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07/03/2014

EVANGELISME ET FONDAMENTALISME AU COURS DU XXe SIECLE AUX ETATS-UNIS(3)

 

Fondamentalistes 3.jpg

 

 

Neal BLOUGH

 

 

Au fur et à mesure qu'on a essayé de définir l'identité évangélique, on a découvert qu'il y

 

avait beaucoup d'Eglises et de mouvements qui se considèrent comme étant évangéliques.

 

 

Néanmoins, les différences entre ces groupes divers qui se disent évangéliques sont parfois

 

considérables (charismatiques, baptistes du sud, les « non-dénominationnels », les frères, les

 

mennonites, les blocs évangéliques au sein des grandes dénominations protestantes, etc.)(2).

 

 

Il est vrai que Billy Graham a joué un rôle important pour créer l'identité évangélique et

 

pour donner une cohérence au mouvement. Le congrès mondial sur l'évangélisation à Berlin (1966)

 

et le Congrès de Lausanne (1974) et, beaucoup plus récent, le congrès de Manille, sont des repères

 

importants dans l'identité des évangéliques.

 

 

Peut-être la manière manière de décrire l'identité théologique évangélique est de simplement

 

rappeler les sept points principaux de la confession de foi de la National Association of

 

Evangelicals, (qui sont repris dans la déclaration de foi de l'Alliance Evangélique Française) :

 

Nous croyons :

 

 

-à l'Ecriture Sainte, Parole infaillible de Dieu, autorité souveraine en matière de foi et

 

de vie ;

 

- en un seul Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit de toute éternité ;

 

- en Jésus-Christ notre Seigneur, Dieu manifesté en chair, né de la Vierge Marie, à son humanité

 

 exempte de péché, ses miracles, sa mort expiatoire et rédemptrice, sa résurrection

 

corporelle, son ascension, son oeuvre médiatrice, son retour personnel dans la puissance et la

 

gloire ;

 

- au salut de l'homme pécheur et perdu, à sa justification non par les oeuvres mais par la seule foi

 

grâce au sang versé par Jésus-Christ notre Seigneur, à sa régénération par le Saint-

 

Esprit ;

 

- en l'Esprit-Saint qui, venant demeurer en nous, nous donne le pouvoir de servir

 

Jésus-Christ, de vivre une vie sainte et de rendre témoignage ;

 

- à l'unité véritable dans le Saint-Esprit de tous les croyants formant ensemble l'Eglise

 

universelle, corps du Christ ;

 

- à la résurrection de tous : ceux qui sont perdus ressusciteront pour le jugement ; ceux

 

qui sont sauvés ressusciteront pour la vie.

 

 

IV. Rapports avec la société américaine

 

 

Pour beaucoup de Français, le protestantisme américain est connu par ce que la presse en

 

raconte, et dans les dernières années, cela concerne surtout le et sur le mouvement appelé « la majorité morale ,associée à des hommes comme Jerry Falwell et Pat Robertson Pour certains, ces deux phénomènes représentent une résurgence du fondamentalisme(3)

 

( 1) Robert K. Johnston (2d.), The Use of the Bible in Théology : Evangelical Options (Atlanta : John Knox press,

 

1985, p. 2.

 

( 2) Voir à ce propos le travail de George M. Marsden, Understanding Fundamentalism and Evangelicalism

 

(Eedmans, 1991).

 

« Evangélisme et fondamentalisme », Fac-réflexion n° 24 – septembre 1993, pp. 4-15 de la revue

 

La pagination présente ne correspond pas à celle de la revue

 

 

 

 

La relation religion/ société aux Etats-Unis est très importante pour comprendre ces deux

 

mouvements.

 

La cérémonie d'investiture des présidents américain  ressemblent

 

 

 à un culte.Elle a commencé avec une prière d'invocation prononcée par un pasteur en présence du

président et du vice-président qui  prêtent serment sur la Bible, une chorale noire a chanté un cantique de louange

un orchestre militaire jouait des hymnes bien connus, et la cérémonie s'est terminée avec une bénédiction prononcée de nouveau par le pasteur. 

 

 

 

 

Bien que la constitution américaine affirme la séparation entre l'Eglise et l'Etat, il y a

 

toujours eu un lien très proche entre le protestantisme dans la société américaine. Et pour bien

 

comprendre le phénomène fondamentaliste/évangélique américain, on ne peut pas faire abstraction

 

de ce lien.

 

 

Nous avons déjà vu que sur le plan théologique, le fondamentalisme et l'évangélisme

américains sont héritiers de l'héritage protestant des XVIIIe et XIXe siècles. Cet héritage, qui doit

 

beaucoup au puritanisme, comporte aussi une certaine vision de la société et de la nation

 

américaine.

 

 

Le fondamentalisme américain... se situe en particulier dans la grande tradition du

 

puritanisme anglo-saxon qui entend fonder l'ordre social sur la Bible et qui véhicule un

 

certain messianisme où l'Amérique apparaît comme un nouvel Israël incarnant une société

 

de « vrais croyants » liés par le Covenant. Pour les puritains américains, l'imagerie biblique

 

sert à la fois de support à l'expérience religieuse, aux comportements éthiques individuels et

 

à l'identité de la civilisation américaine dans son ensemble(3).

 

 

Déjà les puritains anglais croyaient que l'Angleterre était une nation élue, choisie par Dieu

 

pour jouer un rôle particulier dans l'histoire mondiale. Les puritains américains ont retenu cette idée,

 

mais en substituant les Etats-Unis à l'Angleterre.

 

 

 « Ce fondamentalisme protestant nord-américain s'est à nouveau manifesté dans les années 80 avec le

 

mouvement de la Moral Majority et les télévangélistes ». (Jean-Paul Willaime, La précarité protestante [Genève :

 

Labor et Fides, 1992], p. 67).

 

( 1) D'ailleurs, Graham a été proche de tous les présidents américains depuis Harry Truman.

 

( 2) « Le phénomène Billy Graham », Idéa, N° 1 (janvier 1993), p. 9.

 

( 3) Willaime, op. cit., p. 66.

 

« Evangélisme et fondamentalisme », Fac-réflexion n° 24 – septembre 1993, pp. 4-15 de la revue

 

La pagination présente ne correspond pas à celle de la revue

 

 

 

 

09:41 Publié dans Spirituel | Lien permanent | Commentaires (0)

04/03/2014

Le concept de genre recouvre une certaine vision du monde - c'est-à-dire, une théorie

Normalien, agrégé de philosophie et maire adjoint (sans étiquette) de Versailles, François-Xavier Bellamy décrypte sur Figarovox l'idéologie de la rumeur :

 

"La théorie du genre existe-t-elle? A partir de cette question si vivement discutée aujourd'hui, il me semble utile de tenter une réponse - et de formuler une remarque.

Partons de ce qui est certain: le concept de genre existe bel et bien. Apparu dans la littérature universitaire il y a une quarantaine d'années, il s'est déployé dans des directions variées, au point qu'il est aujourd'hui utilisé dans des champs aussi éloignés que la sociologie, la littérature, l'économie ou les politiques publiques.

 

Quel est le sens de ce concept? Il sert à ceux qui l'emploient de critère d'interprétation pour décrypter la vie sociale et les relations humaines, à partir d'une idée essentielle: les différences entre hommes et femmes ne sont pas liées à une altérité naturelle, mais produites par une construction culturelle, tout entière organisée pour consolider la domination d'un sexe par l'autre.

Ainsi explicité, le concept de genre recouvre bien une certaine vision du monde - c'est-à-dire, au sens étymologique du terme, une théorie. [...]

 

Les défenseurs de ce concept, qui l'emploient massivement aujourd'hui (on ne compte pas les séminaires, colloques, cours, publications dédiées à des études liées au genre dans tous les domaines de la recherche) nient avec véhémence qu'une quelconque «théorie» soit cachée derrière ce concept. Mais cette dénégation n'a tout simplement aucun sens. [...]

Il est tout à fait permis de penser qu'il n'y a entre l'homme et la femme aucune différence de nature, de défendre cette conception par la recherche, et même, pourquoi pas, de la promouvoir par l'action politique. C'est ce que fait par exemple Caroline de Haas, ancienne conseillère de Najat Vallaud-Belkacem, à qui j'ai pu répondre dans une tribune parue dans Le Monde. Le débat démocratique suppose des visions et des projets assumés loyalement.

 

Il est en revanche proprement scandaleux d'empêcher le dialogue, d'interdire la critique, en cachant la réalité des intentions que l'on poursuit.

 

[...] Si le gouvernement se refuse aujourd'hui à assumer cette politique, c'est qu'il sait qu'elle serait très largement rejetée."

 

Michel Janva

09:21 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)

28/02/2014

EVANGELISME ET FONDAMENTALISME AU COURS DU XXe SIECLE AUX ETATS-UNIS(2)

 

Fondamentalistes 2.jpg

 

Neal BLOUGH

 

Quand les fondamentalistes insisteront sur l'autorité de l'Ecriture, ils ne penseront pas

 

innover, faire quelque chose de nouveau... Ce qu'on appelle « l'orthodoxie protestante » (réformée et

luthérienne) avait déjà bien travaillé ce sujet au XVIe et au XVIIe siècles.

 

 

Calvin et les confessions de foi réformées... reconnaissent à la Bible les attributs,

 

particulièrement l'infaillibilité, que l'on refusait à l'Eglise. Le luthéranisme eut la même

 

évolution, en sorte que, au XVIIe siècle, la même réponse fut donnée par les docteurs

 

orthodoxes des deux confessions aux questions de la critique commençante(1).

 

 

(On)... affirma l'inspiration par la dictée du Saint-Esprit, dont prophètes et apôtres étaient la

 

main et la « plume », la divinité des points-voyelles et infaillibilité, même formelle de

 

l'Ecriture(2).

 

Les « fondamentalistes » du XIXe et du XXe siècles feront appel à cette orthodoxie

 

protestante qui proclame l'infaillibilité de l'Ecriture.

 

 

Dans le monde catholique, c'est au concile de Vatican I (1870) que l'infaillibilité pontificale

 

sera confirmée. Celle-ci, sous-entendue, proclamée, et parfois contestée depuis des siècles est

 

maintenant officielle. Dans les deux cas, on parle d'infaillibilité, dans les deux cas, elle est soulignée

 

comme réponse à la modernité.

 

 

II. Le fondamentalisme américain

 

 

Aux Etats-Unis, le fondamentalisme fait partie de cette réaction « orthodoxe » face au

 

libéralisme culturel et théologique. C'est un phénomène spécifiquement américain, qui en même

 

temps s'inscrit dans la dynamique que nous venons de décrire. Le fondamentalisme dont nous

 

parlons est un mouvement précis, issu du protestantisme américain, qui réagit à la théologie

 

moderniste.

 

 

Cette dernière commence à avoir une influence importante dans les milieux protestants

 

américains surtout à partir des années 1880. Au cours de plusieurs décennies, cette influence va

 

grandissant au sein de plusieurs dénominations importantes (baptistes du nord, presbytériens). Au

 

début des années 1920, on compte de plus en plus de « modernistes » parmi les pasteurs,

 

professeurs de théologie et responsables de mission.

 

 

Le fondamentalisme est un mouvement précis, issu du protestantisme américain, qui

 

réagit à la théologie moderniste.

 

 

Le terme de « fondamentaliste » lui-même a une double origine précise : (1) la publication

 

d'une série de 12 petits volumes (à partir de 1909, diffusés en trois millions d'exemplaires, intitulés

 

The Fundamentals) dans lesquels l'orthodoxie protestante se trouve défendue et développée face au

 

libéralisme ; (2) la création de la World Christian Fundamentals Association en 1919, qui elle,

 

( 1) E.G. Leonard, Histoire générale du protestantisme, Tome II, l'établissement (1565-1700) (Paris : presses

 

universitaires de France [Edition « Quadrige »], 1988), p. 195.

 

( 2) E.G. Leonard, op. cit., II, p. 195.

 

 

« Evangélisme et fondamentalisme », Fac-réflexion n° 24 – septembre 1993, pp. 4-15 de la revue

 

La pagination présente ne correspond pas à celle de la revue

 

définit en neuf points l'essentiel de la doctrine chrétienne(1). Présidée par W.B. Riley, cette

 

association avait ses racines historiques dans des conférences bibliques interdénominationnelles et a

 

trouvé des sympathisants à la fois dans les petites dénominations revivalistes et dans les grandes

 

Eglises protestantes, chez les Méthodistes, les Baptistes et les Presbytériens.

 

 

Sur le plan théologique, les fondamentalistes veulent revenir aux « fondements » de la foi

 

chrétienne, fondements qui ont été mis en question de manière radicales par une

 

théologie libérale de plus en plus dominante. Ainsi, face à l'élément rationaliste du modernisme, le

 

fondamentalisme met l'accent sur le côté « surnaturel » de la foi chrétienne, (la naissance virginale,

 

la divinité et la résurrection corporelle du Christ), ainsi que sur l'importance de la mort du Christ

 

comme sacrifice expiatoire pour le péché humain. On trouve aussi des éléments importants venant

 

de la théologie calviniste/presbytérienne (de la faculté de Princeton) pour défendre l'inspiration et

 

l'infaillibilité de l'Ecriture, et enfin une eschatologie particulière, prémillénariste et

 

dispensationaliste.

 

 

Ce fondamentalisme (avec la théologie qu'il développe) ne peut donc se comprendre que

 

dans le contexte du protestantisme américain. Il n'est pas né du jour au lendemain, il est héritier des

courants divers et multiformes du protestantisme puritain et revivaliste du XVIIIe et du XIXe siècles

 

américains.

 

 

Le fondamentalisme doit aussi se comprendre dans le contexte  américain du début

du XXe siècle. Nous sommes à la période de la première guerre mondiale et de la révolution russe.

 

L'optimisme politique n'est plus de mise. Pour les chrétiens américains, le militarisme

 

allemand s'expliquait par la pensée moderne, par exemple la philosophie de Nietzsche et la volonté

 

de puissance. L'athéisme marxiste révolutionnaire s'enracinait en Russie et était, bien sûr, vu comme

 

une menace pour la société américaine. La théorie darwinienne de l'évolution était elle aussi athée,

 

et risquait, selon les fondamentalistes, de miner les repères éthiques de la nation.

 

Ce fondamentalisme est héritier des courants divers et multiformes du protestantisme

 

puritain et revivaliste.

 

 

C'est surtout, d'ailleurs, à propos de l'évolution biologique que le fondamentalisme s'est fait

 

connaître. Les fondamentalistes militaient contre l'enseignement de l'évolution dans les écoles

 

publiques. L'épisode le mieux connu s'est déroulé en 1925, dans le Tennessee, où, autour d'un jeune

 

professeur, John Thomas Scopes, la loi interdisant l'enseignement de l'évolution fut mise à

 

l'épreuve. Un grand débat s'est ouvert, dans tous les Etats-Unis, pendant lequel la presse nationale

 

s'est servie du cadre rural et sudiste du procès pour présenter les fondamentalistes comme des

 

rustres et des ignorants. Le procès Scopes a contribué à marquer le mouvement fondamentaliste

 

aux yeux de beaucoup d'Américains.

 

 

III. L'évangélisme américain

 

 

Pour parler des évangéliques américains, nous devrons examiner l'évolution du

 

fondamentalisme. L'évangélisme dont il est question ici est un phénomène post-fondamentaliste.

 

Les chrétiens évangéliques américains sont les descendants et les héritiers du fondamentalisme.

 

( 1) 1. inspiration, inerrance de l'Ecriture, 2. Trinité, 3. naissance virginale et divinité du Christ, 4. chute de l'homme,

 

péché originel, 5. mort expiatoire du Christ pour le salut, 6. résurrection corporelle et ascension du Christ, 7. retour

 

« prémillénaire » du Christ, 8. salut par la foi et nouvelle naissance, 9. jugement dernier.

 

« Evangélisme et fondamentalisme », Fac-réflexion n° 24 – septembre 1993, pp. 4-15 de la revue

 

 

La pagination présente ne correspond pas à celle de la revue

 

L'évangélisme est un phénomène post-fondamentaliste.

 

Le fondamentalisme a trouvé son point culminant dans les années 1925-1930. Il est devenu,

 

ensuite, plutôt conservateur et séparatiste, refusant de collaborer avec ceux qui ne

 

partageaient pas totalement son points de vue bublique.

 

 

De ce fait, vers le milieu de notre siècle, surtout à partir des années 1940, on voit le

 

fondamentalisme se diviser en deux parties. Certaines personnes éprouvaient un malaise devant ce

 

qu'elles considéraient le côté réactionnaire et séparatiste du mouvement. En effet, il s'agit plus d'un

 

changement d'attitude envers l'extérieur que d'un changement de thélologie, certains commençant à

 

souhaiter que l'esprit de rigueur du fondamentalisme soit remplacé par un esprit plus positif et

 

coopératif.

 

 

C'est ainsi qu'une partie des fondamentalistes, tout en gardant l'orthodoxie théologique du

 

mouvement, rejette le séparatisme et commence à se nommer « évangélique » ou « néoévangélique

 

». Billy Graham serait probablement la personne qui représenterait le mieux cette aile

 

nouvelle. D'autres, tels Carl McIntire et Bob Jones, continuent à s'appeler « fondamentalistes » et

 

deviennent encore plus militants qu'auparavant. Pour ceux-là, l'inerrance de l'Ecriture, le

 

séparatisme et le dispensationalisme sont les marques nécessaires du vrai chrétien.

 

En plus de Billy Graham, on cite souvent deux autres noms comme les chefs de file des

 

évangéliques : Carl F.H. Henry et Harold Ockenga.

 

 

Une partie des fondamentalistes rejette le séparatisme.

 

Pour ce dernier, le fondamentalisme a été marqué par une mauvaise attitude (soupçon à

 

l'égard de tous ceux qui ne partageaient pas sa doctrine et sa pratique), par une mauvaise stratégie

 

(le séparatisme qui visait une Eglise totalement pure) et par un manque de résultats et d'influence

dans les domaines théologique et culturel(1). Pour les évangéliques, les fondamentalistes étaient trop

 

anti-intellectuels, refusant un véritable dialogue entre l'Evangile et la culture moderne(2). Certains

 

évangéliques commençaient à prendre leurs distances par rapport au dispensationalisme ou à le

modifier(3).

 

 

Cette nouvelle tendance s'accompagne de la création d'institutions et de publications.

 

- 1942 : National Association of Evangelicals, qui n'a pas voulu se joindre à

 

l'American Council of Christian Churches, formé en 1941 par des fondamentalistes.

 

- 1944 : Youth for Christ (Jeunesse pour Christ)

 

- 1945 : Evangelical Foreign Missions Association

 

- 1947 : Fuller Theological Seminary (dont Ockenga sera le premier président)

 

- 1949 : Evangelical Theological Society

 

- 1950 : World Vision

 

- 1951 : Campus Crusade (Campus pour Christ)

 

- 1956 : Christianity Today (dont Henry sera le premier rédacteur en chef).

 

Autour de ces hommes et de ces institutions s'est créée une certaine identité. Comment la

 

décrire ? C'est à la fois simple et complexe. L'historien Martin Marty disait une fois qu'on peut

 

définir les évangéliques comme ceux qui se reconnaissent en Billy Graham et ses points de vue. Ce

 

( 1) « Evangelicalism », in : Evangelical Dictionary of Theology, Baker (1984), p. 381.

 

( 2) Ibid., p. 382.

 

( 3) « Evangelicalism », in : Mennonite Encyclopedia, v. 5, Herald Press (1990), p. 282.

 

« Evangélisme et fondamentalisme », Fac-réflexion n° 24 – septembre 1993, pp. 4-15 de la revue

 

 

La pagination présente ne correspond pas à celle de la revue

 

même Billy Graham, lui, aurait dit la chose suivante : « l'évangélisme est une grande mosaïque que

 

Dieu est en train de construire, mais si vous me le demandez, j'aurais du mal à donner une définition

de ce qu'il est aujourd'hui(1) ».

 

Martin Marty disait une fois qu'on peut définir les évangéliques comme ceux qui se

 

reconnaissent en Billy Graham.

 

 

 

Quand les fondamentalistes insisteront sur l'autorité de l'Ecriture, ils ne penseront pas

 

innover, faire quelque chose de nouveau... Ce qu'on appelle « l'orthodoxie protestante » (réformée et

luthérienne) avait déjà bien travaillé ce sujet au XVIe et au XVIIe siècles.

 

 

Calvin et les confessions de foi réformées... reconnaissent à la Bible les attributs,

 

particulièrement l'infaillibilité, que l'on refusait à l'Eglise. Le luthéranisme eut la même

 

évolution, en sorte que, au XVIIe siècle, la même réponse fut donnée par les docteurs

 

orthodoxes des deux confessions aux questions de la critique commençante(1).

 

 

(On)... affirma l'inspiration par la dictée du Saint-Esprit, dont prophètes et apôtres étaient la

 

main et la « plume », la divinité des points-voyelles et infaillibilité, même formelle de

 

l'Ecriture(2).

 

Les « fondamentalistes » du XIXe et du XXe siècles feront appel à cette orthodoxie

 

protestante qui proclame l'infaillibilité de l'Ecriture.

 

 

Dans le monde catholique, c'est au concile de Vatican I (1870) que l'infaillibilité pontificale

 

sera confirmée. Celle-ci, sous-entendue, proclamée, et parfois contestée depuis des siècles est

 

maintenant officielle. Dans les deux cas, on parle d'infaillibilité, dans les deux cas, elle est soulignée

 

comme réponse à la modernité.

 

 

II. Le fondamentalisme américain

 

 

Aux Etats-Unis, le fondamentalisme fait partie de cette réaction « orthodoxe » face au

 

libéralisme culturel et théologique. C'est un phénomène spécifiquement américain, qui en même

 

temps s'inscrit dans la dynamique que nous venons de décrire. Le fondamentalisme dont nous

 

parlons est un mouvement précis, issu du protestantisme américain, qui réagit à la théologie

 

moderniste.

 

 

Cette dernière commence à avoir une influence importante dans les milieux protestants

 

américains surtout à partir des années 1880. Au cours de plusieurs décennies, cette influence va

 

grandissant au sein de plusieurs dénominations importantes (baptistes du nord, presbytériens). Au

 

début des années 1920, on compte de plus en plus de « modernistes » parmi les pasteurs,

 

professeurs de théologie et responsables de mission.

 

 

Le fondamentalisme est un mouvement précis, issu du protestantisme américain, qui

 

réagit à la théologie moderniste.

 

 

Le terme de « fondamentaliste » lui-même a une double origine précise : (1) la publication

 

d'une série de 12 petits volumes (à partir de 1909, diffusés en trois millions d'exemplaires, intitulés

 

The Fundamentals) dans lesquels l'orthodoxie protestante se trouve défendue et développée face au

 

libéralisme ; (2) la création de la World Christian Fundamentals Association en 1919, qui elle,

 

( 1) E.G. Leonard, Histoire générale du protestantisme, Tome II, l'établissement (1565-1700) (Paris : presses

 

universitaires de France [Edition « Quadrige »], 1988), p. 195.

 

( 2) E.G. Leonard, op. cit., II, p. 195.

 

 

« Evangélisme et fondamentalisme », Fac-réflexion n° 24 – septembre 1993, pp. 4-15 de la revue

 

La pagination présente ne correspond pas à celle de la revue

 

définit en neuf points l'essentiel de la doctrine chrétienne(1). Présidée par W.B. Riley, cette

 

association avait ses racines historiques dans des conférences bibliques interdénominationnelles et a

 

trouvé des sympathisants à la fois dans les petites dénominations revivalistes et dans les grandes

 

Eglises protestantes, chez les Méthodistes, les Baptistes et les Presbytériens.

 

 

Sur le plan théologique, les fondamentalistes veulent revenir aux « fondements » de la foi

 

chrétienne, fondements qui ont été mis en question de manière radicales par une

 

théologie libérale de plus en plus dominante. Ainsi, face à l'élément rationaliste du modernisme, le

 

fondamentalisme met l'accent sur le côté « surnaturel » de la foi chrétienne, (la naissance virginale,

 

la divinité et la résurrection corporelle du Christ), ainsi que sur l'importance de la mort du Christ

 

comme sacrifice expiatoire pour le péché humain. On trouve aussi des éléments importants venant

 

de la théologie calviniste/presbytérienne (de la faculté de Princeton) pour défendre l'inspiration et

 

l'infaillibilité de l'Ecriture, et enfin une eschatologie particulière, prémillénariste et

 

dispensationaliste.

 

 

Ce fondamentalisme (avec la théologie qu'il développe) ne peut donc se comprendre que

 

dans le contexte du protestantisme américain. Il n'est pas né du jour au lendemain, il est héritier des

courants divers et multiformes du protestantisme puritain et revivaliste du XVIIIe et du XIXe siècles

 

américains.

 

 

Le fondamentalisme doit aussi se comprendre dans le contexte  américain du début

du XXe siècle. Nous sommes à la période de la première guerre mondiale et de la révolution russe.

 

L'optimisme politique n'est plus de mise. Pour les chrétiens américains, le militarisme

 

allemand s'expliquait par la pensée moderne, par exemple la philosophie de Nietzsche et la volonté

 

de puissance. L'athéisme marxiste révolutionnaire s'enracinait en Russie et était, bien sûr, vu comme

 

une menace pour la société américaine. La théorie darwinienne de l'évolution était elle aussi athée,

 

et risquait, selon les fondamentalistes, de miner les repères éthiques de la nation.

 

Ce fondamentalisme est héritier des courants divers et multiformes du protestantisme

 

puritain et revivaliste.

 

 

C'est surtout, d'ailleurs, à propos de l'évolution biologique que le fondamentalisme s'est fait

 

connaître. Les fondamentalistes militaient contre l'enseignement de l'évolution dans les écoles

 

publiques. L'épisode le mieux connu s'est déroulé en 1925, dans le Tennessee, où, autour d'un jeune

 

professeur, John Thomas Scopes, la loi interdisant l'enseignement de l'évolution fut mise à

 

l'épreuve. Un grand débat s'est ouvert, dans tous les Etats-Unis, pendant lequel la presse nationale

 

s'est servie du cadre rural et sudiste du procès pour présenter les fondamentalistes comme des

 

rustres et des ignorants. Le procès Scopes a contribué à marquer le mouvement fondamentaliste

 

aux yeux de beaucoup d'Américains.

 

 

III. L'évangélisme américain

 

 

Pour parler des évangéliques américains, nous devrons examiner l'évolution du

 

fondamentalisme. L'évangélisme dont il est question ici est un phénomène post-fondamentaliste.

 

Les chrétiens évangéliques américains sont les descendants et les héritiers du fondamentalisme.

 

( 1) 1. inspiration, inerrance de l'Ecriture, 2. Trinité, 3. naissance virginale et divinité du Christ, 4. chute de l'homme,

 

péché originel, 5. mort expiatoire du Christ pour le salut, 6. résurrection corporelle et ascension du Christ, 7. retour

 

« prémillénaire » du Christ, 8. salut par la foi et nouvelle naissance, 9. jugement dernier.

 

« Evangélisme et fondamentalisme », Fac-réflexion n° 24 – septembre 1993, pp. 4-15 de la revue

 

 

La pagination présente ne correspond pas à celle de la revue

 

L'évangélisme est un phénomène post-fondamentaliste.

 

Le fondamentalisme a trouvé son point culminant dans les années 1925-1930. Il est devenu,

 

ensuite, plutôt conservateur et séparatiste, refusant de collaborer avec ceux qui ne

 

partageaient pas totalement son points de vue bublique.

 

 

De ce fait, vers le milieu de notre siècle, surtout à partir des années 1940, on voit le

 

fondamentalisme se diviser en deux parties. Certaines personnes éprouvaient un malaise devant ce

 

qu'elles considéraient le côté réactionnaire et séparatiste du mouvement. En effet, il s'agit plus d'un

 

changement d'attitude envers l'extérieur que d'un changement de thélologie, certains commençant à

 

souhaiter que l'esprit de rigueur du fondamentalisme soit remplacé par un esprit plus positif et

 

coopératif.

 

 

C'est ainsi qu'une partie des fondamentalistes, tout en gardant l'orthodoxie théologique du

 

mouvement, rejette le séparatisme et commence à se nommer « évangélique » ou « néoévangélique

 

». Billy Graham serait probablement la personne qui représenterait le mieux cette aile

 

nouvelle. D'autres, tels Carl McIntire et Bob Jones, continuent à s'appeler « fondamentalistes » et

 

deviennent encore plus militants qu'auparavant. Pour ceux-là, l'inerrance de l'Ecriture, le

 

séparatisme et le dispensationalisme sont les marques nécessaires du vrai chrétien.

 

En plus de Billy Graham, on cite souvent deux autres noms comme les chefs de file des

 

évangéliques : Carl F.H. Henry et Harold Ockenga.

 

 

Une partie des fondamentalistes rejette le séparatisme.

 

Pour ce dernier, le fondamentalisme a été marqué par une mauvaise attitude (soupçon à

 

l'égard de tous ceux qui ne partageaient pas sa doctrine et sa pratique), par une mauvaise stratégie

 

(le séparatisme qui visait une Eglise totalement pure) et par un manque de résultats et d'influence

dans les domaines théologique et culturel(1). Pour les évangéliques, les fondamentalistes étaient trop

 

anti-intellectuels, refusant un véritable dialogue entre l'Evangile et la culture moderne(2). Certains

 

évangéliques commençaient à prendre leurs distances par rapport au dispensationalisme ou à le

modifier(3).

 

 

Cette nouvelle tendance s'accompagne de la création d'institutions et de publications.

 

- 1942 : National Association of Evangelicals, qui n'a pas voulu se joindre à

 

l'American Council of Christian Churches, formé en 1941 par des fondamentalistes.

 

- 1944 : Youth for Christ (Jeunesse pour Christ)

 

- 1945 : Evangelical Foreign Missions Association

 

- 1947 : Fuller Theological Seminary (dont Ockenga sera le premier président)

 

- 1949 : Evangelical Theological Society

 

- 1950 : World Vision

 

- 1951 : Campus Crusade (Campus pour Christ)

 

- 1956 : Christianity Today (dont Henry sera le premier rédacteur en chef).

 

Autour de ces hommes et de ces institutions s'est créée une certaine identité. Comment la

 

décrire ? C'est à la fois simple et complexe. L'historien Martin Marty disait une fois qu'on peut

 

définir les évangéliques comme ceux qui se reconnaissent en Billy Graham et ses points de vue. Ce

 

( 1) « Evangelicalism », in : Evangelical Dictionary of Theology, Baker (1984), p. 381.

 

( 2) Ibid., p. 382.

 

( 3) « Evangelicalism », in : Mennonite Encyclopedia, v. 5, Herald Press (1990), p. 282.

 

« Evangélisme et fondamentalisme », Fac-réflexion n° 24 – septembre 1993, pp. 4-15 de la revue

 

 

La pagination présente ne correspond pas à celle de la revue

 

même Billy Graham, lui, aurait dit la chose suivante : « l'évangélisme est une grande mosaïque que

 

Dieu est en train de construire, mais si vous me le demandez, j'aurais du mal à donner une définition

de ce qu'il est aujourd'hui(1) ».

 

Martin Marty disait une fois qu'on peut définir les évangéliques comme ceux qui se

 

reconnaissent en Billy Graham.

 

 

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25/02/2014

Zanzibar : église attaquée, pasteur agressé

 
 
 
 
 

Le 11 janvier dernier, alors que le service religieux venait de s’achever dans l’église de la Pentecostal Evangelism Fellowship of Africa (PEFA) du village de Kisauni, situé de la périphérie de la ville de Zanzibar, une centaine de musulmans, venant de la mosquée proche de l’église, ont investi le lieu. Ils cherchaient l’évêque pentecôtiste résidant Daniel Kwilemba « pour le tuer », hurlèrent-ils, car « ils ne supportaient plus la présence de cette église proche de leur mosquée, et sa nuisance sonore… ». L’évêque n’était pas présent et était remplacé, pour ce service du soir, par le pasteur William Saidi, de la Free Pentecostal Church in Tanzania, venu dans l’île depuis Dar es Salaam (Tanzanie continentale). Le pasteur fut roué de coup, mais les agresseurs prirent la fuite avant l’arrivée de la police qui a, ultérieurement, procédé à l’interpellation de suspects sans doute membres de groupes islamistes radicaux de Zanzibar particulièrement agressifs contre les chrétiens de l’île. Zanzibar, qui bénéficie d’une semi autonomie, compte une large majorité de musulmans (97 %) alors que la Tanzanie continentale est majoritairement chrétienne (54 % de la population, contre 34 % de musulmans).

 

 

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21/02/2014

EVANGELISME ET FONDAMENTALISME AU COURS DU XXe SIECLE AUX ETATS-UNIS(1)

 

Fondamentalistes A.jpg

 

 

Neal BLOUGH

 

 

Le Français moyen, quand il entend « fondamentalisme », voire « évangélisme », pense

 

« made in U.S.A. ». L'association n'est qu'en partie justifiée. Mais elle l'est en partie, d'où l'intérêt

 

de l'enquête menée par Neal BLOUGH, professeur d'histoire de l'Eglise à la Faculté Evangélique.

Sa compétence d'historien, le recul que lui permettent ses études supérieures et son ministère en Europe

 

 ses convictions mennonites, font de N. BLOUGH un observateur impartial, toujours clair.

 

 

I. Fondamentalisme et évangélisme américains : une manifestation

 

particulière de la confrontation entre le christianisme et la modernité occidentale

 

Comme le titre l'indique, ce sera d'un point de vue historique que nous aborderons le fondamentalisme

 et l'évangélisme américains du XXe siècle. Faire cela dans un contexte français

 

n'est pas «forcément évident », étant donné que le sujet évoque l'univers religieux américain si différent

 

 d'une France influencée à la fois par l'Eglise romaine et plus récemment par une laïcité militante

 

 Dans un ordre chronologique, nous aborderons d'abord le fondamentalisme, ensuite

 

l'évangélisme, pour terminer avec quelques remarques sur le rôle joué par ces mouvements dans la politique américaine.

 

 

 

 

Cependant, avant d'aborder le fondamentalisme américain, il nous semble important de le situer

 

 dans un contexte historique un peu plus large. Aux yeux d'un grand nombre, le fondamentalisme

 

 est surtout un phénomène « américain », et donc difficilement repérable,

 

difficilement compréhensible, par rapport à l'histoire européenne.

 

 

Affirmons tout simplement que le fondamentalisme américain est une manifestation

 

particulière de la rencontre entre le christianisme et la modernité occidentale, modernité qui naît

avec le siècle des Lumières et qui prend de plus en plus forme au XIXe siècle.

 

 

Sous l'influence des Lumières va se développer une lecture biblique, appelée « critique »,

 

qui se fiera aux normes de la raison humaine et mettra en question la fiabilité historique des textes bibliques

 

 

 

 

Le « paradigme libéral » achève le divorce entre la personne de Jésus et l'idée de la foi chrétienne.

 

 

 

 

Des exégètes et théologiens allemands (entre autres), tels Strauss, Wellhausen, et von Harnack

 ... mettent en place ce qu'on peut appeler le « paradigme libéral ». Celui-ci achève le

 

divorce entre la personne de Jésus et l'idée de la foi chrétienne. La critique historique, pensant, au nom

 

 d'une certaine neutralité scientifique, pouvoir reconstruire le passé dans toute son objectivité,

 

ne laisse plus aucun doute sur l'impossibilité de surmonter la différence entre le Jésus historique et le Christ des Ecritures 

 

« Evangélisme et fondamentalisme », Fac-réflelexion n° 24 – septembre 1993, pp. 4-15 de la revue

 

 

Ce développement intellectuel donne lieu à des confrontations théologiques, entre deux courants

 

« orthodoxes » et « libéraux ». On en voit un exemple intéressant dans le monde protestant français

du XIXe siècle, exemple qui aide à situer le sujet que nous abordons.

 

D'abord, il s'agit du développement du « modernisme » ou du « libéralisme » :

 

Au début du XIXe siècle certains pasteurs et cadres laïcs des Eglises protestantes

 

adoptaient, sous une forme plus ou moins atténuée, un semi-rationalisme religieux proche

 

de l'esprit des Lumières et qui s'intéressait peu aux questions dogmatiques(2).

 

A peu près en même temps, un autre courant théologique « orthodoxe » se développe :

 

Un mouvement de Réveil, influencé par la Grande-Bretagne et surtout par la Suisse

 

romande, va reprendre des thèmes issus de la Réforme du XVIe siècle et de l'héritage

 

piétiste : corruption de l'être humain, sacrifice de Jésus-Christ satisfaisant la justice de

 

Dieu, expression de la Parole de Dieu dans les Ecritures, conversion du coeur et nouvelle

 

naissance nécessaires pour chaque être humain, église comme assemblée des croyants(3).

 

Notons maintenant, dans ce contexte français, une démarche qui préfigure le

 

fondamentalisme américain.

 

 

D'abord théologique, le débat entre évangéliques et libéraux devient dans les Eglises

 

réformées de plus en plus ecclésiastique. Les évangéliques (qualifiés par leurs adversaires

 

d'« orthodoxes ») sont scandalisés par la prédication de certains pasteurs ultra-libéraux

 

déclarant en chaire ne pas croire, par exemple, à la résurrection. Voulant imposer un minimum

 

 de croyances fondamentales aux pasteurs, ils font adopter au premier Synode

 

national autorisé (1872) une déclaration de foi...(4).

 

Elle insiste sur la permanence des « grands faits chrétiens » exprimés, notamment, dans le

 

symbole des Apôtres...(5).

 

 

Mais cette confrontation théologique n'est pas du tout limitée au monde protestant. Au XIXe

 

siècle, la théologie romaine, elle aussi, se sent menacée par la modernité :

 

Au XIXe siècle, la théologie romaine, elle aussi, se sent menacée par la modernité.

 

En 1864, le pape Pie IX publie un Syllabus, un catalogue en 80 points des erreurs du temps

 

que le successeur de Pierre condamne. Le dernier de ces points, le plus célèbre et le plus commenté

 

 marque, de la façon la plus claire, « le zéro absolu du dialogue » entre l'Eglise et le monde moderne(6)

 

 

 

 

Nous pouvons constater une certaine ressemblance entre les démarches protestante et Catholique

 

( 1) Christoph Theobald, «Les tentatives de réconciliation de la modernité et de la religion dans les théologies

 

catholiques et protestantes », Concilium (1992-244), p. 148.

 

( 2) Jean Bauberot, Le retour des Huguenots, (Paris et Genève : Cerf et Labor et Fides, 1985), p. 22.

 

( 3) Bauberot, op. cit., p. 23.

 

( 4) Bauberot, op. cit., p. 24.

 

( 5) Bauberot, ibid.

 

( 6) Danièle Hervieu-Leger (avec la collaboration de Françoise Champion), Vers un nouveau christianisme ? :

 

Introduction à la sociologie du christianisme occidental (Paris : Cerf, 1987), p. 245.

 

« Evangélisme et fondamentalisme », Fac-réflexion n° 24 – septembre 1993, pp. 4-15 de la revue

 

 

La pagination présente ne correspond pas à celle de la revue catholique

 

 Dans les deux cas, face à la modernité et ses mises en question, ces Eglises font appel aux sources

 

 d'autorité qui fonctionnaient déjà depuis des siècles, qu'il s'agisse de l'Ecriture ou de la papauté.

 

 

 

 

 

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