29/03/2013
Épîtres de Paul (1)
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On connaît les caractères de la théologie de saint Paul grâce à l'analyse des épîtres ou lettres qui nous sont parvenues sous son nom. Les Épîtres de saint Paul, sans être des traités didactiques au sens propre du mot, nous présentent sous une forme suffisamment systématique les éléments de ce qui fut la foi de la première Eglise chrétienne. On peut les dégager des circonstances qui ont mis la plume à la main du fongueux propagandiste. Tout d'abord, il faut considérer dans saint Paul l'élève des écoles juives, qui a conservé les doctrines traditionnelles concernant Dieu, la justice, le péché, la prédestination, la doctrine des choses dernières, l'angélologie et la démonologie et notamment l'élection d'Israël. En se rangeant dans le groupe de ceux qui reconnaissaient en la personne de Jésus de Nazareth le Messie prédit par les prophètes, Paul accepte, en sus, le principe d'interprétation des livres sacrés qui prévalait dans les premières communautés nazaréennes ou chrétiennes. La mort de Jésus, le Christ ou Messie, lui apparaît comme le sacrifice par lequel a été consommée la rédemption du genre humain, voué à la mort par le péché du premier couple humain; la résurrection de Jésus est l'acte par lequel la divinité a accepté la rançon offerte pour l'humanité coupable. Ici intervient le dogme ou, plus exactement, la nuance dogmatique propre à l'apôtre des Gentils : pour participer au salut, à la rédemption opérée par le sacrifice de Jésus, victime pure et sans tache, il faut que le fidèle se confonde avec le Christ par un acte de foi. Par une sorte d'identification, à la fois mystique et matérielle, avec le Christ, chaque fidèle meurt avec le Christ pour participer ensuite à la résurrection de ce même Christ. Toutes les individualités, en vertu de la foi, s'absorbent et disparaissent dans la personne du Christ pour prendre leur part de la gloire, par laquelle Dieu a couronné le sacrifice de son fils. Tout mérite particulier est nié, tant par la doctrine de la grâce et de l'élection par laquelle Dieu lui-même désigne les participants au salut, que parla doctrine, déjà indiquée, de la foi, qui est opposée à la notion d'une justice obtenue par les oeuvres, c.-à-d. par l'effort personnel. Aussi saint Paul bat en brèche, avec une sorte de rage froide, l'idée que l'on pourrait arriver à la justice, c.-à-d. au salut, par l'exact accomplissement des commandements divins. Par un paradoxe déconcertant, il déclare que la loi de Moïse elle-même n'a eu d'autre effet que de pousser au mal et au péché, dont le sacrifice de Jésus seul peut amener la fin. D'ailleurs saint Paul, pénétré d'une confiance profonde dans le retour imminent du Christ, qui va redescendre du ciel pour procéder au ,jugement de l'humanité, se soucie fort peu d'organiser d'une façon durable les communautés chrétiennes. Il ne voit rien au delà de la foi mystique, qui se manifeste par des phénomènes d'extase. En ce qui touche ses nationaux, les juifs, saint Paul désespère de leur conversion immédiate à l'Évangile, mais nourrit la confiance qu'ils finiront par suivre l'exemple donné par les Gentils. En somme, un seul recours s'ouvre à l'homme pécheur contre l'enfer et la perdition, c'est la justification, non par les oeuvres mais par la foi en Jésus le Christ, fils de Dieu, mort et ressuscité. La doctrine de saint Paul ne diffère pas essentiellement de celle qui nous est exposée dans les autres livres du Nouveau Testament; pour tous les chrétiens, en effet, quelles que soient leurs tendances plus ou moins judaïsantes, qu'ils essaient de laisser leur importance aux « oeuvres », comme l'épître dite de saint Jacques, ou qu'ils inclinent au dualisme gnostique comme les écrits placés sous le patronage de saint Jean, le fidèle ne peut être sauvé que par la foi en Jésus considéré comme le Christ ou Messie. Mais la notion de la justification par la foi prend dans la théologie de saint Paul un sens subtil et étroit, qui devait provoquer bien des doutes et des protestations lorsque l'ardent tribun n'était plus là pour l'imposer par la véhémence de sa parole, impatiente de n'importe quelle contradiction. Si donc saint Paul a triomphé en apparence, la réalité ne lui a pas été très favorable ; on a employé sa terminologie, mais en la dépouillant de sa rigueur ; on a marié dans la pratique à la foi, qui a surtout consisté en un formulaire doctrinal, les oeuvres ou la pratique, qui excitaient son indignation. Si la réforme religieuse du XVIe siècle a remis la doctrine de saint Paul en honneur, ses préférences ne semblent pas avoir été dictées par une connaissance approfondie du tempérament moyen des fidèles. Un homme de cabinet peut se plaire aux outrances de la dialectique qui fait l'originalité des épîtres de saint Paul; le grand public peut s'intéresser à cette existence errante, à cette nature de missionnaire batailleur, mais on s'en fatigue vite comme de tout ce qui est tendu et excessif. Le Nouveau Testament renferme treize lettres ou épîtres qui portent le nom de saint Paul (en dehors de l'Epître aux Hébreux qui est, en réalité, anonyme et ne saurait être attribuée à l'apôtre des Gentils). Sur ces treize lettres, la plus considérable est celle adressée aux fidèles de la communauté de Rome; viennent ensuite deux lettres adressées aux fidèles de Corinthe, et une lettre dont les destinataires sont les chrétiens des églises de la Galatie. L'authenticité de ces quatre morceaux est admise par la quasi-unanimité des critiques, bien qu'on puisse y soupçonner des remaniements et des interpolations d'une certaine importance. |
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22/03/2013
Martin Luther et la traduction de la Bible (2)
Quel texte de base pour la traduction de Luther?
La Bible complète de Luther date donc de 1534. Sur quelles bases Luther travaille-t-il?
Pour le Nouveau Testament, Luther dispose de la seconde édition (1519) de la version grecque publiée par Erasme, édition munie de notes et d’une traduction latine. La Vulgate lui est plus familière et sa connaissance du grec est moindre que celle d’humanistes tels que Mélanchthon. Pourtant sa traduction s’appuie bien sur la version grecque sans qu’il soit possible de déterminer de manière complète et précise jusqu’où va sa référence au texte original.
Pour l’Ancien Testament, Luther se base sur le texte hébreu.
Il va de soi qu’on s’est aussi demandé dans quelle mesure il connaissait et utilisait les traductions antérieures de la Bible. Les réponses des spécialistes ne convergent pas tout à fait. Mais une véritable dépendance de Luther par rapport à ces versions n’a pas pu être établie jusqu’à présent. De toute manière, personne ne conteste l’originalité ni la qualité de son travail par rapport aux traductions antérieures.
Quels principes de traduction pour Luther?
Les historiens du christianisme et de la culture s’accordent pour voir dans la traduction de la Bible par Luther l’une de ses œuvres maîtresses, la plus importante si l’on pense à l’impact qu’elle a eu jusqu’à nos jours sur la population protestante de langue allemande.
Quels étaient les principes appliqués par Luther dans sa traduction? Il s’en explique notamment dans son Epître sur l’art de traduire de 1530. D’après lui, c’est le sens d’un passage qu’il faut rendre avant tout et non pas donner la préférence à une traduction littérale. «Les mots doivent servir le sens et le suivre.»
Luther prend ainsi un certain nombre de libertés avec le texte. Privilégiant le sens du texte, il se permet de laisser tomber des mots et traduit toujours en pensant au lecteur, à ce qu’il comprendra sous les mots employés.
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Luther introduit des modifications de vocabulaire permettant de s’adapter aux changements de la société. Ainsi, dans sa version, les disciples sont assis à table alors que, d’après le texte original, ils sont couchés.
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A l’occasion, il opère des changements grammaticaux. Ainsi «tu es mon refuge» (Ps 91.9) devient «il est ton refuge». Dans l’ensemble du Psaume, il modifie des pronoms, de sorte que l’aspect de dialogue entre le prêtre et le fidèle disparaît.
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D’un poids particulier est évidemment l’introduction du mot «seul» dans Romains 3.28, qui devient ainsi «l’homme est justifié par la foi seule». Il s’en explique en 1530: «La pensée du texte porte ces lettres (= sola) en elle et, si l’on veut traduire clairement et efficacement ce texte en allemand, il faut les y mettre: l’usage de notre langue allemande implique que, lorsqu’on parle de deux choses dont on affirme l’une en niant l’autre, on emploie le mot solum (= seulement) à côté du mot ‘par’ ou ‘aucun’.»
Le traducteur est aussi, pour Luther, un interprète. Mais l’interprétation doit se faire à partir de l’ensemble du témoignage biblique et du contexte du passage.
Il s’agit aussi pour Luther d’épouser la démarche propre de la langue dans laquelle on veut traduire. «J’ai voulu parler l’allemand et non pas latin ni grec.» Là où l’hébreu accumule les substantifs (la tempête de la mer, Psaume 89.10), Luther passe à l’adjectif (la mer troublée, das ungestüme Meer). La question clé est toujours de savoir «comment l’Allemand parlerait dans ce cas». «Celui qui veut parler allemand ne doit pas se conformer à la manière hébraïque d’ordonner les mots, mais doit veiller à comprendre le sens de ce que l’hébreu a voulu dire. Puis il doit se demander: ‘Mon cher, comment un Allemand exprime-t-il cela dans ce cas?’ S’il a trouvé les mots allemands utiles, qu’il laisse tomber les mots hébreux et exprime librement le sens dans le meilleur allemand possible… Il faut demander à la mère au foyer, aux enfants dans la rue, à l’homme au marché et leur regarder sur la bouche comment ils parlent et traduire ensuite. De cette manière, ils comprennent et remarquent que l’on parle allemand avec eux.»
Il arrive aussi à Luther d’affirmer son attachement à la lettre même d’un passage qu’il veut traduire. Il se rend compte de l’importance d’un terme dans la version originale et choisit de le conserver. «Ainsi lorsque Christ dit dans Jean 6 (Jean 6.27) ‘Dieu le Père a scellé celui-ci’, ç’aurait été un meilleur allemand de dire: ‘Dieu le Père a marqué celui-ci’ ou bien ‘Dieu le Père a désigné celui-ci’. Mais j’ai préféré porter atteinte à la langue allemande plutôt que de m’éloigner du mot.»
L’exemple de Matthieu 5.20 le montre aussi. Mot à mot: «Je dis en effet à vous que si n’est pas en plus de vous la justice plus que des scribes et des pharisiens, il n’y a pas (à craindre) que vous entriez dans le royaume des cieux.»
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Luther (1534): Denn ich sage euch: Es sei denn eure Gerechtigkeit besser denn der Schriftgelehrten und Pharisäer, so werdet ihr nicht in das Himmelreich kommen.
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Segond 21: En effet, je vous le dis, si votre justice ne dépasse pas celle des spécialistes de la loi et des pharisiens, vous n'entrerez pas dans le royaume des cieux.
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Semeur: Je vous le dis: si vous n'obéissez pas à la Loi mieux que les spécialistes de la Loi et les pharisiens, vous n'entrerez pas dans le royaume des cieux.
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Français courant: Je vous l'affirme: si vous n'êtes pas plus fidèles à la volonté de Dieu que les maîtres de la loi et les Pharisiens, vous ne pourrez pas entrer dans le Royaume des cieux.
Luther a une conception de la justice comme étant passive: c’est la justice que Dieu donne au croyant. Il aurait donc de la peine à traduire comme la Semeur ou la Français courant, qui insistent sur la justice active, sur ce que fait le croyant. La Segond 21 reste proche du grec et permet les deux interprétations.
Ainsi, «tantôt nous conservons la lettre sans broncher, tantôt nous rendons seulement le sens». Traduire, c’est rechercher l’expression la plus adéquate. Il faut choisir entre plusieurs synonymes le meilleur terme. «Il nous est souvent arrivé de chercher et de nous interroger pendant quinze jours ou trois, quatre semaines au sujet d’un mot unique, sans pourtant le trouver à ce moment-là.»
Quel impact pour la traduction de Luther?
La Bible de Luther a été un grand succès d’édition.
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L’édition du Nouveau Testament de 1522 illustrée, qui s’élevait probablement à 3000 exemplaires, a été épuisée en quelques semaines, bien que le prix soit d’au moins le salaire d’une semaine d’un artisan.
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Sur 455 pamphlets de la période de 1523-1525 qu’on a pu étudier, 287 citaient la Bible selon la version de Luther.
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L’imprimeur Hans Lufft a vendu, en 50 ans, 100'000 exemplaires de la Bible entière, alors qu’en 1534 elle coûtait le salaire de 3 semaines d’un maître-maçon.
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Jusqu’à la mort de Luther, plus de 430 éditions de la Bible traduite par lui ou d’extraits de cette Bible ont vu le jour.
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On a calculé qu’en 1535 un Allemand sur 70 était en possession d’un Nouveau Testament.
Il y a un siècle encore l’opinion prévalait que Luther avait été le créateur de l’allemand moderne. On aimait citer le jugement de Herder selon lequel «Luther avait réveillé et libéré la langue allemande moderne, ce géant endormi».
Les avis sont aujourd’hui plus nuancés, voire divergents. Les spécialistes font observer que les origines de l’allemand moderne remontent au 14e siècle et que son histoire s’est étendue sur plusieurs siècles. Avant Luther déjà, le vocabulaire allemand du nord et de l’est avait commencé à s’imposer aux dépens de celui de l’Allemagne du sud-ouest.
Pourtant, le rôle de Luther a été considérable. Il a contribué de manière décisive à la percée de la langue qui était parlée en Allemagne centrale, dans le processus d’unification qui allait aboutir à l’allemand moderne. On sait que lui-même employait l’allemand dit de Meissen, qui était aussi utilisé dans les chancelleries de la Saxe supérieure et de la Thuringe. Or, l’impact de ses écrits de langue allemande, en particulier de sa traduction de la Bible, a été considérable, surtout dans l’Allemagne protestante.
En 1520, 90% des écrits imprimés étaient encore en latin, pour s’élever à 70% vers 1570. L’évolution a été hâtée par l’action de Luther. Son influence a évidemment été favorisée par l’imprimerie. Son rôle unificateur correspondait d’ailleurs aux préoccupations des imprimeurs désireux de répandre leur produits dans l’ensemble de l’Allemagne. Les vœux des chancelleries allaient dans le même sens: elles aussi souhaitaient pouvoir utiliser une langue allemande uniforme.
Luther a fait avancer, sans l’achever, le processus d’unification. Ses dons linguistiques et sa volonté d’être à l’écoute du peuple ont conduit vers une langue qui convenait aussi bien au peuple qu’aux juristes et aux lettrés.
Luther a créé, surtout dans sa traduction de la Bible, un certain nombre de mots: Sündenbock (bouc émissaire), gottgefällig (agréable à Dieu), Kleingläubig (de peu de foi).
Ses choix entre plusieurs mots ont été décisifs: fett préféré à feist pour le mot gras, bange plutôt que zage pour craintif, Grenze plutôt que Mark pour limite, sans réussir pourtant à imposer tous ses choix aux siècles ultérieurs. Le mot freudig sera ainsi remplacé par entschlossen pour décidé.
Si la Réforme a fait progresser dans les territoires protestants le processus d’unification linguistique, elle a aussi agrandi le fossé entre les espaces linguistiques protestants et catholiques. En effet, dans les territoires demeurés catholiques, le latin allait conserver plus longuement sa position dominante.
Sources principales: Marc Lienhard (Martin Luther, Labor et Fides) et Alfred Kuen (Une Bible et tant de versions, Emmaüs)
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15/03/2013
Martin Luther et la traduction de la Bible(1)
Martin Luther est connu comme l’initiateur de la Réforme protestante, au 16e siècle. Il est aussi connu pour avoir traduit la Bible en allemand. Quels étaient les principes qui sous-tendaient son activité?
La traduction de la Bible et la vie de Luther
1229: Un concile réuni à Toulouse a «interdit aux laïques d’avoir les livres de l’Ancien Testament et du Nouveau Testament… On détruira entièrement jusqu’aux maisons, aux plus humbles abris et même aux retraites souterraines des hommes convaincus de posséder les Ecritures.» On réserve la lecture de la Bible aux membres du clergé. Confisquer le savoir est une manière de s’approprier le pouvoir et de dicter leur conduite aux autres…
1230: Un synode réuni à Reims interdit de «traduire en français, comme on l’avait fait jusqu’alors, les livres de la Sainte Ecriture». C’est qu’au 12e siècle les traductions de portions de la Bible ont fleuri, y compris celle de Pierre Valdo. Les Vaudois sont accusé par l’évêque de Metz d’un désir immodéré de connaître les Ecritures.
1455: 1ère Bible imprimée par Gutenberg (Vulgate)
10 novembre 1483: Naissance de Martin Luther, d’un père petit exploitant dans les mines de cuivre, avec des grands-parents paysans
1505: Martin Luther achève des études de droit
Eté 1505: Martin Luther fait vœu de se faire moine lors d’un orage
1507: Martin Luther est ordonné prêtre
1515: Martin Luther écrit un commentaire sur l’épître aux Romains; il y soutient notamment que l’homme est à la fois juste et pécheur, que la foi est union au Christ, que le sacrement n’est pas efficace en soi mais tire son sens de l’adhésion du fidèle, que la justice de Dieu est passive, pas active
31 octobre 1517: 95 thèses de Martin Luther sont placardées à Wittenberg
1519: Martin Luther comprend que la justice de Dieu est celle par laquelle le juste vit du don de Dieu
3 janvier 1521: Martin Luther est excommunié
26 mai 1521: Martin Luther est mis au ban de l’Empire par l’édit de Worms. Il est «enlevé» par Frédéric de Saxe pour sa protection et mis l’abri au château de la Wartburg; il y traduit le Nouveau Testament (décembre 1521-février 1522).
Luther n’est pas le premier à traduire la Bible en allemand. Entre 1466 et 1522, 14 éditions ont paru en haut allemand et 4 en bas allemand, sans compter les éditions partielles de Psaumes et d’Evangiles.
Avant 1521, il a déjà traduit un certain nombre de passages. Son séjour à la Wartburg lui permet de se mettre au travail.
Fin 1521, il s’attelle à la tâche et, en l’espace de 11 semaines, traduit le Nouveau Testament (décembre 1521-février 1522). Son travail paraît en septembre 1522.
Mars 1522: Luther retourne à Wittenberg car il y a là-bas de l’agitation, suite à l’activité trop novatrice de Karlstadt et des enthousiastes
L’Ancien Testament demande plus de temps d’autant que, revenu à Wittenberg, Luther est accaparé par d’innombrables autres tâches. Par contre, il peut bénéficier de la collaboration d’une demi-douzaine d’hébraïsants, en particulier de l’aide de Mélanchthon. Ils constituent «un sanhédrin des meilleures personnes» qui se réunit chaque semaine pendant plusieurs heures chez Luther. Chacun s’est préparé à l’avance pour le texte à traduire en ayant aussi consulté les anciens commentaires. Le but est de «s’approcher d’une véritable compréhension du texte par tous les moyens disponibles, puis de donner à ce que l’on a compris l’expression allemande la meilleure et la plus compréhensible».
Dès 1523 paraît une première partie de la traduction de l’Ancien Testament (le Pentateuque).
En 1524 c’est le tour des livres historiques, poétiques et sapientiaux.
Entre 1530 et 1532 les livres prophétiques sont publiés séparément.
Enfin la Bible complète paraît en 1534, munie aussi des livres apocryphes traduits en partie par Mélanchthon et Justus Jonas. Elle ne comporte pas de numéros de versets (attestés pour la première fois sur une Bible latine, celle de Pagninus, en 1527).
Non seulement 12 ans se sont écoulés entre la première édition du Nouveau Testament et celle de la Bible tout entière, mais déjà un travail de révision a été entrepris (par le «sanhédrin»), qui se poursuivra durant toute la vie de Luther et au-delà jusqu’à nos jours.
Entre 1531 et 1544 ont lieu 5 réunions de révision groupant Luther et ses collaborateurs. Ainsi, la 2e édition du Nouveau Testament parue dès 1522 comporte déjà 574 corrections portant sur les fautes d’impression, mais aussi sur le style. Rien que dans la Genèse, 300 corrections seront apportées.
18 février 1546: Martin Luther meurt.
Par ses multiples qualités la traduction de Luther va, en peu de temps, supplanter toutes les versions existantes et s’imposer en Allemagne. Aujourd’hui encore, elle est bien répandue, même si les jeunes ont tendance à préférer de nouvelles traductions.
En 1892 et 1913, la Bible de Luther subit des révisions importantes pour tenir compte des découvertes de nouveaux manuscrits. Depuis lors, les révisions se poursuivent pour adapter la langue du 16e siècle à l’allemand contemporain. La dernière date de 1984.
Pourquoi traduire la Bible?
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Réponse basique: parce qu’elle est écrite à l’origine en hébreu et araméen (Ancien Testament) et en grec (Nouveau Testament)!
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Pour Martin Luther, dans le contexte de la Renaissance, se manifeste un souci de retour aux sources
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Luther a en outre le souci de rétablir la prééminence de l’Ecriture par rapport à l’Eglise qui enseigne et qui écoute, de libérer d’une certaine manière l’Ecriture par rapport au Magistère. Le combat réformateur et son souci du sacerdoce universel qui revalorise la place des laïcs renforcent son zèle. La nécessité s’impose de mettre la Bible aux mains du peuple.
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Luther a la conviction que l’Ecriture est suffisamment claire pour être comprise par chaque chrétien.
Sources principales: Marc Lienhard (Martin Luther, Labor et Fides) et Alfred Kuen (Une Bible et tant de versions, Emmaüs)
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08/03/2013
Évangile selon Jean(2)
Ni le nom de l'auteur, ni celui de l'apôtre Jean - un des principaux disciples dans les évangiles synoptiques et dans les Actes des Apôtres - n'apparaissent dans le quatrième évangile[. Du chapitre 1 au chapitre 20, il n'y a d'ailleurs aucune mention d'auteur. S'est dès lors posé le problème de l'attribution du texte.
C'est dans la seconde moitié du IIe siècle que le quatrième évangile se répand sous le titre d'« évangile selon Jean ". Depuis cette époque, pour la tradition chrétienne, l'auteur en est l'apôtre Jean, fils de Zébédée. Ce point de vue est toujours défendu par certains érudits chrétiens, mais pour la plupart des chercheurs modernes l'auteur - ou les auteurs - est un inconnu, non-contemporain de Jésus, relevant de la tradition du « disciple bien-aimé » et appartenant, suivant une hypothèse largement partagée par les chercheurs, à une école d'écrivains johanniques dont les contours et l'histoire sont objets de débats.
Si l'identification de l'auteur a longtemps cristallisé l'essentiel de la question johannique - attribuer la rédaction à l'apôtre Jean devait assurer le crédit du texte -, cette question a perdu depuis la fin du XXe siècle sa centralité car, pour l'essentiel des chercheurs, « le critère de l'apostolicité n'est plus déterminant dans l'évaluation de l'autorité théologique d'un récit néotestamentaire .
Le « disciple bien-aimé »
L'expression « le disciple que Jésus aimait » ou « le disciple bien-aimé », est utilisée à plusieurs reprises dans l’évangile selon Jean - alors qu'elle n'apparaît dans aucun autre texte du Nouveau Testament - pour désigner un disciple anonyme de Jésus de Nazareth.
Lors de la Cène, c'est le disciple bien-aimé, qui, « couché sur le sein de Jésus », lui demande qui va le trahir. Lors de la crucifixion, Jésus confie sa mère Marie au disciple bien-aimé, en disant : « Femme, voici ton fils », puis au disciple « Voici ta mère ». Quand Marie-Madeleine découvre le tombeau vide, elle court le dire au « disciple bien-aimé » et à Pierre. C'est le premier à atteindre le tombeau. C'est encore lui qui le premier reconnaît Jésus au lac de Tibériade après sa résurrection. L'évangile s'achève sur deux versets : « C’est ce disciple qui rend témoignage de ces choses, et qui les a écrites. Et nous savons que son témoignage est vrai. Jésus a fait encore beaucoup d’autres choses ; si on les écrivait en détail, je ne pense pas que le monde même pût contenir les livres qu’on écrirait »
Trois approches ont eu ou ont cours vis-à-vis de ce « disciple bien-aimé » :
Une première approche consiste à l'assimiler à un personnage connu des textes néotestamentaires, à l'instar de ce que suit la tradition chrétienne avec Jean de Zébédée - ou « Jean le Zébédaïde » - ou encore, quoiqu'assez rarement, avec Lazare, Jean-Marc ou Thomas. Dans une autre approche, des exégètes ont considéré ce « disciple bien aimé » comme un personnage symbolique incarnant une manière de disciple parfait. Une troisième approche envisage le « disciple bien-aimé » comme un personnage secondaire du ministère de Jésus qui, de ce fait, n'aurait pas été repris par les synoptiques mais qui aurait pris de l'importance à travers la communauté johannique - qu'il a pu fonder - laissant à travers le quatrième évangile le portrait d'un personnage idéal, plus proche de Jésus par l'amour que Pierre lui-même.
Suivant Brown, ce « disciple bien-aimé », qui serait le témoin oculaire sur lequel l'évangile attire l'attention au pied de la croix, pourrait être la source de la tradition du quatrième évangile, dont l'évangéliste - qui parle de lui à la troisième personne- serait un disciple, le ou les rédacteurs ultérieurs étant peut-être d'autres disciples relevant de l'« école johannique » Par ailleurs, l'ajout du chapitre 21 par quelqu'un qui n'est pas l'auteur du corps du texte semble témoigner d'une tentative pour identifier ce dernier au « disciple bien-aimé ». Dans ce chapitre, le dialogue entre Jésus et Pierre présuppose la mort du « disciple bien-aimé » qui ne peut de la sorte être l'auteur de l'intégralité du quatrième évangile.
Le « disciple bien-aimé » a souvent lui-même été identifié à Jean, fils de Zébédée, l'un des Douze apôtres. Mais des historiens comme Oscar Cullmann ont distingué deux Jean, l'apôtre et l'évangéliste, ce dernier étant identifié dans ce cas au « disciple bien-aimé ». Avec la suscription attribuant le texte à une personne nommée « Jean ], un ajout secondaire mais relativement ancien, il est vraisemblable que le cercle des éditeurs johanniques, à l'instar de la tradition, envisageait l'apôtre Jean, mettant ainsi le « disciple bien-aimé » en relation avec le cercle des disciples proches de Jésus et garantissant de la sorte son autorité
Jean de Zébédée
C'est de la fin du IIe siècle que date les premières traces de la tradition qui identifie disciple bien-aimé avec le disciple Jean, l'un des Douze, frère de Jacques et fils de Zébédée ainsi que son rattachement à Éphèse où, suivant cette tradition, il aurait vécu jusqu'à l'époque de l'empereur romain Trajan et rédigé son évangile.
On retrouve le témoignage d'une telle attribution dans le Papyrus 66 datant de la fin du IIe siècle. Le premier auteur connu de l’Église ancienne à professer cette opinion est Irénée de Lyon, vers 180, qui aura une influence fondamentale sur la définition du canon des quatre évangiles et l'affirmation de son inspiration divine. Selon ce qu'en rapporte Eusèbe de Césarée un siècle et demi plus tard, Irénée se revendique du témoignages de plusieurs presbytres dont Papias de Hiérapolis et Polycarpe, évêque de Smyrne mort en 155, qu'il aurait connu enfant et entendu mentionner sa relation avec le disciple Jean Mais d'une part, Irénée ne mentionne aucune rédaction d'aucun texte et, d'autre part, il n'y a nulle trace d'une telle relation dans les œuvres de Polycarpe. De la même manière Papias qui, selon Eusèbe, affirmait avoir connu à la fois Jean l'apôtre et Jean le Presbytre ne fait aucune mention d'une quelconque entreprise de rédaction par l'un ou l'autre. Ces éléments rendent impossible l'authentification et la reconstruction de la tradition dont Irénée se fait le porteur.
Au IVe siècle, Épiphane de Salamine (~315 - 403) rapporte que la secte des aloges attribuait le quatrième évangile au gnostique du IIe siècle Cérinthe et refusait de l'attribuer à Jean tout comme l'Apocalypse. Concernant ce dernier texte, selon Eusèbe de Césarée, Denys d'Alexandrie (évêque de 247 à 264) affirme que l'Apocalypse de Jean - mais non son évangile -, frappé de suspicion pour son incohérence et son inintelligibilité, était attribué au même Cérinthe par certains de ses aînés. Cette discussion sur les aloges est le seul exemple connu d'une attribution primitive divergente de la tradition ultérieure.
En ce qui concerne la datation, selon Clément d'Alexandrie, cité dans l’Histoire ecclésiastique d'Eusèbe, Jean aurait écrit son évangile comme un supplément aux trois autres évangiles, ce qui explique sa place classique dans le Nouveau Testament.
Cependant, l'attribution traditionnelle à Jean de Zébédée se voit opposer deux arguments. Premièrement, d'après l'évangile de Marc, Jean de Zébédée n'est pas mort à Éphèse à un âge avancé mais précocement en martyr, peut-être avec son frère Jacques sous le règne d'Hérode Antipas, bien que ce dernier postulat ne soit pas démontrable. En tout état de cause, Jean de Zébédée disparait après la réunion de Jérusalem et cela rend difficilement franchissable la distance temporelle qui sépare le compagnon de Jésus et le rédacteur de la fin du Ier siècle. Deuxièmement, une comparaison avec les évangiles synoptiques met en évidence une théologie et un langage qui ont évolué depuis la période de Jésus de Nazareth et ses proches, que sépare une tradition de plusieurs dizaines d'années avant la reprise de l'enseignement de Jésus par le rédacteur du quatrième évangile. Ainsi, une large majorité des exégètes contemporains renonce à l'attribution de l'évangile à un témoin oculaire et particulièrement à Jean de Zébédée.
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01/03/2013
Évangile selon Jean (1).
L’Évangile selon Jean (en grec Κατά Ιωαννην, Kata Iōannēn) est un évangile, c'est-à-dire un texte qui rapporte la vie et les paroles de Jésus de Nazareth dans le but de transmettre la foi chrétienne. Dans la tradition chrétienne c'est le dernier des quatre évangiles canoniques du Nouveau Testament, et il a été attribuée à l'un des disciples de Jésus, l'apôtre Jean de Zébédée. Cette attribution à un témoin oculaire est aujourd'hui rejetée par les historiens, qui l'attribue à une communauté johannique au sein de laquelle il aurait été composé à la fin du Ier siècle.
Il se démarque des trois autres évangiles canoniques, dits synoptiques, par sa composition, son style poétique, sa théologie, et probablement par ses sources, l'évangile selon Jean est le plus important en matière de christologie, car il énonce implicitement la divinité de Jésus.
La richesse du quatrième évangile a suscité parmi les exégètes une grande variété de découpages ou de plans. Néanmoins, une majorité de ceux-ci s'accordent désormais sur un découpage en deux temps, introduit par un prologue et terminé par épilogue L'évangile est ainsi constitué d'un prologue - qui commence par le célèbre « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était avec Dieu, et le Verbe était Dieu. » - et d'un épilogue, qui encadrent le récit proprement dit, lui-même en deux grandes parties : la révélation du Christ devant le monde et la révélation du Christ devant ses disciples que l'exégète Raymond E. Brown appelle le livre des Signes (ou miracles) et le livre de la Gloire.
La première partie (1:6-ch. 12) raconte le ministère public de Jésus depuis son baptême par Jean le Baptiste jusqu'à son arrivée à Jérusalem. Cette première partie insiste sur sept miracles (« signes ») de Jésus. La deuxième partie (ch. 13-21) présente les dialogues de Jésus avec ses principaux disciples (13-17) et décrit sa passion, sa crucifixion et ses apparitions à ses disciples après sa résurrection (18-20). Selon Raymond E. Brown, l'évangile selon Jean peut se décomposer comme suit :
1) Prologue(1,1-18)
2) Première partie : le Livre des Signes(1,19 – 12,50)
• Les jours d'ouverture de la révélation de Jésus (1,19–51)
• Témoignage de Jean Baptiste
• Venue des disciples de Jean à Jésus
• De Cana à Cana (2,1 - 4,54)
• Premier signe à Cana (Noces de Cana) (2,1-12)
• Purification du Temple de Jérusalem(2,13-25)
• Nicodème(3,1-21), témoignage final de Jean Baptiste (3,22-36)
• Jésus et la Samaritaine(4,1-42)
• Second signe à Cana (guérison du fils d'un fonctionnaire) (4,43-54)
• Jésus et les principales fêtes juives(5,1 -10,42)
• Le sabbat(5)
• La Pâque(6)
• La fête des Tentes(7-8)
• Suite des Tentes (9,1 - 10,18)
• Fête de la Dédicace 10,22-42 : Jésus est consacré à la place de l'autel du Temple de Jérusalem
• Vers l'heure de gloire et de mort (11,1 - 12,36) Conclusion du Livre des Signes (12,37-50)
• Résurrection de Lazare et condamnation à mort de Jésus (11)
• Préparatifs à la Pâque et à la mort (12,1-36)
3) Deuxième partie : le Livre de la Gloire(13-20)Épilogue, apparitions du ressuscité, deuxième conclusion (21)
• Dernier repas de Jésus (13-17) Récit de la Passion(18-19)
• La Cène, le Lavement des pieds, la trahison de Judas(13)
• Dernier discours de Jésus, en trois parties (14-17)
• Résurrectionde Jésus (20,1-29)
• Conclusion de l'évangile (20,30-31)
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