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10/09/2016

25 août 1270 : mort de Saint Louis.

 


 

 

 

Saint Louis en route vers l’Egypte

Le roi de France Louis IX était âgé de 56 ans.

 

 

 

C’était au cours de la 8e croisade (sa seconde). Il espérait convertir le sultan de Tunis au christianisme et le dresser contre le sultan d’Égypte. Les Croisés s’emparèrent facilement de Carthage mais l’armée fut victime d’une épidémie. Louis IX mourut le 25 août sous les remparts de Tunis, de dysenterie vraisemblablement (de peste selon certains). Son corps fut étendu sur un lit de cendres en signe d’humilité, et les bras en croix à l’image du Christ.

 

 

Sacre de Saint Louis

Considéré comme un saint de son vivant, Louis IX fit l’objet d’une vénération dès sa mort. Des miracles étaient réputés avoir lieu sur le passage de sa dépouille et un service d’ordre dut être mis en place près de son tombeau pour canaliser la foule de ceux qui venaient implorer son intercession.

 

 

 

Le XIIIe siècle reste dans l’histoire comme le « siècle d’or de Saint Louis ».
La France, centre des arts et de la vie intellectuelle, y atteint son apogée aussi bien économiquement que politiquement, mais aussi quant au degré de perfection de sa civilisation, dont nous sommes à présent loin…

 

 

 

Saint Louis commandait la plus grande armée et dirigeait le plus grand royaume d’Europe. Sa réputation de sainteté et de justice était déjà bien établie de son vivant et on le choisissait régulièrement comme arbitre pour régler les querelles entre grands d’Europe. Le roi était considéré comme le primus inter pares (le premier parmi ses pairs).

 

Saint Louis est généralement considéré comme le modèle du prince chrétien.

 

 

 

Source : Thibaut de Chassey

18:26 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0)

06/09/2016

Anniversaire du couronnement d’Otton, premier roi germanique

Otton, otton

Ce 7 août 936 annonce une dynastie qui fera concurrence à l’hégémonie de la France en Europe continentale, christianisera les Balkans, stoppera les Ottomans aux portes de Vienne, affrontera les hordes nomades de l'est.
         

 

Toujours dans la tradition d’amitié franco-allemande qui caractérise si bien cette belle année 2014 (huitième centenaire de la bataille de Bouvines, match France-Allemagne, centenaire de 1914-18…), le 7 août 2014 marque l’anniversaire du couronnement d’Otton Ier le Grand. Le début d’une grande histoire qui commence en l’an 936 dans la cathédrale d’Aix-la-Chapelle.

 

Ce jour-là, 7 août, le festin bat son plein à Aix. Tout le gratin de Francie orientale est présent : archevêque de Mayence, ducs de Souabe, de Bavière, de Franconie… Celui de Saxe est absent, car il y a quelques heures, l’archevêque de Cologne l’a nommé roi de Francie orientale, c’est-à-dire de Germanie.

 

Pour comprendre comment est né ce qui sera plus tard le Saint Empire romain germanique, un retour en arrière s’impose. En 843, l’empire de Charlemagne est partagé entre ses petits fils. À Charles, la Francie occidentale (France). À Louis, la Francie orientale, et à Lothaire, un vaste et éphémère État tampon entre les deux autres.

 

Pendant ce temps, les Vikings perturbent toute l’Europe pendant que les hordes slaves et hongroises multiplient les incursions en Francie orientale. Les Carolingiens (descendants de Charles Martel et de Charlemagne), incapables de s’y opposer, sont peu à peu supplantés par les Robertiens (ou Capétiens) en Francie occidentale. En Francie orientale, la mort du faible Carolingien Louis IV amène les ducs à élire comme roi Conrad Ier. Ce dernier appelle sur son lit de mort son rival Henri l’Oiseleur (car il chassait au faucon quand on vint l’avertir) à lui succéder. Henri initie une politique prudente : vaincre les ennemis si on le peut (les Danois) ou, s’ils sont trop puissants pour le moment, acheter la paix par un tribut et se fortifier en attendant (Slaves et Hongrois). À l’intérieur, il évite de choquer les ducs qui l’ont élu en se déclarant leur égal, sans trop empiéter sur leur autorité. Ainsi, il refuse le sacre pour montrer à ses vassaux qu’il reste un homme comme eux. Enfin, dans l’éventualité d’une mort impromptue, il fait élire son fils Otton, six ans, comme successeur.

 

Le jeune Otton n’est donc vu, à son avènement, que comme le premier parmi ses pairs. Il dissipe vite cette illusion en se faisant sacrer d’emblée, et en se faisant servir au cours du festin par ses grands vassaux si orgueilleux. Il mate les plus turbulents et redistribue leurs terres à ses fidèles.

 

De plus, il poursuit l’œuvre de son père en boutant hors de ses frontières les Hongrois. Cette politique ambitieuse culmine avec une intervention en Italie, où il soulage le pape, menacé par un roitelet local, et obtient en retour le titre d’empereur.

 

Ce 7 août 936 annonce une dynastie qui fera concurrence à l’hégémonie de la France en Europe continentale, christianisera les Balkans, stoppera les Ottomans aux portes de Vienne, affrontera les hordes nomades de l’est.


Ce 7 août 936 marque la naissance de l’Allemagne, pour le plus grand bonheur de l’Europe, mais aussi le plus grand malheur de notre France...

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10:49 Publié dans Culture, Histoire | Tags : otton | Lien permanent | Commentaires (0)

05/08/2016

Otto prince von Bismarck ou , Otto prince von Bismarck-Schönhausen:

 

 

 

 

Homme d'État allemand (Schönhausen 1815-Friedrichsruh 1898).

 

Introduction

 

Fils d'un ex-officier qui se consacre à son domaine et de Wilhelmine Mencken, le jeune Bismarck fait ses études secondaires dans des établissements berlinois de caractère bourgeois. À dix-sept ans, il entre à l'université de Göttingen. Inscrit dans un vieux corps d'étudiants, il laissera surtout le souvenir de ses frasques, duels et beuveries. Brillant, intelligent, mais peu appliqué, le jeune étudiant passe ses trois derniers semestres à l'université de Berlin. Il termine ses études de droit en 1835 et, dès 1836, il est nommé référendaire à Aix-la-Chapelle. Plus séduit par la vie

élégante de la station thermale que par ses fonctions, Bismarck se fait muter à Potsdam, avant d'accomplir son service militaire aux chasseurs de la Garde. À la mort de sa mère, le 1er janvier 1839, il s'installe à Kniephof, en Poméranie, quittant ainsi une administration qui le jugeait en ces termes : « Si M. de Bismarck réussit à vaincre sa paresse, il sera capable d'assurer les plus hautes fonctions de l'État. »

 

Le hobereau se révèle passionné d'agriculture, surtout des forêts. Maître exigeant, il consacre ses loisirs à la lecture, mais reste imperméable à l'influence du romantisme allemand. Il est attaché à l'État et l'idée de nation n'a aucune emprise sur lui. Pour lui, l'État, c'est la Prusse ; il est conduit par l'idée de l'État prussien et non par celle de la nation allemande. Indifférent en matière religieuse, Otto, ébranlé par la mort d'une amie, Marie von Thadden, et soucieux d'épouser Johanna von Puttkamer, issue d'une famille de piétistes austères, assure avoir retrouvé la foi. Si la sincérité de cette « conversion » laisse des doutes, du moins Bismarck se comporte-t-il en luthérien tolérant, marqué par une religiosité originale. De son union avec Johanna, célébrée le 28 juillet 1847, naîtront Marie, Herbert et Wilhelm.

 

Parlementaire et ambassadeur

 

Mais déjà le junker en vient à la vie politique, et, de 1847 à 1851, un Bismarck parlementaire participe à des heures cruciales de l'histoire allemande. Orateur vigoureux, il se signale au Landtag, avant la révolution, comme un homme d'extrême droite. Les événements révolutionnaires de mars 1848, à Berlin, le rendent furieux : il songe à voler au secours du roi avec ses paysans armés. Consterné par les concessions du souverain, Bismarck met ses talents au service de la contre-révolution et retrouve une place au Landtag en février 1849. Réactionnaire ardent, il est de la « camarilla » hostile à l'unification allemande et qui prêche une réaction totale. « Nous sommes prussiens. Il n'existe pas de concept de l'Allemand », déclare-t-il alors. Réélu par la suite, Bismarck reste un Prussien d'extrême droite, détesté par les libéraux et craint par la « camarilla », qui, pour s'en débarrasser, lui fait confier un poste de diplomate.

 

Bismarck, ambassadeur, va connaître, entre 1851 et 1862, trois postes : Francfort, Saint-Pétersbourg et Paris. Représentant de la Prusse à la diète de Francfort, il s'emploie surtout à combattre l'influence autrichienne dans la Confédération. L'affrontement entre lui et le comte Leo von Thun, représentant de l'Autriche, est resté célèbre. Bismarck voyage. En 1855, il visite l'Exposition universelle de Paris, ce qui lui donne l'occasion de connaître Napoléon III, dont il apprécie les méthodes césariennes, et de rencontrer la reine Victoria et le prince consort Albert de Saxe-Cobourg. Il se casse un tibia en Suède en 1857 ; mal soigné, des phlébites le mettent aux portes de la mort en 1859. C'est le début de cette « maladie de nerfs » dont il souffre, mais aussi dont il use pour faire excuser ses colères. Nommé à Saint-Pétersbourg au début de 1859, il travaille à un rapprochement russo-prussien menaçant pour l'Autriche. Bien accueilli par Alexandre II, mais gêné par un train de vie modeste et s'entendant mal avec le ministre des Affaires étrangères, Aleksandr M. Gortchakov, Bismarck, qui a l'impression d'être oublié dans un poste sans histoire, obtient d'être nommé à Paris en mai 1862. Fort bien accueilli par Napoléon III, il ne trouve guère que le temps de s'offrir une escapade sentimentale, toute platonique, avec Catherine Orlov, épouse de l'ambassadeur russe à Bruxelles. Dès septembre 1862, le roi l'appelle à Berlin pour résoudre de graves difficultés intérieures.

 

Une véritable épreuve de force oppose le roi et les généraux à la majorité libérale du Landtag, qui refuse d'entériner la réforme militaire. Pour briser les libéraux, Guillaume Ier fait de Bismarck, poussé par le ministre de la guerre Albrecht von Roon, le ministre président de Prusse, le 23 septembre 1862. Bismarck s'engage à servir la monarchie en tant que vassal qui voit son seigneur dans le péril.

 

Ministre président de Prusse

 

À cette date, les vieilles tendances unitaires, assoupies dans les dix années qui ont suivi la révolution de 1848, se sont réveillées. Partisans d'une grande Allemagne englobant l'Autriche et tenants d'une petite Allemagne rassemblée autour de la Prusse s'affrontent plus énergiquement depuis 1859. Incapable d'entrer dans le Zollverein ou de le briser, l'Autriche voit échouer ses projets de réforme de la Confédération, en raison de l'opposition irréductible des Prussiens. L'antagonisme austro-prussien est donc déjà nettement affirmé avant l'avènement de Bismarck. Pour chasser l'Autriche d'Allemagne, Bismarck, esprit pragmatique, a toujours « deux fers au feu » : l'entente sur un partage d'influence ou la guerre. Ce junker est partisan de la « petite Allemagne » ; il ne peut accepter l'idée d'une « grande Allemagne », qui entrerait en conflit avec la Russie, dont il a besoin. Dès 1863, il fait échouer le projet autrichien soumis aux princes réunis à Francfort.

 

En janvier 1864, il profite de la question des « duchés danois » pour entraîner l'Autriche, aux côtés de la Prusse, dans une guerre au Danemark. Afin de gagner du temps, Bismarck s'oppose d'abord à l'annexion des duchés par la Prusse, réclamée par Guillaume Ier et Moltke, préférant un compromis boiteux, la convention de Gastein (14 août 1865), qui confie le Schleswig à la Prusse et le Holstein à l'Autriche. En même temps, il prépare l'écrasement militaire de l'Autriche. Une active campagne diplomatique assure à Bismarck la bienveillance russe, la neutralité de la France, l'alliance de l'Italie. En décidant de poser la question des duchés devant la diète, l'Autriche fournit à Bismarck l'occasion de cette guerre fratricide qui oppose l'Autriche, les États du Sud, le Hanovre, la Saxe aux autres États allemands, rangés derrière la Prusse. En quelques jours, l'armée hanovrienne est battue à Langensalza (27-28 juin 1866), et les forces autrichiennes, écrasées à Sadowa le 3 juillet 1866, livrent aux Prussiens la route de Vienne. À défaut de mobiliser contre la Prusse, Napoléon III, par sa médiation diplomatique, sert les vues de Bismarck.

 

Otto von Bismarck

La paix de Prague, signée le 23 août, permet à la Prusse de réaliser de nombreuses annexions au nord du Main, sans aucun plébiscite, alors que l'Autriche, qui ne perd aucun territoire, doit accepter son éviction d'Allemagne. La voie est ouverte à la réalisation partielle de la petite Allemagne par la création de la Confédération de l'Allemagne du Nord, dominée par le royaume de Prusse, qui groupe, à lui seul, les cinq sixièmes de la population. Dotée d'une Constitution de structure fédérale préparée par Bismarck et votée le 16 avril 1867, elle n'est, dans l'esprit de son chancelier, qu'une transition vers l'unité de toute l'Allemagne. Ce succès vaut à Bismarck de nombreux ralliements, d'autant plus qu'il manifeste l'intention de gouverner en respectant les règles constitutionnelles. Reste à attirer les États du Sud dans la Confédération.

 

Dès 1866, Bismarck réussit, en agitant la menace française, à lier les États du Sud, auxquels il n'a pris aucun territoire, à la Confédération du Nord, par une série de traités secrets d'alliance offensive et défensive. Il obtient également, en 1867, que les représentants du Sud siègent aux côtés de ceux de la confédération dans un Parlement douanier, fruit de la réorganisation du Zollverein après la guerre. Mais ces succès bismarckiens ne doivent pas masquer le développement d'une résistance de plus en plus vigoureuse de la plupart des États du Sud, inquiets des menées du chancelier et fidèles à des sentiments particularistes. L'agitation antiprussienne, qui se manifeste notamment dans des grands États comme la Bavière et le Wurtemberg, inquiète Bismarck, d'autant plus que des intrigues inspirées par Vienne et par Paris l'encouragent. Le chancelier peut donc penser qu'une nouvelle crise est indispensable pour provoquer le ralliement du Sud. La politique de Napoléon III apparaissant, depuis 1866, comme un obstacle à l'achèvement de l'unité, Bismarck a pu préparer sciemment le conflit franco-allemand.

 

En fait, la responsabilité de Bismarck dans la guerre de 1870 n'apparaît certaine qu'au dernier moment. Bismarck s'emploie d'abord à déconsidérer Napoléon III en encourageant des demandes de compensations propres à inquiéter tous les Allemands et les États voisins. D'ailleurs, dès 1859, il y a en Allemagne un courant hostile à la France. Les « pourboires » évoqués successivement, Sarre, Palatinat bavarois, Hesse rhénane, Belgique, Luxembourg, ne peuvent que favoriser l'explosion d'un courant francophobe. Attendu depuis le printemps de 1867, le conflit possible est soigneusement préparé par Bismarck sur tous les plans : diplomatique, militaire, parlementaire. Mais, jusqu'en avril 1870, le chancelier temporise. Il écarte les idées de guerre préventive suggérées par l'état-major prussien dès le printemps de 1867 ; il repousse l'idée d'une entrée du duché de Bade dans la Confédération, à la fin de février 1870, pour donner à l'opinion française le temps de se faire à cette idée.

 

Cette modération de Bismarck s'explique par sa conviction que la France finira par se résigner à l'unité allemande, d'autant plus que le second Empire évolue vers un régime parlementaire pacifique. Ce raisonnement, très juste, se trouve bouleversé par le plébiscite du 8 mai 1870, qui, contre toute attente, consolide l'Empire et pousse Napoléon III à pratiquer une politique extérieure plus ferme, voire belliqueuse. En relançant la candidature de Léopold de Hohenzollern au trône d'Espagne, Bismarck entend mettre Napoléon III au pied du mur. La réaction très ferme de Paris fait céder Guillaume Ier : le retrait de la candidature Hohenzollern est annoncé le 12 juillet 1870. Bismarck, déçu, songe à abandonner le pouvoir, mais les maladresses françaises relancent la crise. À Ems, Guillaume Ier refuse de s'associer à la renonciation de Léopold et de s'engager pour l'avenir. Bismarck, qui a évité ainsi une nouvelle reculade prussienne, s'arrange, grâce à la dépêche d'Ems, un communiqué très sec, pour acculer la France à la guerre et lui laisser la responsabilité de la déclarer, le 19 juillet 1870. Conformément aux traités de 1866, les troupes du Sud s'engagent dans la guerre aux côtés de la Confédération. Dès la victoire de Sedan, le problème de la réorganisation de l'Allemagne se pose. Bismarck provoque une initiative des États du Sud, qui offrent la couronne impériale au roi de Prusse, Guillaume Ier. L'acte de fondation de l'Empire est signé le 18 janvier 1871, à Versailles. L'Empire rassemble les vingt-cinq États et une première conquête : l'Alsace et une partie de la Lorraine devenues Reichsland. Bismarck, poussé par l'état-major, impose cette annexion : le glacis doit interdire à la France toute guerre de revanche.

 

Dès lors, le chancelier Bismarck, principal artisan de cette unification de l'Allemagne, domine, à cinquante-six ans, la scène européenne. Brutal, implacable, avide de domination mais aussi impressionnable, rancunier, Bismarck est servi par son imagination, son intuition, son sens pratique et une intelligence utilisée principalement au profit de la politique extérieure. Le chancelier impose ses vues à Guillaume Ier, vieillard de soixante-quatorze ans en 1871, et qui disparaîtra en 1888 à l'âge de quatre-vingt-onze ans. D'une intelligence limitée, très attaché aux traditions, hésitant, influençable, l'empereur cède aux menaces de démission que Bismarck ne manque pas d'utiliser. Le chancelier gouverne avec quelques collaborateurs : Heinrich Abeken (1809-1872), Lothar Bucher (1817-1892), Friedrich von Holstein (1837-1909), n'hésitant pas à éliminer des hommes comme le comte Harry von Arnim (1824-1881), en qui il voit des rivaux possibles.

 

Le chancelier du Reich et les problèmes politiques

 

La fondation de l'Empire allemand n'a pas réglé tous les problèmes politiques : Bismarck doit, après 1871, renforcer l'autorité du gouvernement impérial face à des particularismes restés vivaces, principalement dans le Sud. Il lui appartient aussi, bien qu'il ne soit pas responsable devant le Reichstag dans un régime qui n'est pas parlementaire, de trouver des majorités pour imposer sa politique. Enfin, le chancelier doit compter avec des minorités nationales : Alsaciens-Lorrains à l'ouest, Danois au nord, Polonais à l'est.

 

Chancelier en même temps que président du Conseil de Prusse, Bismarck résout le problème des relations entre le gouvernement impérial et l'État le plus puissant du Reich. À l'origine, le chancelier se fait aider, à l'échelon fédéral, par les ministres prussiens, mais, peu à peu, il met en place des offices impériaux, notamment à l'Intérieur et aux Affaires étrangères. L'autorité du gouvernement impérial souffre surtout de l'insuffisance de recettes fédérales, constituées uniquement par les revenus des douanes et de quelques taxes indirectes. Le chancelier dépend donc des contributions matriculaires que les États acceptent de verser après de longues discussions. La loi douanière de 1879 ne donne pas à Bismarck les revenus espérés, et, dans ces conditions, la caisse fédérale reste insuffisante.

 

Bismarck s'appuie au Reichstag sur des majorités de rechange. Entre 1870 et 1877, il compte surtout sur les nationaux-libéraux et les conservateurs. À partir de 1877, sa politique douanière, sa lutte contre les socialistes imposent, devant l'hostilité des nationaux-libéraux, le concours du Zentrum, qui entend obtenir, en contrepartie, l'abandon du Kulturkampf. De 1881 à 1890, Bismarck dispose du concours des conservateurs, des nationaux-libéraux et, parfois, du centre. Mais ce cartel conservateur perd de nombreux sièges au début de 1890, mettant ainsi le chancelier dans une situation difficile.

 

Convaincu que les Alsaciens-Lorrains annexés n'ont qu'un vernis français, le chancelier espère germaniser rapidement le Reichsland par le jeu de la prospérité économique et par une immigration allemande. L'Alsace-Lorraine est d'abord soumise à un véritable régime de dictature ; le président supérieur apparaît comme un agent direct du chancelier. Les fonctionnaires, tous allemands, mènent une rigoureuse politique de germanisation. Ce n'est qu'à partir de 1874 que le Reichsland obtient le droit d'élire quinze députés au Reichstag. En 1879, la substitution d'un statthalter, dépendant de l'empereur, au président supérieur marque une volonté d'atténuer les rigueurs du régime instauré en 1871. Cette concession n'entame nullement l'animosité des annexés à l'égard de la politique bismarckienne ; dans les années 1880, le courant protestataire se renforce en Alsace-Lorraine, d'autant plus que, au cours de la crise franco-allemande de 1886-1887, les électeurs ont clairement montré où allaient leurs sympathies.

 

La politique de germanisation pratiquée par Bismarck dans les régions « polonaises » de l'empire n'a pas donné de meilleurs résultats. Convaincu de l'hostilité des populations polonaises, il cherche à saper l'influence du clergé et de la noblesse et à favoriser une colonisation du pays par des paysans allemands. Mais cet effort, comme la lutte contre la langue polonaise à l'école, ne donne pas les résultats escomptés. Les tentatives de germanisation des Danois du Schleswig semblent porter des fruits, au moins jusque vers 1898.

 

Bismarck et l'Église

 

Pour quelles raisons Bismarck mène-t-il une lutte difficile contre l'Église catholique et le parti catholique allemand (Zentrum) ? Le Kulturkampf n'est pas inspiré par des mobiles confessionnels. Protestant tolérant, Bismarck se laisse guider par des préoccupations politiques. Il entend briser tout obstacles à la consolidation de l'unité. Soupçonnant le clergé d'être hostile à l'Empire et d'encourager la résistance des nationalistes polonais, Bismarck veut soumettre l'Église à la raison d'État. Le chancelier se méfie de ce clergé plus disposé à obéir à Rome qu'à Berlin, à un moment où le concile du Vatican (1870) proclame le dogme de l'infaillibilité pontificale et où le Saint-Siège, auquel il est hostile, lui semble devoir encourager la formation d'un parti catholique international. Le parti catholique allemand, fondé en 1870-1871, se montre favorable à un renforcement de l'autonomie des États de l'Empire, thèse combattue par Bismarck, qui accuse aussi le Zentrum de vouloir former un véritable État dans l'État.

 

Bismarck impose une série de mesures, entre 1871 et 1873, à la fois comme chancelier et comme Premier ministre de Prusse. La loi du 10 décembre 1871 interdit à tous les ecclésiastiques (catholiques et protestants) de l'Empire de donner et de commenter des nouvelles concernant les affaires publiques de l'État. À ce « paragraphe de la chaire » s'ajoute, le 4 juillet 1872, l'exclusion des Jésuites de l'ensemble du territoire allemand. En Prusse, Bismarck s'en prend surtout aux écoles et aux statuts des Églises, qu'il fait placer sous la surveillance de l'État. Les lois prussiennes de mai 1873 imposent des conditions à la nomination aux emplois ecclésiastiques, permettant ainsi l'ingérance de l'administration et réservant- et encore dans certaines limites- aux autorités ecclésiastiques allemandes tout pouvoir disciplinaire. Ces lois, appliquées aux protestants comme aux catholiques, provoquent une vive opposition des catholiques, car elles restreignent les droits du Saint-Siège, diminuent l'autorité des évêques et imposent le contrôle de l'État protestant sur la formation des clercs. Si la Bavière s'oppose à Bismarck, qui songe à imposer ces lois à l'ensemble du Reich, d'autres États, comme les grands-duchés de Bade et de Hesse, imitent la législation prussienne. 

 

L'Église catholique allemande, encouragée par le pape Pie IX, s'oppose à l'application des lois de mai par une résistance passive. Comme les évêques « ignorent » les lois, les tribunaux infligent des amendes et des peines de prison. L'exercice du culte se trouve menacé ; les actes des prêtres nommés illégalement ne sont plus valables aux yeux de la loi. Pour remédier à cette situation, Bismarck fait nommer des administrateurs provisoires aux sièges vacants et donne au mariage civil seule valeur légale. En 1874-1875, il ordonne une répression plus sévère, qui entraîne l'emprisonnement de centaines de prêtres. Le Zentrum, fort de ses 86 sièges obtenus en 1874 et des talents de son chef, Ludwig Windthorst (1812-1891), attaque durement la politique de Bismarck. Contrairement aux espoirs du chancelier, le clergé ne cède pas, et c'est Bismarck qui donne des signes de lassitude. Conscient de l'échec de sa politique, Bismarck songe à mettre fin au Kulturkampf dès 1877. Sensible à l'influence d'une partie de la cour prussienne, obligé de rechercher l'appui du centre pour sa réforme douanière, soucieux d'éviter la formation d'une coalition catholique, Bismarck voudrait déposer les armes sans « aller à Canossa ». L'avènement de Léon XIII (1878), pape conciliant, permet des contacts, malgré la rupture des relations diplomatiques entre le Vatican et Berlin. Les premiers contacts (1878-1879) avec le Saint-Siège et avec les chefs du centre aboutissent à un échec. Bismarck doit lâcher du lest : entre 1880 et 1883, il accepte des modifications partielles à la législation en vigueur, tout en maintenant les principes. Le gouvernement rétablit les crédits affectés à l'Église catholique ; les évêques suspendus reprennent leurs sièges… Bismarck fait de nouvelles concessions en 1886-1887 ; le projet de révision des lois de mai est voté par le centre, en avril 1887, après intervention du Saint-Siège, qui met fin à l'intransigeance de Windthorst et de ses amis. La paix religieuse est rétablie. Si l'Église sort moralement renforcée de la crise, le prestige de Bismarck se trouve compromis par une reculade qui affecte fortement son autorité.

 

Bismarck et les socialistes

 

Impressionné, dès 1875, par les progrès de la social-démocratie, Bismarck, qui a tendance à confondre les socialistes avec les anarchistes, manifeste l'intention, depuis les élections de 1877, de briser le parti. Sa politique présente deux aspects complémentaires : détruire la social-démocratie grâce à une loi d'exception ; introduire quelques réformes sociales au profit des travailleurs, clientèle électorale des socialistes.

 

Exploitant habilement deux attentats anarchistes commis en mai et juin 1878 contre l'empereur Guillaume Ier, Bismarck obtient du nouveau Reichstag, élu en juillet 1878, le vote de la loi du 21 octobre 1878. Cette loi sera reconduite jusqu'en 1890. Elle interdit les groupements, qui servent aux sociaux-démocrates et aux communistes à attaquer l'État ou à ébranler l'ordre social. Elle interdit également les rassemblements, les démonstrations publiques, la presse socialiste ; les membres des groupements socialistes peuvent se voir signifier une interdiction de séjour dans certaines villes et régions. Mais la loi n'empêche pas les députés socialistes de siéger au Reichstag ; elle ne supprime pas le droit de coalition.

 

La loi du 21 octobre 1878 entraîne une désorganisation rapide du parti social-démocrate et des syndicats à direction socialiste. Dans les douze années de son application, 150 périodiques et 1 067 livres sont frappés, et de nombreuses personnes doivent quitter leur domicile. Malgré cette répression très dure, Bismarck n'atteint pas le but recherché, car les socialistes mettent sur pied une organisation illégale qui permet la propagation de leurs idées. De Suisse, de Belgique, de nombreuses publications passent en Allemagne. L'organe des socialistes, le Social-Démocrate, tiré à 12 000 exemplaires, à Zurich, puis à Londres, entre dans le Reich sous divers camouflages. La propagande clandestine porte ses fruits. Très vite, la social-démocratie retrouve et élargit sa clientèle électorale : tombée à 311 961 voix en 1878, elle obtient 549 990 voix en 1884, 763 128 voix en 1887. Devant cet échec, Bismarck réagit de deux manières. Pour désarmer les socialistes, il pratique la « politique du bout de sucre », dans l'intention d'amadouer la classe ouvrière et de la réconcilier avec l'État. C'est ainsi que, reprenant les idées des « socialistes de la chaire », il fait voter par le Reichstag une loi d'assurance contre la maladie (1883), une loi d'assurance contre les accidents (1884) et même une loi d'assurance vieillesse (1889). Ces lois passent malgré l'opposition des tenants du libéralisme économique et des socialistes. Ces derniers estiment les cotisations ouvrières trop lourdes par rapport à la part patronale, mais ils dénoncent surtout la manœuvre politique qui est à l'origine de la législation sociale bismarckienne. Cette législation, si elle a le mérite d'être la première en Europe, n'empêche pas de nouveaux progrès socialistes ; Bismarck s'efforce de les combattre par un renforcement de la répression. Il revient, à partir de 1886, à la « politique du fouet ». L'interdiction des rassemblements publics, la multiplication des poursuites judiciaires ne donnent pas les résultats escomptés. Les sociaux-démocrates obtiennent un véritable triomphe aux élections de février 1890, avec 1 427 300 voix et 35 sièges. L'empereur Guillaume II désapprouve, en 1890, les méthodes bismarckiennes, et l'opposition sur les questions sociales apparaît comme l'une des causes de la démission du chancelier.

 

L'essor économique de l'Allemagne

 

Le développement économique de l'Empire bénéficie des mesures imposées par Bismarck pour renforcer l'unité. Le chancelier, avec l'accord du parti national-libéral, représentant des milieux d'affaires, impose une unité monétaire, le mark (1873), et la création d'une banque d'Empire (1875). Il est moins heureux, en revanche, dans sa politique d'unification ferroviaire. Il arrive à étatiser, petit à petit, les chemins de fer prussiens, mais la résistance des autres États et le manque de moyens financiers ne lui permettent pas de racheter aux compagnies privées l'ensemble des voies ferrées allemandes.

 

L'influence de Bismarck est décisive dans le retour de l'Allemagne au protectionnisme. Les difficultés nées de la crise de 1873, de la concurrence de la métallurgie anglaise, de l'invasion des céréales américaines et russes favorisent l'action de groupes de pression protectionnistes, qui trouvent auprès de Bismarck, grand propriétaire terrien, une oreille attentive. Mais le chancelier songe aussi, par une élévation des droits de douane, à augmenter les ressources financières de l'Empire. La loi douanière qu'il fait voter en juillet 1879 ne permet pas de défendre efficacement les intérêts des agriculteurs ; en 1885 et 1887, il obtient le vote d'une nouvelle augmentation des droits sur les blés étrangers.

 

La politique étrangère de Bismarck

 

Bismarck s'intéresse avant tout aux problèmes de politique extérieure. Grand empirique, le chancelier impose ses vues à l'empereur comme à l'état-major, car, pour lui, l'armée ne peut être qu'un instrument technique. Bismarck estime que l'Allemagne ne doit pas imposer son hégémonie en Europe ; satisfait de la réalisation de l'unité, auréolé du prestige de ses victoires sur l'Autriche et sur la France, il lui faut rassurer les puissances. Diplomate de la lignée de Frédéric II, Bismarck repousse le militarisme conquérant, la passion nationale, le pangermanisme ; il est guidé par la raison d'État.

 

« Saturé », le Reich n'a pas à poursuivre une politique d'annexions nouvelles mais, au contraire, à jouer un rôle de modérateur, de conciliateur entre des ambitions rivales. Bismarck entend offrir ses bons offices dans les conflits qui opposent l'Autriche-Hongrie, la Russie, l'Angleterre. Le bloc des puissances conservatrices, Allemagne, Autriche-Hongrie, Russie, apparaît au chancelier comme le plus sûr rempart contre les progrès de la démocratie et du socialisme. Il faut naturellement empêcher une revanche, à laquelle aspire la France, soucieuse de reprendre l'Alsace-Lorraine ; pour cela, il convient de l'isoler, car il lui est impossible de tenter l'aventure sans allié. Partant de ces lignes directrices, Bismarck construit plusieurs systèmes en essayant de concilier des intérêts contradictoires.

 

Par une politique d'intimidation et de menaces, le chancelier entend d'abord exiger de la France le strict respect des clauses du traité de Francfort (10 mai 1871). Soucieux d'obtenir le paiement des 5 milliards, Bismarck se prête, malgré l'hostilité de l'état-major, à des négociations avec Thiers, qui aboutissent à des conventions assurant à l'Allemagne le paiement rapide de l'indemnité, ce qui permet de mettre fin, dès l'automne 1873, aux inconvénients d'une occupation prolongée d'une partie de la France. Il est possible que Bismarck ait accepté de signer la convention du 15 mars 1873 pour ruiner l'ambassadeur Harry von Arnim, qu'il déteste, et soutenir le pouvoir de Thiers.

 

En même temps, Bismarck entend isoler la France et garantir le statu quo européen par une alliance rassemblant les puissances continentales. Le chancelier, qui a ménagé l'Autriche depuis 1866, réussit sans difficulté un rapprochement avec Vienne, d'autant plus qu'il encourage la poussée autrichienne vers les Balkans. Mais alors, comment attirer la Russie, elle aussi soucieuse de développer ses intérêts dans les Balkans, au sein du système ? Bismarck prêche au tsar la solidarité monarchique face à une France républicaine et agressive. L'entrevue des Trois Empereurs à Berlin, en septembre 1872, est suivie d'une série de conventions, conclues en 1873, qui marquent les débuts de l'Entente. L'isolement diplomatique de la France semble assuré, mais l'évolution des relations franco-allemandes et la crise balkanique (1875-1878) viennent affaiblir le système.

 

Inquiet de l'élimination de Thiers, irrité par les critiques de quelques évêques français qui jugent durement le Kulturkampf, très mécontent de voir renaître l'armée française, Bismarck se saisit du prétexte offert par la loi militaire de 1875 pour accuser les tendances revanchardes des Français et les briser par des menaces. Une campagne de presse, des propos tenus par Joseph Maria von Radowitz (1839-1912), familier du chancelier, qui laisse entendre qu'une guerre préventive est possible, inquiètent sérieusement le gouvernement français. Mais la France obtient l'appui diplomatique de la Grande-Bretagne et le soutien énergique de la Russie, qui ne veut pas d'une hégémonie allemande. La manœuvre de Bismarck fait long feu. En soutenant la France, la Russie montre la fragilité du système bismarckien, fragilité encore accrue par la crise balkanique.

 

À la suite de l'insurrection partie de Bosnie-Herzégovine, en 1875, et des représailles turques, la Russie déclare la guerre à l'Empire ottoman en avril 1877. Les victoires russes inquiètent vivement l'Autriche-Hongrie. Pendant toute la crise, Bismarck s'efforce d'éviter les heurts entre ses alliés continentaux. Il évite d'abord de choisir et se montre satisfait de l'accord austro-russe (janvier 1877) qui promet la neutralité autrichienne en cas de conflit russo-turc, en échange de la Bosnie-Herzégovine. Par le traité de San Stefano (mars 1878), la Russie victorieuse impose la création d'une « grande Bulgarie » qui inquiète sérieusement les puissances, notamment l'Autriche. Devant les réactions des puissances, la Russie accepte de négocier. Au congrès de Berlin (été 1878), le chancelier, qui apparaît comme un arbitre, un « honnête courtier », soutient l'Autriche-Hongrie, tout en faisant pression sur Vienne pour obtenir un arrangement avec la Russie. Bismarck a surtout le souci de sauver le système des Trois Empereurs, mais son attitude provoque le mécontentement de la Russie, déçue dans ses espoirs. Le tsar Alexandre II déclare morte l'entente des Trois Empereurs ; dès lors, Bismarck jette les bases d'une nouvelle construction diplomatique.

 

La crise balkanique ayant montré l'impossibilité de maintenir la Russie et l'Autriche-Hongrie au sein d'un même système d'alliances, Bismarck choisit l'Autriche-Hongrie, tout en s'efforçant de maintenir les liens avec la Russie. Le chancelier doit user de la menace de démission pour imposer ses vues à Guillaume I er, plus favorable à Saint-Pétersbourg qu'à Vienne. Le traité austro-allemand du 7 octobre 1879 est, avant tout, une alliance défensive contre la Russie ; l'Autriche n'est pas obligée d'intervenir en cas d'agression française contre l'Allemagne. Bismarck espère ramener le tsar dans l'orbite allemande en suscitant chez les Russes, par des ouvertures à l'Angleterre, la crainte d'un isolement. Le calcul du chancelier se révèle exact : la Russie accepte de négocier. Imposant un véritable ultimatum à Vienne, Bismarck fait céder l'intransigeance autrichienne ; un nouveau traité des Trois Empereurs est conclu le 18 juin 1881. Ce traité, conclu pour trois ans, prévoit la répartition des zones d'influence russe et autrichienne dans les Balkans, et assure à l'Allemagne la neutralité russe en cas de guerre franco-allemande, même provoquée par Berlin. Renouvelé en 1884 pour trois nouvelles années, le traité est un grand succès diplomatique pour Bismarck, d'autant plus que le nouveau système bismarckien s'élargit grâce à l'adhésion de l'Italie en 1882. L'Italie recherche auprès de Bismarck puissance et considération. Souffrant du dédain des grands États européens, elle fait des avances au chancelier, qui n'a guère de sympathie pour ce « petit roquet ». Mais, en cas de guerre franco-allemande, il peut être bon d'imposer à la France une défense de ses frontières alpestres. Malgré les difficultés austro-italiennes dues aux provinces irrédentes, l'Italie, humiliée par la France en Tunisie, est prête à adhérer à une alliance comprenant l'Autriche. Le traité instituant la Triple-Alliance (la « Triplice ») est signé le 20 mai 1882. Traité défensif, avantageux pour l'Italie, il assure à Bismarck- cependant sceptique- un nouvel allié contre la France. Grâce au nouveau système, l'isolement de la France sur le continent est total ; « la machine est si bien montée qu'elle marche toute seule », estime le chancelier.

 

Bismarck peut même pratiquer une politique conciliante à l'égard de la France. Satisfait de la victoire des républicains, au lendemain de la crise de mai 1877, parce qu'une France républicaine n'a aucune chance de trouver une alliée dans cette Europe monarchique, Bismarck multiplie les gestes de conciliation. Il encourage les visées françaises en Tunisie, au Maroc, en Egypte… afin de détourner la France de la ligne bleue des Vosges. À partir de la fin de 1883, il provoque même des conversations franco-allemandes. Le dialogue Bismarck-Jules Ferry, par personnes interposées, montre que Paris se prêterait à des ententes sur des questions coloniales. Mais l'idée de rapprochement, d'alliance n'a aucune chance de succès en France. L'opinion publique ne peut pas accepter une renonciation définitive à l'Alsace-Lorraine, et Jules Ferry craint surtout- et ses craintes sont fondées- une manœuvre bismarckienne destinée, par le biais d'un rapprochement franco-allemand, à brouiller la France et l'Angleterre.

 

La réaction anticolonialiste qui provoque, en 1885, la chute de J. Ferry semble devoir ramener la France à des préoccupations continentales. L'arrivée du général Boulanger- le général « La Revanche »- au ministère de la Guerre, l'activité de la Ligue des patriotes inquiètent l'Allemagne, malgré les déclarations rassurantes du gouvernement français. Pour calmer ces velléités revanchardes, Bismarck fait voter une nouvelle loi militaire, rappelle des réservistes, soumet les Alsaciens-Lorrains, coupables d'avoir élu des adversaires du projet bismarckien, à des mesures rigoureuses. L'affaire Schnæbelé, commissaire de police français arrêté par des policiers allemands en avril 1887, marque le point culminant de la crise, Bismarck, qui n'a pas cherché cet incident, accepte de faire libérer Schnæbelé. En se débarrassant de Boulanger, les républicains font tomber la tension.

 

Malgré ses efforts, Bismarck ne peut pas empêcher l'aggravation de la tension austro-russe à propos des affaires balkaniques. Bismarck est à l'origine de l'alliance secrète conclue en octobre 1883 entre l'Autriche-Hongrie et la Roumanie ; dans les affaires bulgares, en revanche, il freine l'Autriche-Hongrie, car il considère la Bulgarie comme une zone d'influence russe. Cette attitude modératrice du chancelier n'empêche pas le déclin de l'influence russe dans les Balkans, si bien qu'en 1887 le tsar refuse de renouveler le traité des Trois Empereurs. Dans ces conditions, Bismarck s'efforce de remanier son système en renforcant la Triplice, tout en gardant un lien avec la Russie.

 

Le renouvellement de la Triplice, acquis dès 1887, donne l'occasion à Bismarck d'en faire un instrument offensif. La crise bulgare et la crise franco-allemande obligent Bismarck à promettre la défense des intérêts italiens en Afrique du Nord. À ce prix, l'Italie accepte, sur la suggestion du chancelier, de rechercher un accord avec l'Angleterre sur les questions méditerranéennes. L'accord anglo-italien de février 1887 permet à Bismarck d'associer indirectement la Grande-Bretagne à son système. Reste à maintenir un lien avec une Russie décidée à ne plus se commettre dans une alliance comprenant l'Autriche-Hongrie. Déjà l'entourage du tsar comprend des partisans de l'alliance avec la France, mais le clan germanophile reste prédominant. Le 18 juin 1887, la Russie signe avec l'Allemagne le traité secret de réassurance. Conclu pour trois ans, il assure à Bismarck la neutralité russe en cas d'attaque française contre l'Allemagne ; en échange, le chancelier promet son appui diplomatique dans la question bulgare et dans l'affaire des Détroits. Mais ces promesses sont en contradiction avec les autres engagements de Bismarck. Quelques semaines plus tard, lors du réveil de la question bulgare, Bismarck fait pression sur la Russie, notamment en mettant fin aux facilités financières accordées par la Reichsbank aux Russes (novembre 1887) et en faisant allusion au Reichstag à une guerre sur deux fronts (février 1888). Cette menace du chancelier, par ailleurs hostile à une guerre préventive contre la Russie, fait céder le tsar, qui doit accepter un Saxe-Cobourg à la tête de l'État bulgare. Toujours dans le souci d'éviter un rapprochement franco-russe et après l'échec d'une idée d'alliance défensive anglo-allemande, Bismarck songe, dès octobre 1889, au renouvellement du traité de réassurance. La Russie y était disposée au moment de la chute du chancelier.

 

La fin d'une carrière exceptionnelle

 

 

 

La question des relations germano-russes est l'une de celles qui opposent le vieux chancelier au jeune empereur Guillaume II. Depuis 1888, Guillaume appuie les partisans d'une guerre préventive contre la Russie et soutient plus fermement les ambitions balkaniques de l'Autriche-Hongrie. Mais bien d'autres raisons expliquent la démission de Bismarck. Il y a, bien sûr, un conflit de générations entre ce vieillard d'un orgueil immense, persuadé d'être un homme indispensable, et le jeune empereur de trente ans qui n'entend pas vivre à l'ombre du vieux chancelier. Bismarck, presque complètement retiré dans sa tour d'ivoire de Friedrichsruh, n'a que son immense prestige pour résister aux intrigues de la Cour, orchestrées par des hommes qui lui doivent tout, comme Friedrich von Holstein, ou par l'état-major, dirigé par le général Alfred von Waldersee (1832-1904). Son sens de l'intérêt de l'État s'affaiblit au profit de l'intérêt personnel ; il songe à faire de son fils Herbert (1849-1904) son successeur. Aux difficultés du système bismarckien s'ajoute le poids des échecs intérieurs : Kulturkampf, lutte contre les socialistes. Le « cartel bismarckien », comprenant les nationaux-libéraux et les conservateurs, connaît une véritable déroute aux élections de février 1890 en perdant 129 sièges. Bismarck, qui songe d'abord à une dissolution du nouveau Reichstag, doit, pour s'assurer une majorité, se réconcilier avec le Zentrum, qui en profite pour imposer l'abandon des dernières dispositions du Kulturkampf. Inquiet des nouveaux progrès de la social-démocratie, le chancelier veut durcir la législation antisocialiste, mais le jeune empereur recherche une détente qu'il espère provoquer par de nouvelles réformes, notamment une législation sociale plus large, et une atténuation des lois frappant les socialistes. Les deux points de vue s'affrontent dans un conseil de la Couronne. Si Guillaume II ne veut pas être le « roi des gueux », Bismarck entend ménager les intérêts des industriels. Le vieux chancelier impose encore ses idées ; presque tous les ministres le soutiennent, mais c'est le chant du cygne. Dès février 1890, Guillaume II cherche à se débarrasser de Bismarck ; le mois suivant, il exploite divers incidents, reprochant même au chancelier de lui cacher des documents diplomatiques, pour demander sa démission le 19 mars 1890.

 

Ainsi, après vingt-huit ans de pouvoir, Bismarck quitte les devants de la scène allemande et européenne. Déçu, amer, il s'érige en juge pendant les huit années qui lui restent à vivre. Il ne manque pas de critiquer ses successeurs, qu'il considère comme des amateurs maladroits. Mais force lui est de constater que les rouages de l'État tournent sans lui. Il dicte ses Mémoires à son vieux collaborateur Lothar Bucher, ses Pensées et souvenirs (publiés en 1898), qui, naturellement, manquent d'objectivité. Les articles qu'il écrit ou qu'il inspire pour les Hamburger Nachrichten, journal de faible diffusion, montrent un beau talent de publiciste, extrêmement sévère pour son successeur Leo von Caprivi ou pour Adolf von Marschall, et même pour l'empereur. Les polémiques quotidiennes, les critiques qui paraissent dans quelques feuilles dévouées donnent au vieillard l'impression de revivre. Se faisant passer pour victime des intrigues de Caprivi, recevant de nombreux visiteurs, Bismarck contribue à nourrir une légende bismarckienne qui, déjà, s'épanouit. L'empereur, des princes, quatre cents parlementaires viennent célébrer, à Friedrichsruh, le quatre-vingtième anniversaire du vieil homme d'État, mais Bismarck continue à détester Guillaume II et la « clique » de la Cour. Il a beau jeu de démontrer les erreurs de ceux qui, en ne renouvelant pas le traité de réassurance, ont poussé la Russie dans les bras de la France ; il fait à ce sujet des révélations qui tournent au scandale. Hostile à l'expansion coloniale, Bismarck ne voit pas l'intérêt de la politique navale, bien que l'amiral A. von Tirpitz soit venu à Friedrichsruh lui exposer ses idées. Avec une belle obstination, le vieillard, fidèle aux perspectives continentales, reste sourd à la voix des apôtres de la Weltpolitik. Mais, de plus en plus, Bismarck souffrant s'enferme dans le silence. Il s'éteint le 30 juillet 1898.

 

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03/06/2016

30 mai 1431 : mort Jeanne d’Arc ; son cœur resté intact miraculeusement, après le bûcher:

 

 

 

 

 

D’après les témoignages le cœur de la sainte fut l’objet d’un miracle : dans l’impossibilité de le consumer, le bourreau l’a jeté dans la Seine.

 

Concernant sa mort et ce fait, voici la déposition de frère Isambard de la Pierre, dominicain ayant assisté aux événements :

 

« A son dernier jour, Jeanne se confessa et communia. La sentence ecclésiastique fut ensuite prononcée. Ayant assisté à tout le dénouement du procès, j’ai bien et clairement vu qu’il n’y ut pas de sentence portée par le juge séculier. Celui-ci était à son siège, mais il ne formula pas de conclusion. L’attente avait été longue. A la fin du sermon, les gens du roi d’Angleterre emmenèrent Jeanne et la livrèrent au bourreau pour être brûlée. Le juge se borna à dire au bourreau, sans autre sentence : « Fais ton office ! »

 

Frère Martin Ladvenu et moi suivîmes Jeanne et restâmes avec elle jusqu’aux derniers moments. Sa fin fut admirable tant elle montra grande contrition et belle repentance. Elle disait des paroles si piteuses, dévotes et chrétiennes que la multitude des assistants pleurait à chaudes larmes. Le cardinal d’Angleterre et plusieurs autres Anglais ne purent se tenir de pleurer ; l’évêque de Beauvais, même lui, versa quelques pleurs.

 

 

Comme j’étais près d’elle, la pauvre pucelle me supplia humblement d’aller à l’église prochaine et de lui apporter la croix pour la tenir élevée tout droit devant ses yeux jusqu’au pas de la mort, afin que la croix où Dieu pendit, fût, elle vivante, continuellement devant sa vue.

 

C’était bien une vraie et bonne chrétienne. Au milieu des flammes, elle ne s’interrompit pas de confesser à haute voix le saint nom de Jésus, implorant et invoquant l’aide des saints du paradis. En même temps elle disait qu’elle n’était ni hérétique, ni schismatique comme le portait l’écriteau. Elle m’avait prié de descendre avec la croix, une fois le feu allumé, et de la lui faire voir toujours. Ainsi je fis.

 


A sa fin, inclinant la tête et rendant l’esprit, Jeanne prononça encore avec force le nom de Jésus. Ainsi signifiait-elle qu’elle était fervente en la foi de Dieu, comme nous lisons que le firent saint Ignace d’Antioche et plusieurs autres martyrs. Les assistants pleuraient.

 

 

Un soldat anglais qui la haïssait mortellement avait juré qu’il mettrait de sa propre main un fagot au bûcher de Jeanne. Il le fit. Mais à ce moment, qui était celui où Jeanne expirait, il l’entendit crier le nom de Jésus. Il demeura terrifié et comme foudroyé. Ses camarades l’emmenèrent dans une taverne près du Vieux-Marché pour le ragaillardir en le faisant boire. L’après-midi, le même Anglais confessa en ma présence à un frère prêcheur de son pays, qui me répéta ses paroles, qu’il avait gravement erré, qu’il se repentait bien de ce qu’il avait fait contre Jeanne, qu’il la réputait maintenant bonne et brave pucelle ; car au moment où elle rendait l’esprit dans les flammes il avait pensé voir sortir une colombe blanche volant du côté de la France.

 

 

Le même jour, l’après-midi, peu de temps après l’exécution, le bourreau vint au couvent des frères prêcheurs trouver frère Martin Ladvenu et moi. Il était tout frappé et ému d’une merveilleuse repentance et angoissante contrition. Dans son désespoir il redoutait de ne jamais obtenir de Dieu indulgence et pardon pour ce qu’il avait fait à cette sainte femme : « Je crains fort d’être, damné, nous disait-il, car j’ai brûlé une sainte ».

 

 

Ce même bourreau disait et affirmait que nonobstant l’huile, le soufre et le charbon qu’il avait appliqués contre les entrailles et le coeur de Jeanne, il n’avait pu venir à bout de consumer et réduire en cendres ni les entrailles ni le coeur. Il en était très perplexe, comme d’un miracle évident. »

 

 

Et cet extrait de la déposition de Jean Massieu, huissier :

 

« Accompagnée de frère Martin, Jeanne fut conduite et liée, et jusqu’au dernier moment elle continua les louanges et lamentations dévotes envers Dieu, saint Michel, sainte Catherine et tous les saints.
En mourant, elle cria à haute voix : Jésus !

 

Je tiens de Jean Fleury, clerc et greffier du bailli, qu’au rapport du bourreau, le corps étant réduit en cendres, le coeur de Jeanne était resté intact et plein de sang.


On donna ordre au bourreau de recueillir tout ce qui restait de Jeanne et de le jeter à la Seine, il le fit. »

 

 

 

 

 

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22/03/2016

Oui, le peuple français est historiquement de race blanche et de religion chrétienne:

 

 

     
 
 
 Si elle renonce à préserver son identité raciale, ethnique, culturelle et religieuse en abandonnant tout projet de « remigration » des populations inassimilables présentes sur son sol, alors, ajouterait le Général, « la France ne sera plus la France ! »
 
 
 
 

Juriste
Fonctionnaire au ministère des finances
         

 
 
 
      

Les réactions aux récents propos tenus par Nadine Morano sur un plateau de télévision révèlent, une fois encore, l’acharnement de l’oligarchie politico-médiatique à nier l’identité de la nation française, sans pour autant opposer d’arguments sérieux aux mots du général de Gaulle, repris à son compte par l’intéressée : « Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne. »

 

 

La question de l’identité nationale conduit à réfléchir à la notion de peuple. Dans La République, Cicéron affirme : « Par peuple, il faut entendre, non tout un assemblage d’hommes groupés en un troupeau d’une manière quelconque, mais un groupe nombreux d’hommes associés les uns aux autres par leur adhésion à une même loi et par une certaine communauté d’intérêt. »

Pour compléter cette approche, je rappellerai la formule de Charles Maurras : « La France n’est pas une réunion d’individus qui votent, mais un corps de familles qui vivent. »Un peuple, malgré ses querelles intestines, est en effet constitué par l’ensemble de ces cellules de base de la société qui assurent la pérennité de la nation par le renouvellement des générations, qui partagent la même langue, la même culture, les mêmes valeurs morales, la même religion et qui acceptent souverainement l’autorité d’un pouvoir jugé légitime capable de les défendre à l’intérieur de frontières protectrices.

 

Si la France a reçu quelques apports, au demeurant très marginaux et d’origine européenne, de populations immigrées à compter du milieu du XIXe siècle et jusqu’aux années 1970, il reste que depuis les premiers siècles de son existence, elle a connu une stabilité raciale, ethnique et culturelle remarquable reconnue par tous les historiens honnêtes.

 

 

Chrétienne et même catholique par la grâce du baptême de Clovis, converti « au Dieu de Clotilde » après la bataille de Tolbiac en l’an 496, la France a construit une civilisation singulière, expression du génie propre de son peuple.

 

 

Alors qu’est refusée aux Français, comme à l’ensemble des Européens, toute velléité de revendication de leur identité particulière, la plupart des autres peuples peuvent, sans encourir la condamnation des grandes consciences onusiennes, réclamer le droit à perdurer dans leur être en refusant l’immigration de populations exogènes.

 

Ainsi, à l’intérieur même de l’Afrique, bien des États cherchent à préserver leur intégrité en refusant l’arrivée d’étrangers issus de tribus différentes, venus pourtant de contrées limitrophes. Soucieux de l’intérêt de son peuple, un dirigeant de Côte d’Ivoire revendiqua naguère le droit de protéger « l’ivoirité » de son pays. Quant au poète et homme politique antillais Aimé Césaire, n’a-t-il pas évoqué le « génocide par substitution »de la population de la Martinique ?

 

Enfin, le destin du peuple juif apparaît emblématique à cet égard : pour ne pas disparaître en tant que communauté spécifique, il veille à assurer sa descendance en appelant ses enfants à convoler exclusivement entre coreligionnaires.

 

 

Si elle renonce à préserver son identité raciale, ethnique, culturelle et religieuse en abandonnant tout projet de « remigration » des populations inassimilables présentes sur son sol, alors, ajouterait le Général, « la France ne sera plus la France ! »

 

 

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