus dense devrait donc voir le jour et connecter durablement Strasbourg aux franges du Rhin.
Architecture:
L'architecture est une spécificité intéressante de la ville, car elle est profondément biculturelle. Le centre historique regroupe de nombreuses maisons à colombages, notamment dans le quartier de la Petite France, aux abords de l'hôpital civil (quartier du Finkwiller) et de la cathédrale. Ces maisons ont été construites pour la plupart entre le XVIe et le XVIIIe siècle ; les plus emblématiques sont la maison Kammerzell et la maison des tanneurs. D'autres courants architecturaux sont représentés par certains bâtiments remarquables : la Renaissance avec la Chambre de Commerce et d'industrie et le Classicisme avec le Palais des Rohan et l'Aubette. À partir de l'arrivée de Louis XIV, Strasbourg reprend certains codes architecturaux français, notamment la construction d'hôtels particuliers : la Cour de Honau (actuelle mairie, place Broglie), l'hôtel de Deux-Ponts, le palais épiscopal, l'hôtel de Klinglin (actuelle résidence du préfet).
Le grès rose des Vosges est l'une des pierres les plus utilisées, du fait de sa proximité géographique. On le retrouve donc sur de nombreux monuments, et notamment sur la cathédrale. La couleur de cette pierre est cependant très variable. Ainsi, l'église Saint-Paul utilise un grès pâle, tandis que l'aubette présente une teinte très marquée. Le grès des Vosges est cependant une pierre très friable qui nécessite une attention régulière.
Entre 1870 et 1914, le quartier allemand, dit de la Neustadt (nouvelle ville en allemand) est construit. Il forme un ensemble homogène à prédominance résidentielle et au style typiquement germanique (wilhelmien). Les architectes allemands reprennent de nombreux codes esthétiques : néo-renaissance pour le palais du Rhin (anciennement le palais d'été de l'empereur), néo-gothique pour la Poste centrale, néo-classique pour le campus universitaire ; on note aussi la présence d'immeubles Art nouveau (allée de la Robertsau, intersection des rues Foch et Castelnau, palais des Fêtes entre autres) qui font de Strasbourg l'un des centres de cette architecture (Jugendstil allemand). Strasbourg est aussi la seule ville avec Metz qui a gardé une trace de l'architecture monumentale allemande du XIXe siècle à travers la place de la République (palais du Rhin, préfecture, hôtel des Impôts, Bibliothèque universitaire et Théâtre national). Les immeubles résidentiels utilisent généralement la pierre de taille (pour le rez-de-chaussée et les ornements) associée à la brique (rouge ou ocre, pour le reste de la façade). Le grès rose est lui aussi couramment utilisé pour certaines parties.
Urbanisme:
En 2005, la commune de Strasbourg comptait 135 340 logements. Par rapport à 1999, le nombre de logements a augmenté de 1,9 % alors que le nombre de ménages a grimpé de 6,8 % sur cette même période. Néanmoins, Strasbourg compte plus de 9 % de logements vacants.
Selon le recensement complet de 1999, la ville compte 87,9 % de résidences principales contre seulement 0,4 % de résidences secondaires. Les logements individuels représentent 6,6 % du parc immobilier, ce qui est très faible comparé à des villes comme Bordeaux (26,9 %) ou Nantes (23,4 %) mais supérieur à Lyon (3,3 %). La ville se caractérise aussi par l'importance des logements anciens puisque 35,5 % d'entre eux ont été construits avant 1949. En revanche, les logements construits après 1990 ne représentent que 8,9 % du parc. Enfin, les logements strasbourgeois sont essentiellement de grande taille avec 38,3 % de 4 pièces et plus.
Entre 1999 et 2005, la part des propriétaires a légèrement augmenté en passant de 24 % à 26 %, mais reste relativement faible. La part des locataires s’établit à 71 %.
Les logements sociaux représentent environ 22 % des logements. Parmi les 30 507 logements sociaux que compte la ville, 3,4 % d’entre eux sont vacants. Ces logements sont essentiellement des 3 pièces (37,6 %) et des 4 pièces (31,0 %). On dénombre en revanche peu de petits appartements (studios et 1 pièce).
- Deux-Rives
Lancé en 2011, ce projet d'aménagement urbain consiste à urbaniser l'axe Strasbourg-Kehl. Selon la municipalité, cela devrait permettre d'ouvrir Strasbourg « à 360° » Il s'agit d'un projet urbain de grande ampleur concernant près de 250 hectares et visant à la construction de 9 000 logements. L'opération sera articulée autour de l’extension de la ligne D du tramway de Strasbourg vers le centre-ville de Kehl qui sera inaugurée en 2015, cela entraînera la construction d'un nouveau pont sur le Rhin (cofinancée par l'Allemagne). Dans ce projet, on trouve notamment l'aménagement du Heyritz, de l'écoquartier Danube ou la requalification du quartier du Port-du-Rhin avec le lancement d'un concours d'urbanisme pour les anciennes emprises douanières de Kehl et Strasbourg. La réalisation est échelonnée de 2012 à 2025.
- Malraux
Dans le cadre du projet Deux-rives, le projet Malraux comprends la réalisation de trois tours de 55 mètres de haut dont la réalisation a été confié à Anne Demians fin 2012 et la réalisation prévue entre 2014 et 2018, la réhabilitation d'un ancien bâtiment entrepôt portuaire qui ouvrira en 2013[30], la réhabilitation d'un silo en cité internationale étudiante à l'horizon 2014[31] et l'aménagement de l'espace urbain.
- Wacken-Europe
Le projet comprend le déplacement du parc des expositions, la rénovation et l'agrandissement du Palais des Congrès mais principalement la réalisation d'un quartier d'affaires à la place de l'actuel parc des expositions. L'extension et restructuration du Palais de la Musique et des Congrès seront achevées pour fin 2014 et le nouveau Parc des expositions sera réalisé de 2014 à 2016. Quant au quartier d'affaires, à proximité direct du Parlement européen, il était planifié pour être réalisé en deux phases, la première réalisée par Bouygues à partir de 2013 avec 65 000 m2 de bureaux (dont 30 000 destinés aux institutions européennes), 11 000 m2 d'hôtels, 17 000 m2 de logements et 3 700 m2 de commerces et services[ et une seconde phase de plus de 150 000 m2 de bureaux à partir de 2017. Finalement, la municipalité revient sur son projet et présente une nouvelle version du projet fin 2012. Cette nouvelle version prévoit 56 000 m2 de bureaux, hôtels et commerces, 14 000 m2 de logements et 30 000 m2 de réserves pour les institutions européennes. Le début du chantier est prévu pour 2015, la municipalité prévoit de repartir le projet entre plusieurs promoteurs.
- Gare basse
Le projet d'aménagement de la gare basse de Strasbourg se tient à un horizon plus lointain ; 2025, car c'est le délai que la SNCF et RFF estiment nécessaire pour déplacer toutes les installations ferroviaires de cette partie de la gare. À cette échéance, la ville souhaite aménager ce secteur pour permettre l'ouverture à 360° de la gare. Un quartier d'affaires prendra place sur ces emprises, en lien direct avec la LGV Rhin-Rhône et la LGV Est.
Espaces verts:
Le nord-est et le sud-est de la commune sont couverts de vastes forêts : la forêt de la Robertsau (493 hectares) et la forêt du Neuhof (797 hectares). Elles sont les vestiges de l'ancienne luxuriante forêt rhénane qui occupait tout le lit majeur du Rhin, fleuve tumultueux et sauvage jusqu'au XIXe siècle. Cette forêt présentait une vitalité et une richesse en espèces remarquables, abritant une avifaune très diversifiée. Si l'endiguement et les aménagements successifs du fleuve l'ont fortement réduite, elle conserve son caractère de zone humide, abrite la réserve naturelle du Rohrschollen, et demeure un terrain d'élection pour la LPO. En outre, le programme « Rhin vivant » dans le cadre du projet LIFE Nature conservation et restauration des habitats naturels de la bande rhénane a été lancé avec l’objectif de restaurer les écosystèmes rhénans.
Par ailleurs, la ville compte 324 hectares de parcs et de jardins dont le plus réputé est le parc de l'Orangerie composé à l'anglaise. Situé face au Palais de l'Europe, il comporte des attractions telles qu'un zoo, une mini-ferme et un élevage de cigognes et s'agrémente d'un lac avec une cascade romantique ainsi que d'un pavillon construit en 1804 en l'honneur de l'impératrice Joséphine. Il couvre une superficie de 26 hectares. Le jardin botanique possède quant à lui des origines très anciennes. Initialement créé en 1619 puis transformé en cimetière en 1870 après le siège de la ville par les Allemands, le jardin actuel a été inauguré en 1884 pour les étudiants de la faculté de médecine et de pharmacie. Il regroupe 6 000 espèces réparties sur une petite surface de 3,5 hectares.
Très original puisque situé sur les vestiges de la citadelle de Vauban construite en 1681, le parc de la Citadelle s'étend sur 12,5 hectares. Plus conventionnel, le parc des Contades créé au XVIIIe siècle par le maréchal de Contades est d'abord une promenade arborée extérieure à la ville. Aujourd'hui, il fait partie intégrante du quartier allemand et couvre 7,9 hectares. Le jardin des deux rives, est quant à lui un parc transfrontalier aménagé de part et d'autre du Rhin. Sa superficie de 55 hectares en fait le plus grand de la ville. Les deux rives du Rhin sont reliées par la passerelle piétonne Mimram.
Situé à la Robertsau, aux abords de la forêt, le parc du château de Pourtalès est un espace de 24 hectares qui abrite notamment une galerie de sculptures contemporaines. Une grande partie des berges est également aménagée, notamment dans le centre, à la Montagne Verte, à la Robertsau et à la Meinau. En 2003, la place de l'étoile a été réaménagée pour devenir un parc.
Strasbourg a été récompensée par deux fleurs au palmarès 2007 du concours des villes et villages fleuris[.
Héraldique:
Les armes de Strasbourg se blasonnent ainsi : « D'argent à la bande de gueules le champ diapré » Les armes de Strasbourg sont le résultat d'une inversion des couleurs du blason de l'évêque de Strasbourg (bande de gueule sur argent) à l'issue de la révolte des bourgeois de la ville au Moyen Âge qui ont pris leur indépendance face à la tutelle de l'évêque. Celui-ci conserva néanmoins son pouvoir sur la campagne environnante. Le même phénomène s'est observé à Bâle, expliquant ainsi l'actuelle inversion des couleurs des blasons des cantons de Bâle-Ville et Bâle-Campagne. Cependant le blasonnement est apparemment sujet à discussion. Outre l'interprétation graphique ci-contre, on rencontre au moins deux blasonnements différents :
|
Les Grandes Armes de Strasbourg se composent du blason bandé et de certains ajouts à l'extérieur. Le Musée historique de Strasbourg ainsi que d'autres bâtiments historiques en conservent des exemples, sur pierre ou sur vitraux, dont l'emploi remonte au XIIIe siècle. Il sert officiellement pour la première fois de décor sur une charte municipale de 1399, où est venue se joindre, en 1919, la Légion d’honneur. Si les ornements extérieurs font appel à l'ancienne condition de ville libre du Saint-Empire romain germanique, le champ diapré n'est qu'un élément décoratif Les Grandes Armes de Strasbourg ont servi de décoration à des fins officielles, comme pour les médailles de l'Exposition de la ville[, timbres postaux et documents officiels jusque dans les années 1980, quand la corporation municipale décida de faire usage d'un logo.
|
Les armes de Strasbourg sous le Premier Empire se blasonnent ainsi : « D'azur diapré d'or à la bande d'argent, au chef de gueules chargé de trois abeilles d'or » Pendant le Premier Empire, Strasbourg fut au nombre des bonnes villes et autorisée à ce titre à demander des armoiries au nouveau pouvoir. Elles devenaient : D'azur diapré d'or à la bande d'argent, au chef de gueules chargé de trois abeilles d'or, qui est des bonnes villes de l'Empire.
|
Devise : argentoratum, ce qui signifie « Strasbourg »
09:13 Publié dans Régions | Lien permanent | Commentaires (0)
06/08/2024
Penseur religieux et précurseur de l'existentialisme:
Søren Kierkegaard a conçu une philosophie du choix:
« Je fus élevé sévèrement depuis l'enfance dans la considération que la vérité doit subir la souffrance, être outragée, insultée. » D'une austérité ainsi glaciale, la pensée de Søren Kierkegaard est aussi -paradoxalement- l'une de celles qui a accordé à l'expression des sentiments intérieurs la considération la plus haute. Philosophe religieux, c'est à une conception du christianisme comme via dolorosa, comme épreuve d'une vie pieuse jalonnée de sacrifices et de souffrances qu'il a consacré son existence. S'opposant fermement au luthéranisme d'État qui régnait alors au Danemark, Kierkegaard pose une exigence de la foi et de l'authenticité qui ne souffre aucun compromis avec le monde. Le christianisme kierkegaardien se veut sans médiation, sans institution, presque sans Église. Cette posture le conduira à décrire la vie intérieure comme une conscience tiraillée entre le doute, le péché et la perpétuelle dramaturgie du choisir. La foi se présente dès lors comme une voie royale pour explorer l'intériorité. Kierkegaard est ainsi devenu l'un des premiers grands philosophes de l'introspection individuelle. C'est d'ailleurs à cet aspect de son œuvre que Kierkegaard devra d'être reconnu par la postérité, faisant de lui le précurseur, avant l'heure, du courant existentialiste. Toujours en quête d'une vérité « pour moi », qui n'est pas celle des grands systèmes universels à l'instar de René Descartes ou Georg Hegel, mais celle pour qui il y va de « moi-même ». Pourtant, la conscience individuelle ainsi émancipée se heurte inévitablement au vertige de la liberté c'est-à-dire du choix. Face à l'angoisse d'exister dans un monde où l'expression d'un choix individuel est déterminante, l'homme kierkegaardien endure le désespoir comme un fardeau constitutif à sa condition d'humain. « Être soi » devient le défi existentiel par excellence, celui qui consiste à se tenir au seuil d'une infinité de possibilités et, dans un « saut » fondateur, à assumer jusqu'au bout tous les risques d'une décision.
Maisons closes et ivresse:
Le 5mai 1813, Søren Kierkegaard, petit dernier d'une famille de sept enfants, originaire d'un petit village de l'Ouest du Jutland, vient au monde. Âgé de 53 ans, son père est un homme taciturne et mélancolique. Sorën n'a que 6 ans quand une série de décès vient emporter tour à tour ses frères et sœurs. Seuls son frère aîné et lui survivent. Convaincu qu'une malédiction pèse sur la famille, le père veut assurer le salut éternel de son dernier-né, au cas où il devrait mourir lui aussi prématurément. L'éducation religieuse de Sorën sera alors hantée par l'image du Christ agonisant sur la croix. Profondément atteint et indigné par l'injustice du sort de Jésus, Sorën se forge alors une conception de l'humanité pécheresse et plus rien désormais -ni l'idée de la Résurrection ni celle de la Rédemption- ne viendra l'éloigner de sa fascination pour l'intransigeance sacrificielle de la foi. Toute sa vie, il cherchera à appréhender la souffrance comme l'épreuve fondamentale du chrétien, se considérant si ce n'est comme témoin de la vérité, martyre de son temps. Car Kierkegaard ne tardera pas à s'opposer au christianisme officiel du Danemark à qui il reproche un manque d'authenticité. Son christianisme à lui ne peut être l'objet de compromis avec la société. Il impose l'isolement et la solitude.
À 18 ans, Kierkegaard connaît ce qu'il a appelé « le tremblement ». Un soir, son père ivre lui aurait dévoilé un secret, la famille serait « maudite » : voilà ce qui serait la cause de tous ces décès... Kierkegaard a vécu cette « révélation » comme un choc. En proie à de terribles crises d'angoisse, il fuit le foyer paternel. Commence alors pour lui une vie de débauché. Il fréquente les maisons closes, dilapide son argent à faire la fête et rentre ivre quasiment tous les soirs. Il découvre le Don Juan de Mozart et joue les dandys séducteurs. Ce changement radical de mode d'existence joue un rôle capital dans la pensée kierkegaardienne où déjà s'annonce sa théorie du « saut », à l'origine de celle des « stades de l'existence » (encadré p.56), et en l'occurrence, ici, celui du « stade esthétique ». Criblé de dettes et repentant, il revient un an plus tard le 8août 1838 chez son père juste avant son décès. « Mon père est mort (...). J'aurais tellement aimé qu'il eût vécu quelques années de plus, et je regarde sa mort comme l'ultime sacrifice de sa part à son amour pour moi. » Kierkegaard reprend alors à ses études : en juillet1840, il obtient le certificat de théologie requis pour exercer comme pasteur. Lors d'un pèlerinage dans le village de son père, il rencontre Regine Olsen, une belle jeune fille de 17 ans dont il tombe éperdument amoureux. Les voilà bientôt fiancés. Cette rencontre marquera à jamais sa vie et son œuvre. Mais, après avoir entretenu une relation épistolaire passionnée, Kierkegaard se rétracte soudainement, juste avant le mariage. Il renvoie la bague de fiançailles à Régine accompagnée de ce mot : « En Orient, l'envoi d'un cordon de soie signe pour le destinataire son arrêt de mort ; ici, l'envoi d'un anneau signe l'arrêt de mort pour celui qui l'envoie. »
Tout le petit monde de l'aristocratie danoise, dont Kierkegaard fait partie, condamne son geste. Le jeune homme s'enfuit à Berlin pour éviter de subir le scandale. Mortifié par la rupture avec Regine qu'il aime pourtant profondément (« ce que j'ai perdu, c'est la seule chose que j'aimais »), il s'interroge sur le sens de son choix. Il en conclut qu'un pacte plus grand, « un pacte de larmes » le lie avec Dieu. Cet amour sacrifié sur l'autel de sa vocation religieuse a quelque chose d'amèrement ironique quand on sait que par la suite, Kierkegaard ne cessera de faire l'apologie du mariage comme l'emblème du « stade éthique » de la vie.
L'existence comme possibilité:
À Berlin, Kierkegaard va suivre les cours de Friedrich von Schelling et l'enthousiasme un temps avant de s'en détourner. Les Lumières allemandes (l'Aufklarüuml ;ng) affirmaient le pouvoir de la raison comme principe autonome et opposé à l'obscurantisme religieux. Mais le nouveau courant romantique, opposé aux Lumières, a vu le jour. Pour les romantiques, dont Johann Fichte est le principal représentant, la raison est infinie comme le sont la suite des nombres qui s'ajoutent les uns aux autres dans une suite logique. Considérer la raison comme infinie revient à faire du monde un mouvement rationnel qui avance d'une étape à une autre sous le joug de la nécessité de sorte qu'il devient possible de déduire l'étape qui va suivre de manière a priori, c'est-à-dire sans avoir recours à l'expérience. Pour Kierkegaard, cette façon d'envisager le monde comme un grand système qui engloberait tout dans une dynamique homogène nie l'individu et sa liberté. Un système ne pourra, dès lors, jamais rendre compte de l'expérience individuelle car elle exclut toute idée de contingence. Or, pour Kierkegaard, l'être humain est pure contingence. Contre l'effort des milieux intellectuels danois pour réconcilier le christianisme avec la spéculation hégélienne, qui prétendait fonder la foi en raison, Kierkegaard oppose l'impuissance fondamentale de la raison à élucider le mystère qui lie un individu à la révélation divine. Aucune explication objective ne peut s'aventurer, sans se compromettre, dans l'intimité d'une conscience.
Pierre angulaire de la pensée de Kierkegaard, le « possible » est à la base de l'existence humaine. Pour lui, l'homme ne se contente pas de vivre, c'est-à-dire de naître et de mourir, il existe c'est-à-dire que sa présence l'engage dans le monde. Dès lors, il n'est pas soumis à des contraintes naturelles qui le poussent à agir de telle ou telle façon. L'homme est pour lui une contingence pure qui a pour seule nécessité celle de devoir choisir constamment sa vie. Car exister, c'est choisir et cette liberté est la condition métaphysique de l'homme. Condamné à faire des choix, l'homme se singularise, presque malgré lui, et devient individu. Ce champ infini de possibles qui s'offre alors à lui n'a pourtant rien de bienheureux. Au contraire, il prend la forme d'un abîme sans fond : un vertige métaphysique. Si rien ne m'oblige ni ne m'incite à choisir ceci plutôt que cela, comment choisir ? Comment être sûr de ne pas se tromper ? Derrière chaque choix, se cachent toujours la potentialité d'un bonheur et celle d'un malheur. Voilà comment l'expérience de la liberté devient paralysante plutôt qu'émancipatrice. Elle devient malaise, doute et tourment. Elle devient angoisse.
Dans Traité du désespoir (1849), Kierkegaard s'interroge sur le rapport qu'entretient l'individu avec lui-même lorsqu'il éprouve la difficulté de l'injonction à « être soi ». Être totalement libre ? Se sentant incapable d'un tel engagement, l'homme se met à désespérer de lui-même, trop conscient du piège existentiel dans lequel il se trouve irrémédiablement. Pour Kierkegaard, s'extirper du désespoir ne peut jamais venir de nous-mêmes mais forcément d'une force extérieure. Ainsi en est-il de la foi en Dieu. Cependant, l'acte de foi n'a lui-même rien de serein. Il ne satisfait jamais les exigences intellectuelles, ne délivre aucune certitude. Il est précisément « choix » au sens le plus noble du terme. Celui qui implique de prendre et d'assumer les risques de l'existence à son compte. Au fond, il ne s'agit pas pour l'homme existentiel de choisir telle ou telle chose mais d'avoir le courage de « vouloir choisir », c'est-à-dire d'accepter une responsabilité. Pour le penseur, on décide quelque chose comme on saute dans le vide. Cette radicalité de la décision tranche dans les choix à la manière d'un couperet.
De l'esthétique à l'éthique:
Revenu à Copenhague, Kierkegaard publie Ou bien... ou bien (1843) sous un pseudonyme (comme toutes les œuvres philosophiques qu'il écrira ensuite) dont le succès ne se fera pas attendre. Dans cet ouvrage, il décrit l'alternative qui se pose entre un mode de vie esthétique et un mode de vie éthique : « ou bien » celui de l'esthète « ou bien » celui de l'éthicien. La première partie de l'œuvre, consacrée à la vie esthétique est un composé de plusieurs écrits compactés en un seul. On y trouve notamment Le Journal d'un séducteur (1843), célèbre roman épistolaire où Johannes, sorte de Don Juan moderne, cherche à séduire la belle Cordélia avant de l'abandonner lorsque celle-ci tombe amoureuse... Ce scénario n'est pas sans rappeler la relation qui liait Kierkegaard à Regine, séduite et abandonnée à la veille du mariage. La seconde partie décrit le choix de « l'éthicien » qui a accepté une responsabilité envers lui-même.
Après ce livre, commence alors une période extrêmement prolixe où Kierkegaard, profitant d'une aisance matérielle, se consacre entièrement à son œuvre. Il révèle alors tous ses talents d'écrivain, dans une œuvre où se mêlent réflexions philosophiques, récits, poèmes et théologie. En six ans, il publie Crainte et tremblement (1843), La Répétition (1843), Miettes philosophiques (1844), Du concept d'angoisse (1844), Étapes sur le chemin de la vie (1845)... tout en continuant à tenir scrupuleusement son journal. Ayant accédé à la célébrité, (il est reconnu par les badauds dans les rues de la capitale), il sera aussi la risée de Copenhague, suite à la publication d'un numéro du Corsaire, journal satirique très en vogue qui le tourne en ridicule. Un jour, il apprend le mariage de Regine avec Fritz Schlegel, ruinant son espoir caché qu'elle lui reste fidèle en pensée ! Ses multiples tentatives de la revoir, avant qu'elle suive son époux aux Antilles, se soldent par de froids adieux échangés sur une place publique, où il ne parviendra finalement pas à prononcer le moindre mot. Quelque mois plus tard, Kierkegaard tombe gravement malade : replié sur lui-même, il refuse alors toute visite, même celle de l'évêque venu lui proposer une ultime réconciliation avec l'Église. À 42 ans, Kierkegaard s'éteint, seul et ruiné. Sur son lit de mort, Regine, « écharde dans la chair », le hante toujours : « Elle a été l'aimée. Mon existence sera l'exaltation absolue de la sienne, mon activité littéraire pourra aussi être considérée comme un monument à sa gloire et à sa louange. Je l'emporte avec moi dans l'histoire. »
L'angoisse, un concept clé:
Concept clé dans la pensée existentialiste, l’angoisse a été introduite en philosophie par Søren Kierkegaard pour désigner ce que ressent l’homme lorsqu’il prend conscience de sa situation dans le monde. Pour Kierkegaard, jamais l’homme n’aura accès à la vérité absolue, à la transcendance pure. Il ne peut ainsi jamais être assuré de quoi que ce soit. Il est condamné à choisir sans jamais obtenir la certitude que son choix est le bon. La foi est alors le seul recours. Elle est une certitude subjective de la vérité. Il s’agit de savoir ce qui est vrai non pas en soi mais pour soi. Dans Le Concept de l’angoisse, publié en 1844, sous le pseudonyme Vigilius Haufniensis, le penseur présente l’angoisse comme un sentiment qui, contrairement à la peur, n’a pas d’objet déterminé. L’angoisse réside en réalité dans le rapport qu’entretien l’homme avec la nécessité de choisir entre une multitude de possibilités, propres à sa condition. L’angoisse est l’expérience de la liberté vécue comme un vertige. C’est pourquoi il est bien plus pertinent d’étudier ce sentiment, non pas philosophiquement, c’est-à-dire comme un concept, mais psychologiquement, comme un sentiment.
Le père de l'existentialisme ?
Longtemps tenu à l’écart de la philosophie, l’œuvre de Søren Kierkegaard a connu une véritable renaissance avec l’essor du courant existentialiste après la Seconde Guerre mondiale. En opposition farouche aux grandes spéculations métaphysiques, Kierkegaard cherche à penser l’être humain dans son existence concrète, c’est-à-dire dans son expérience personnelle. Qu’est-ce donc qu’exister pour un être humain ? Telle est la question kierkegaardienne par excellence que reprendra à son compte Jean-Paul Sartre pour qui la question clé de la philosophie est celle de l’engagement et de la responsabilité face à la liberté. ?
Martin Heidegger avait mentionné Kierkegaard plusieurs fois dans Être et Temps (1927) mais il le fait uniquement pour l’opposer à Georg Hegel et lui reprocher son absence de rigueur. Cependant, de nombreux concepts semblent témoigner de la parenté de pensée qui lie les deux penseurs : l’angoisse, idée largement développée dans Être et Temps ou « le saut » que Heidegger évoque dans son cours « Le principe de raison de Leibniz ». Emmanuel Levinas écrira même qu’« il est possible que derrière chaque phrase de Heidegger, il y ait du Kierkegaard ». ?
Kierkegaard a influencé aussi Karl Jaspers à travers sa conception de l’existence individuelle, conçue comme unique, face au dilemme de la vie en commun : si chaque individu est singulier, comment les individus peuvent communiquer entre eux ? Si la vérité est intimement liée à ma seule personne, puis-je la mettre en parole sans l’altérer ?
Gabriel Marcel, représentant de « l’existentialisme chrétien », reprendra du philosophe danois le concept « d’alternative ». Quand à Emmanuel Mounier, figure du catholicisme social, il ira jusqu’à émettre l’espoir de « réconcilier Kierkegaard et Marx ».
L'esthète, le chic type et le croyant
Dans Étapes sur le chemin de la vie (1845), Søren Kierkegaard présente trois profils d’existence. Aucune n’est compatible avec les autres de telle sorte qu’aucune synthèse n’est possible .
Le stade esthétique?
Incarné par Johannes, personnage masculin du Journal d’un séducteur (1843), le stade esthétique est dominé par la figure du séducteur. Celui-ci, obsédé par la recherche du plaisir, ne veut vivre que dans l’instant. Il correspond au mode de vie du Don Juan qui après avoir séduit une femme en désire immédiatement une autre. Pour Søren Kierkegaard, « l’esthète » est un Narcisse qui veut à tout prix se différencier, car il veut tout et maintenant. Il reste suspendu au-dessus d'une multitude de possibilités et renonce à choisir. Renonçant à s’engager durablement, il revendique sa subjectivité, son indécision, qui est aussi une forme de liberté absolue.?
Ce portrait de l’esthète en libertaire hédoniste, on pourrait le retrouver à d’autres époques de l’histoire. À Athènes par exemple avec Calliclès, qui prône la jouissance immédiate des plaisirs. À l’époque contemporaine, on pourrait retrouver le portrait de l’esthète au cinéma, James Dean dans La Fureur de vivre (1955), ou dans le roman (par exemple American Psycho, 1991). Le stade esthétique fait songer à toutes ces formes contemporaines de plaisir débridé dont, par exemple, Ibiza ou le credo du « jouir sans entraves ». Selon Kierkegaard, la désinvolture de l'esthète s’accompagne d’une attitude ironique face à l’existence.?
L’ironie – sujet auquel Kierkegaard consacre sa thèse de doctorat – consiste à refuser le sérieux de l'existence. Mais cette attitude a quelque chose de tragique et désabusé. L’esthète est un désabusé et son ironie est une façon d’exprimer le décalage entre nos idéaux et la réalité, toujours décevante. La recherche de la jouissance a quelque chose de désespéré. Voilà pourquoi le mode de vie « esthétique » ne peut finalement satisfaire. Il n’est au fond qu’une fuite en avant ne débouchant sur rien. Les plaisirs se succèdent et se ressemblent. Un sentiment de répétition inutile s’empare alors de l’esthète et le conduit à la « mélancolie » (que l’on appellerait aujourd’hui la dépression). Pour Kierkegaard, il faudra bien un jour mettre un terme à cette forme de vie qui ne mène a rien. Et pour lui, cet abandon ne se fera ni par changement progressif, ni par un simple dépassement à la manière d'une dialectique. Il s’agit de réaliser un véritable « saut », c’est-à-dire prendre une décision ferme et radicale.?
Le stade éthique?
Alors que l’esthète ne veut renoncer à rien et veut jouir de tout, l’éthicien lui, veut « fixer » sa vie. Au stade éthique, l’individu devient adulte. Il a fait le choix de l’engagement et de la fidélité. Il a compris que le jouisseur, qui se croit libre en cherchant à satisfaire ses seuls désirs immédiats, se soumet en fait passivement à eux : il devient un esclave. Le « stade éthique », correspond à une renonciation à une vie d’exception pour choisir une vie plus humble et ordinaire. L’« éthicien » de Kierkegaard correspond à la vie rangée des « gens biens », du bon père de famille, du bon mari, de la bonne épouse, du bon citoyen… Autant le séducteur du stade esthétique se révèle égoïste et narcissique, autant la personne au stade éthique privilégie le sens du devoir. Cette morale du « chic type » vénère la fidélité (à son compagnon ou sa compagne), la loyauté (envers son pays, son entreprise, son clan). Son rapport au temps, à l’argent diffère fondamentalement du « flambeur » qu’est l’esthète. L’un est cigale, l’autre fourmi. L’un dépense sans compter, l’autre l’épargne. L’un vit au jour le jour, l’autre songe à l’avenir et construit patiemment ses projets et plans de carrière. ?
En s’engageant dans l’existence concrète, l’éthicien se plie aux règles sociales et accepte de composer avec elles. Le mariage incarne pour Kierkegaard le symbole de cette vie éthique. En se mariant, l’éthicien officialise sa promesse de fidélité à l’autre en lui donnant une dimension civile. Ce n’est pas pour autant une renonciation à tout romantisme et à toute notion de plaisir. Mais le celui-ci doit rester dans les normes et la maîtrise de soi. Kierkegaard insiste sur le fait que ce choix de vie n’est nullement une forme de soumission : car respecter des règles de vie est aussi un choix de vie qui échappe à l’automatisme du devoir. L’esthète croyait trouver sa liberté dans le désir, et tombait vite dans l’esclavage. L’éthicien, lui, semble se soumettre aux conventions : en fait il fait triompher sa liberté en s’engageant de lui-même dans une vie quotidienne moins glorieuse mais dirigée par les règles qu’il s’est définies lui-même. Celui qui a renoncé à son statut d’homme exceptionnel – en se mariant, en assumant peut-être une famille, des responsabilités sociales – se révèle finalement le plus extraordinaire des deux. ?
Le stade religieux?
Après avoir épuisé lui-même les illusions du stade esthétique, comme Le Journal du séducteur en témoigne, Kierkegaard aurait voulu réaliser le « stade éthique ». Il n’y est pas parvenu. Il ne s’est pas marié, n’a jamais su avoir un rapport aux autres serein, ni même assumer une position sociale stable et assurée. Il est mort seul et ruiné. C’est que Kierkegaard est convaincu de porter en lui un rapport à Dieu qui l’empêche d’appartenir tout à fait à la société. Le « stade religieux » est pour Kierkegaard, le troisième mode d’engagement de l’existence humain. Il ne s’agit plus de se vouer à soi (stade esthétique), aux autres (stade éthique), mais se consacrer tout entier à une transcendance. Cette relation au divin condamne tout compromis avec la société. Rompre ses fiançailles avec Régine n’a pas eu d’autre sens. Ce sacrifice au nom de la foi est « l’expression de l’abandon le plus absolu ». Entrer en relation avec l’absolu implique forcément une rupture avec les autres. Aujourd’hui, le mysticisme ou le fondamentalisme religieux qui impose le sacrifice de soi représenteraient cette forme d’engagement absolu. Par extension, cette ascèse mystique peut se transposer à tous ceux qui décident de s’engager de façon absolue, dans n’importe quel type de transcendance : idéal scientifique, philosophique, artistique, sportif au détriment de son plaisir immédiat ou des contraintes de son milieu.
Louisa Yousfi
|
09:19 Publié dans Culture | Lien permanent | Commentaires (0)
02/08/2024
Pas d’amalgame entre « salafiste » et « salafiste » !
L’attentat contre l’usine de gaz, en Isère, et la première décapitation perpétrée sur le sol français à peine annoncés, les républicains de gauche, comme à l’accoutumée, ont agité leur gri-gri favori : « Pas d’amalgame ». Pas d’amalgame entre islam et islamisme, pas d’amalgame entre musulmans modérés et musulmans radicaux, ou, autre variante, entre islam et salafisme. Entre eux, point de socle commun, ni même quelque supposé lien de parenté.
Mais, stupeur, ce dimanche 28 juin, présentatrice et journaliste du journal de 19 h d’Antenne Réunion nous en révèlent un nouveau. Alors que Yassin Salhi – qui avait été fiché par les renseignements généraux précisément pour appartenance à la mouvance salafiste, donc en voie de radicalisation terroriste – est en garde à vue, on nous apprend que « le terme salafisme » ne doit pas être confondu avec celui de « djihadisme » ! Stupeur, encore, d’entendre définir le salafisme comme étant « un courant rigoriste de l’islam fondé sur une stricte interprétation du Coran », immédiatement suivi de cette affirmation : « La plupart des salafistes sont pacifistes. » » Mieux : « Les salafistes qui versent dans le djihadisme seraient ceux qui l’étudient le moins et ceux qui sont motivés par un sentiment d’oppression contre les musulmans. »» Ce n’est pas l’avis de Yadh Ben Achour, professeur de droit à l’université de Tunis :
L’erreur serait de supposer que ce salafiste est un pauvre hère égaré dans l’histoire de l’islam. Cessons de croire à la théorie de l’aberration qui veut que le salafiste ne représente pas l’islam ou que c’est l’enfant maudit de la famille […] »
Alors, on se dit que les médias réunionnais pèchent par naïveté ou par méconnaissance profonde de l’islam. Parce qu’en métropole, ce sont bien les salafistes qui y contrôlent une centaine de mosquées (chiffres de 2010), et une quarantaine d’autres soupçonnées de les rallier.
Pourtant, même son de cloche du côté de Saint Priest, à la mosquée fréquentée par Yassin Salhi où, étonnamment, personne ne semble le connaître. Le Monde nous apprend que le salafisme, pour Franck, un chrétien converti, « c’est le contraire du terrorisme, c’est prôner la paix, vivre ensemble, respecter l’autre […] ». « Pour nous, c’est pas des salafistes, ces gens-là », ajoute Belgacem, 60 ans, et assez énervé : « Ce sont ce que les savants appellent “les chiens de l’enfer” […], un salafiste, ça ne tue pas. ». Pas d’amalgame !
C’est à y perdre son latin… Djihadiste ou salafiste ? Salafiste modéré ou salafiste radical ? Salafiste pacifique ou non ? Cela va devenir vraiment très compliqué !
09:35 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)
30/07/2024
La Genèse : une vérité biblique contre les mensonges des tablettes sumériennes
La racaille maçonne n’a de cesse de vouloir discréditer l’authenticité des Saintes Écritures et de la Genèse, témoignage de la création du monde. Pour ce faire, les tablettes sumériennes sont mises en exergue pour affirmer à tort que la Genèse en serait une copie. Le présent document démontre qu’il n’en est rien, et atteste au contraire que les tablettes sumériennes sont un tissus de conneries et d’incohérences. Les Francs-maçons et autres satanistes peuvent donc aller se faire voir et remballer leurs mensonges. Par ailleurs, dans Extraterrestres, les messagers du New-Age, je démonte les affabulations de feu Zecharia Sitchin, né en Israël, et qui prétendait que les Annunaki avaient créé la race humaine. Il n’en est rien. Les Annunaki sont les sept gardiens de l’enfer dans la civilisation de Sumer. Cet exemple démontre encore que Sumer sert de tremplin à tous les fantasmes des détraqués et autres malades mentaux.
Est-ce que dans Gn 1 à 11, la Bible retranscrit une histoire réelle, ou bien reprend-elle différents textes anciens ? La parole de Dieu est constituée de déclarations suprêmes absentes des textes anciens non bibliques. De manière récurrente, la Bible affirme être la parole parfaite de Dieu :
2 Ti 3, 16 : | « Toute Écriture est divinement inspirée… » |
2 Pi 1, 21 : | « Mais sachez avant tout qu’aucune prophétie de l’Écriture ne procède d’une interprétation propre, car ce n’est pas une volonté d’homme qu’une prophétie n’a jamais été apportée, mais c’est poussés par l’Esprit Saint que les saints hommes de Dieu ont parlé. » |
Ps 119, 160 : |
« Le résumé de Ta parole est la vérité, et toutes les lois de la justice sont éternelles. »
|
Si la Bible était un emprunt des mythologies anciennes, ses affirmations devraient être remises en question. Partout, dans le monde, des légendes et des mythes ressemblent très étroitement à certains récits de l’Écriture, comme la Création, la Chute, le Déluge et la Tour de Babel[1]. Ces récits sont souvent utilisés comme une confirmation externe de la crédibilité de l’Écriture.
Si l’on accepte le témoignage biblique, tout le genre humain provient d’un seul homme (Gn 17, 26). Après le Déluge, le genre humain en reconstruction se fixe dans la vallée de Sennar pour édifier la tour de Babel, avant la dispersion en 2197 av. J.-C. Tous les hommes ont vécu après le déluge dans cette cité. De ce fait, des récits communs (comme la Création et le Déluge) devraient se retrouver dans les histoires et les traditions de groupes de personnes qui vécurent ensemble dans ce même endroit, après le Déluge. Au vu de cette période éloignée, et de la diversité culturelle qui s’y ajoutera, quand l’humanité s’est répandue à travers le monde, il n’est donc pas surprenant que ces histoires aient évolué en intégrant différentes influences culturelles.
Au milieu du XIXe siècle, à l’intérieur des cités enfouies de l’ancien Proche-Orient (y compris Ninive et Nippur dans l’Irak actuel), plusieurs fouilles ont permis la découverte d’une bibliothèque entière constituée de tablettes appartenant à l’époque mésopotamienne. Sur ces tablettes figuraient des listes de rois, des archives commerciales, des documents administratifs et plusieurs versions du Déluge. Chaque version avait sa propre forme de langage et sa propre fin (la plupart de ces versions n’étaient que partiellement intactes), la plus complète étant l’Epopée Babylonienne de Gilgamesh[2].
La onzième tablette représente une narration du grand Déluge. De nombreux détails montrent des similarités avec le récit biblique. Cependant, plutôt que de s’en servir comme confirmation de la crédibilité biblique, les scientifiques athées ont tenté d’utiliser ces tablettes comme une raison de douter de Parole de Dieu : certaines d’entre elles précéderaient les premiers temps de la Bible et l’écriture du pentateuque retranscrit par Moïse.
L’antériorité de la civilisation de Sumer permet de conclure très imprudemment que les récits bibliques seraient une dérivation des premières légendes sumériennes. Certains ont aussi suggéré que la Genèse est une forme de la mythologie juive.
Ces vestiges ont été utilisés comme une raison de douter de l’autorité et de l’inspiration de la parole de Dieu. Ces scientifiques rabougris ont nié que Moïse était le rédacteur de la Genèse, présentée comme un mythe ou une poésie. La théorie du Déluge et l’ensemble du récit biblique pouvaient donc être tournés en dérision.
Le faillible contre l’infaillible
Deux conclusions découlent de la présente étude :
1- Si la Bible dérive de mythologies anciennes, les revendications bibliques inspirées de Dieu et son monde parfait sont fausses : la Bible ne peut pas être prouvée.
2- La Bible est réellement la Parole de Dieu, donc tout apport externe est faux.
Or, la Bible expose que toute l’Écriture vient de Dieu et non de la volonté de l’homme. Elle se réclame de la perfection de Dieu et du Verbe. A contrario, toute contradiction et tout défaut s’opposent à l’inerrance biblique et à l’infaillibilité de Dieu.
Aujourd’hui, des étudiants et des pseudo-exégètes tentent de comprendre l’Écriture à travers une étude comparative : ils cherchent des parallèles dans les cultures et les textes comme un moyen d’interpréter la Bible. Cette méthode moderniste signifie l’exploitation de documents externes pour interpréter l’Écriture plutôt que l’inverse : commencer par l’étude de l’Écriture pour comprendre l’histoire de l’humanité et les documents externes.
La découverte de tablettes à Ninive et à Nippur, deux des plus anciennes villes de Mésopotamie, a conduit à la remise en question de l’autorité de l’Écriture. Il est à souligner que ces supports demeurent en grande partie inconnus.
En outre, bien que ces documents présentent plusieurs similarités (le Déluge ou encore les rois antédiluviens de Sumer avec les patriarches de la Bible) avec l’histoire biblique, de très nombreuses différences sont relevées. Seule la Bible offre une logique consistante du récit.
Datation et source des documents
La datation supposée des tablettes s’étend de 2200 à 620 av. J.-C. Dieu a donné la Loi à Moïse durant l’errance du peuple juif au XVe siècle av. J.-C. Faire remonter ces documents sumériens à jusqu’à 800 ans avant que Moïse n’écrive le récit de la Bible ne signifie pas qu’elle dérive de Sumer[3].
Dans leur acharnement à contredire les Écritures, les anti-biblistes ne mentionnent pas trois hypothèses :
- Les documents sumériens (faussés et inexacts) dérivent du texte original hébreu.
- Provenant de ces documents, le texte hébreu a été corrigé.
- Les deux textes distincts portent sur une histoire commune.
Cependant, il demeure difficile de faire un choix définitif entre la première et la troisième option.
Quand des récits historiques sont transmis, les rapports sont habituellement embellis avec le temps. Ainsi, l’histoire originelle devient de plus en plus déformée. La deuxième option requerrait de la part de l’écrivain d’élaguer un grand nombre de récits embellis et légendaires pour produire le récit biblique. Certains pourraient exposer que Dieu a dirigé Moïse dans cette entreprise tellement délicate : le patriarche aurait eu besoin de passer au crible des chapitres et des textes en différentes langues pour trouver des bribes de sources dans chacun de ces mêmes textes. De plus, si l’on a besoin d’invoquer une intervention surnaturelle, il serait bien plus logique d’accepter la vision traditionnelle du texte issu directement du Verbe divin.
Par l’observation de l’épopée babylonienne du Déluge, nous trouvons des différences à l’intérieur de différentes versions du Moyen-Orient découvertes en 1909 par Hermann Volrath Hilprecht, de l’Université de Pennsylvanie. Cet assyriologue d’origine allemande a étudié le fragment le plus récent de l’épopée du Déluge. Après la traduction prudente de chaque caractère cunéiforme, Hilprecht fit l’affirmation suivante : « Sa partie préservée montrait une plus grande ressemblance à l’histoire biblique du Déluge qu’aucune partie déjà publiée. »[4]
L’affirmation d’Hilprecht va dans le sens de la corruption continue de l’histoire de Babylone par rapport à une authentique préservation du récit biblique. Il ne soutient pas la conclusion selon laquelle la mythologie doit être considérée comme la source principale du récit biblique. En effet, les disparités entre les textes eux-mêmes indiquent un manque compréhensible de crédibilité, si bien qu’on ne devrait pas les utiliser pour jauger de l’authenticité du récit biblique.
Les rois antédiluviens
Un bref regard sur quelques particularités des rois sumériens, ainsi que sur le récit du Déluge, montrera l’inconsistance du mythe babylonien comme source de l’Écriture. La liste des rois sumériens antédiluviens présente de curieuses similarités avec la liste des patriarches dans la Genèse.
Par exemple, la Genèse et la liste sumérienne se réfèrent toutes deux au Déluge et à des hommes (comme les patriarches) ayant de grands âges. Néanmoins, les listes présentent trois différences significatives :
- Les âges et les longueurs de règne des rois sumériens sont plus longs que ceux des patriarches bibliques. De plus, les rois sumériens sont supposés régner pendant plus de 30 000 ans. Si l’on tient compte de la découverte que les Sumériens utilisaient le système sexagésimal et non pas décimal, les plus longues durées de vie indiquées dans la liste sumérienne se rapprochent fortement de la durée de vie des patriarches de l’Ancien testament.
- La liste sumérienne compte seulement huit rois, alors que la Bible donne dix patriarches avant le déluge (dont Noé). Bien qu’une corrélation existe entre les deux sources, il semble que la liste sumérienne ait omis le premier homme, Adam, et l’homme qui survécut au Déluge, Noé.
- La Bible montre une différence claire dans la qualité de l’information, la supériorité spirituelle et morale des patriarches, et l’exhaustivité de cette liste. Le récit de la Genèse explique de manière détaillée la lutte de l’humanité contre le péché : la mort est une intruse qui touche toutes les espèces vivantes à partir de la sortie d’Adam et Ève du paradis terrestre. La Bible présente de manière exhaustive les patriarches. Un tel détail ne se trouve pas dans la liste des rois sumériens.
L’étude des textes sumériens constitue un voyage fascinant sur l’histoire de cette civilisation, ainsi que sur le fonctionnement de leur système numérique et commercial. Cependant, la qualité du texte biblique est incomparablement supérieure de par sa complexité, ses informations et les qualités spirituelles et morales. Il ne reflète pas l’emprunt d’un texte inférieur. Par conséquent, la mention de la liste de rois, similaire au récit biblique, confirme, tout comme le Déluge, l’authenticité de la Bible.
Le Déluge
Les récits du Proche-Orient ont trois versions principales : le récit sumérien de Ziusudra (selon les listes royales sumériennes, le dernier des rois antédiluviens de Sumer), l’épopée d’Atrahasis et l’épopée babylonienne de Gilgamesh. Athrahasis et Gilgamesh sont en outre des personnages de la mythologie mésopotamienne.
L’épopée babylonienne de Gilgamesh, la plus complète, se compose de douze tablettes déchiffrables. La onzième tablette présente le récit le plus complet du Déluge. Après la grande tristesse d’avoir perdu son ami Enkidu, Gilgamesh cherche Utnapishtim (l’équivalent babylonien de Noé) pour lui donner le secret de l’immortalité. Utnapishtim lui raconte le désir des dieux d’inonder le monde parce qu’ils ne pouvaient pas dormir en raison du vacarme de l’humanité ! Dans un rêve, le dieu de la sagesse avertit Utnapishtim de convertir sa maison en bateau, de prendre la semence de chaque créature. Pour échapper à la colère du Dieu Enlil, Utnapishtim construit un bateau en sept jours et fait monter sa famille, des créatures sauvages et domestiquées, et tous les artisans. Quand le Déluge commence, les dieux terrifiés s’enfuient. Cette description est fort étrange pour des dieux ! Pendant six jours et six nuits, le Déluge inonde la Terre. Le septième jour, la pluie cesse. Le bateau s’échoue sur le mont Nisir. Utnapishtim lâche une colombe, une hirondelle et enfin un corbeau. Quand le corbeau ne revient pas, il fait un sacrifice, et les dieux se rassemblent. Ces récits sur le déluge révèlent plusieurs contradictions. En revanche, le récit de la Bible est parfaitement cohérent.
La différence est dans le détail
« De tous les animaux purs, tu en prendras avec toi sept paires, des mâles et leur femelle, et de tous les animaux qui ne sont pas purs, tu en prendras deux, un mâle et sa femelle ; sept paires aussi des oiseaux du ciel, des mêmes et leur femelle, pour conserver en vie leur race sur la face de toute la terre. » (Gn 7, 2-3)
La Bible affirme que Noé prend sur l’Arche deux de chaque espèce d’animal terrestre et sept paires de certains animaux. La Bible affirme que Noé en prend une paire. Le récit de la Genèse est clair et réaliste quand on compare les animaux et la taille de l’Arche.
L’épopée de Gilgamesh est peu crédible parce qu’elle affirme qu’Utnapisgtim devait prendre la semence de chaque créature vivante, sauvage et domestique. De plus, aucune information n’est divulguée sur le nombre d’animaux à bord. Le récit biblique montre que la terre entière était recouverte d’eau et qu’il avait plu continuellement pendant quarante jours et nuits. Le niveau de l’eau avait continué à monter jusqu’au cent cinquantième jour. Concernant la destruction de l’humanité par le Déluge, l’épopée de Gilgamesh ne détaille ni l’étendue géographique ni la profondeur du déluge.
La Bible transmet les dimensions de l’Arche, un vaisseau qui pouvait flotter dans des eaux tumultueuses et abriter les animaux décrits[5]. Les dimensions du bateau de l’épopée de Gilgamesh rendent compte d’un vaisseau cubique, d’une largeur égale à sa longueur. Bien que nous sachions qu’il a sept étages, il est impossible de déterminer la taille précise du vaisseau. De plus, ce bateau n’aurait pas pu flotter de manière stable. Lors d’une tempête, il se serait retourné car sa structure n’était pas fiable, contrairement à l’Arche décrite par la Genèse.
La Bible demeure également crédible sur le récit se rapportant à l’ordre des oiseaux lâchés. Il est logique d’envoyer un corbeau, qui est un charognard, avant une colombe, qui ne se nourrit que d’herbe. Les intervalles du lâcher de la colombe correspondent à la durée nécessaire afin que la terre soit suffisamment asséchée pour la végétation et les occupants. En comparaison, l’épopée de Gilgamesh mentionne une colombe, ensuite une hirondelle et finalement un corbeau. Il n’y a aucun intervalle mentionné pour évaluer les temps de vol. En outre, bien sûr, le fait de lâcher des corbeaux à la fin est critiquable et permet de remettre en question l’authenticité du récit.
Le caractère des « dieux »
Dans l’épopée de Gilgamesh, les dieux sont impatients et impulsifs. Ils n’aiment pas la révolte et la tour de Babel et décident de détruire l’humanité, sans aucune raison morale. En comparaison, le Dieu de la Bible envoie le Déluge dans un monde déjà maudit à cause du cœur abject de l’homme. Le jugement de Dieu à la lumière du pêché est droit et juste. Les dieux babyloniens, qui mentent, demandent à Utnapishtim de mentir aux autres humains sur la fureur à venir.
L’épopée de Gilgamesh promeut la mythologie polythéiste, condamnée par la Bible, annonçant un dieu trinitaire. Dans l’épopée de Gilgamesh, la plupart des dieux diffèrent par leurs idées et leurs motivations. Ils cherchent à se contrecarrer les uns les autres. Le Dieu de la Bible est saint, pur et immuable : il ne ment pas. Il s’agit de quelques traits de caractère différents entre le Dieu de la Bible et la description des dieux dans le mythe babylonien6 qui, en réalité, sont des démons. Nous comprenons pourquoi les ésotéristes et les francs-maçons sont fascinés par Sumer.
Enfin, il est important de noter que, dans l’épopée de Gilgamesh, le dieu Ea dit à Utnapishtim de se sauver lui-même par l’Arche en trompant les autres dieux. Dans la Bible, Dieu lui-même fournit les plans de l’Arche dans le but de sauver Noé et sa famille. De plus, Noé était un prêcheur de droiture plus que de tromperie. (2 Pi 2, 5).
Fondés à partir des mythes païens imparfaits, il est absurde de penser que les descriptions dans les textes babyloniens puissent être la source du récit de la Genèse.
Conclusion
Les textes mythologiques de l’ancien Proche-Orient ne peuvent pas être la source d’influence de la Genèse. Alors que la Genèse décrit la droiture de Dieu, ainsi qu’un caractère souverain, les textes mythologiques montrent des dieux se livrant à des chamailleries.
Les textes mythiques n’apportent que peu d’éléments authentiques, ni aucun sens logique et scientifique. La Genèse Déluge fournit suffisamment d’informations crédibles sur le pour le confirmer sur les plans historique et géologique. En effet, la Bible est la Parole de Dieu et la seule Vérité.
Laurent Glauzy
Laurent Glauzy est l’auteur de :
Témoins de Jéhovah, les missionnaires de Satan
Illuminati. « De l’industrie du Rock à Walt Disney : les arcanes du satanisme ».
Karl Lueger, le maire rebelle de la Vienne impériale
Atlas de géopolitique révisée, tome II
Atlas de géopolitique révisée, tome I
Chine, l’empire de la barbarie
Extra-terrestres, les messagers du New-Age
[1] Stephanie Dalley (traductrice), Myths from Mesopotamia : Creation, the Flood, Gilgamesh, and Others, Oxford, Oxford University Press, 2009.
[2] The Epic of Gilgamesh, traduction d’Andrew George, New York, Penguin Books, 1960.
[3] Ira M. Price, The Monuments and the Old Testament (Les monuments et l’Ancien testament), 2010 [original : Valley Forge, PA: Judson Press, 1905].
[4] H. V. Hilprecht, The Babylonian Expedition of the University of Pennsylvania (L’expédition babylonienne de l’université de Pennsylvanie), 1910.
[5] Noé a construit une Arche, qui était une véritable prouesse technologique : « Voici comment tu la feras : la longueur de l’Arche sera de trois-cents coudées, sa largeur de cinquante coudées et sa hauteur de trente. » (Gn 6, 15) L’Arche mesurait cent-trente-sept mètres de long sur vingt-trois mètres de large et quatorze mètres de haut. Tout comme ses descendants qui
construisirent les sites mégalithiques, Noé était un génie. En 1984, dans The biblical basis for modern science (Les fondements bibliques de la science moderne), le Dr Henry Madison Morris (1918-2006), créationniste, diplômé de génie civil à l’université de Rice, à Houston (Texas), examine la stabilité de l’embarcation. Il note (pp. 294-295) qu’en raison de sa forme rectangulaire, l’Arche peut se redresser à n’importe quel angle, et ce jusqu’à quatre-vingt-dix degrés. Évidemment, un placement intelligent des charges les plus lourdes (solidement attachées) sur les ponts inférieurs peut contribuer à l’équilibre du navire. Dans de telles conditions, peu d’embarcations maritimes modernes sont capables de garder le cap sans chavirer. La plupart d’entre elles subissent de graves problèmes de stabilité à un angle inférieur à soixante degrés. Les proportions de l’Arche, fixées à 300 x 50 x 30 coudées sont parfaites pour échapper à un chavirement dans une mer agitée. (L. Glauzy, Les Géants et l’Atlantide : révélations de l’archéologie interdite, Paris, Maison du Salat, p. 145.)
09:11 | Lien permanent | Commentaires (0)
26/07/2024
Formation Théologique par correspondance en Anglais
Are you interested in taking an Immanuel Lutheran College class online? 1 Corinthians, Religion 101-102, Religion 305-306, and Religion 407-408 are currently available. You can see and hear an example of how each would function. Go to: classes.ilc.edu. Do not login. Scroll down and select “Religion 101 /102 - A Sample - Pentateuch - OT Survey” or “Rel 407 / 408 - Christian Teachings - A Sample.” Read the main column and follow the instructions. The following table is for the school year 2015-16.
Note: All costs are for 2015-16; NA – Not Available More information at classes.ilc.edu and ilc.edu Here is some information you may wish to consider if you are interested in registering for the class and also directions on how to register for the class if desired.
Immanuel Lutheran College, 501 Grover Road, Eau Claire, WI 54701. Email: clcbookhouse@ilc.edu Fax: 715-836-6634 Contact - Please feel free to contact the Academic Dean (715-836-6631 or john.ude@ilc.edu) with any further questions.
|
09:08 Publié dans Formation théologique | Lien permanent | Commentaires (0)