Durant les congés d’été, les Français ont pu suivre une actualité oscillant entre gravité et colères, détente et joies : attentat à Nice, assassinat du père Hamel par des islamistes, affaire de la plage de Sisco, mais aussi les JMJ, l’Euro, les JO de Rio… Au milieu de cette actualité dense est ressorti un sujet, en catimini pour aller crescendo au point d’enflammer les médias ces dernières heures : l’abrogation de la loi sur le cumul des mandats !
Plus précisément, il s’agirait de replacer l’interdiction du cumul des mandats dans le débat public, en vue de décaler son entrée en application de 2017 à 2020. D’aucuns profiteraient de cette brèche pour remettre en cause, purement et simplement, cette loi. Certains candidats à la primaire de la droite en font même une priorité en cas de retour au pouvoir en 2017, faisant comme un maladroit écho aux sénateurs de gauche qui, depuis plusieurs mois, ont essayé à plusieurs reprises d’en modifier les conséquences.
Pour ma part, j’ai toujours été partagé sur ce sujet, estimant qu’un enracinement local, un contact quotidien avec les gens était nécessaire à l’action publique. Je n’ai pas manqué, à diverses reprises, d’alerter sur les risques de concentration et de politisation à l’extrême des pouvoirs par une mainmise accentuée des partis politiques, sur le processus de désignation pré-électorale par exemple, ce qui nuirait fondamentalement à notre démocratie. C’est pourquoi, tout en comprenant la nécessité de mettre fin à des pratiques de mandats « « mille-feuille », j’ai voté contre cette loi car trop radicale et, disons-le, très de circonstance.
Au-delà de ces réserves, je suis convaincu qu’un retour de la droite aux plus hautes responsabilités en 2017 avec des orientations uniquement sécuritaires et gestionnaires serait, au mieux, sans effet en profondeur, au pire, aussi catastrophique que le mandat de François Hollande. Je le prône depuis l’annonce de ma candidature à la primaire ouverte de la droite : 2017 doit être l’occasion d’un débat de société, et surtout d’une prise de conscience générale des enjeux de civilisation pour lesquels nous devons nous mobiliser et réagir avec vigueur.
Alors la primaire… C’est l’occasion d’offrir aux Français un débat de fond : qu’est-ce qu’être français ? Comment unir le peuple de France ? Comment permettre à chaque membre de notre communauté nationale d’être en confiance avec un État protecteur, pleinement accueilli ? Quels sont les repères que nous souhaitons transmettre à nos enfants ? Quel est notre modèle social ?
Trop de candidats à la primaire de la droite et du centre font de l’activisme et de la communication sur des sujets sérieux mais annexes : le cumul des mandats en est l’exemple. Cherchent-ils, ainsi, à esquiver les questions qui fâchent parce que nécessitant du courage, et surtout des convictions ancrées et donc invariantes dans le temps ? Avec la prise de risque de réponses qui ne font pas toujours plaisir aux lobbies et à la pensée unique ? Cela n’est pas mon registre : je suis là pour faire gagner une conception de la France et de son devenir, pas pour me faire gagner moi tout court. C’est ainsi que, candidat à la primaire de la droite, je réaffirme haut et fort que l’abrogation pure et simple de la loi Taubira doit être une priorité.
La contestation de la loi dite du mariage pour tous a été le plus grand mouvement social que la France d’après-guerre ait connu, ce que vient de reconnaître François Hollande dans son dernier livre en évoquant, enfin, la réalité du « million ». Malgré l’énergie de cette mobilisation, le débat démocratique a été confisqué, la vérité la plus élémentaire censurée. Cette loi inique et dangereuse porte atteinte à notre unité nationale et fragilise sa cohésion, parce qu’elle instrumentalise l’enfant, tripatouille la filiation, démantèle le mariage, monte les Français les uns contre les autres.
Si une loi doit être abrogée, et bien avant celle du cumul des mandats, c’est celle de Taubira dite du mariage pour tous. Sinon, l’alternance, attendue par tant de Français, décevra une nouvelle fois, sera vaine une nouvelle fois. Ce que notre pays fragilisé ne pourra plus supporter. Ce que je me refuse à imaginer, à subir, surtout.