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13/08/2013

Jour de deuil pour la patrie: la bataille de Reichshoffen

Aux Pasteurs et Paroissiens de l'Eglise Luthérienne synode de France

en témoignage de respect et  reconnaissance.

Pasteur Blanchard 

C’est sous ce nom qu’est rentré dans le mythe français cet épisode tragique de la guerre franco-prussienne.
Ce jour-là, en Alsace, la bataille fait rage, principalement sur les territoires des communes de Woerth, de Frœschwiller et de Morsbronn.
Le nom de Reichshoffen est passé à la postérité car l’état major de Mac-Mahon s’y trouvait ainsi que plusieurs escadrons de cuirassiers (cavalerie lourde) qui y étaient basés et qui s’illustrèrent dramatiquement pendant la bataille.
Courageusement, les Français se battirent à un contre quatre et les fameux « cuirassiers de Reichshoffen » (de la brigade Michel) se sacrifièrent héroïquement lors de grandes charges contre les Prussiens qui les piégèrent et qui les abattirent quasiment à bout portant ; comme ce fut notamment le cas à Morsbronn, où les cuirassiers chargèrent contre le village et s’engouffrèrent dans les rues étroites, s’offrant ainsi à l’ennemi embusqué dans les maisons.
La défaite des troupes françaises entraina la perte de la province, mais le sacrifice des cuirassiers permit la retraite de l’armée de Mac-Mahon, en bon ordre, au lieu du désastre initialement redouté.
Ci-dessous le récit épique de cet épisode, tiré du livre de Jules Mazé, L’Année terrible. Les étapes héroïques.

L’escadron de tête du 9e cuirassiers fonce sur Morsbronn, les chevaux se cabrent, se renversent, glissent ; l’on entend un grand cri, puis l’escadron disparaît comme si le sol s’était ouvert devant lui. Les malheureux cavaliers, entraînés par la force acquise, viennent de tomber sur une route placée en contre-bas et formant ravin, et s’y écrasent dans un pêle-mêle affreux.
A la voix du colonel Guiot de la Rochère et du lieutenant-colonel Lardeur, les autres escadrons exécutent un à droite et contournent le village par le nord.

Le village de Morsbronn se compose d‘une longue rue étroite et légèrement tortueuse, qui est un morceau de route, et de ruelles qui sont des morceaux de sentiers. A droite et à gauche de la route, plantées un peu au hasard, des maisons profilent leurs sombres silhouettes, des maisons très basses, crevassées et rapiécées, vieilles et proprettes, aux escaliers boiteux, aux fenêtres toutes petites pareilles à des yeux sans vie, aux toits débordants ; on dirait de très vieilles personnes, des aïeules ridées, voûtées, cassées, que la mort aurait oubliés ou dédaignées.
Vers l’ouest, à travers le rayon lumineux qui glisse entre les toits, l’on aperçoit, comme par le petit bout d’une lorgnette, les vergers et les vignes de Gunstett.
En somme, Morsbronn est un boyau.
Dans ce boyau s’engouffre un escadron du 8e cuirassiers. On dirait une trombe roulant dans une gorge profonde, – mais la gorge a des murailles de feu ; la trombe balaye tout, elle assomme, elle broie, mais les vieilles maisons basses expectorent des balles par toutes leurs ouvertures.
Farouches, les dents serrées, les yeux agrandis, les cuirassiers excitent sans cesse leurs montures. Encore un instant, et l’escadron pourra sortir du boyau ; encore quelques bonds des grands chevaux, et les sabres s’offriront de nouveau au poème du soleil.
Mais la gorge tient en réserve une trahison.

Au moment où l’escadron, sans ralentir son allure de cyclone, fourbe sa ligne dans le dernier coude de la route étroite ses premières files se heurtent à une barricade faite de charrettes pesantes ; un arrêt brusque se produit en tête, et les files qui suivent s’abattent les unes sur les autres, se pressent, se renversent, pendant que les Prussiens, embusqués derrière les murailles grises, tirent de si près sur ce chaos sans nom, que les tuniques des hommes atteints brûlent comme de l’amadou autour des blessures.
Alors, fous de rage, – Dons Quichottes sublimes de l’héroïsme et de la gloire, – les cuirassiers chargent contre les maisons basses, brisent leurs lattes sur ces murs qui sont comme les boucliers de la mort, et tombent l’un après l’autre en criant : « Vive la France ! » Mais aux rugissements de ces lions furieux de grands cris ont répondu, d’autres escadrons accourent, éventrent la barricade, massacrent ses défenseurs, chargent partout, fouillent de leurs longues lattes l’ombre des vieilles maisons et chassent les Prussiens de Morsbronn.
Ayant accompli cette rude besogne, les escadrons-squelettes se réunissent au sud du village, sous le déluge de fer des batteries, ou les attend un fourmillement noir.

« Chargez ! –chargez ! »

L’ héroïque folie de ces géants dépasse la limite des choses humaines, il semble que pas un ne veuille survivre à ceux qui dorment sur le flanc de la colline dans un linceul de soleil.
On voit la colonne creuser des sillons dans les champs de lin, ouvrir des tranchées dans les houblonnières. Ce n’est plus une trombe, c’est un bolide effrayant devant lequel tout fuit et qui passe, en hurlant, sous un nuage de mitraille.
Enfin les cuirassiers s’arrêtent, ayant rempli jusqu’au bout leur fabuleuse mission ; pour la première fois ils regardent en arrière, et leurs yeux brillants de fièvre semblent chercher quelque chose.
Ces héros cherchent leur régiment.
Hélas ! ils sont là cinquante, qui restent pour porter le deuil du 8e cuirassiers.
Mais si ces hommes admirables ont rempli la mission qui avait été confiée au régiment, ils n’ont pas atteint encore le terme du calvaire de souffrance.
Guidés par leur colonel, qui fut toujours en avant, ils cherchent des chemins détournés pour rejoindre les troupes françaises et s’engagent bientôt dans un vallon minuscule dont nul massacre ne troubla la paix, où frissonne sous l‘herbe et la mousse un ruisselet tranquille vers lequel les grands chevaux tendent leurs langues altérées.

Tout à coup ils perçoivent un bruit sourd, un grondement pareil à la rumeur lointaine d’une mer roulant sur les galets d’une plage ; puis derrière eux, à quelques centaines de mètres, ils voient apparaître un régiment de cavalerie prussienne, des hussards dont les uniformes bleu sombre zébrés de tresse et de fourragères blanches s’enlèvent sur la verdure avec une netteté singulière.
De leur côté, les Prussiens ont aperçu cette poignée de cavaliers déguenillés, et, bénissant le destin qui paraît leur offrir un triomphe facile, ils pointent vers les cinquante français cinq cents sabres étincelants qui forment au –dessus du sol un voile de clair métal, où les temps d’un galop furieux mettent des ondes lumineuses.
Les cuirassiers ne peuvent demander un nouvel effort à leurs montures épuisées. Officiers et soldats, pistolet ou revolver dans la main droite, sabre dans la main gauche, se sont rangés sur une seule ligne, coude à coude, – cœur à cœur, – et attendent de pied ferme le choc de tout un régiment ; c’est comme une mince barrière qui serait dressée devant un train lancé à toute vapeur.
Les Prussiens arrivent à quinze mètres de la ligne.
« Feu ! »
La fière attitude des soldats de Morsbronn, bien plus que le bruit des inoffensifs pistolets d’arçon, surprend les houzards bleus, les trouble, les arrête.
« En avant !»
Le colonel » de la Rochère s’élance, entraînant non ses cuirassiers, on n’entraîne pas de tels hommes, mais les chevaux épuisés. L’escadron de tête de la colonne ennemie recule, mais est ramenée aussitôt par la poussée des autres escadrons, et trois fois le régiment tout entier vient briser son élan contre la mince barrière des poitrines françaises. Alors découragés, meurtris, les houzards bleus font demi-tour et disparaissent, se fondent dans les teintes dégradées de la symphonie des verts.

Cette fois, la route était libre devant les cinquante héros du 8e cuirassiers. A la nuit, ils arrivèrent à Saverne, où la renommée, déjà, avait chanté leur gloire.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Le 8e cuirassiers, après s’être séparé du, 9e – son frère en héroïsme, – devant le centre de Morsbronn, exécuta vers l’ouest une marche dangereuse pendant laquelle le régiment s’offrit tout entier, cible étincelante, aux terribles batteries de Gundstett, dont la fumée promenait des ombres sur la verdure frissonnante.
Au moment où, à l’est, le 8e s’engouffrait dans le village, le 9e, a l’ouest, tombait sur la route qui traverse Morsbronn, et, décrivant un arc de cercle, se trouvait face à l’extrémité du boyau formé par les vieilles maisons grises, dont cinq cent mètres de route blanche le séparait.

« Chargez ! »
Derrière les Cuirassiers, les canons prussiens vomissent du fer avec des hoquets effrayants ; devant eux crépitent les fusils d’une nuée de tirailleurs ; sur leur gauche, une compagnie de pionniers des rangs entiers.
Ne pouvant rien contre les canons, dédaignant les tirailleurs, le régiment fonce sur les pionniers comme un sanglier blessé, sanglier aux trois cents boutoirs d’acier, digne des légendes merveilleuses de la vieille Ardenne.
Devant cette masse, les pionniers ont formé bloc, sans cesser de tirer, et courageusement ils attendent le choc des escadrons.

« Chargez ! chargez ! »

Les balles font tinter les cuirasses, les fourreaux martèlent les étriers, les trompettes piquent leurs notes grêles et rageuses sur le fracas des canons, des hommes et des chevaux s’abattent avec le bruit sinistre de murailles qui s’effondrent ; bientôt l’on entend des cris, des hurlements de fauves en fureur, on voit les cuirassiers tourbillonner autour du bloc, les sabres se lèvent et s’abaissent, les chevaux se cabrent, ruent et mordent ; enfin, sous les coups des boutoirs d’acier, le bloc finit par se briser, par s’émietter, et la charge se termine par une chasse infernale dans les houblonnières, où se sont réfugiés les pionniers.
Ayant ainsi débarrassé son flanc gauche, le régiment se reforme et se rue, à travers vignes et vergers, vers le village sombre que le 8e cuirassiers vient de quitter pour descendre dans la vallée.
S
oudain des voix étranges palpitent dans le grondement de l’avalanche, des voix blanches de rêve qui paraissent sortir du sol :

« Vengez-nous ! Vive la France ! » disent les voix.

Les cuirassiers se penchent, regardent, et, chose affreuse, ils aperçoivent sous les sabots de leurs chevaux des blessés du 8e étendus dans l’herbe sanglante.
Le destin, qui menait à l’abîme les soldats du 9e cuirassiers, les condamnait en outre à écraser leurs frères.
L
a guerre, c’est la guerre !
Les cuirassiers passent, emportant la vision terrible de ces martyrs, et criant :
« Vengeons-les ! vengeons nos frères !»
Devant eux, les rayons du soleil se jouent sur des toits moussus, et la voix du vieux clocher de Morsbronn ouvre ses bras sous l’azur comme pour bénir ; c’est une vision de paix succédant à la vision de sang. Mais la mort veille derrière les murailles grises ; goule insatiable, elle attend les escadrons superbes que va lui livrer le destin.
Dans le village en effet des ombres glissent, elles emplissent les maisons basses, elles débordent dans les ruelles, comblent tous les vides, s’allongent derrière des barricades élevées à la hâte et sans bruit, grouillent partout ; on dirait une mer reprenant possession de son lit à l’heure du flux.
« Chargez ! chargez ! »
Soudés à leurs chevaux, sabres en avant, casqués de soleil, les cuirassiers visent l’entrée du boyau, fondent sur Morsbronn en criant toujours :
« Vengeons nos frères ! »
Et plus loin, là-bas, des blessés tournent vers le village maudit leurs regards de fièvre, et répètent dans leur agonie :
« Vengez-nous ! Vive la France ! »
Soudain il semble que la masse des escadrons s’effondre, qu’une folie subite jette tous ces hommes, tous ces chevaux l’un sur l’autre : cette force en mouvement vient de se heurter à de l’inerte ; quelques charrettes renversées, quelques planches ont suffi pour briser l’élan du torrent d’héroïsme.

Alors les ombres se montrent, des canons de fusil trouent les yeux mornes des vieilles maisons, hérissent la barricade, et les balles, par essaims, pleuvent sur les cuirassiers, qui s’entassent devant l’entrée du boyau.

C’est un carnage, une boucherie. La mort taille sans relâche dans le troupeau mugissant, troupeau de lions, qui s’obstine contre l’impossible ; les hommes et les chevaux tombent comme des épis mûrs sous une averse de grêle, et pourtant pas un cuirassier du 9e ne songe à tourner bride, les balles ne frappent que des poitrines ; dans l’épouvantable tourmente pas une conscience ne faiblit.

Enfin la barrière s’entrouvre, des hommes démontés ont réussi à faire une brèche dans la barricade, et, spectacle sublime, l’ont voit ceux des géants qui sont encore en selle s’engager l’un après l’autre dans cette brèche ouverte sur un enfer, sur une tombe.
Aveuglés par les éclairs des fusils, par la fumée, par les balles ils chargent aussitôt dans toutes les directions, tombent, se relèvent tombent encore. Bientôt le 9e cuirassier aura vécu.
Le colonel Waternaud a le premier utilisé la brèche, et dans le boyau sillonné par les balles, sa haute silhouette se dresse, immobile, telle la statue d’un dieu dans le clair-obscur d’un temple.

Tout à coup la statue s’anime.
Voyant tomber sans profit ses cuirassiers, estimant que le régiment a noblement rempli son devoir envers l’armée, envers la France, le colonel réunit autour de lui tout ce qu’il peut trouver d’officiers et de soldats et se met à leur tête ; puis la petite troupe charge plusieurs fois aux cris de « Vive le colonel ! » essayant de sortir du village, de gagner la route libre sous un ciel libre.

Mais les chevaux n’ont plus la vigueur nécessaire pour culbuter les lignes prussiennes ; les pauvres bêtes vacillent, de longs frissons les secouent, leurs bouches mâchonnent une bave sanglante.
C’est fini.Il n’y a plus rien à espérer, pas même à mourir, car les fusils sont devenus muets ; il n’y a plus rien à tenter, car des milliers de Prussiens entourent la poignée de héros, contemplant avec un étonnement mêlé d’admiration ces soldats magnifiques que leur livre une trahison du sort, ces prisonniers qui portent la gloire immortelle de tout un régiment.
Vers le soir, une troupe française rencontra quelques cavaliers, qui erraient sous les étoiles naissantes et paraissaient brisés de fatigue.
Un officier cria :
« Qui vive ? »

Une voix faible répondit :
« 9e cuirassiers. »

Puis les cavaliers approchèrent, ils étaient dix-sept, dont deux officiers.
L’un des officiers étendit le bras dans l’ombre et dit tristement :
« Les autres sont là-bas, morts, … blessés, … prisonniers…»

Alors le commandant de la troupe fit présenter les armes.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Les deux escadrons du 6e lanciers, commandés par les capitaines Lefèvre et Pouet, ont suivi jusqu’au bout le 9e cuirassiers dans la marche à l’abîme ; ils ont chargé avec lui sur Morsbronn, et leurs morts dorment avec les siens dans les sillons de la terre d’Alsace.
Ils furent associés aux cuirassiers dans le danger, ils doivent donc l’être aussi dans la gloire.
En jetant les mille sabres de la brigade Michel dans la balance de la fortune, le général de Lartigue avait sauvé sa division et, avec elle, l’armée française tout entière.


Les escadrons superbes lancés soudain sur les pentes fleuries dans la coulée d’or du soleil arrêtèrent pendant un instant la marche méthodique de l’écrasement, immobilisèrent la branche la plus menaçante de la tenaille, et permirent ainsi à notre aile droite, trop engagée, d’échapper à une étreinte qui eût été mortelle.
Avant la charge, l’armée de Mac-Mahon pouvait craindre un désastre ; après la charge, elle put envisager la possibilité d’une retraite honorable.
Cette retraite commença bientôt ; elle fut protégée au début par les quatre régiments de cuirassiers de la division de Bonnemains, qui se sacrifièrent comme s’étaient sacrifié les régiments de la brigade Michel, qui couronnèrent l’œuvre admirable des cuirassiers de Morsbronn.
A tous ces fiers cavaliers, à ceux de la division de Bonnemains comme à ceux de la brigade Michel, l’histoire assure l’immortalité.
Mais la légende, qui émane de l’âme des peuples, a réservé ses faveurs pour les héros de Morsbronn, – dont elle a fait les cuirassiers de Reichshoffen, – et a semé autour de leur immortalité ses fleurs d’idéal et de poésie.

 

 

 

 

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16/07/2013

C’était un 15 juillet : la libération de Jérusalem par les croisés

 

Le vendredi 15 juillet 1099, les croisés enlèvent aux musulmans la ville de Jérusalem. Ils ont quitté l’Europe occidentale trois ans plus tôt et effectué une interminable et périlleuse marche pour répondre à l’appel du pape Urbain II et reprendre aux Infidèles le tombeau du Christ.

Pendant le siège, plusieurs tentatives avaient été faites, mais furent toutes repoussées. Trois machines de siège furent terminées et amenées près des murs dans la nuit du 14 juillet. Elles permirent la conquête de la ville sainte.
Godefroy de Bouillon devient Advocatus Sancti Sepuchri (Avoué du Saint Sépulcre) le 22 juillet, refusant d’être roi dans la ville où mourut le Christ.

Le 12 août, Godefroy conduisit une armée, avec la Sainte Croix qui venait d’être découverte à Jérusalem, combattre l’armée fatimide  (égyptienne), qu’il écrasa à Ascalon (ou Ashkelon), bien qu’elle fut très supérieure en nombre.

Mais après la victoire, la plupart des croisés considérèrent leur vœu accompli et retournèrent en Europe.
Cependant, leur succès permit la création du royaume latin de Jérusalem.

Pour creuser le sujet, on pourra lire avec profit le livre de Jacques Heers : Libérer Jérusalem, la première croisade (disponible ici, ainsi qu’en format de poche

 

 

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14/05/2013

Saxe primitive

 
La Saxe primitive occupe presque tout le nord de l'Allemagne actuelle et le sud du Danemark

La Saxe primitive était une région germanique, au cours de l'époque mérovingienne, qui fut intégrée au Saint-Empire germanique au début de la période carolingienne. Autrefois à la limite du territoire romain, cette région a connu le passage et l'installation de plusieurs groupes ethniques cousins, globalement appelés les Germains à la fin de l'Antiquité. Sans unité politique, la Saxe était morcelée en plusieurs chefferies ou petits royaumes, avant de susciter l'intérêt de ses voisins occidentaux, les Francs. Ceux-ci, alliés à Rome, mêlent leurs intérêts politiques aux visées évangélisatrices du clergé pour grignoter la zone d'influence saxonne. Ce pays fut définitivement conquis par les Carolingiens en 804, et fut érigé en duché par Louis le Germanique en 843 : voir duché de Saxe.

Elle commençait à l'est du Rhin, vers les rives de l'Ems et au nord de la Lippe, et s'étendait au nord jusqu'à la Baltique et à l'Eider (au Danemark), à l'est un peu plus au-delà de l'Elbe. La Saxe avait pour limites la Thuringe au sud, la zone d'influence franque à l'ouest, la Frise et le pays des Danois au nord, et celui des peuplades slaves établies à l'ouest de l'Oder à l'est. Elle se composait de trois grandes masses ; l'Angrie, la Westphalie, et l'Ostphalie.

Le nom historique de la Saxe est naturellement lié à celui des Saxons, notamment installés dans la future Grande-Bretagne, et à la Saxe actuelle, en Allemagne.

Histoire

Premières armoiries de la Saxe.
Conversion des Saxons.
  • Vers 200 - 400 : Les Saxons, qui vivaient jusque là au nord de la rivière Elbe dans le Holstein, s'installent dans la partie sud (de nos jours la Basse Saxe), Westphalie et Eastphalie.
  • Ve siècle: Des Saxons vont en Angleterre, ensemble avec les Angles et y fondent quatre des États de l'Heptarchie.
  • Au début du VIe siècle : Les Saxons arrivent au Rhin.
  • 531 : Saxons et Francs détruisent le royaume de Thuringe. Les Saxons habitent dans la région jusqu'à la rivière Unstrut.
  • VIIe siècle: Élection des premiers ducs, mais seulement en temps de guerre. À partir de Clotaire II, ils doivent payer le tribut aux Francs
  • 718 : Le Franc Charles Martelfait la guerre contre la Saxe à cause de l'aide aux Neustriens.
  • 743 : Le Franc Carloman commence une nouvelle guerre contre la Saxe qui apporte son aide à Odilon de Bavière.
  • 772-804 : Le roi franc Charlemagne, futur empereur d'Occident, engage une guerre de 32 ans contre le duché de Saxe.
    • 772 : Charlemagne occupe le château d'Eresburg près de Paderborn et détruit l'Irminsul, un lieu sacré saxon.
    • 773 : Charlemagne va en Italie. Les Saxons saisissent l'occasion et réoccupent l'Eresbourg.
    • 774/775 : L'armée de Charlemagne marche contre la Saxe de nouveau. Les Francs réoccupent le château d'Eresburg, ainsi que celui de Sigibourg. À Höxterles Francs traversent la rivière Weser et la guerre contre la partie Eastfalienne.
    • 776 : Charles à nouveau en Italie. Les Saxons réoccupent les deux châteaux.
    • 777 : Charlemagne construit le Karlsbourg près de Paderborn. Il appelle pour le Heerschau. Quelques Saxons viennent et se convertissent à la religion chrétienne.
    • 779 : Le duc saxon Widukind de la maison des Bruonscommence une guerre de guérilla contre les Francs. L'armée de Charlemagne marche vers le nord jusqu'à l'Elbe.
    • 782 : Charlemagne fait son Blutgericht à Verden sur la rivière Aller. Il ordonna de tuer plus de 4.500 Saxons. Charlemagne prend la réputation en Saxe de Charles le boucher.
    • 783 : Batailles près de Detmold et à la rivière Hasel. Les Saxons perdent les deux combats. Le duc Widukind retraite jusqu'au château Widukindsburg près de Osnabrück.
    • 784 : Bataille dans le Dreingau
    • 785 : Les Francs attrapent Widukind. Il devient chrétien.
    • 787 : Charlemagne entreprend la conquête religieuse de la Saxe et prend des mesures sévères - par le capitulaire « de Partibus Saxonis » obligeant les Saxons à respecter les Chrétiens et à se convertir au christianisme, sous peine de mort.
    • 792-795 : Les Saxons se dressent contre les Carolingiens.
    • 796-799 : Charlemagne ordonne une nouvelle marche contre les Saxons.
    • 804 : La dernière résistance des Saxons est éliminée par les Carolingiens.

 

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07/05/2013

Brêve histoire de la Prusse ( Archive du 21 01 2013)

 

L'État monastique des chevaliers teutoniques (1224 - 1525)

Article détaillé : État monastique des chevaliers teutoniques.

La Prusse est à l'origine un territoire aux confins de l'actuelle Pologne et de la Russie, dont le nom vient d'une déformation du nom du peuple balte autochtone, les Borusses, les "presque Russes". Sa colonisation est due aux Chevaliers Teutoniques qui la disputèrent bientôt aux Polonais et son territoire fut dès lors peuplé majoritairement d'Allemands.

 

 

La Prusse royale (1466 – 1772)

Article détaillé : Prusse royale.

Parallèlement, en 1415, l’électeur de Brandebourg, l'empereur Sigismond Ier, issu de la Maison de Luxembourg, endetté vis-à-vis d’un représentant de la famille des Hohenzollern, petits burgraves du sud de l’Allemagne, donne alors à Frédéric de Hohenzollern l’électorat et la marche de Brandebourg. Frédéric Ier est donc nommé gouverneur de la marche du Brandebourg et est investi électeur par le concile de Constance.

Finalement, par le traité de Thorn signé en 1466, l'Ordre teutonique cède la partie est de la Poméranie orientale au Royaume de Pologne qui devient alors la Prusse royale et restera polonaise durant trois siècles.

 

 

Le duché de Prusse (1525 – 1701)

Article détaillé : Duché de Prusse.

En 1525, le grand maître de l'Ordre teutonique, Albert de Brandebourg-Ansbach, de la famille souabe des Hohenzollern, adopte le luthéranisme et transforme la Prusse orientale, possession de l'Ordre, en duché héréditaire et vassal du royaume de Pologne lors du traité de Cracovie du 8 avril 1525. Cet État devait rester aux Hohenzollern durant quatre siècles, jusqu’en 1918.

 

 

Le Brandebourg-Prusse (1618 – 1701)

Article détaillé : Brandebourg-Prusse.

En 1618, Jean Sigismond de Hohenzollern, électeur de Brandebourg et descendant direct de Frédéric Ier de Brandebourg, hérite du duché de Prusse à la mort de son beau-père Albert Frédéric de Prusse, dernier duc décédé sans héritier mâle survivant. Cette union personnelle entre la marche de Brandebourg et le duché de Prusse durera quatre-vingt trois ans et sera à l'origine de création du Royaume de Prusse.

 

 

Le royaume de Prusse (1701-1918)

Article détaillé : Royaume de Prusse.

En 1688, Frédéric III devient prince-électeur de Brandebourg, son ambition est de se faire couronner roi de Prusse. Il obtient satisfaction en 1701, sous le nom de Frédéric Ier avec le titre de « roi "en" Prusse » (la Prusse ne faisant pas partie de l’Empire contrairement au Brandebourg, en fait aucune personne ne peut être couronnée roi à l'intérieur du Saint-Empire romain germanique). Les Hohenzollern balaient bien vite cette nuance pour se faire appeler « rois de Prusse ». Désormais, toutes les possessions des Hohenzollern sont réunies au sein du royaume. Le terme de Prusse désigne alors des territoires qui ne font pas partie de la « Prusse originelle ».

Sous le règne de Frédéric II de 1740 à 1774, le royaume prussien devient une grande puissance politique et militaire, accroissant considérablement son territoire par l'acquisition notamment de la Silésie (en 1742) et Prusse polonaise (correspondant plus tard à la province de Prusse-Occidentale), lors du 1er partage de la Pologne en 1772.

À la fin du XVIIIe siècle, le territoire prussien s'agrandit encore vers l'est lors des 2e et 3e partages de Pologne en 1791 et 1795.

Durant les guerres napoléoniennes, le royaume de Prusse est l'un des plus ardents adversaires de l’Empire français. Vaincue à Iéna et Auerstaedt en 1806, presque anéantie, la Prusse participe activement au soulèvement allemand de 1813, à la campagne de France en 1814 puis est finalement victorieuse aux côtés des britanniques à Waterloo en 1815. À ce titre, elle est l'un des principaux bénéficiaires du Congrès de Vienne en acquérant pratiquement toute la Rhénanie et la Westphalie, formant ainsi une Rhénanie prussienne (ou Prusse rhénane). L'adjonction de ces territoires permet à la Prusse de renforcer considérablement son poids économique, la Prusse rhénane étant la première région minière d'Allemagne.

Le puissant royaume prend vite l'ascendant sur les États du nord de la Confédération germanique avec lesquels il constitue une Zollverein (Union douanière) en 1834.

La guerre des Duchés contre le Danemark, permet au roi Guillaume Ier, sous l'impulsion de son Premier ministre Otto von Bismarck, de s'emparer du duché de Schleswig en 1864. Puis, après la bataille de Sadowa et l'éviction de l'empire d'Autriche en 1866, la Prusse prend la tête de la confédération de l'Allemagne du Nord et obtient le duché de Holstein.

La guerre contre la France permet au Royaume et à ses alliés allemands de parfaire l'Unité allemande en fondant en 1871 l'Empire allemand (2e Reich, le 1er — le Saint-Empire romain germanique — ayant été dissous en 1806 par François II sous la pression de Napoléon, lorsque l'empereur du Saint-Empire renonça à la couronne d'Allemagne pour n'être plus qu'empereur d'Autriche), dans lequel le royaume de Prusse tient une part prédominante, puisque son souverain Guillaume Ier en devient l'empereur.

On désigne alors par Prusse deux provinces du royaume : celle de Prusse-Occidentale et celle de Prusse-Orientale, qui pendant un temps ne forme qu'une seule Province de Prusse.

La défaite allemande en 1918 à la fin de la Première Guerre mondiale et l'explosion révolutionnaire dans les grands centres urbains balaient l’Empire et la dynastie des Hohenzollern : Guillaume II, petit-fils et successeur de Guillaume Ier abdique en novembre 1918.

 

 

État libre de Prusse (1918-1947)

Article détaillé : État libre de Prusse.

Dans ce contexte de crise politique et économique, l’Allemagne se constitue en une république (la République de Weimar) dont la Prusse n'est plus qu'un simple Land : l'État libre de Prusse (Freistaat Preußen). Malgré les amputations territoriales que l'Allemagne devra subir au traité de Versailles et qui toucheront essentiellement le territoire de l'ancien « Royaume de Prusse », celle-ci reste le plus grand des dix-sept länder allemands de l'époque.

Son Landtag demeure longtemps socialiste, ce qui retarde l'arrivée des nazis au pouvoir, mais aux élections de 1932 la Prusse tombe directement sous l'influence du national-socialisme. Avec l'avènement d'Adolf Hitler, en 1933, elle perd ses dernières institutions autonomes et s'intègre au Troisième Reich.

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, les puissances occupantes décidèrent de la disparition symbolique de ce qu'elles considéraient comme le berceau du militarisme allemand : le 25 février 1947, leurs représentants proclamèrent la dissolution de l'État prussien et expulsèrent tous ses derniers habitants allemands qui n'avaient pas encore fui, pour les remplacer par des Polonais ou des Soviétiques venus de l'est.

C'est pourquoi, le terme de « Prusse » n'est plus porté par aucun des seize Länder qui composent aujourd'hui l'Allemagne, réunifiée depuis 1999

 

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01/05/2013

Saxe historique

 

Duchés de Saxe

Le duché de Saxe appartient à diverses maisons et changea plusieurs fois de forme et d'étendue. Les ducs de Saxe avaient la dignité de prince-électeur. On distingue généralement :

  • le premier duché de Saxe (843-1180) : la Saxe fut érigée en duché par Louis le Germanique en 843. Suite à la trahison du duc Henri le Lion, l'Empereur Frédéric Ier Barberousse dépeça ce duché en 1180.
  • le deuxième duché de Saxe (1180-1422) : un deuxième duché, réduit, fut alors créé au profit de la maison d'Ascanie.
  • le troisième duché de Saxe, dit aussi duché électoral par opposition aux autres duchés saxons (1422-1806) : quand la branche ascanienne de Saxe-Wittemberg s'éteignit, le duché fut transféré à la maison de Wettin. Partagé entre les branches ernestine et albertine de cette maison, une partie (le duché de Saxe proprement dit) conserva la dignité électorale et constitua l'origine du royaume de Saxe, l'autre partie, aux cours d'héritages successifs, fut divisée en de multiples duchés saxons.
 

Royaume puis république de Saxe (1806-1990)

Napoléon Ier érigea en royaume le duché de Saxe dans le cadre de son alliance avec le duc Frédéric-Auguste III. En 1815, une grande partie du territoire du royaume fut donné à la Prusse pour constituer la Saxe prussienne. Le royaume de Saxe ainsi diminué subsista jusqu'à la chute de l'empire allemand en 1918. La monarchie s'effondra pour laisser la place à un État libre de Saxe qui fut intégrée au Troisième Reich hitlérien puis à la République démocratique allemande jusqu'à la réunification de l'Allemagne en 1990.

Article détaillé : Royaume de Saxe.

Saxe administrative

Drapeau de la Saxe

Dans la division du Saint-Empire romain germanique en cercles impériaux, la Saxe recouvrait :

Saxe actuelle

Dans la division actuelle de la République fédérale d'Allemagne en länder, la Saxe historique recouvre :

 

 

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