Une récente étude sur les djihadistes français brise les idées de la bien-pensante.
Dès qu’un attentat a lieu en France – et depuis deux ans ils sont nombreux -, les autorités et les médias lancent de pseudo-analyses qui voient en ces terroristes soit des psychopathes, ou au minimum des personnes dérangées, soit des ignares qui ne comprennent rien aux méandres de la situation internationale, et notamment des conflits du Moyen-Orient, soit de faux musulmans méconnaissant le Coran.
Il en est ainsi d’un rapport publié en 2014 par le Centre de prévention contre les dérives sectaires liées à l’islam, organisme fondé par la chercheuse et anthropologue Dounia Bouzar. Celle-ci, dans le but de lutter contre la radicalisation islamique en France, avait analysé les témoignages de 160 familles. Sa conclusion rejoignait celle de la pensée unique : « L’Internet est le principal mode de radicalisation et le passage par la mosquée n’est plus automatique […] » « L’islam radical peut faire basculer des jeunes sans qu’ils n’aient participé à aucune prière. Certains sont partis ou voulaient partir en Syrie sans qu’aucune pratique religieuse ne soit décelée la veille. »
Or, depuis 2015, nous apprend Russia Today, « quatre professeurs et chercheurs du Cesdip (une unité de recherche du CNRS) et l’Inhesj (Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice) ont étudié les mécanismes de cette radicalisation violente ».
L’exposé a d’autant plus de valeur que, contrairement à celui de 2014, il prend en compte les intéressés et non les familles. En effet, leurs conclusions ont pour fondement des entretiens réalisés en prison au cours de l’année 2016 auprès d’une vingtaine de personnes condamnées pour terrorisme, dont treize pour des actions djihadistes. Signalons que les supports d’information, à l’exception de Russia Today, n’en ont pas parlé alors que, selon ce journal, l’AFP a bien eu connaissance de l’enquête.
En premier lieu, ils notent dans leur étude qualitative qu’une majorité d’entre eux « a pu connaître des parcours familiaux dysfonctionnels et déstructurés assez marqués (absence du père, placements en foyer, violences subies…) » qui les ont poussés à trouver dans le djihadisme « une forme de rédemption, d’adhésion à une communauté protectrice et unie ».
En second lieu, ils nuancent l’idée qu’ils ne connaîtraient pas la religion, en notant que sans être des « savants », les djihadistes « n’en sont pas moins des croyants fervents profondément investis des textes islamiques auxquels ils se réfèrent », selon la formule de Russia Today.
En troisième lieu, ces jeunes gens ne sont nullement « décérébrés et ignorants des réalités politiques internationales » : « ils ont des connaissances rudimentaires mais suffisantes sur les questions internationales, qu’ils observent à travers leur propre prisme dénonçant un complot contre les musulmans, notamment sunnites », résume le journaliste.
Enfin, leur examen tord le cou à l’idée répandue de jeunes désœuvrés obnubilés par Internet « se bricolant seuls devant leur écran une cause artificielle ». Il faut en finir avec la vision d’un parcours solitaire aboutissant au « sacrifice ». Ils ont constaté, explique Russia Today, que « c’est la confrontation avec l’étranger (réseaux, voyages, récits de combattants étrangers, expériences de terrain) [qui] joue un rôle crucial dans leur radicalisation ». D’ailleurs, les auteurs soulignent que la radicalisation n’est jamais un phénomène solitaire.
On le voit, ces perspectives vont contre les conclusions assénées par les médias.
Non, les djihadistes ne sont pas des êtres incultes, à moitié cinglés, enrôlés par des sites et gavés de jeux vidéo, mais des musulmans rigoristes ayant suivi les préceptes du Coran. Et c’est là tout le problème que pose l’islam.