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24/02/2017

Mon prédécesseur : le pasteur Rigal:

 

 

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La providence, dont les voies sont par essence mystérieuses, a fait que les deux pasteurs qui m'ont précédé dans leurs engagements au sein des droites nationales, ont eu des parcours diamétralement opposés. Le pasteur Vesper, pétainiste, est mort sous les balles des partisans rouges et le pasteur Rigal a été aumônier des troupes de De Lattre en Italie.

 

 

J'ai eu la chance de bien connaitre le pasteur Rigal et comme je passais régulièrement à Strasbourg, j'allais lui rendre visite. Lui aussi a eu une destinée bien particulière. C’est à l'époque des comités Tixier Vignancourt qu'il s'engagea en politique. Les années passant, il devint le pasteur proche du FN. Le retour de l'Alsace dans le giron de la France n'a pas aboli le Concordat instauré au temps de Napoléon : c'est toujours l'état qui salarie le clergé. L'engagement du pasteur Rigal amènera son synode à l'exclure de sa paroisse de St Pierre le jeune, mais ils ne pourront lui enlever ses émoluments et son presbytère qu'il conservera jusqu'à sa mort. Certains engagements ne sont pas neutres, ils relèvent du sacerdoce.

 

 

 

Pasteur  Blanchard

 

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17/02/2017

Ordre des Chevaliers Teutoniques (2)

 

    

Le déclin de l'ordre:

 

 

 

Bataille de Grunwald (ou de Tannenberg), le 15 juillet 1410
L'État teutonique à son apogée vers 1410

La consolidation et l'émergence au sud du royaume de Pologne, christianisé et uni depuis 1386 au grand-duché de Lituanie par mariage dynastique, menacent directement la suprématie des chevaliers dans la région.

 

Le tournant est atteint lorsque la crise larvée entre les deux ennemis héréditaires éclate en 1410. La bataille de Grunwald (ou de Tannenberg) voit une coalition lituano-polonaise dirigée par le roi Ladislas II Jagellon écraser l'armée des Teutoniques. La bataille se solde par plus de 13 000 morts dans les rangs de l’Ordre, parmi lesquels le grand maîtreUlrich von Jungingen.

 

La contre-offensive polonaise est arrêtée par le commandeur de Schwetz, Heinrich von Plauen qui, en s’enfermant au château de Marienbourg, résiste pendant deux ans à toutes leurs attaques. Le traité de Thorn (Toruń, en polonais) restaure une situation proche du statu quo ante bellum (même situation qu'avant la guerre), imposant seulement aux assiégés une amende et la cession de territoires peu étendus.

 

Une guerre civile se produit au début de la deuxième moitié du XVe siècle. Les adversaires des chevaliers se tournent vers le roi Casimir IV de Pologne en 1454. Marienbourg est définitivement investie par les Polonais cette même année, lorsque le grand maître est obligé de vendre le château de cette ville pour éponger les dettes de l'ordre et de son administration. Le grand maître se réfugie alors à Königsberg qui devient ainsi la nouvelle capitale.

 

 

 

 

L'État teutonique en 1466

À l’issue de la guerre de Treize Ans, le second traité de Thorn (1466) cède la Prusse royale (partie ouest) et la ville de Dantzig à la Pologne, et fait de l’État teutonique un vassal de cette dernière. Les chevaliers ne disposent plus à ce moment que de la Prusse originelle (partie est), sur laquelle ils ne sont que partiellement souverains, puisque vassaux des Polonais. Ce dernier revers ne fait que confirmer l’inéluctable décadence de l'ordre.

 

En 1525, le grand maître de l'Ordre, Albert de Brandebourg-Ansbach, adoptant les recommandations de Luther, quitta l'état religieux et transforma le patrimoine de sa communauté en une principauté qui devint le berceau de l'État prussien. Une partie des chevaliers, restés catholiques, décident d’élire leur propre grand maître - Walter de Cronberg - et intentent un procès contre Albert de Brandebourg qui est mis au ban du Saint-Empire. Ils transfèrent leur siège à Mergentheim en Franconie et se réimplantent dans le Saint-Empire romain germanique.

 

En 1805, Napoléon accorde le droit, par le traité de Presbourg, à l’empereur d’AutricheFrançois Ier de nommer comme grand maître un prince de sa famille, à qui reviennent tous les revenus de l’organisation. Le 24avril1809, à Ratisbonne (Bavière), l’empereur des Français prononce sa dissolution. Désormais, seules subsistent quelques commanderies isolées en Autriche et à Utrecht. Un semblant d’ordre est rétabli en 1834, mais il reste exclusivement sous tutelle autrichienne.

 

L’ordre aujourd'hui:

 

 

Armoiries du grand maître de l'ordre Teutonique

L'ordre reçoit sa forme actuelle en 1929 : il devient un institut religieux clérical de droit pontifical.

 

Avant la Seconde Guerre mondiale, Adolf Hitler tente de récupérer l'image historique des chevaliers teutoniques pour exacerber le sentiment d'identité nationale. En effet leur passé de "conquérant des peuples slaves" est utile dans une propagande anticommuniste et qui souligne la supposé supériorité des races germaniques sur les races slaves. Par la suite, il prend des mesures restrictives contre ce qui reste de l'ordre teutonique, notamment par des saisies de biens, de terres, et en emprisonnant le grand maître. Il les suppose allié des juifs et des francs-maçons et cherche donc à les détruire.

 

Malgré les brimades, les chevaliers vont continuer pendant la guerre à soigner les blessés de tous les clans et de toutes les nations, ils cacheront aussi bien des enfants juifs que des partisans communistes et ils veilleront à ce que les soldats de la Wehrmacht aient droit à des procès équitables en 1945, ils éviteront à beaucoup d'être exécutés sommairement

 

Les Teutoniques se décrivent aujourd'hui ainsi : « La véritable chevalerie n'est pas déterminée sous la forme d'une épée de combat qui est dépassée aujourd'hui, mais plutôt par l'engagement au Christ Roi, la protection et la défense des victimes, opprimées, méprisées et des nécessiteux. Cette attitude est la recherche des actuels frères, sœurs et familiers de l'ordre Teutonique, fidèle à la devise d’aider et de guérir ensemble ».

 

Les chevaliers teutoniques sont aujourd'hui environ un millier :

 

  • 100 frères (dont certains sont aussi prêtres), liés par les trois voeux de chasteté, de pauvreté et d'obéissance.
  •  
  • 200 sœurs
  • 700 affiliés, ou « familiers », ou « Marians », laïques ou d'état ecclésiastique, qui cherchent à entériner les efforts de l'ordre pour promouvoir son entreprise et à réaliser ses idéaux.
  •  

L'ordre a aussi le droit d'inclure dans les provinces des oblats ou oblates.

La communauté est divisée en provinces, bailliages et commanderies (pour les familiers).

 

En 1957, l'ordre a acheté une maison à Rome qui est le siège du Procureur général de l'ordre, et qui sert aussi de maison d'hôtes.

 

Les frères et sœurs sont réparties à travers cinq provinces : l'Autriche, le Tyrol du Sud, l'Italie, la Slovénie, l'Allemagne et la République tchèque et la Slovaquie.

 

 

Les familiers sont répartis dans les bailliages et commanderies suivants : Allemagne, Autriche, Tyrol du Sud, "ad Tiberim" à Rome, le Bailliage de la République tchèque et de la Slovaquie, et dans la commanderie indépendante d'Alden Biesen en Belgique; il y a aussi des familiers dispersés dans d'autres pays.

 

 

Le grand maître est aujourd'hui supérieur général et chef suprême de l'ordre. Il reçoit après son élection la consécration d'abbé épiscopal et possède le rang d'évêque, privilège qui est accordé à l'Ordre teutonique depuis 1933. Depuis 1923, la Grande Maitrise est exercée par des prêtres qui sont élus pour six ans par les frères et sœurs délégués au chapitre général.

 

 

Hiérarchie de l'ordre teutonique:

 

 

 

 

 

            Chapitre général    
 
                   
 
    Ratsgebietiger   Grand-maître
  Chancellerie  
   
                                         
                                         
Grand-commandeur   Grand-maréchal     Grand-hospitalier   Grand-trésorier   Grand-commissaire  
 
                                               
                                 
                                 
                         
  Maître
de Germanie
    Maître
de Livonie
    Maître
de Prusse
 
 
                                 
 
  Bailli                        
 
                                 
 
  Commandeur     Commandeur     Commandeur  
 

 

 

                                                  

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03/02/2017

Ordre des Chevaliers Teutoniques (1)

 

 

 

 
Type Ordre militaire caritatif
Création 1191
Reconnaissance canonique 1198
  communauté religieuse
   
 

L’ordre de la Maison de Sainte-Marie-des-Teutoniques (Ordo Domus Sanctæ Mariæ Teutonicorum), plus connu sous le nom d’ordre des Chevaliers teutoniques (Deutscher Ritterorden ou Deutschritter-Orden en allemand), d’ordre Teutonique ou de maison des chevaliers de l'hôpital de Sainte-Marie-des-Teutoniques à Jérusalem (Haus der Ritter des Hospitals Sankt Marien der Deutschen zu Jerusalem, en allemand), est un ordre militaire chrétien issu du Moyen Âge.

 

 

Les armes de l’ordre sont constituées d'une croix de sable, chargée d’une croix potencée au champ d’argent. Saint Louis permit d’y adjoindre quatre fleurs de lys d’or.

Histoire

 

La fondation en Terre Sainte:

 

L’ordre Teutonique est fondé en Terre sainte, à Saint-Jean-d'Acre, du temps des Croisades, et reconnu comme ordre hospitalier en 1191 par le pape Clément III. Il a pour racine l'hôpital Sainte-Marie-des-Teutoniques à Jérusalem, fondé en 1128 par des pèlerins germaniques originaires de Brême et de Lübeck pour soigner leurs compatriotes, grâce aux fonds du duc Frédéric de Souabe.

À l’origine simple communauté religieuse charitable venant en aide aux pèlerins chrétiens malades auprès de cet hôpital, il est réorganisé en ordre militaire vers 1192 et obtient la reconnaissance officielle du pape Innocent III en 1198. Il est composé pour l’essentiel de chevaliers allemands ou teutons. Ce sont les dons que les malades font à l'ordre qui permettent de financer la défense d'une section de mur, puis de deux tours et enfin de plusieurs villes en terre sainte. Petit à petit l'ordre se dote d'une force de frappe militaire importante et participe aux guerres contre les Maures.

 

Le premier grand maître Heinrich Walpot est élu en Terre Sainte où il fait bâtir une église et un hôpital.

 

L'ordre teutonique s'implante également en Suisse actuelle en 1199, en Thuringe en 1200, dans le sud du Tyrol en 1202, à Prague et en Bohême en 1202, et à Liège en 1259. L'Ordre compte en 1220, une douzaine de maisons en Terre Sainte, en Grèce, en Italie méridionale et en Germanie.

 

L'expansion de l'ordre:

 

L'État teutonique vers 1260.

Les chevaliers décident de se replier dans leurs possessions de Prusse et de Livonie, où ils luttent déjà contre les populations païennes d'Europe orientale. L'Ordre de Dobrzyń, fondé en 1216 par Christian de Oliva, premier évêque de Prusse, s'étant révélé impuissant à christianiser les Prussiens, Conrad de Mazovie propose, en 1226, à Hermann von Salza, quatrième grand-maître de l’Ordre, les provinces de Culm et de Livonie en échange de son aide. Cette même année, par la Bulle d'or de Rimini (en), octroyée par Frédéric II du Saint-Empire, l'Ordre devient souverain sur les territoires qu'il conquiert.

 

Le pape Innocent III lance, au même moment, les Croisades baltes. En un an, les chevaliers envahissent les provinces de Warmie, de Natangie et de Bartie. Ils fondent ainsi l'État monastique des chevaliers teutoniques. Ils bâtissent de nouvelles villes telles que Thorn (1231), Königsberg (1255), ou Marienbourg (1280) qui deviendra leur nouvelle capitale en 1309.

En 1235, l'Ordre teutonique absorbe l'Ordre de Dobrzyń ; et en 1236 l'Ordre de Saint-Thomas adopte la règle des chevaliers teutoniques.

 

En 1237 les chevaliers teutoniques fusionnent avec les chevaliers Porte-Glaive, ou Ordre livonien, qui conservent néanmoins une certaine autonomie. Cela permet à l'État teutonique de renforcer et d'étendre ses possessions sur la Prusse, la Livonie, la Semigalia, et l'Estonie. Le prochain objectif est de convertir la Russie orthodoxe au catholicisme, mais ce plan est abandonné après la désastreuse défaite de la bataille du lac Peïpous, contre le prince Alexandre Nevski en 1242.

 

Le 2 février 1249, par le traité de Christburg, les chevaliers accordent des privilèges à la noblesse prussienne qui, dans un premier temps, se soumet. Cependant, après les soulèvements prussiens (en) de 1260 à 1283, une grande partie émigre ou est exilée. De nombreux Prussiens perdent leurs droits, ceux qui restent sont progressivement assimilés. Dans les régions frontalières telles que la Sambie, les paysans sont privilégiés par rapport à ceux de territoires plus peuplés comme la Pomésanie. Sur le modèle occidental, le christianisme se propage lentement à travers la culture prussienne.

 

La perte de Saint-Jean-d'Acre:

 

Soixante-dix ans plus tard et près d'un siècle après la fondation des chevaliers teutoniques, la prise de Saint-Jean-d'Acre par les Mamelouks en 1291 oblige les chevaliers à quitter la Terre Sainte et les contraint à déménager temporairement le siège de l'ordre à Venise, d'où ils prévoient la reconquête de l'Outremer.

 

À cette époque l'ordre teutonique possédaient de nombreuses terres et fermages, moulins et scieries en Europe. L'ordre pouvait également s'appuyer sur une organisation étonnement moderne et efficace, les grands maîtres étaient choisis pour leurs qualité d'organisateurs. C'est cette force qui convaincra les papes et les empereurs de miser sur eux pour conquérir les États baltes.

 

Christianisation de la Lituanie:

 

La Lituanie n'étant toujours pas christianisée, beaucoup de chevaliers des pays de l'ouest européen, comme l'Angleterre et la France, participent à des campagnes saisonnières en Prusse et contre le Grand-Duché de Lituanie. Certains pour obtenir le pardon de leurs péchés, d'autres pour acquérir de l'expérience militaire. Les chevaliers se joignent à eux et orientent progressivement leurs actions vers la Lituanie.

 

La guerre est alors particulièrement brutale. Les païens étant considérés comme inférieurs aux chrétiens, leur esclavage est considéré comme acceptable. Les chevaliers n'hésitent pas à utiliser leurs captifs pour le travail forcé.

 

Conquêtes en Pologne:

 

 

Par l'accord de Soldin, la Pomérélie est inféodée à l'État monastique des chevaliers teutoniques
Article détaillé : Prise de Danzig.
 

Après la mort de Venceslas, roi de Pologne en 1306, les nobles de Poméranie demandent l'aide des margraves de Brandebourg pour contester à Ladislas Ier de Pologne la succession du duché de Pomérellie. En 1308, toute la région est occupée à l'exception de la citadelle de Dantzig (Gdansk). Incapable de résister, Ladislas demande à son tour l'aide des chevaliers teutoniques.

 

En septembre 1308, dirigés par Heinrich von Plötzke (en), le maître de la Prusse, les chevaliers expulsent les Brandebourgeois de Dantzig. Mais les Polonais tardant à verser l’indemnité promise en échange du service rendu, les chevaliers refusent de céder la ville. En 1309, par l'accord de Soldin passé avec Waldemar, margrave de Brandebourg, les chevaliers achètent les châteaux de Dantzig, Świecie et Tczew et leur arrière-pays contre la somme de 10 000 marks. L'empereur Henri VII confirme cette possession en 1311 et inféode la Pomérélie à l'Ordre.

 

Le contrôle de la Pomérellie permet à l'Ordre de relier ses possessions prussiennes avec les frontières du Saint-Empire romain germanique. Des renforts croisés et des fournitures peuvent désormais transiter entre la Poméranie occidentale et la Prusse via la Pomérélie. Alors qu'elle avait été jusque là un allié des Chevaliers contre les Prussiens et les Lituaniens, la Pologne, qui n'a désormais plus accès à la mer Baltique, devient un ennemi déterminé.

 

La prise de Dantzig marque une nouvelle phase dans l'histoire des chevaliers teutoniques. La persécution des Templiers qui a commencé en France en 1307 inquiète les chevaliers teutoniques, mais le contrôle de la Pomérellie leur permet de transférer leur siège de Venise à Marienburg (Malbork), sur la rivière Nogat, hors de portée des pouvoirs séculiers. Le pape tente bien quelques investigations contre les chevaliers, mais l'ordre est bien défendu par des juristes capables.

 

Le traité de Kalisz en 1343 met fin à la guerre ouverte entre la Pologne et l'État teutonique. Les chevaliers renoncent à la Cujavie et la région de Dobrzyń, mais conservent le Culmerland (en) et la Pomérellie avec Dantzig.

 

Apogée:

 

En 1337 l'empereur Louis IV a accordé à l'Ordre le privilège impérial de la conquête de la Lituanie et de la Russie. Peu de temps après avoir été choisi comme Grand-maître, Heinrich Dusemer von Arfberg attaque le Grand-duché de Lituanie. La campagne se solde par la défaite totale de l'armée lituanienne à la bataille de la Strėva, le 2 février 1348. Mais les chevaliers teutoniques ne profitent pas longtemps de leur victoire. La peste noire qui a atteint la Prusse, les oblige à quitter le pays conquis.

 

En 1386, le grand-duc de Lituanie Jogaila se convertit au catholicisme et se fait baptiser sous le nom de Ladislas (polonais Władysław). Par son mariage avec la reine Hedwige d'Anjou, il est couronné roi de Pologne. L'union personnelle des deux pays crée un adversaire potentiellement redoutable pour les chevaliers teutoniques.

 

En 1398, sous le commandement de Konrad von Jungingen les armées de l'Ordre détruisent Visby et défont les Vitaliens en hivernage sur l'île de Gotland. À partir de ce moment, la mer Baltique n'est plus sillonnée par les raids des pirates. Le plus célèbre d'entre eux, que l'on surnomme le Corsaire rouge, Klaus Störtebeker lui même préfère dès lors se réfugier en mer du Nord. Marguerite Ire de Danemark et Albert de Suède cède l'île en fief aux chevaliers teutoniques.

 

Dans la même année, par le traité de Salynas, Vytautas le Grand lui cède le duché de Samogitie. En 1402, il achète la Nouvelle-Marche de Brandebourg pour 63 200 florins hongrois. En Prusse orientale, de nombreuses villes et villages sont fondés ou se développent, comme Sensburg (actuellement: Mrągowo) où depuis 1348, les chevaliers possédaient une forteresse en bois.

 

 

 

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20/01/2017

Testament de saint Louis:

 

 

 

 

 
 
       
Cher fils, donne volontiers pouvoir aux gens de bonne volonté qui en sachent bien user, et mets grande peine à ce que les péchés soient supprimés en ta terre...         
   
        

A son cher fils Philippe, salut et amitié de père.

 

 

Cher fils, parce que je désire de tout mon cœur que tu sois bien enseigné en toutes choses, j’ai pensé que je te ferais quelques enseignements par cet écrit, car je t’ai entendu dire plusieurs fois que tu retiendrais davantage de moi que de tout autre.

 

 

Cher fils, je t’enseigne premièrement que tu aimes Dieu de tout ton cœur et de tout ton pouvoir, car sans cela personne ne peut rien valoir.

 

 

Tu dois te garder de toutes choses que tu penseras devoir lui déplaire et qui sont en ton pouvoir, et spécialement tu dois avoir cette volonté que tu ne fasses un péché mortel pour nulle chose qui puisse arriver, et qu’avant de faire un péché mortel avec connaissance, que tu souffrirais que l’on te coupe les jambes et les bras et que l’on t’enlève la vie par le plus cruel martyre.

 

Si Notre Seigneur t’envoie persécution, maladie ou autre souffrance, tu dois la supporter débonnairement, et tu dois l’en remercier et lui savoir bon gré car il faut comprendre qu’il l’a fait pour ton bien. De plus, tu dois penser que tu as mérité ceci- et encore plus s’il le voulait- parce que tu l’as peu aimé et peu servi, et parce que tu as fait beaucoup de choses contre sa volonté.

 

Si Notre Seigneur t’envoie prospérité, santé de corps ou autre chose, tu dois l’en remercier humblement et puis prendre garde qu’à cause de cela il ne t’arrive pas de malheur causé par orgueil ou par une autre faute, car c’est un très grand péché de guerroyer Notre Seigneur de ses dons.

 

 

Cher fils, je te conseille de prendre l’habitude de te confesser souvent et d’élire toujours des confesseurs qui soient non seulement pieux mais aussi suffisamment bien instruits, afin que tu sois enseigné par eux des choses que tu dois éviter et des choses que tu dois faire ; et sois toujours de telle disposition que des confesseurs et des amis osent t’enseigner et te corriger avec hardiesse.

 

 

Cher fils, je t’enseigne que tu entendes volontiers le service de la sainte Eglise, et quand tu seras à l’église garde-toi de perdre ton temps et de parler vaines paroles. Dis tes oraisons avec recueillement ou par bouche ou de pensée, et spécialement sois plus recueilli et plus attentif à l’oraison pendant que le corps de Notre-Seigneur Jésus-Christ sera présent à la messe et puis aussi pendant un petit moment avant.

 

 

Cher fils, je t’enseigne que tu aies le cœur compatissant envers les pauvres et envers tous ceux que tu considèreras comme souffrant ou de cœur ou de corps , et selon ton pouvoir soulage-les volontiers ou de soutien moral ou d’aumônes.

 

 

Si tu as malaise de cœur, dis-le à ton confesseur ou à quelqu’un d’autre que tu prends pour un homme loyal capable de garder bien ton secret, parce qu’ainsi tu seras plus en paix, pourvu que ce soit, bien sûr, une chose dont tu peux parler.

 

 

Cher fils, recherche volontiers la compagnie des bonnes gens, soit des religieux, soit des laïcs, et évite la compagnie des mauvais. Parle volontiers avec les bons, et écoute volontiers parler de Notre Seigneur en sermons et en privé. Achète volontiers des indulgences.

 

Aime le bien en autrui et hais le mal.

 

Et ne souffre pas que l’on dise devant toi paroles qui puissent attirer gens à péché. N’écoute pas volontiers médire d’autrui.

 

 

Ne souffre d’aucune manière des paroles qui tournent contre Notre Seigneur, Notre-Dame ou des saints sans que tu prennes vengeance, et si le coupable est un clerc ou une grande personne que tu n’as pas le droit de punir, rapporte la chose à celui qui peut le punir.

 

 

Prends garde que tu sois si bon en toutes choses qu’il soit évident que tu reconnaisses les générosités et les honneurs que Notre Seigneur t’a faits de sorte que, s’il plaisait à Notre Seigneur que tu aies l’honneur de gouverner le royaume, que tu sois digne de recevoir l’onction avec laquelle les rois de France sont sacrés.

 

 

Cher fils, s’il advient que tu deviennes roi, prends soin d’avoir les qualités qui appartiennent aux rois, c’est-à-dire que tu sois si juste que, quoi qu’il arrive, tu ne t’écartes de la justice. Et s’il advient qu’il y ait querelle entre un pauvre et un riche, soutiens de préférence le pauvre contre le riche jusqu’à ce que tu saches la vérité, et quand tu la connaîtras, fais justice.

 

 

Et s’il advient que tu aies querelle contre quelqu’un d’autre, soutiens la querelle de l’adversaire devant ton conseil, et ne donne pas l’impression de trop aimer ta querelle jusqu’à ce que tu connaisses la vérité, car les membres de ton conseil pourraient craindre de parler contre toi, ce que tu ne dois pas vouloir

 

.

Si tu apprends que tu possèdes quelque chose à tort, soit de ton temps soit de celui de tes ancêtres, rends-la tout de suite toute grande que soit la chose, en terres, deniers ou autre chose. Si le problème est tellement épineux que tu n’en puisses savoir la vérité, arrive à une telle solution en consultant ton conseil de prud’hommes, que ton âme et celle de tes ancêtres soient en repos. Et si jamais tu entends dire que tes ancêtres aient fait restitution, prends toujours soin à savoir s’il en reste encore quelque chose à rendre, et si tu la trouves, rends-la immédiatement pour le salut de ton âme et de celles de tes ancêtres.

 

 

Sois bien diligent de protéger dans tes domaines toutes sortes de gens, surtout les gens de sainte Eglise ; défends qu’on ne leur fasse tort ni violence en leurs personnes ou en leurs biens. Et je veux te rappeler ici une parole que dit le roi Philippe, mon aïeul, comme quelqu’un de son conseil m’a dit l’avoir entendue. Le roi était un jour avec son conseil privé-comme l’était aussi celui qui m’a parlé de la chose- et quelques membres de son conseil lui disaient que les clercs lui faisaient grand tort et que l’on se demandait avec étonnement comment il le supportait. Et il répondit : « Je crois bien qu’ils me font grand tort ; mais, quand je pense aux honneurs que Notre Seigneur me fait, je préfère de beaucoup souffrir mon dommage, que faire chose par laquelle il arrive esclandre entre moi et sainte Eglise. » Je te rappelle ceci pour que tu ne sois pas trop dispos à croire autrui contre les personnes de sainte Eglise. Tu dois donc les honorer et les protéger afin qu’elles puissent faire le service de Notre Seigneur en paix.

 

 

Ainsi je t’enseigne que tu aimes principalement les religieux et que tu les secoures volontiers dans leurs besoins ; et ceux par qui tu crois que Notre Seigneur soit le plus honoré et servi, ceux-là aime plus que les autres.

 

 

Cher fils, je t’enseigne que tu aimes et honores ta mère, et que tu retiennes volontiers et observes ses bons enseignements, et sois enclin à croire ses bons conseils.

 

 

Aime tes frères et veuille toujours leur bien et leur avancement, et leur tiens lieu de père pour les enseigner à tous biens, mais prends garde que, par amour pour qui que ce soit, tu ne déclines de bien faire, ni ne fasses chose que tu ne doives.

 

 

Cher fils, je t’enseigne que les bénéfices de saint Eglise que tu auras à donner, que tu les donnes à bonnes personnes par grand conseil de prud’hommes ; et il me semble qu’il vaut mieux les donner à ceux qui n’ont aucunes prébendes qu’à ceux qui en ont déjà ; car si tu les cherches bien, tu trouveras assez de ceux qui n’ont rien et en qui le don sera bien employé.

 

 

Cher fils, je t’enseigne que tu te défendes, autant que tu pourras, d’avoir guerre avec nul chrétien ; et si l’on te fait tort, essaie plusieurs voies pour savoir si tu ne pourras trouver moyen de recouvrer ton droit avant de faire guerre, et fasse attention que ce soit pour éviter les péchés qui se font en guerre. Et s’il advient que tu doives la faire, ou parce qu’un de tes hommes manque en ta cour de s’emparer de ses droits, ou qu’il fasse tort à quelque église ou à quelque pauvre personne ou à qui que ce soit et ne veuille pas faire amende, ou pour n’importe quel autre cas raisonnable pour lequel il te faut faire la guerre, commande diligemment que les pauvres gens qui ne sont pas coupables de forfaiture soient protégés et que dommage ne leur vienne ni par incendie ni par autre chose ; car il te vaudrait mieux contraindre le malfaiteur en prenant ses possessions, ses villes ou ses châteaux par force de siège. Et garde que tu sois bien conseillé avant de déclarer la guerre, que la cause en soit tout à fait raisonnable, que tu aies bien averti le malfaiteur et que tu aies assez attendu, comme tu le devras.

 

 

Cher fils, je t’enseigne que les guerres et les luttes qui seront en ta terre ou entre tes hommes, que tu te donnes la peine, autant que tu le pourras, de les apaiser, car c’est une chose qui plaît beaucoup à Notre Seigneur. Et Monsieur saint Martin nous en a donné un très grand exemple car, au moment où il savait par Notre Seigneur qu’il devait mourir, il est allé faire la paix entre les clercs de son archevêché, et il lui a semblé en le faisant qu’il mettait bonne fin à sa vie.

 

 

Cher fils, prends garde diligemment qu’il y ait bons baillis et bons prévôts en ta terre, et fais souvent prendre garde qu’ils fassent bien justice et qu’ils ne fassent à autrui tort ni chose qu’ils ne doivent. De même, ceux qui sont en ton hôtel, fais prendre garde qu’ils ne fassent injustice à personne car, combien que tu dois haïr le mal qui existe en autrui, tu dois haïr davantage celui qui viendrait de ceux qui auraient reçu leur pouvoir de toi, et tu dois garder et défendre davantage que cela n’advienne.

 

 

 

Cher fils, donne volontiers pouvoir aux gens de bonne volonté qui en sachent bien user, et mets grande peine à ce que les péchés soient supprimés en ta terre, c’est-à-dire les vilains serments et toute chose qui se fait ou se dit contre Dieu ou Notre-Dame ou les saints : péchés de corps, jeux de dés, tavernes ou autres péchés. Fais abattre tout ceci en ta terre sagement et en bonne manière. Fais chasser les hérétiques et les autres mauvais gens de ta terre autant que tu le pourras en requérant comme il le faut le sage conseil des bonnes gens afin que ta terre en soit purgée.

 

 

Avance le bien par tout ton pouvoir ; mets grande peine à ce que tu saches reconnaître les bontés que Notre Seigneur t’auras faites et que tu l’en saches remercier.

 

Cher fils, je t’enseigne que tu aies une solide intention que les deniers que tu dépenseras soient dépensés à bon usage et qu’ils soient levés justement. Et c’est un sens que je voudrais beaucoup que tu eusses, c’est-à-dire que tu te gardasses de dépenses frivoles et de perceptions injustes et que tes deniers fussent justement levés et bien employés-et c’est ce même sens que t’enseigne Notre Seigneur avec les autres sens qui te sont profitables et convenables.

 

 

Cher fils, je te prie que, s’il plaît à Notre Seigneur que je trépasse de cette vie avant toi, que tu me fasses aider par messes et par autres oraisons et que tu demandes prières pour mon âme auprès des ordres religieux du royaume de France, et que tu entendes dans tout ce que tu feras de bon, que Notre Seigneur m’y donne part.

 

 

Cher fils, je te donne toute la bénédiction qu’un père peut et doit donner à son fils, et je prie Notre Seigneur Dieu Jésus-Christ que, par sa grande miséricorde et par les prières et par les mérites de sa bienheureuse mère, la Vierge Marie, et des anges et des archanges, de tous les saints et de toutes les saintes, il te garde et te défende que tu ne fasses chose qui soit contre sa volonté, et qu’il te donne grâce de faire sa volonté afin qu’il soit servi et honoré par toi ; et puisse-t-il accorder à toi et à moi, par sa grande générosité, qu’après cette mortelle vie nous puissions venir à lui pour la vie éternelle, là où nous puissions le voir, aimer et louer sans fin, Amen.

 

 

A lui soit gloire, honneur et louange, qui est un Dieu avec le Père et le Saint-Esprit, sans commencement et sans fin . Amen.

 

 

 

                                                   

 

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13/01/2017

Luthéranisme:

 

 

 

 

 

 
 
 
 
 
 

Le luthéranisme (ou luthérianisme) est la théologie fondée à partir des écrits et des pensées de Martin Luther. C'est ensuite devenu le regroupement des communautés protestantes luthériennes se rattachant à cette doctrine. C'est pourquoi on parle de « luthérien », d'« Églises luthériennes » ou de « théologie luthérienne ».

 

 

La théologie de Luther est le bien commun de l'ensemble de la réforme protestante. Il existe par ailleurs des courants théologiques se référant plus spécialement à lui, y compris dans les Églises réformées. Le luthéranisme est ainsi une branche du protestantisme, qui est lui-même une branche du christianisme.

  

 

Historique:

 

 

Au début du XVIe siècle, l'Église catholique romaine monnayait des indulgences. Ce système était déjà dénoncé par John Wyclif (1320-1384) et Jan Hus (1369-1415), qui en soulignaient déjà les dérives.

 

 

En 1517, Martin Luther, frère augustin et théologien, s'insurge tout d'abord contre cette pratique. Puis, le 31 octobre 1517, il aurait affiché sur la porte de l'église de Wittenberg en Saxe, ses 95 thèses condamnant le principe des indulgences. De cet affrontement théologique est né le mouvement de la Réforme protestante qui incitera, par réaction, une Contre-réforme catholique.

 

 

Les indulgences:

 

 

Article détaillé : Indulgence (catholicisme).
 
 

Depuis des siècles, l'Église catholique romaine avait instauré le système des indulgences qui permettaient, moyennant certaines conditions de voir les peines temporelles des pécheurs atténuées (peines des fidèles sur terre) ou celles purgées par les âmes du purgatoire).

 

 

Ce furent d'abord des actes de piété (prières, pèlerinage) puis, parfois, des équivalences financières pour ces mêmes actes de piété. Le système se pervertit et il y eut des abus de plus en plus criants. Parmi ceux-ci, on peut citer l'indulgence accordée en 1506 par le pape Léon X pour quiconque aiderait à la construction de la nouvelle basilique Saint-Pierre qu'il voulait être l'église la plus grande au monde. C'est également l'époque du scandale lié au dominicain Johann Tetzel, chargé en 1516-1517 de vendre les indulgences au nom d'Albert de Brandebourg, archevêque de Mayence, intéressé à la vente par une commission de 50 % promise par la Curie romaine.

 

 

Le système d'indulgence - souvent mal compris - faisait croire au peuple que l'on pouvait être racheté par de l'argent ou des œuvres. Aux yeux de certains issus de la réforme et selon leur interprétation des écrits de l'apôtre Paul de Tarse, cette pratique éloignerait le chrétien de la véritable source de salut : la grâce de Dieu. Selon les catholiques il n'y a aucune contradiction entre le salut par la grâce et la pratique des indulgences. Luther lui même n'en voyait aucune sans quoi il n'aurait jamais écrit dans ses "95 thèses": "71. Maudit soit celui qui parle contre la vérité des indulgences apostoliques."

 

 

Le désaccord théologique – Luther excommunié:

 

 

 

 

En 1518, Luther affirme même qu'en aucun cas les Saintes Écritures ne peuvent être contredites par le pape. Le pape est lui aussi soumis à l'autorité de la Bible.

Le 15 juin 1520, il est menacé d'être excommunié pour ses thèses, ses écrits sont brûlés.

 

 

En retour, le 10 décembre 1520, Luther brûle le texte d'excommunication devant toute la ville de Wittenberg, en traitant le pape d'Antéchrist. Luther a de plus en plus de partisans, le mouvement de réforme de la théologie et de l'Église chrétienne est lancé. Plusieurs princes d'Allemagne du nord, pour des raisons religieuses, et pour s'emparer des biens de l'Église, adoptent la Réforme.

 

Le 3 janvier 1521, le pape prononce l'anathème contre Luther et ses défenseurs. Luther est finalement excommunié.

 

 

La diète de Worms:

 

En avril 1521, Luther est convoqué à la diète de Worms, assemblée politique réunissant les différents princes d'Allemagne. L'empereur Charles Quint lui demande à nouveau de se rétracter. Luther répond alors par cette phrase célèbre : « Ma conscience est prisonnière de la Parole de Dieu. Je ne puis ni ne veux rien rétracter, car il n'est ni sûr ni salutaire d'agir contre sa conscience. Que Dieu me soit en aide. ». Il est ensuite condamné et mis au ban de l'Empire.

Il continuera à écrire en étant protégé par le prince Frédéric III de Saxe.

 

 

La traduction de la Bible:

 

 

 

Pour mettre en pratique ses doctrines, il traduit le Nouveau Testament (ou Seconde Alliance) dans la langue parlée par le peuple. Il diffuse ensuite cette traduction grâce à l'imprimerie mise au point soixante-dix ans auparavant par Gutenberg. Cette traduction est à la base de la création de l'allemand écrit, le hochdeutsch.

 

 

 

Les grands axes de la théologie luthérienne:

 

 

Ils se résument par les termes latins sola gratia, sola fide, sola scriptura, solo christo.

 

1. Sola Gratia (Par la grâce seule):

 

 

Cette affirmation signifie d'abord que l'homme n'est pas sauvé par ses œuvres morales ou pieuses. En fait, Luther désire instaurer une relation de confiance avec Dieu et non plus une relation qu'il suppose fondée sur la peur et la culpabilité. L'eucharistie, célébrée lors de chaque service liturgique avec la prédication, nous rappelle que Dieu est un amour présent et réel dans le geste concret de son fils qui se donne pour le salut des hommes. Tout commence par cette initiative d'amour, cette main tendue. À cette époque en effet dominait la crainte de l'enfer et du jugement divin encouragée par certains prêtres peu scrupuleux de l'institution romaine. Tillich, interprète de Luther dira : « C'est cette grâce qui me réconcilie avec moi-même, avec les autres et le monde (la nature, le cosmos) et avec Dieu ». L'éthique sera une réponse à cet amour premier, c'est le « prix de la grâce » dira Dietrich Bonhoeffer, qui payera de sa vie sa résistance à Hitler.

 

 

2. Sola Fide (Par la foi seule):

 

 

Si l'homme n'est pas sauvé par ses œuvres, il lui est donc simplement demandé d'avoir confiance en Dieu : c'est la foi qui nait et se développe essentiellement par la médiation d'un pasteur qui prêche la bonne nouvelle de la grâce et qui célèbre les sacrements. C'est cette confiance qui fait de lui un membre de l'Église à la fois locale et universelle.

 

 

3. Sola Scriptura (Par l'Écriture seule):

 

 

Et l'un des lieux où retentit ce message c'est par excellence le culte qui rassemble la communauté chrétienne autour de la prédication et de l'eucharistie qui sont les deux pôles du culte luthérien dans un environnement de cantiques et de louanges inspiré des Psaumes. Or cette prédication puise son inspiration dans une tradition issue de la messe et qui est celle de la lecture et du commentaire de la Bible. Et Luther poursuivra la tradition du lectionnaire qu'il a trouvé dans la messe catholique. Ainsi le rôle essentiel des évêques et même du pape sera de former des pasteurs responsables de bien prêcher, car connaissant le Grec et l'Hébreu des Écritures, et d'animer la liturgie communautaire.

 

 

 

4. Solo Christo (Par le Christ seul):

 

 

 

Mais à la différence de l'homélie catholique, la prédication de Luther n'est pas une explication des dogmes catholiques, dont il pense qu'ils s'écartent trop souvent des sources bibliques et patristiques. Luther pense qu'il existe dans la bible un noyau central interprétatif, qui est une fidélité à ce que les Évangiles et les Épîtres nous disent de Jésus-Christ et qui rejoint les grandes affirmations du Symbole des apôtres et de textes reconnus par l'Église luthérienne, telle la Confession d'Augsbourg (Voir ci-dessous). Et le prédicateur, enraciné sur cette parole symbolique et participant à la société et la culture de son temps, prendra le risque d'analogies, métaphores et corrélations qui font de lui un prophète et un homme de compassion.

À noter que dans le protestantisme ultérieur on a souvent privilégié le « sola scriptura » mais que la pensée de Luther, comme nous venons de le voir ci-dessus, reste beaucoup plus fine et nuancée.

 

 

 

Les sacrements:

 

 

1. Source

 

 

C'est surtout à travers son traité De captivitate babylonica praeludium, publié au début de l'année 1520 que nous découvrons la pensée de Martin Luther sur les sacrements. « Ayant réduit l'Église en captivité, la tyrannie romaine s'est attaquée à son âme en lui enlevant le sacrement, alors que le sacrement n'appartient pas aux prêtres mais à tous ».

Pour les catholiques en effet, les sacrements sont des moyens de grâce qui ont un effet immédiat, opérant ex opere operato entre les mains du prêtre. Chez Jean Calvin, ce ne seront que des signes visibles d'une grâce invisible.

 

 

Pour Luther, « les sacrements sont la manifestation objective d'une révélation que Dieu a voulue, à la fois donnée de l'extérieur et matérialisée dans l'incarnation, dans le Livre, l'Eau, dans le Pain et le Vin » (E. G. Leonard). Et dans tout cela, le rôle du prêtre (surtout valorisé par la parole explicative sur le sacrement et la prédication), reste secondaire.

 

 

2. Sacrement : succession visible d'une unique incarnation

 

 

Il existe donc bien pour Luther une sorte de visibilité des sacrements qui prolonge l'incarnation historique de Jésus-Christ, de sa mort et de sa résurrection qui n'eurent lieu qu'une fois. Le prêtre ne peut donc pas renouveler ce sacrifice lors du sacrement. Et cette succession du sacrement se poursuit dans l'Église à travers le baptême (enfants ou adultes) et l'eucharistie, qui sont clairement institués par Jésus-Christ dans les évangiles et aussi le livre des Actes des apôtres. Il repousse ainsi le sacrement du mariage, de l'ordre, de l'extrême onction, de la réconciliation et de la confirmation qui étaient inégalement pratiqués à cette époque et reprendront de la vigueur après le Concile de Trente.

 

 

Le sacrement est donc rétabli dans la pureté de son institution évangélique comme la communication du seul et non renouvelable sacrifice de la croix, sans intervention humaine.

 

 

3. Consubstantiation au lieu de transsubstantiation

 

 

 

De même que le réformateur Wyclif, Luther abandonnera la doctrine eucharistique de la transsubstantiation au profit d'une explication qu'il nommera la « consusbtantiation ». Il ne rentrera jamais dans les détails, et se contentera de dire que le Christ est "avec" les espèces sans réelle précision. Il n'y a alors pas de changement ontologique des espèces : celles-ci restent du pain et du vin, mais cependant intimement liées au Christ lors du sacrement par les paroles d'institutions et la présence de l'esprit. Le pain et le vin sont le corps et le sang du Christ, mais sans jamais cesser d'être du pain et du vin. À la fin du culte, le pain et le vin qui restent ne sont absolument plus considérés comme le corps et le sang du Christ.

 

 

 

La liturgie:

 

 

1. La nouvelle organisation liturgique

 

 

 

Bien que l'organisation des cérémonies lui paraisse « Rauch und Dampf » (fumée et vapeur) car la porte ouverte à un légalisme pieux, Luther sera conduit à participer à l'organisation du culte à Wittemberg en 1523. Il écrira alors Von Ordnung des Gottesdienst (De l'ordre du service divin) et Formula Missae. Dans cet esprit, aura lieu en 1525 la première célébration de la "Messe Allemande" et son ordre qui sera publié en 1526. Lequel servira de cadre, non seulement au luthéranisme des siècles suivants, mais également à Jean-Sébastien Bach, qui écrira pour elle une de ses plus belles œuvres. En voici le plan qui frappe par sa simplicitié:

 

 

 

 

Église du palais de Wittenberg
  • Introït
  • Kyrie eleison (pas de Gloria)
  • Collecte (prière du jour)
  • Épître
  • Graduel (cantique allemand)
  • Évangile
  • Credo (chant d'une paraphrase du Credo par Luther)
  • Prédication
  • Notre Père (chant d'une paraphrase faite par Luther)
  • Exhortation à communier dignement
  • Paroles d'institution prononcées d'abord sur le pain avec distribution, puis sur le vin
  • Prière d'action de grâces
  • Bénédiction

2. Vraie nouveauté : la langue vernaculaire

 

La messe va donc devenir un culte célébré par un pasteur. Il perd donc son caractère de « sacrifice renouvelé du Christ offert par un prêtre pour le salut des fidèles ». Certes, il commencera toujours par l'austère et humble reconnaissance de l'homme qui a besoin de vivre du pardon et de la grâce divine (Kyrie : « Seigneur aie pitié »). Mais il ne sera plus une célébration que Luther estime mystérieuse et incompréhensible pour le fidèle, car désormais, la lecture de la bible se fera dans la langue du peuple et la prédication ne sera plus une homélie mais une parole que Luther pense plus claire, pour rendre le Christ de la Bible plus familier aux auditeurs. Un Christ qui nous réconcilie avec Dieu, les autres et le monde, en nous apportant son salut et sa grâce. Le « pouvoir des clefs » n’est plus confié au Pape, désormais chaque prédicateur est le successeur de Pierre qui ouvre chez l’auditeur la porte du royaume de Dieu.

 

 

3. Autre nouveauté : le renouveau hymnologique

 

 

Bon musicien et poète, Luther introduira de l'émotion dans le culte en multipliant les cantiques en commun qui font participer le peuple mieux que, selon Luther, ne le faisait le Chant grégorien, souvent très beau mais qu'il estimait devenu l'œuvre de spécialistes. Il composa lui-même une soixantaine d'hymnes (dont Ein feste Burg, « C'est un rempart que notre Dieu »), qui reste l'un des cantiques protestant parmi les plus connus dans le monde entier. Ses œuvres furent réunies en 1524 dans un Enchiridion diffusé largement dans le monde luthérien - qui montre au passage l'utilisation intelligente par Luther des nouveaux médias de son temps, ce qu'il fera également pour la bible. De nombreux musiciens et poètes participèrent à cette première hymnologie protestante (Sachs, Speratus, Spengler, Rupff, etc.) et dont on retrouve encore les noms dans de nombreux cantiques protestant actuels.

 

 

 

Ainsi, après la musique, les luthériens resteront peut-être, parmi les protestants, ceux qui n'hésitent pas à introduire une dimension esthétique dans la liturgie. Non seulement dans le domaine musical mais également dans celui des formes visuelles. Expression de la louange de l'Église satisfaisant la sensibilité populaire (couleurs et habits liturgiques, vitraux, gestes, etc.). Luther étant lui-même très tolérant dans ce domaine qu'il considérait comme secondaire.

 

 

Peut-on dire qu'il existe toujours aujourd'hui une différence entre la messe catholique et le culte protestant inspiré de Luther ? Certainement dans la mesure où, pour les catholiques, la messe est le renouvellement du sacrifice du Christ, alors que pour les protestants qu'inspire Luther, le culte reste davantage une célébration dont les deux pôles d'égale importance sont l'eucharistie vécue seulement comme "mémoire" du sacrifice du Christ, ainsi que la prédication, la Parole qui l'éclaire.

 

 

La confession d'Augsbourg

 

 

La confession d'Augsbourg ("CA" Confessio Augustana) est la confession de foi fondamentale des états impériaux luthériens. Elle a été présentée par la réformation luthérienne à Charles Quint lors du Diète d'Empire à Augsbourg en l'an 1530. Jusqu'à nos jours la confession d'Augsbourg est le document de confession obligatoire pour chaque Église Luthérienne.

 

 

 

La première partie (Articles fondamentaux de la foi et de la doctrine) :

 

  • Article 1. - De Dieu
  • Article 2. - Du Péché Originel
  • Article 3. - Du Fils de Dieu
  • Article 4. - De la Justification
  • Article 5. - Du Ministère de la Parole
  • Article 6. - De la Nouvelle Obéissance
  • Article 7. - De l'Église
  • Article 8. - Ce qu'est l'Église dans le Monde
  • Article 9. - Du Baptême
  • Article 10. - De la Sainte-Cène
  • Article 11. - De la Confession
  • Article 12. - De la Repentance
  • Article 13. - De l'emploi des Sacrements
  • Article 14. - Du Gouvernement de l'Église
  • Article 15. - Des Rites Ecclésiastiques
  • Article 16. - Du Gouvernement Civil
  • Article 17. - Du Retour du Christ pour le Jugement
  • Article 18. - Du Libre Arbitre
  • Article 19. - De l'Origine du Péché
  • Article 20. - De la Foi et des Bonnes Œuvres
  • Article 21. - De l'Invocation des Saints

 

Deuxième partie (Articles qui sont contestés et où l'on traite des abus qui ont été corrigés) :

  • Introduction

 

  • Article 23. - Du Mariage des Prêtres
  • Article 24. - De la Messe
  • Article 25. - De la Confession
  • Article 26. - De la Distinction des Aliments
  • Article 27. - Des Vœux Monastiques
  • Article 28. - Du Pouvoir des Évêques

(On trouvera le texte complet de cette confession centrale des Églises Luthérienne à l'adresse suivante)

 

 

 

Retenons l'article 7 « De l'Église » qui nous paraît important pour 3 raisons

 

 

 

1 - Il est placé après l'article 5 sur le « ministère de la Parole »

 

 

C'est la démarche centrale de la réforme de Luther. D'une part contre le subjectivisme piétiste qui lie le Saint Esprit à nos états d’âmes et nos sentiments pieux. Et d'autre part contre le catholicisme qui lie un peu trop l'Ésprit à l'institution romaine dont il prétend qu'elle est l'incarnation continuée du Christ et qui la rend sourde aux appels de l'Évangile.

 

 

2 - En son cœur, un nouvel enseignement très simple sur l'Église

 

 

 

L'Église y est définie comme la communauté ou l'assemblée de tous les chrétiens du monde entier, ou encore comme la chrétienté physiquement dispersée mais spirituellement rassemblée dans un seul Évangile. Localement, l'Église sera un événement toujours actuel de l'Esprit lié « à un enseignement juste et une administration fidèle des sacrements ».

Papes, évêques et pasteurs sont au service de cette église là, localement, et dans le monde entier. N’oublions pas que nous sommes avant le Concile de Trente et Luther pense encore possible la réformation de l'Église romaine. Ainsi Luther ouvrait-il la voie de l'œcuménisme moderne.

 

 

 

3 - Il est complété par l’article 8 sur « le bon grain et l'ivraie »

 

 

Cet article précise en effet que sur cette terre, une partie de l'Église reste composée d'hommes et de femmes que la grâce transforme en « bon grain » de la parabole évangélique (Matthieu 13:25-30). Mais coexistent également dans l'Église des hypocrites et des pécheurs qui sont comme « l'ivraie et la mauvaise herbe ». C'est pourquoi il est important que le bon grain accepte de coexister avec l'ivraie. Car même le bon grain reste un « pécheur pardonné » qui attend tout de la grâce de Dieu pour lui et les autres.

 

 

Et aujourd'hui ?

 

Dans le monde

 

Les principaux pays luthériens sont les nations scandinaves (Islande, Norvège, Danemark, Suède), la Finlande, l'Allemagne et l'Estonie. La Lettonie (mais pas la Lituanie qui est majoritairement catholique) est en grande partie luthérienne.

 

 

 

 
 
 
 

La Namibie est le seul pays en dehors de l'Europe qui est majoritairement luthérien. Il existe des communautés importantes de luthériens dans plusieurs autres pays, comme le Brésil, les États-Unis (particulièrement dans le Middle West), l'Éthiopie, l'Indonésie, Madagascar, la Papouasie-Nouvelle-Guinée et la Tanzanie.

 

 

 

Les plus grandes associations mondiales des Églises luthériennes sont la Fédération luthérienne mondiale (FLM), dont sont membres l'EELF et les Églises protestantes d'Alsace-Lorraine (EPAL) ; l'International Lutheran Council (ILC), dont l'Église évangélique luthérienne Synode de France et de Belgique est membre ; et la Confessional Evangelical Lutheran Conference (CELC).

 

 

En France:

 

Les luthériens représentent une partie du protestantisme français. Ils sont surtout situés en Alsace et en Moselle, avec l'Église protestante de la Confession d'Augsbourg d'Alsace et de Lorraine.

Ils sont aussi présents, dans une moindre mesure, dans la « France de l'intérieur », depuis 2015 essentiellement au sein de l'Église protestante unie de France, dont les 35000 membres luthériens sont répartis entre la région Est qui inclut le bastion luthérien de Montbéliard (nord de la Franche-Comté) et l'Inspection de Paris (laquelle regroupe également les paroisses luthériennes de Lyon et de Nice).

 

 

Ces deux Églises sont membres de la Fédération luthérienne mondiale et de la Fédération protestante de France.

Les luthériens sont aussi présents au sein de l'Église Évangélique Luthérienne Synode de France  (EEL-SF), composée de 1 000 membres en communion avec l'International Lutheran Council (ILC).

 

 
 

                                                                                                           

 

 

 

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